Damien
Maître des Arcanes
Inscrit le : 06 Avr 2003
Messages : 9992
Points : 1
Séries favorites : BtVS, Parks and Rec, 2 Broke Girls, The X-Files, Six Feet Under
Inscrit le : 06 Avr 2003
Messages : 9992
Points : 1
Séries favorites : BtVS, Parks and Rec, 2 Broke Girls, The X-Files, Six Feet Under
J'ai dit que j'ouvrirai un topic, le voici le voila il est beau
Paul Auster, ce n'est pas que des romans, mais c'est ce pour quoi il est le plus calé - et le plus célebre - donc je me contenterai ici dans un premier temps de lister ses oeuvres, avec sans spoiler ( ou presque ) un résumé léger pour chaque roman, et mon avis en bref Un auteur que je vous conseille. Il a ses hauts, ses bas, mais je pense que ses bas restent rares, merci bien. Allons-y :
* The New York Trilogy (1987)
o City of Glass (1985)
o Ghosts (1986)
o The Locked Room (1986)
Bon, la trilogie New-Yorkaise, ce sont trois petits romans qui n'en forment qu'un. Ca parle langage, écriture, identité - trois sujets chers a Auster - et ca mele tout ca a la forme du roman policier. C'est le roman qui a lancé Auster, et je pense que c'est un compromis. En effet, le roman policier, c'est vraiment quelque chose qu'on ne trouve que dans ce roman et qui disparait totalement de la suite de ses écrits. Ce n'est pas le meilleur de sa carriere, mais c'est maitrisé. Si vous n'aimez pas, deux solutions : soit c'est le coté "histoire de détective" qui vous a ennuyé et dans ce cas essayez d'autres romans d'Auster avant d'abandonner cet auteur, soit c'est le coté langage-écriture-identité qui vous tape sur les nerfs, et dans ce cas-la, y a pas photo, passez votre chemin
* In the Country of Last Things (1987)
Une jeune fille part a la recherche de son frere journaliste, disparu dans une mégalopole qui se désagrege, ou tout sans exception - y compris le langage, l'amour, l'argent, le travail, l'espoir, les valeurs morales, la nourriture, etc. - est remis en question dans un monde qui s'écroule sans retour en arriere possible.
Chacun ses gouts, évidemment. De ce que j'ai pu lire, celui-la n'est pas le favori des lecteurs, mais ca reste le mien. Je l'ai lu une bonne quinzaine de fois, je ne m'en lasse pas. Les défauts sont mineurs, les idées restent en vous, et cette oeuvre vous fait réfléchir tout en laissant une place assez importante a l'imagination. Je vous le recommande mille fois
* Moon Palace (1989)
Une histoire de générations et de liens entre peres et fils. Un bon Auster. J'avoue ne pas l'avoir lu autant que les autres, peut-etre parce que c'est l'un des plus longs, ou peut-etre parce que les liens peres-fils ne m'intéressent pas trop. C'est quelque chose d'important pour Auster, qui a écrit sur le sujet une sorte d'autobiographie intitulée "The Invention of Solitude". Le sujet est aussi abordé dans The Locked Room, de la trilogie New-Yorkaise.
* The Music of Chance (1990)
Jim Nashe est le spécialiste des mauvais choix. A la suite d'un héritage, cet homme achete une voiture et décide de passer plus d'un an sur les routes, traversant l'Amérique en long, en large, en travers. Mais sa fortune diminue, et lorsque la liberté que cet homme pensait avoir trouvé au volant de sa voiture se trouve menacée, il trouve en Jack Pozzi le moyen de la retrouver : cet homme est un joueur de poker "surdoué", et il se prépare a gagner gros en jouant contre deux millionnaires excentriques et plutot malsains.
Ils ont fait de ce roman un film insoutenable de médiocrité, mais ce roman est une parabole qui ne se prete absolument pas au cinéma. Ici on parle principalement de solitude, de hasard, de l'importance ( ou non ) de l'argent, de la facon dont la vie, imprévisible, peut vous balancer d'un extreme a l'autre.
* Leviathan (1992)
Best-sellel, Leviathan arrive numéro 2 sur le podium de mes préférés. C'est un incontournable. C'est le premier Auster que je considere totalement maitrisé. Benjamin Sachs se fait exploser en construisant une bombe, et en apprenant la nouvelle, son ex-meilleur ami Peter Aaron, décide d'écrire la biographie détaillée de l'homme qui a changé sa vie tout au long d'une tres longue amitié, avant que les détectives n'aient le temps de salir son nom.
Probleme : Peter se fie a ses souvenirs, et aux différentes conversations qu'il a pu avoir dans le passé a son sujet avec différentes personnes impliquées dans leurs vies, et au final, la personnalité de Sachs et ses actions restent sujettes au doute.
Ce livre parle d'amitié, des liens qui nous unissent, de mariage, d'aventures, d'écriture, mais surtout de l'impossibilité de définir avec précision ce qui se passe dans la tete de quelqu'un d'autre.
Ce livre est une perle
* Mr. Vertigo (1994)
J'ai du le lire une seule fois, celui-la Non pas qu'il soit mauvais, mais le pitch ne m'intéressait pas trop. Au final, je me souviens avoir aimé, mais c'est clair qu'il faut vraiment que je le relise... l'histoire d'un petit garcon orphelin élevé par un homme qui a travers une rude initiation lui permet de s'élever dans les airs a volonté.
Faudra que je le relise sous peu, pour éditer ce passage
* Timbuktu (1999)
Roman assez court, plutot original et bien sympathique, mettant en scene un chien qui, pour survivre a la mort de son maitre, doit découvrir dans ce monde violent et en faisant l'expérience de la trahison en qui placer sa confiance. Une parabole sur comment repartir de zéro lorsque l'on perd tout, comment survivre lorsque l'on est en marge de la société...
* The Book of Illusions (2002)
Probablement numéro 3 sur le podium. Assez long pour un Auster, ce roman est néanmoins passionnant, il nous fait voyager tout au long du 20eme siecle, passer au travers du monde des derniers films muets de l'époque Keaton, et ca parle pour une fois de films, des détails minimes qui font qu'un film devient une oeuvre d'art ( on retrouve cet idée dans Man In The Dark, mais l'idee est malheureusement expediée ), ca parle aussi d'une histoire d'amour express mais intense entre le héros ( David Zimmer, ex-petit copain d'Anna Blume l'héroine de The Last Things, et ex-meilleur ami de Marco Fogg, le héros de Moon Palace ) et la petite fille de Hector Mann ( si j'ai bonne mémoire ) défigurée par une tache de naissance sur la joue.
Le travail de Mann ( un artiste dans le meme style que Chaplin mais malheureusement pour lui arrivé sur le tard et au moment de la dépression ) est "redécouvert" par Zimmer qui écrit sur lui une sorte de these, dans le but d'oublier la mort de sa femme et de ses enfants dans un accident d'avion. Mais Mann est encore en vie, et veut faire découvrir a Zimmer les films expérimentaux qu'il a lui-meme produit en secret...
Recommandé
* Oracle Night (2004)
Sidney Orr ( si je me souviens bien ) est un homme qui a failli mourir d'une maladie grave, mais qui finalement retrouve la santé. Devant les dettes que lui et sa femme ont accumulé, il décide - puisqu'il est écrivain - de se mettre a l'écriture d'un roman. Il imagine sur les conseils de son ami John Trause l'histoire d'un homme dont la vie change du jour au lendemain, d'une minute a l'autre, sur un coup de tete. L'irrésistible sensation que la vie est finie et qu'il faut en recommencer une autre, meme si cela signifie quitter sa femme sans meme la prévenir, et tout laisser tomber. Cet homme n'emporte qu'une chose avec lui : un manuscrit intitulé "Oracle Night"...
Il y a toujours eu des livres a l'intérieur du livre dans les travaux d'Auster, mais rarement a ce point. C'est un roman tres appréciable qui mélange les themes habituels dans une nouvelle combinaison ( la encore, langage, écriture, identité, confiance, trahison, amour, amitié ). Auster a trouvé sa formule gagnante, mais on sent un travail profond et soigné, donc ne surtout pas parler de facilité
Le probleme avec les trois romans qui suivent, c'est qu'ils sont des parentheses.
* The Brooklyn Follies (2005)
Parenthese obligatoire pour un écrivain qui habite New-York, comment éviter de trouver l'inspiration autre part que dans le 11 septembre ? Probleme pour un "fan" d'Auster : si on trouve dans celui-la la "recette gagnante", il y manque un élément majeur : les événements plutot cruels qui plombent la vie de ses héros. Les moments "sans retour". Ici on sait que tout est bien qui finit bien. L'espoir est toujours la, la famille, les amis, tout le monde est la pour aider, et si on ne s'ennuie pas, et si au final on a notre trahison et notre "mort injuste", au final c'est la beauté comique de la vie qui triomphe.
Ce roman est d'un écrivain americain a un public américain pour redonner au peuple l'envie de vivre dans un moment de crise.
Best seller donc
Divertissant, sans plus. Parenthese que je trouve courageuse et admirable...
* Travels in the Scriptorium (2007)
Parenthese d'écrivain sur l'écriture ce coup-ci. Dommage. Ce n'est pas que ce soit mal foutu, mais je pense qu'il aurait pu garder le principe et l'histoire pour plus tard. Comme s'il écrivait en réaction aux Brooklyn Follies, Auster nous dit ici qu'une bonne histoire nécessite une certaine perversité d'esprit de la part de l'écrivain, une cruauté qu'il imagine ici devoir payer, prisonnier de son esprit ou le torturent ses ex-victimes...
Passionnant du point de vue de l'idée. Bien écrit comme d'habitude. Mais était-ce vraiment nécessaire a ce moment de sa carriere... Bof...
* Man in the Dark (2008)
Torché en quatre mois \o/ J'espere au moins qu'Auster se rend compte que ceci est encore une parenthese... Moins nécessaire que les deux autres, on se demande vraiment si Auster ne devrait pas arreter de vouloir coller a l'actu. Ce coup-ci, la parenthese est inspirée de la colere d'Auster envers le gouvernement Bush et la guerre en Irak. C'est personnellement ma premiere vraie déception Austerienne, le premier roman que je trouve "facile". S'il s'est renouvelé dans sa facon de tuer ses personnages ( je défie quiconque de ne pas fondre en larmes en lisant la mort de Titus ), c'est bien la seule scene qui vous colle au bouquin. On retrouve quelques idées sur l'importance cruciale des détails dans certains films, sur leur signification, on retrouve encore ici l'idee de l'histoire dans l'histoire, de la solitude, de la famille, de la dépression, etc. Mais ca sent le torché, quoi. Pas nécessairement le facile, mais le torché. De bonnes idées maheureusement expédiées...
* Invisible (2009)
Je crains quand meme le pire... Le dernier a peine expedié a la vente, on apprend qu'Auster a déja écrit le prochain, avec titre et tout ca... en espérant qu'il ait écrit celui la en parallele de ses deux précédentes "parentheses" et qu'il revienne au travail approfondi qui fait normalement de lui un écrivain intelligent, touchant et j'aimerais bien pouvoir dire incontournable
Avez-vous lu Auster, qu'en pensez-vous ?
Quel est votre préféré ?
S'il vous rebute, pour quelles raisons ?
_________________