EDForum

Provient du message de Lapalisse

Confidences avec le Roi Sorcier.

C’était un jour d’hiver froid et humide, un de ces jours sans lumière où le gris des nuages se fondait douloureusement avec les habitations mornes de la plaine délavée. Je méditais sur l’utilité des apophtegmes dans le discours politico-social lors du soulèvement de Skanderbeg à Kroya quand le téléphone sonna.
C’était extrêmement particulier cette situation car je n’étais pas dans mon bain (oui d’habitude je m’autorise à clamer que le téléphone ne sonne que quand je suis dans mon bain, c’est-à-dire une ou deux fois par an)
" - parc national du séquoia bonsoir répondis-je de ma voix à la foi séduisante et virile.
- Ne quittez pas je vous mets en relation avec votre interlocuteur
( 4saisons de Vivaldi remastérisées sur 3 bits avec Claydermann à la batterie)
Please Hold the line, we’re trying to connect you…
(qui a volé l’orange du marchand c’est pas moi si c’est toi je t’es vu j’allais dans la montagne à poil remastérisé sur dictaphone devant la starac…)
- Oui..
- Vous avez demandé Lapalisse ?… Ne quittez pas
- Oui j’ai besoin de vous voir
- Ah ? (ton montrant autant d’intérêt que devant la 103ème émission du grand échiquier consacrée à Raymond Poulidor)
- Rendez vous à Angmar, dans deux heures. Je vous guiderai une fois là bas (tout es neuf et tout est sauvage)
Tut tut tut tut

Bon ok le temps de me préparer, ma femme ayant à peine le temps de me faire la dure lutte finale que j’emmitouflais déjà mon corps de dieu vivant dans une tenue mettant avantageusement en valeur les générosités dont m’a pourvu Dame nature.

C’étais certes le retour des vacances et Bisou Frustré avait classé la journée Caca d’oie (il avait un peu bu avec Maude Eration le pauvre), ça voulait dire qu’on était sensé en chier. Mais personne n’avait envie de se retrouver dans le décor froid et putride de la répugnante demeure de l’ancien chef des Nazguls et donc, dans le sens des Départs ça roulait plutôt bien, surtout que j’avais pris un raccourci par la D67, celle qui traverse Chitigneux au croisement du Routier " chez Huguette " et du monument aux morts, pas loin de l’usine d’équarrissage après la ferme du père Bertrand.

J’arrivais enfin à destination. Dans la brume sans fin qui recouvrait le paysage sinistre de cette région dévastée par la mort, la silhouette lugubre et sèche de la citadelle d’Angmar se découpait nettement devant moi. Un vent s’engouffrant dans les branches dénudées des arbres mélancoliques faisait danser des sarabandes de feuilles ocres dans un tourbillon macabre, narguant le visiteur pressé d’aller vers sa propre perte. Après l’ascension d’un chemin boueux sinuant dans un repli de terrain, j’arrivai enfin dans la cour d’horreur de l’édifice qui avait vu durant des siècles la folie meurtrière et la soif de sang des spectres s’exercer dans ses murs et les imprégner de maléfice comme une tâche de sauce barbecue peut imprégner le chemisier blanc et neuf de la tante Odette lors du barbecue du 15 Aoüt chez l’oncle Albert, celui qui revend des téléviseurs écrans plats tombés du camion dans son arrière boutique et dont les filles jumelles, délicieusement rousses vous narguent en gambadant pieds nus, la robe aussi légère au vent qu’un pétale de rose, le rire clair et limpide qui déchire le bleu du ciel et les soupirs si éloquent au milieu des bottes de foin.

" -t’ain on se pèle les couilles, murmurais je fort à propos.
De part et d’autre, l’allée pavée donnait sur des fosses jadis réservées aux sacrifices de jeunes vierges elfes (très rare car avec 750 ans de moyenne d’âge, la population elfe a des occupation copulatives importantes pour passer le temps)

C’est alors que je le vis.
Une silhouette à peine esquissée, des pans de linceuls noirs qui battaient au vent comme le pavillon d’un navire. Dans sa main, sa fameuse masse d’arme. Il était de dos. Une voix grave et terrifiante pénétra mes pensées tout en résonnant sur les paroi maudites de la cour :
" -Bonsoir, tu prendras quoi ?
-euh, deux doigts… de scotch sans glaçon s’il te plaît.
-Surpris de me voir ?
Il me tournait toujours le dos (pourtant avec moi, personne n’osait rester dans cette position trop longtemps)
-Mais vous êtes censé être mort !
-AHAHAHAHAHAHAHA tu sais qui je suis mais tu n’ose l’imaginer…
-Pourquoi m’avoir appelé ici ?
-Tu sais pourquoi tu es venu ici
-Comment pouvez-vous connaître ?
-Je sais que tu sais que je connais ce que tu crois
(bon là, faut virer le dialoguiste c’est pas Matrix ici)
-Qui êtes vous ? le roi sorcier ?
-Si tu n’es pas sûr tu veux m’affronter pour savoir ? ? ?
-Ok ok… je vous crois… Racontez- moi tout !
-Et bien c’est simple. Avant, j’étais un jeune prince ambitieux et doué. J’avais eu une formation à la fois guerrière et magique. En puisant dans les arcanes profonds, je maîtrisais les puissances magiques et puis faut dire que ça épatait toujours les gonzesses…
Je devins Roi. C’est à cette époque que je reçus un colis UPS en provenance du Mordor. Je me suis pas méfié c’est vrai. Mais bon, j’avais gagné 1 million de Francs au grand tirage vu à la télé + la bague miraculeuse de Danièle Gilbert. Malheureusement, plus chafouinesque qu’une armée de putois, c’était Sot Rond qui m’avait envoyé ct’e bagouse pour se lier à moi. Cet anneau décupla mes pouvoirs. L’être aimé revint et se traîna à mes pieds comme une carpette tellement que c’est pas croyab’ , la fortune me sourit, la caissière chez Auchan se trompait toujours en ma faveur sur les tickets, je réussi mon permis de voler, ma puissance sexuelle était terrible et reconnue : bref c’était le pied.
-Ah bah super alors que s’est-il passé ensuite ?
Bah le problème c’est quand je suis mort. En fait je ne suis jamais mort. Je suis passé dans le monde des spectres, comme ça : ni vivant, ni mort.
-Et après?
C’était trop délire au début, tu crèves les pneus des voitures des blaireaux qui t’ont cassé les burnes dans ta vie, tu mates la voisine sous la douche ou tu te fais un défilé de mode dans un cimetière en écoutant du Marylin Manson, mais finalement après tu te fais chier.
-Et pourquoi ça ?
-Bah d’abord, le Sot Rond il devenait un peu péniblos sur les bords. Toujours bourrés et majoritairement con, il savait plus trop ce qu’il voulait de nous. C’était terrible, fallait lui laver son armure au coton tige, lui apporter l’Equipe et ses charentaises.. bref… une vie de bonne femme. Et puis les autres rois que je commandais, ils étaient un peu nazes. D’où leur nom.
- Vous n’aviez pas de distraction ?
- Si de temps en temps, y’avait un crétin princier du Gondor qui venait me défier, c’était rigolo, mais il durait jamais très longtemps. Gandalf venait nous passer un coucou et on jouait aux échecs, mais c’est un mauvais perdant ceci dit en passant, d’autant plus qu’il a Parkinson le pauvre vieux. Le plus dur c’était les filles. Terrible. On pouvait rien faire dans cette dimension. L’horreur. C’est pour ça que j’ai eu l’idée de ma sortie…
- Et comment ?
- Tout simplement j’ai vu avec Glorfindel pour faire courir un bruit à la con comme quoi aucun homme ne pouvait me tuer. Je me suis dit : ça, ça va attirer une gonzesse ou isabelle Alonzo. Ça sera déjà ça de pris. Ensuite, vu comment le Sot Rond y faisait que déconner, ça été encore plus facile. J’ai pris un palantir depuis ma tour et j’ai pénétré l’esprit de Denethor (juste l’esprit hein ! ). Devenu fou, il envoya son fils Faramir à la mort, droit dans ma gueule.
-Hein comment ce fesses ?
- Et oui… Faramir et ses piteux cavaliers essaya bien de faire peur à ces crétins d’orcs mais il fut défait. Je profitais de cette bataille pour, au moment crucial, m’insinuer dans l’esprit tourmenté du Gondorien. C’était facile, il était gravement blessé. . Ce qui restait de ma conscience guida cet unique survivant vers Minas Tirith. Là, Denethor vit bien que son fils n’existait plus… mais grâce à la bêtise d’un gnôme et à au sénilisme de Gandalf, mon esprit dans Faramir survivait.
- Incroyable.
- Il me restait une chose à effectuer, mon ersatz s’employa à libérer totalement mon esprit de mon corps de roi sorcier décharné. Comme Théoden m’énervait avec son bouc mal rasé, et vu que sa nièce était une belle pièce, je m’attaquai à lui. Trop facile. Et mon plan réussit parfaitement : sentie obligée de faire valoir les droits du MLF en général et de son épée en particulier, Eowyn, par sa lame, brisa le pantin qui m’enchaînait encore…et par la même, tomba amoureuse de mon esprit pour toujours. C’est d’ailleurs à ce moment-là que , revigoré, je pu à nouveau goûter à la sensation délicieuse du réveil, sur un bûcher certes, mais quand même !.
- retournez vous !

Et Faramir se retourna. Je vis en ses yeux combien grande avait été sa souffrance et combien grande était sa satisfaction de nous avoir tous dupés. Il avait poussé le vice jusqu’à épouser sa libératrice (oui il était de notoriété publique que le roi aimait les blondes aux gros seins) et vivait maintenant heureux . je vis néanmoins son sourire se crisper nettement. Une lueur maliciese dans les yeux.

…J’aurais dû me méfier de sa lame de Morgul…..