Quelques microsecondes avaient passé et la vie avait repris son cours. Vamp s’était remise de son chagrin d’amour et avait découvert un nouveau jeu. Elle jouait à saute barrière et traversant par effet tunnel les frontières de leur habitat naturel. Cette activité inquiétait ses parents car un quark ne pouvait survivre isolé. Vamp les avait rassurés en leur promettant de rester à portée de gluons. Un jour (ou une nuit, ce concept n’ayant pas grand sens dans le monde magique des quanta) alors que la petite quark sautait dans tous les sens, se concentrant en un pic de densité ou au contraire s’étalant dans l’espace, la famille quark fut envahie de photons. Il y en avait de toutes les couleurs : des verts, des rouges, des bleus, des ultra violets qui venaient se coller à eux et qui s’échappaient ensuite ayant changé de couleur. Vamp, éblouie, essayait d’en capturer le plus possible, devenant de plus en plus excitée. Si les photons infra rouge la faisaient frissonner doucement, les ultra violets et les X la mettaient dans un état d’excitation indescriptible. Ses ondes de densité oscillaient erratiquement, s’ouvrant et se refermant de manière spasmodique.
-Vamp, arrête ! lui cria maman up. Tu vas faire une overdose d’énergie !
-Mais non, maminou ! Ne crains rien, répondit Vamp en riant.
Elle se sentait dans un état euphorique après avoir absorbé tous ces jolis photons et tous les gluons d’avertissement que lui envoyaient ses parents glissaient sur elle comme un muon sur un neutrino. Soudain, une idée lui vint : faire un saute-barrière en étant aussi excitée pouvait se révéler l’expérience ultime. Aussitôt pensé, aussitôt fait. Vamp se délocalisa au maximum pour franchir la barrière de potentiel par effet tunnel. Cependant, contrairement à ses essais précédents, elle ne retrouva pas juste derrière la barrière mais à des femtomètres de là ! Hors de portée des gluons maternels qui la ramenaient usuellement dans sa maison, Vamp était seule dans l’espace interatomique !
Les photons absorbés la quittaient les uns après les autres, la faisant ressembler à un sapin scintillant un soir de Noël et la laissant à son niveau d’énergie le plus bas. Affolée, elle tenta se s’étendre au maximum pour tenter de percevoir ses parents, utilisant ses dernières réserves d’énergie photonique pour envoyer dans toutes les directions des photons et des gluons de détresse. Rien n’y fit.
Elle n’était plus qu’un quark solitaire, improbable fraction de ce qui devait être un tout. Vamp savait qu’elle allait disparaître rapidement car son état présent était presque impossible ! Un quark ne pouvait subsister qu’en couple ou en trio, mais jamais au grand jamais seul. L’adage préféré de maman up lui revint alors à l’esprit : si tu veux vivre longtemps, cours vite ! C’était peut être la solution ! Vamp se mit à accélérer, atteignant la vitesse de la lumière, rattrapant presque les photons qui les avaient bombardés. Si sa vie n’était plus en danger, elle demeurait désespérément seule.