Le mouvement skin naît dans les années 60 dans les quartiers populaires de l'Angleterre. Les hard mods, frange prolétaire des mods qui veut se démarquer de l'embourgeoisement du mouvement, et les rude boys, immigrés jamaïcains et antillais, décident de s'unir pour arriver à s'émanciper. C'est un mouvement multiculturel, multiracial et apolitique, tout en affirmant son appartenance à la classe ouvrière. Il s'agit donc bien à la base d'un mouvement prolétaire et anti-raciste ayant pour but l'émancipation par la fraternité et la solidarité. Le look skin apparaît dans la foulée. C'est un mélange permettant à la fois de singer les bourgeois et de mettre en valeur leurs tenues de travail.
Le mouvement connaît son apogée lors de l'été 69, avant de se dissoudre doucement dans la vie quotidienne jusqu'à presque disparaître.
Quand éclate le punk en 1977, le mouvement skin connaît un renouveau. Alors que le mouvement punk s'essouffle certains groupes (SHAM69, The Business, …) se radicalisent vers un discours plus prolétaire, connu sous le nom de Oi ! (abréviation argotique cockney de Hey you !"). Par la suite, le revival ska (Madness, The Specials, The Selecters, …) permet au mouvement skin de se souvenir de ses origines, et entre autres le damier noir et blanc, symbole d'antiracisme et d'unité.
C'est également pendant la période punk, en 1978, que l'extrême droite a essayé de récupérer ce mouvement sans véritable conscience ni culture politique, en essayant d'utiliser l'agressivité de ces jeunes. Ils ont, dans ce cadre, poussé leurs autres jeunes recrues à utiliser le look skin pour bénéficier de leur réputation et infiltrer le mouvement. Les skins fachos ne sont pas considérés comme skinheads par les skins traditionnels et sont surnommés Boneheads.
Les médias, toujours à l'affût de sensationnalisme, instrumentalisent les dérives fascistes du mouvement et ne présentant les skins que par des boneheads. Il faut noter qu'il n'est jamais question de skins gays, ni même de skingirls dans les médias.
En parallèle et en réaction contre cette instrumentalisation, se créent des tendances comme les SHARP (SkinHeads Againt Racial Prejudice - Skinheads contre les préjugés raciaux), estimant qu'il faut rester engagés contre les dérives fascistes.
Avant tout, les skinheads partagent des valeurs de fraternité, de loyauté entre skins, de virilité (et non pas de masculinité…) et de camaraderie. C'est pour cela qu'avant tout les skins aiment se retrouver pour prendre une bière et faire la fête. Et il ne faut pas oublier que le mouvement n'est pas formé que de garçons, mais qu'il y a aussi beaucoup de filles skin. Elles sont bien souvent oubliées par les médias, mais elles sont un élément très important dans le mouvement.
A l'origine le mouvement skinhead était plutôt homophobe, mais il s'agissait surtout du rejet de personnes efféminées. Pourtant on peut trouver beaucoup de similarités entre les mouvements gay et skin, on n'y voit pas de règles globalement établies et on y rentre en se faisant accepter dans un groupe. Les skins hétéro se moquent pourtant facilement des skins gay qui soigne beaucoup trop leur tenue à leur goût. On peut tout de même voir une dérive car beaucoup de gays hard reprennent le look skin sans en connaître le sens.