Chapitre 3 : Télépathie.
Après leur mésaventure avec les ogresses, nos trois amies passèrent une bonne nuit à la belle étoile, quoique troublée par les hurlements plaintifs d'un loup dépressif dans le lointain. Au matin, elles reprirent leur route vers une destination toujours inconnue, avançant au rythme régulier du pas de Mimine. Vers midi, elles firent une pause repas et se régalèrent des fruits d'un bosquet de pommiers dont les plus hauts culminaient à près de deux pieds.
Quelques heures plus tard, elles arrivèrent dans une vallée habitée. Un petit village entouré de champs en occupait le fond, tandis qu'une mine s'ouvrait sur le versant de la montagne nord. Des travailleurs – manifestement peu consentants, à en juger par les coups de fouet dont les gratifiaient leurs surveillants – semblaient extraire une roche bleu sombre que Lornette ne parvint pas à identifier à cause de la distance.
Elle allait indiquer à Mimine de contourner la vallée – peu désireuse qu'elle était de grossir les rangs des esclaves... – quand elle sentit une sensation étrange... C'était une sensation des plus bizarres comme elle n'en avait encore jamais ressenti, comme si quelqu'un lui chatouillait l'intérieur du crâne... Soudain, elle entendit un murmure.
Ne pars pas... Aide-moi...
- Qui a dit ça ?, demanda Lornette en se retournant brusquement.
Les regards sceptiques qu'échangèrent Akki et Mimine indiquaient clairement ce que la jeune fille parlant toute seule leur inspirait : elle était cuite. Sa blondeur avait pris le dessus, traversant la barrière naturelle – et ô combien nécessaire – que formait sa boîte crânienne. Sa chevelure avait manifestement envahi son cerveau, prenant les commandes...
Je suis prisonnière... libère-moi ! Poursuivit la voix que Lornette fini par identifier comme venant de son propre crâne.
Vous êtes qui ? Pensa-t-elle très fort, s'accrochant désespérément à l'idée – de moins en moins crédible à ses yeux – que la licorne et la webcam avaient tort.
Je suis une magicienne... De l'Ordre de Sarkange, les Mages des Cieux... Je ne pourrai plus maintenir ce lien très longtemps... Mes forces s'épuisent... Je t'en prie, libère-moi... Répondit la voix, toujours dans son crâne.
Vous savez, je ne tiens pas à travailler dans cette mine... J'ai déjà testé récemment la condition d'esclave et je n'ai pas trop aimé... Et c'est ce qui risque fort de m'arriver si je ne pars pas très vite d'ici...
Je t'en prie.. Si tu me libères de ma prison, je pourrai utiliser mes pouvoirs et libérer tous ces gens !
Lornette hésitait entre son sens du devoir et une furieuse envie de fuir au plus vite... Après un coup d'oeil rapide, elle abandonna tout espoir d'obtenir de l'aide de ses compagnes de route, qui manifestement s'étaient résignées à ce qu'elle ait définitivement perdu la raison...
Bon, je vais voir ce que je peux faire... Soupira Lornette en pensée.
Merci beaucoup ! Je suis prisonnière dans la grande bâtisse au centre du village... Mais faites attention à Avalon...
C'est qui ça ? L'interrogea Lornette, regrettant déjà sa décision.
Une démone mineur... Elle porte toujours un fouet clouté dont...
- Une démone ?! S'exclama Lornette, interrompant son interlocutrice à voix haute sous les regards compatissants de Mimine et Akki. Et vous voulez que j'aille dans ce village d'esclavagistes dirigé par une démone pour vous libérer ? Poursuivit-elle tandis que la webcam et la licorne – semblant tout à coup nettement plus horrifiées que compatissantes – enchaînaient les signes de dénégation à une vitesse ahurissante.
Je t'en prie ! Ne me laisse pas... Supplia à nouveau la voix.
- D'accord, d'accord... Soupira Lornette, souhaitant de tout coeur se débarrasser au plus vite de cette stupide conscience qui la forçait à entreprendre une action aussi suicidaire pour venir en aide à une parfaite inconnue.
Soupirant une dernière fois, Lornette fit avancer Mimine vers le village... Il ne lui restait plus qu'à trouver un plan...