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Buffy comprit soudain à qui elle devait la victoire : à la personne qui se tenait devant elle et qui, pour la première fois, baignait dans la lumière du soleil. Spike. Il venait de sauver le monde. Et il allait mourir.
- Spike ! Supplia la Tueuse, espérant encore pouvoir sauver le vampire.
- Non ! C'est ce que je dois faire !
Il l'empêcha d'approcher en tendant vers elle sa main. Elle allait le perdre. Longtemps - trop longtemps - elle avait eu envers lui une attitude distante, doutant des sentiments qui la liait à lui.
Maintenant elle savait.
Elle glissa sa main dans la sienne et la serra fort. Une flamme émergea de leur étreinte. Buffy ressentit la douleur mais l'oublia bien vite. A côté de ce qu'elle avait enduré pendant la bataille, cette douleur paraissait bien peu de choses.
Son regard totalement plongé dans celui de Spike, elle sourit. Spike la regardait tout aussi intensément, et en réponse à son sourire, afficha une moue interrogatrice. Buffy, au bord des larmes, lui adressa ces derniers mots :
- Je t'aime.
Spike hésita quelques secondes puis sourit à son tour.
- Non, c'est faux. Mais merci pour l'avoir dit.
C'était là leur façon de s'aimer. La souffrance. Les rejets.
A ce moment, à cet ultime moment, le dernier qu'ils étaient destinés à passer ensemble, ils ne faisaient plus qu'un, liés par leur étreinte qui continuait de s'enflammer. Une flamme si brillante.

- Buffy ?
La même couleur. La même chaleur. La flamme qui prenait sa source dans le charbon sous la grille du barbecue, là, à plusieurs mètres d'elle devant Xander et Andrew qui se chamaillaient, lui avait rappelé cette dernière étreinte et sa peine que le vampire qu'elle aimait ait disparu.
- Buffy ?
Elle ignora de nouveau l'appel de Xander, toujours hantée par cette flamme, par le souvenir qui s'en dégageait, et par les yeux de Spike, son dernier regard. Elle fixait le barbecue, la flamme, la fumée ainsi créée qui disparaissait comme par magie dans les airs, entre deux arbres d'un vert éclatant d'où émanaient les piaillements de quelques moineaux.
Une larme coula de son oeil gauche. Xander posa une main sur le genou de Buffy ; cette dernière était allongée sur une chaise longue, prenant la lumière du chaud soleil de septembre qui d'ici environ deux heures serait couché...
- Buffy, dit-il doucement, ça va ?
Elle leva lentement les yeux vers Xander, qui vit alors les yeux humides de son amie, ainsi que la trace laissée par la larme qui avait glissé le long de sa joue. Buffy l'essuya d'un revers de la main.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Alex.
- Rien... un petit coup de cafard... répondit-elle d'une petite voix avant d'ajouter avec un petit sourire forcé :
- Retourne t'occuper du barbecue, je me sentirais mieux le ventre plein.
Xander s'exécuta, après avoir lancé à son amie son sourire compatissant, un sourire qui infailliblement réconfortait quand on se sentait mal.
Depuis la victoire sur l'armée de la Force, Buffy n'avait pas évoqué une fois la mort de Spike et surtout ses sentiments pour lui. Et elle ne comptait pas les évoquer un jour. Son histoire avec Spike était une histoire incompréhensible pour ses amis. Ils ne pouvaient pas comprendre la douleur qu'elle ressentait chaque fois qu'elle pensait à lui, à ses dernières paroles, à son sacrifice, pour elle.

- J'ai faim ! Il faut pas trois heures à une saucisse pour griller ! Si Superman était là, il utiliserait ses yeux-laser et on pourrait manger !
Andrew. Il vivait avec Buffy et Xander dans la maison à laquelle ce jardin appartenait, jardin dans lequel les trois colocataires avaient décidé de faire un barbecue, afin de profiter au mieux de ce vendredi soir ensoleillé. Dawn habitait là aussi... le week-end, tout du moins. Buffy jeta un regard à une fenêtre du premier étage, ouverte, celle de la chambre de sa petite soeur. Une chambre qui serait à nouveau habitée dès le lendemain. Cette pensée réconforta Buffy. Dawn avait en effet opté pour continuer sa scolarité dans un internat situé à la périphérie de la ville - cette petite bourgade paisible nommée Tranquility, à quelques dizaines de kilomètres à peine de Cleveland.
- Arrête de geindre, Caliméro ! Elles arrivent, tes saucisses ! Rétorqua Xander.
Il reporta un instant son attention sur son amie qui semblait aller mieux que quelques secondes auparavant. Elle regardait la maison avec l'air de ceux qui sont perdus et qui, loin de leurs repères, loin de ce qu'ils connaissent, découvrent avec émerveillement et anxiété un nouvel environnement.

Buffy observa à sa gauche l'escalier de bois reliant le perron au jardin. Elle compta un, deux, trois, quatre, cinq ; cinq marches. Légèrement plus haut, son regard se posa sur la porte d'entrée de la maison, blanche, contrastant avec la couleur d'ébène des murs l'entourant. De chaque côté de la porte, une fenêtre. Des fenêtres plus petites que celle, impressionnantes, qui avaient décoré la maison dans laquelle elle avait passé une bonne partie de son adolescence à Sunnydale, et qui avait été engloutie. A droite de la porte, au travers de la fenêtre, elle aperçut un jean posé sur le dossier d'un fauteuil, ainsi qu'un cadre rose contenant une photo d'Anya, morte au combat. Cette fenêtre était celle de la chambre de Xander. Andrew aussi avait une chambre au rez-de-chaussée, mais l'autre fenêtre ne donnait pas dessus. En effet, la fenêtre de gauche permettait de voir le salon, aux murs recouverts d'un papier peint aux couleurs pastels, mais de là où elle était Buffy ne pouvait pas voir grand chose, un arbre empêchant le soleil d'éclairer la fenêtre.

Elle pouvait tout de même distinguer l'objet d'art africain qui décorait la cheminée, un objet qui avait appartenu à Joyce et qu'elle avait tenu à emporter en quittant Sunnydale. Elle se souvint soudainement de la veille de la bataille, quand la bande avait chargé la soute du bus scolaire de souvenirs, de photos, d'objets qui leur étaient cher comme Mr Pointu, pieu offert à Buffy par Kendra le jour où cette brave Tueuse était morte... Ils avaient même emporté quelques peluches. Elle se souvint des pleurs de Dawn ce soir-là, après qu'ils eurent placés dans la soute une photo de Joyce avec leur maison en arrière-plan...

Buffy quitta ensuite des yeux le salon et son regard monta de nouveau pour atteindre le premier étage, baigné par le soleil, où se trouvait sa chambre et celle de Dawn. Les fenêtres des deux chambres étaient grandes ouvertes, laissant pénétrer dans les pièces l'air frais provenant des Grands Lacs.

Puis elle observa le jardin. Autour d'elle une pelouse d'un vert vif, parcourue de-ci de-là par quelques fleurs, un chemin de terre allant de l'escalier au portail blanc donnant sur la rue, le portail blanc entouré de chaque côté par une haie clôturant cet espace tranquille. Enfin, cinq arbres, grands, très feuillus, très verts en cette saison, et l'odeur si spéciale de la sève, des feuilles, et des plantes. Et bien évidemment l'odeur du barbecue, placé au milieu du jardin, autour duquel s'affairaient Xander et Andrew.

Xander apporta à Buffy une assiette en plastique contenant trois merguez fumantes ainsi qu'un steak calciné.
- Merci gentilhomme, plaisanta Buffy lorsque Xander, d'une manière comique, s'agenouilla comme pour la demander en mariage afin de lui donner l'assiette.
- Mais de rien gente dame ! répondit Xander avec son plus beau sourire. Et Buffy se dit que son ami avait beau avoir perdu un oeil, il était toujours aussi séduisant, et elle avait de la peine à le savoir célibataire, hanté par la mort d'Anya comme elle était hantée par celle de Spike.
- Dis-moi, Xander... lui demanda-t-elle, as-tu eu des nouvelles du reste du Gang ? La vie est calme sur la Bouche De L'Enfer ?

***

Une crise d’angoisse assaillit Willow Rosenberg.

La jeune femme se fraya au plus vite un chemin au sein de la masse d’individus qui soudainement semblait l’oppresser.

Elle crût retrouver son calme lorsqu’elle finit par s’extraire des clubbers agglutinés autour du bar du « Sly »; où elle avait tenté sa chance un peu plus tôt afin d’avoir un coca-light, consommation noyée dans des glaçons qu’elle avait abandonnée, elle ne savait où dans la panique; mais le spectacle qui l’attendait une fois arrivé au balcon qui surplombait la piste de danse de la boite de nuit, fit renaître l’appréhension au creux de son ventre, et elle s’accrocha de toute ses forces à la rambarde qui équipait le parapet.

Le fort volume des basses l’avait cueillie de plein fouet, à peine passé l’enceinte du lieu où elle s’était engagée vingt minutes plus tôt pour échapper aux martèlements de la techno hard core que diffusait le DJ; et dont finalement les protections phoniques jouaient bien leur rôle.

Ses tempes battaient de nouveau en rythme, faisant ressurgir une migraine latente qui allait en s'amplifiant, son cerveau ne semblait plus arriver à décrypter les images que son regard lui envoyait.

Outre la musique qui l'agressait, spots, lasers et stroboscopes tournant à plein régime, lui proposaient une vision cauchemardesque et violente, à des lieux de ce qu'elle avait pu connaître dans les petits clubs, et plus particulièrement "le Bronze" qu'elle avait pu côtoyer par le passé.

Prenant sur elle, sa brutale crise d'agoraphobie et ses visions effrayantes étaient le résultat de la fatigue consécutive à un emploi du temps bien chargé ses derniers mois depuis leur arrivée à Cleveland, elle commençait à psalmodier une formule supposée lui transmettre un certain bien être, lorsqu'elle sentit une main familière passer au bas de son dos dénudé.

-Ca n'a pas l'air d'aller ma douce, lui souffla Kennedy par delà le vacarme ambiant, tu aurais mieux fait de rester à l'hôtel plutôt que de me suivre, les vampires sont assez prudent par ici et ne chassent pas le vendredi soir où ils ont plus de chance de se faire repérer… A peine si nous sommes arrivé à en attraper un… Disant cela elle montra discrètement Rona en train de s'exciter sur la piste en contrebas…

En d'autres circonstances, Willow n'aurait pas manqué de serrer la tueuse dont elle était amoureuse dans ses bras, afin d'y puiser du réconfort, mais elles avaient déjà eu l'occasion d'observer les réactions propres à ce genre d'effusions dans des lieux de la sorte et savaient qu'ils valaient mieux s'en dispenser. Esquissant un maigre sourire elle lui dit:

-Je donnerai cher pour un petit concert intimiste au Bronze de Ghost of the robot, Four star mary, où bien encore même de Common rotation , même si je n'aime pas le chanteur… Je crois que j'ai présumé de mes forces…

J'imagine que ce nouveau mode de vie te change bien de ce que tu as pu connaître à Sunnydale, j'avoue que moi même j'aurai sans doute du mal sans ma résistance d'élue. On est loin de l'Angleterre.

La semaine suivante serait sans doute plus "reposante". L'équipe de Kennedy serait responsable de la surveillance des cimetières, et non pas des boites de nuit.

La troisième grande ville de l'Ohio s'avérait un territoire bien plus vaste à surveiller que la bourgade qu'ils avaient définitivement laissé derrière eux.

Le nombre de tueuses avait augmenté avec l'activation de toutes les potentielles, mais il n'en demeurait pas moins qu'elles n'étaient pas encore assez nombreuses pour contrecarrer toutes les actions des forces du mal.

Celles ci semblaient être particulièrement actives à l'endroit où se trouvait comme auparavant à Sunnydale une bouche de l'enfer, sans que l'on sache trop si elles avaient de fait elles aussi migrées, où si ce surcroît d'activité infernale était le résultat d'un principe de vases communiquant.

Willow n'était pas à proprement parler concernée par ce dispositif, elle n'avait pas de devoirs comme pouvaient en avoir les tueuses, qui étaient désormais en nombre suffisant pour organiser des patrouilles digne de ce nom.

Néanmoins, elle avait choisi de suivre son amie plutôt que de rester seule à se morfondre… Peut-être en aurait-il été différemment si elle avait su Kennedy, à chasser le vampire dans les rues de Cleveland avec Buffy, mais tel n'était pas le cas puisque celle ci avait décidé de se mettre un peu au vert: Willow avait moins confiance en les autres tueuses qui manquaient encore d'expérience, quoiqu'à ce jour aucune perte n'ait été à dénombrer.

On attaquait la dernière heure d'ouverture du Sly et le DJ dans sa cabine de l'autre coté de la fosse se mit à haranguer la foule, s'apprêtant à se plier à la tradition qui voulait à ce que l'établissement simule une saint sylvestre imaginaire tout du long de l'année…

-La semaine prochaine, nous aurons le temps d'aller dans un petit club, dont on m'a parlé, un truc plus dans notre style, dit Kennedy à Willow en se plaçant à ses cotés, s'arrangeant pour que sa main puisse toucher discrètement celle de la jeune femme qui partageait sa vie désormais. Un geste qui fit se sentir mieux celle qui se sentait tant angoissé l'instant d'avant.

Le décompte venait de se terminer et la piste se voyait envahit par une vague de mousse, plus propice à des approches discrètes de fin de soirée, les deux lesbiennes "incognito" se décidèrent à en profiter et descendirent les marches qui menaient en bas.

La musique était soudain devenu plus calme, moins agressive… Plus planante.

Incontestablement, la présence de Kennedy à ses cotés avait fini de rassurer Willow.

-Le travail est fini pour aujourd'hui dit cette dernière, en faisant un clin d'œil…

-On dirait, je suis tellement fatigué que je ne saurai le regretter… Espérons que nous n'aurons pas à se le reprocher plus tard en lisant les journaux…

-Nous ne pouvons pas sauver tout le monde malheureusement, même si on essaye un peu chaque jour. Viens…,conclut l'anglaise.

Elles entrèrent dans le nuage mousseux.

***

Sans conteste ce voyage à Cleveland resterait dans les annales, c'est du moins ce que commençait à penser Philip Millard, négociant en commerce depuis de nombreuses années, pour qui les nombreuses escales pour son travail dans cette ville, où celles environnantes, avaient fini par revêtir une certaine monotonie.

Le hasard avait voulu qu'il se trouve associé pour une fois à un jeune débutant, à qui il devait expliquer les ficelles du métier, ce qu'il faisait avec une certaine mauvaise grâce, car cela signifiait que ses patrons le considéraient comme proche de la retraite.

Il avait un peu plus de quarante ans, et s'il souhaitait se voir nommer responsable d'un autre secteur que celui du Nord-Est des Etats-Unis dont il avait fait le tour depuis longtemps, la Californie et le soleil le tentaient bien, il ne voulait en aucun cas se retrouver affecté dans un poste administratif à la maison mère à New-York.

Pourquoi pas non plus trouver une femme et faire des enfants!

Le bleu, d'un naturel lymphatique, arrière petit cousin d'un ponte de la boîte, ne semblait que moyennement intéressé par les conseils de son aîné quant à la façon de faire pour obtenir des réductions importantes sur le prix de revient des boîtes de conserve. La journée tirait à sa fin et la nuit tombait lentement alors que les derniers rendez-vous étaient enfin terminés et qu'ils avaient pris possession de leurs chambres d'hôtel respectives. Le gamin, à la mine exsangue, était soudain sorti de sa réserve au moment où son professeur avait évoqué le temps libre qui s'ouvrait à eux, ses joues avaient alors pris une nouvelle coloration qui lui donna un teint moins blafard et maladif.

-Vous savez comment on se rend aux "flats" à partir d'ici?, avait demandé celui qu'on avait présenté au négociant comme le "petit" Kevin.

-C'est l'ancien quartier industriel qui longe la rivière, il a été réhabilité, et c'est maintenant l'endroit où on trouve le plus de restaurants de bars et de nightclub. Le plus simple c'est d'y aller à pied. Tu ne trouveras pas de places pour garer la voiture de location.

-On m'a parlé d'une boite super sympa là-bas….

-Oui, je viens de te le dire il n'y a que ça à cet endroit… Ne me dis pas que tu as besoin d'un chaperon?, Il soupira. C'est quoi le nom de la boite…

Penaud, Kevin sortit alors une pochette d'allumette, qui venait effectivement d'un établissement de Cleveland: le "Sly".

Haussant les épaules, Philip lui avait dit qu'il connaissait effectivement l'endroit pour y avoir été à une ou deux occasions, un lieu de perdition pour ceux qui souhaitaient s'encanailler le temps d'une soirée et ramener à la maison de jeunes lolitas éméchées ou bien droguées…

Habituellement, le quadragénaire préférait rester à son hôtel du centre ville, de la chaîne Mariott, il avait eu dans ces occasions de brèves relations avec des clientes du bar.

Il éprouvait une certaine fierté à n'avoir eu jamais eu recours à un service de call-girls, où à des prostituées comme certains de ces collègues, plus bedonnant, qui ne prenaient pas autant soin de leur corps et de leur apparence.

Soupçonnant que le "petit" pourrait faire de lui un rapport désobligeant, ou l'inverse, qu’il serait dommageable également pour lui de le récupérer lendemain dans un poste de police dépouillé ou encore pire aux urgences, Philip s'adoucit et décida de l'accompagner… Il l'aurait à l'œil.

C'est ainsi qu'il s'était retrouvé au Sly, et que malgré lui il n'avait pu tenir ses bonnes résolutions…

A peine entré dans la boite, Kevin s'était lancé dans l'appréciation à haute voix pour couvrir le bruit ambiant, de toutes les personnes de sexes féminins qui passaient aux environs, donnant des coups de coude à celui qui l'accompagnait pour qu'il donne son assentiment.

Il dissertait sur le charme d'une rouquine qu'il trouvait à son goût, très "new age" dans sa façon de s'habiller et qui se tenait en retrait de la foule, lorsqu'ils furent abordé par deux entreprenantes créatures. La rousse par ailleurs avait été rejointe par une autre fille de type latino, avec qui elle avait commencé à discuter, tout en regardant la salle comme si elles cherchaient quelque chose… Elle ne savait pas à quoi elle avait échappé pensa le compère malgré lui…

Le gamin ne savait pas se tenir, Philip en eût très vite confirmation. Il enchaîna les consommations sans retenue annonçant aux deux femmes que celles-ci entreraient dans ses frais de services.

Au fil des verres - il était le seul à boire - Kevin étaient devenu de plus en plus volubile, pour ne pas dire lourd et l'attention des deux copines finit par se focaliser uniquement sur Philip.

Elles ne tardèrent pas à échanger des regards de dépit et réprimaient une crispation de dégoût à chaque fois que le cadet reprenait la parole, dés qu'il eût écluser un verre.

C'est Lovely qui retint l'attention du négociant en chef, l'autre fille, prénommée Rita, lui paru plus effacée, et avait une apparence souffreteuse, la peau d'une pâleur extrême.

Une « gothique », pas son genre, mais qui manifestement avait tapé dans l’oeil de Kevin qui semblait fana de piercing, si on en croyait ses élucubrations. Rita en arborait un à l’arcade sourcilière gauche.

Lovely, aux formes charnues mises en valeur par un ensemble en cuir qui lui collait à la peau, et dont la jupe laissait apparaître de longues jambes fuselées, s'était naturellement installé en face de Philip lorsqu'ils s'étaient mis dans un des boxes mis à disposition dans le bar au dessus du dancefloor : elle éclipsait sa camarade haut la main.

Philip s'était retrouvé captivé par les traits eurasien de Lovely, par son regard de jade, mis en valeur par une longue chevelure jais qui encadrait son visage, et finissait à la cambrure de ces reins, à moins que ce ne soit par l’assurance et la détermination de cette dernière qui à peine assise avait commencé à faire remonter son pied déchaussé, agréablement frais dans cette ambiance surchauffée, le long de son mollet.

Force était de l’admettre, la jeune femme l’avait totalement hypnotisé, il était sûr de n’avoir pris aucun alcool mais n’avait plus aucune notion du déroulement des évènements qui l’avaient amené à l’instant présent : au cœur de la nuit, dans une ruelle sombre.

Kevin les avait manifestement abandonné, à moins que ça ne soit les deux femmes qui aient fait consciemment ce choix, ce qui donnait à l'escapade un éclairage différent qui n'était pas sans déplaire à Philip, qui allait peut être enfin avoir la possibilité de raconter une anecdote véritable et croustillante à ses collègues mâles, en commençant par s'en vanter au "petit", le lendemain matin durant le vol de retour.

Il regrettait néanmoins que si un tel événement dût arriver, ce ne soit pas dans un endroit plus confortable, il aurait pensé que Lovely aurait fait preuve d'un peu plus de classe, et commençait à s'interroger sur sa véritable nature. D'un autre coté des histoires de ce genre il en avait déjà entendu des tas.

Il fût soudain sorti de ses pensées par une forme imprécise sur le sol qui l'interpella.

-Si j'étais vous je partirai d'ici au plus vite…

Philip s'aperçut d'un coup que c'était la rencontre avec cette personne qui les avait arrêté et fait reprendre ses esprits.

Ils ne devaient pas encore être très loin des "flats", car il pouvait entendre maintenant au loin les bruits de la circulation paresseuse, et des bandes de jeunes qui remontaient bruyamment l'avenue qui était la principale source d'attractions de Cleveland la nuit.

Rita était pendue à son cou, comme si elle voulait veiller à ce qu'il ne s'échappe pas. Alors que Lovely s'était mise face à ce qui semblait être une clocharde affalée dans le caniveau qu'elle commença à invectiver.

-Impossible d'aller dans un endroit sans tomber sur toi… Tu n'as toujours pas renoncé? Mais regarde toi, Angie, tu ne peux rien contre moi, tu n'es rien! J'aurai du de tuer tout comme je l'ai fait pour le vieux bonhomme qui t'avait pris sous son aile il y a trois ans.

Angie essaya péniblement de se relever, manifestement ivre comme l'avait laissé supposer le ton de sa voix.
S'appuyant contre le mur bordés de caisses, elle commença à avancer.

Philip éprouva un choc en la voyant apparaître à la faible lueur du lampadaire qui se tenait au coin de la ruelle.

La clocharde, quoique couverte de crasse, les cheveux coupés très très court en brosse suite sans doute à un passage à l'armée du salut, manifestement saoule, vêtue d'un t-shirt sale et d'un pantalon de treillis était la copie conforme de celle qu'il avait suivit jusque là, et qui fulminait devant lui paré d'une jupe courte. Leurs yeux étaient d'un vert particulier identique.

-Qu'est ce que c'est que ce bordel…, Cria t-il, interloqué.

La réponse ne tarda pas, et le négociant en resta sans voix.

Lovely s'était retournée et ce qui était évident c'est qu'elle n'était plus du tout la même, son visage était méconnaissable, déformé par une sauvagerie ancestrale, qui brillait au travers de ses pupilles devenues semblables à celles d'un félin, de même sa bouche aux lèvres pulpeuses avait fait place à une autre bien plus menaçante où on ne voyait surtout que les canines prononcées.

-Rita, calme le! aboya la vampire. Puis se tournant de nouveau vers son double, tu me revaudra ça aussi…

Philip aurait effectivement à ce moment voulu pouvoir s'en aller très loin. Il s'apprêtait à pousser sans ménagement Rita, lorsque celle ci le saisit avec poigne, lui prouvant elle aussi sa nature surnaturelle…

Le quadragénaire commença à hurler et sentit sa voix s'éteindre d'elle même, une fois que la vampire lui eût briser le cou pour le faire taire.

-C'est pas vrai ! Explosa Lovely, tu l'as tué, et comment on va se nourrir maintenant? On a passé des heures pour appâter celui-ci sans se faire remarquer! C'était une pièce de choix!

-C'est de ta faute! Dit-elle à la clocharde en lui décochant un violent coup de pied, qui la fit s'écrouler au sol, où elle commença à rire nerveusement.

-On peut toujours sucer son sang…, Essaya Rita visiblement peinée d'être prise en faute, portant le cadavre à bout de bras.

-Sans l'aide de son cœur, ça va nous prendre des heures! Et il sera froid… J'aurai mieux fait de te laisser dans ton cercueil et d'aller chasser seule ce soir… Tempêta encore Lovely, en continuant d'asséner des coups à la femme au sol.

Rita qui en fait découvrait à peine sa condition de vampire, demanda:
-Tu veux que je retourne chercher l'autre?

Lovely regarda celle qu'elle avait aidé à s'extraire de son cercueil à la nuit tombée, avant de chasser et dit en soupirant:

-Non, il a bu tellement d'alcool que d'ingérer son sang me rendrait malade.

Elle cessa de taper Angie qui ne réagissait plus.
Rita regarda la forme inerte au sol

- Et elle?

Des passants arrivèrent alertés par le bruit…
Rita laissa tomber Phillip Millard.
Lovely avant de donner le signal de la fuite n'eut que le temps de préciser, jetant un dernier regard sur l'ivrogne sans connaissance.

-C'est ma sœur jumelle… Je n'arrive pas à me résoudre à la tuer, et je crois que c'est réciproque.

***

"- A ce moment, je m'aperçus que du sang coulait sur mon menton. Je déposai mon rasoir et regardai autour de moi pour découvrir un morceau de coton. Lorsque le comte vit mon visage ensanglanté, ses yeux brillèrent, comme sous l'effet d'une fureur démoniaque. Il me saisit à la gorge. Je reculai, et sa main toucha le chapelet au bout duquel pendait le crucifix. En une seconde, son attitude changea : sa colère fuit si rapidement que je me demandai si elle avait vraiment existé.
- Prenez garde, murmura-t-il. Prenez garde à ne pas vous couper. Dans cette région, une blessure est plus importante que vous ne le croyez."

L'heure du conte fût soudain interrompu par Mlle Chalmers qui passa la tête par la porte séparant la section enfant de celle des adultes:

-Mlle Summers êtes vous consciente de ce que vous êtes en train de lire aux enfants?

-Je vous prie de m'excuser, j'avais l'esprit ailleurs… balbutia Buffy qui refermant le livre posé sur ces genoux se rendit compte qu'il s'agissait de "Dracula" de Bram Stoker: préoccupée, elle avait demandé à un enfant d'aller lui chercher un livre de son choix et avait commencé à le lire sans avoir même regardé de quoi il s'agissait.

Trouvant un certain soutien dans un auditoire pas du tout effrayé et au contraire bien plus attentif que d'habitude elle se reprit face à la vieille fille qui lui tenait lieu de supérieure:

-Vous savez de nos jours, les vampires sont loin d'inspirer les mêmes craintes que par le passé. On est au XXIème siècle, et puis celui là franchement à un petit coté vieillot, avec ces chemises à jabot et sa grande cape noir, son château perdu au milieu de nulle part… Je l'ai rencontré d'ailleurs et…, voyant que cette dernière remarque faisait sourciller Mlle Chalmers, elle décida de dire tout simplement "la vérité".

-D'ailleurs c'est l'un d'entre eux qui me l'a donné…

-C'est moi, s'exclama un des gamins tout fier, il y a une jolie dame qui saigne du cou sur le livre et le monsieur a les yeux rouges et de grandes dents.

-Vous voyez? Conclut Buffy.

La bibliothécaire leva les yeux au ciel, et sortit de la pièce en pestant quant à l'effronterie et la bizarrerie de ce nouveau personnel qu'on lui avait imposé alors qu'elle s'en sortait très bien jusqu'alors pour tenir un des rares lieu culturel de la petite ville de Tranquility.

Une fois celle-ci parti Buffy, plutôt que de reprendre les enfants délurés qui faisaient des pied de nez à celle qui quelques semaines auparavant leur lisait avec conviction des passages de la bible ou bien encore "la vie des animaux", jeta un coup d'œil pour la centième fois au travers de la fenêtre qui donnait sur la place de la mairie; là où devait débarquer Dawn de retour de l'internat par le bus.

La tueuse regarda sa montre, plus que cinq minutes à attendre, avant de voir celui de 11H arriver, c'était le dernier de la matinée, le suivant arrivant sur le coup de 14H, Dawn aurait déjà du être là. Et Buffy commençait à s'inquiéter de ce qui pouvait expliquer ce retard.

Buffy observa de nouveau sa montre : 11H30. Elle avait quitté son poste une demie-heure auparavant et depuis ce temps elle attendait avec anxiété le retour de sa soeur, assise, une canette de jus de fruits à la main, sur les marches menant à la mairie, fixant tantôt l'arrêt de bus devant elle, tantôt le bout de la rue espérant entrevoir quelque véhicule dans lequel elle pourrait se trouver. Buffy se mit rapidement à imaginer le pire. Car après tout, pour un simple retard, Dawn l'aurait sans doute déjà contactée à l'aide de son portable !
Lorsque le bus de 11 heures était passé et avait relâché sur le centre ville de Tranquility son chargement d'adolescents pour la plupart heureux d'être enfin libres et de retrouver leurs parents, Buffy, ne voyant pas sa soeur, était montée dans le bus demander au chauffeur si il avait vu une jeune fille grande et brune dénommée Dawn Summers, et lui avait même montré une photo. Mais le chauffeur lui avait répondu que non, il ne l'avait jamais vue. Elle était alors redescendue et avait demandé à deux adolescents tout juste sortis du bus si ils la connaissaient. L'un des deux avait répondu par l'affirmative, mais ne se rappelait pas l'avoir vue de toute la matinée...
Et donc, assise, là, depuis une demie-heure, elle patientait, chaque minute renforçant son inquiétude. Mais subitement elle fut arrachée à cette attente par la sonnerie de son portable. Rarement cette mélodie électronique avait eu pour elle tant d'importance. Elle saisit son mobile et répondit :
- Dawn ?
- Non, c'est moi !
C'était Xander qui lui parlait. Il était seul à la maison, attendant les deux filles, et il avait préparé pour le retour de cette dernière une grande banderole " TU NOUS AS MANQUE DAWNIE " peinte en rouge, qu'il avait accroché dans le hall d'entrée. Il avait aussi mis au four un gâteau au chocolat et au beurre de cacahuète, un mets dont Dawn raffolait. Auparavant il s'était rendu à l'unique vidéoclub de la petite ville et avait loué " Shining " de Kubrick ainsi que " The Faculty " en prévision d'une soirée vidéo qui ferait suite à une petite sortie au restaurant.

Andrew n'était pas là. Sans doute au cinéma à cette heure, puisqu'il travaillait comme critique pour le journal local. Il était remonté dans l'estime de Xander, qui avouait n'avoir jamais connu quelqu'un d'aussi travailleur : en effet, le jeune fan de Star Wars et de Superman se levait habituellement vers cinq heures du matin pour aller livrer le " Tranquility News " puis cela fait le jeune homme passait sa journée dans les bureaux de ce même journal à rédiger des critiques de films et de comics, et enfin dès 21 heures il devait enfourcher son vélo et aller livrer des pizzas. Mais cela rapportait et il amassait ainsi chaque jour un pactole assez conséquent. Xander, lui, s'était vite vu confier la direction du chantier d'un futur centre commercial situé entre Tranquility et Cleveland, ce qui le tenait occupé du lundi au vendredi de très tôt le matin jusqu'aux alentours de 18 heures le soir. Buffy, enfin, avait tout de suite senti en voyant l'annonce que le poste de lectrice à la bibliothèque municipale était fait pour elle. Un boulot reposant et agréable, en compagnie de petits garnements qui lui rappelaient sa propre enfance, à l'époque lointaine où elle était heureuse, chouchoutée par un père et une mère aimants...

- Qu'y a-t-il ? Pourquoi m'appelles-tu ? questionna Buffy que la nervosité avait fait se lever.
- Je voulais savoir où vous étiez, répliqua le jeune homme, vous faites du shopping ou quoi ?
- Dawn n'est pas arrivée... avoua-t-elle.
- ... Il lui est arrivé quelque chose ?
- J'espère pas... écoute : je n'ai pas le numéro de l'internat sur moi, peux-tu appeler là-bas et demander où est Dawn ?
- Oui, bien s...
Le charpentier s'était tût, gêné par les crissements de pneus d'une automobile qui s'était arrêtée de manière brusque devant la maison. Soudain il entendit la voix de Dawn " Merci pour tout ! A lundi Debbie ! Salut Kimberley ! Tu m'appelles, oublies pas ! ". Il entendit le portail s'ouvrir, puis des bruits de pas pressés sur les marches.
- Xander ? Xander ? S'époumonnait Buffy crispée sur son téléphone, dévisagée par quelques passants qui devaient sans doute penser qu'elle avait besoin de repos.
- C'est bon, Buffy, Dawn est là ! Elle vient de rentrer !
Dawn ouvrit la porte et Xander l'aperçut enfin.
- Oh mon Dieu ! cria-t-il.
- Quoi ? Que se passe-t-il ? hurla une Buffy paniquée à l'autre bout du téléphone...

***

- Quand Buffy va rentrer, elle va faire un ulcère !
Xander, la main droite posée nerveusement sur la joue, ne cessait de tourner en rond dans le salon.
- C'est pas si grave, non ? insista l'adolescente de presque dix-sept ans.
- Dawn ! Xander s'arrêta et la fixa, terrifié.
- Quoi ?
- Tu es... blonde !
Elle était devenue une belle jeune fille bien différente de celle qu'elle était à Sunnydale : des cheveux longs, blonds, descendant jusqu'aux hanches, des lentilles colorant ses pupilles couleur bleu clair, un décolleté mauve et noir sur lequel était inscrit en rouge " Be cool " accompagné d'un motif en forme de main au niveau de sa poitrine. Puis au niveau de la taille, on trouvait une ceinture purement décorative, blanche et dorée par endroits, à laquelle était attaché un petit sac Betty Boop. Enfin, une mini jupe noire en cuir et des talons hauts d'un rouge éclatants achevaient de parfaire son look de femme sexy.
- Ca va faire une dizaine de fois que tu le répètes ! se plaignit-t-elle.
- Qu'est-ce qui t'as pris ? Tu sais bien ce que va en dire ta soeur...
- Ca ne me va pas, c'est ça ? dit-elle en ramenant certaines mèches devant elle pour en observer une nouvelle fois la couleur.
- Le temps de s'y faire sans doute, ajouta Xander d'un air peu convaincant.
C'est alors que Buffy franchit la porte d'entrée, essoufflée. Voyant Dawn et sa nouvelle coiffure, sa première réaction fut d'écarquiller les yeux.
- Ah ! Seigneur ! souffla-t-elle.
Quelques secondes s'écoulèrent, Buffy choquée, Xander gêné, et Dawn très mal à l'aise. A juste titre, d'ailleurs, puisque la plus âgée des deux blondes entra dans une colère noire.
- Mon Dieu, mais comment as-tu pu... je me suis inquiétée alors que toi tu te faisais transformer en paumée fan de Christina Aguilera ! Tu veux jouer dans son prochain clip, c'est ça ?
- J'ai oublié mon portable à l'internat, se défendit la jeune fille. Et si je t'avais prévenu pour la teinture...
- Je t'en aurais empêché ! compléta Buffy. Exactement !
- Un petit temps mort peut-être ? suggéra Xander.
- La prochaine étape, ça va être quoi, Dawn ? Le piercing dans la langue ? Le tatouage ? Un paquet de cigarettes ? Une bonne cuite ?
- Bien sûr ! Parce que ma chère grande soeur ne s'est jamais faite une teinture !
- Mais ça n'a rien à voir ! Je n'ai jamais fait un truc aussi radical !
- Mais c'est peut-être ton problème, Buffy ! De ne pas aller au bout de ce que tu entreprends ! De te poser des questions ! De passer ton temps à...
- Dawn, la coupa Buffy, tu montes tout de suite dans ta chambre et je t'interdis d'en sortir.
- Très bien ! Au moins là-haut j'aurai pas à supporter tes leçons de morale, lui rétorqua la jeune rebelle en courant s'enfermer dans son antre.

Sans le savoir, Dawn avait rouvert le sentiment de culpabilité de sa grande soeur pour la mort de Spike. Peut-être que si elle s'était décidée plus tôt à lui avouer ses sentiments au lieu de réfléchir encore et encore à l'état de leur relation, peut-être qu'alors aujourd'hui le vampire serait encore en vie. Peut-être qu'ils auraient pu voir où leur histoire les mènerait. Peut-être qu'elle aurait pu être heureuse. Oui, elle le croyait : c'était de sa faute.

Elle fit quelques pas et se laissa tomber sur le divan en cuir vert placé juste devant la fenêtre donnant sur le jardin. Xander, décidé à lui parler, prit place face à elle sur un pouf orange qui avait été acheté suite aux supplications de Dawn.

- Tous les ados ont déjà fait ce genre de choses, dit-il doucement invitant ainsi son amie à la confidence.
- Tous ? Willow et toi ne l'avez jamais fait que je sache...
- Que tu saches ! insista Xander en esquissant un petit sourire mostalgique. Buffy écarquilla les yeux.
- Vous l'avez fait ?
- Willow jamais, tu rigoles ! Sa mère l'aurait envoyée en maison de correction et aurait fait une dépression ! Par contre, moi, en troisième...
- Non ! Elle se mit à sourire, incrédule.
- J'étais roux... ça n'a pas arrangé mes relations sociales déjà inexistantes à cette lointaine époque !
- Ca alors ! Et tu ne me l'avais jamais dit !
- Non, je suis resté roux moins d'une semaine avant de me décider à me raser le crâne !
- On n'a jamais fini d'en apprendre...
- Toi aussi tu l'as fait. Ca n'a rien de catastrophique... même si dans mon cas ça l'était.
Buffy réfléchit quelques secondes puis réitéra son sourire à Xander avant de lui dire :
- Merci. je devrais sans doute monter lui dire que je l'aime et que ça n'est pas grave ?
Pour réponse, son ami se leva et avant de quitter la pièce, lui lança :
- Tu es la meilleure soeur et la meilleure maman du monde. Tu le sais ?

Buffy l'entendit aller s'allonger sur son lit et allumer la petite télévision de sa chambre. C'était un beau samedi ensoleillé qui s'annonçait, et elle était dans sa maison avec sa soeur et son meilleur ami. La vie pouvait-elle être plus belle ? Au bout de quelques secondes, Xander l'appela :
- Buffy ! Viens voir !
Il s'agissait du bulletin d'informations national. La présentatrice, la cinquantaine bien tassée et maquillée à outrance, annonçait de sa voix nasillarde :
" Et les recherches continuent sur la cause de la disparition de la petite ville Californienne de Sunnydale, le 20 mai dernier. Bien que les autorités aient déclaré que la chute d'une météorite est seule responsable du cratère découvert à l'emplacement de la ville, certains chercheurs s'opposent fermement à cette explication qu'ils jugent je cite " toutalement incohérente et ne reposant sur aucune information concrète ". Ces derniers mettent en cause une poche de gaz dans le manteau supérieur qui aurait fait s'effondrer la croûte terrestre. Pendant ce temps, des groupes religieux radicaux se bornent à dire qu'il faut voir là un signe de la colère de Dieu présage de la réalisation de l'Apocalypse... Revenons-en maintenant au nombre anormalement élevé de tornades qui ravagent les... "
Xander éteignit la télévision.

- Ils peuvent continuer à chercher, soupira Buffy.
- Tu te souviens des moments que l'on a vécus là-bas ? lui demanda Xander.
- Oh oui ! Répondit Buffy avec nostalgie.
- Nos sorties au Bronze, nos patrouilles dans les cimetières, nos recherches à la bibliothèque, à la Magic Box, nos fou rires dans la salle de classe, notre combat contre un serpent géant, contre tous ces démons, ces vampires...
Buffy comprenait très bien ce que ressentait son ami. Et elle savait aussi ce qu'il avait volontairement omis dans son énumération.
- Jessie, Jenny, ma mère, Tara, Spike, Anya...poursuivit-elle lentement avec tristesse.
- Ils sont morts là-bas, continua Xander. Et ils ont été engloutis. Leurs corps ont disparus dans ce trou... Il n'y a même plus la moindre preuve de leur passage sur Terre...
Sur cette dernière phrase, il craqua et fondit en larmes. Buffy le serra contre elle.
- Ils sont dans ton coeur Xander, lui murmura-t-elle. A jamais...
Elle céda à son tour et éclata en sanglots. Elle pleura toute cette souffrance qu'elle avait accumulée depuis tous ces mois, et avec chaque larme versée ils se sentirent plus forts, prêts à affronter enfin le futur...


***

Depuis qu'il était devenu gérant d'hôtel, Rupert Giles n'avait pas eu vraiment l'occasion de venir dans ce coin de la ville, où se situait le commissariat central de Cleveland, à cause de l'entraînement des Tueuses dont il avait désormais la charge d'une part, et aussi surtout à cause des divers et variés problèmes qui touchaient forcément les établissements du genre qu'il venait d'ouvrir.

Ce n'était donc pas sans un certain soulagement que l'Observateur laissait un moment derrière lui son "infernale" clientèle: Mme Schumacker de la chambre 103 s'était encore plainte des voisins bruyants d'à côté, un couple de jeunes mariés qui semblait bien décidés à avoir un héritier légitime au plus vite, et Mr Dick avait été surpris une fois de plus en train d'arpenter les couloir en revenant des douches du troisième étage, nu comme un ver.

Il avait reçu en fin de matinée un appel téléphonique d'un inspecteur de police, qui était une connaissance d'Angel, le fonctionnaire avait auparavant travaillé à L.A.

Le vampire lui avait donné le numéro de Giles une fois que le policier l'eût informé d'un cas particulièrement étrange, lié à un meurtre survenu la veille dans l'ancien quartier industriel rénové.

L'Observateur accompagné de Willow s'étaient alors précipités dans le centre-ville. Dès leur arrivée ils furent accueillis par Jeff Donato, un italo- américain de grande taille, vêtu d'un costume gris anthracite coupé sur mesure, à qui on avait manifestement donné leur description:

-Inspecteur Donato, se présenta-il en tendant une main ferme à Giles qui l'a serra avec franchise.

-Mr Giles, je me suis permis d'appeler un ami commun, en espérant qu'il pourrait nous donner quelques informations quant à une suspect que nous avons appréhendée cette nuit, près du cadavre d'un négociant de commerce aux environs d'une boîte de nuit.
Je sais d'expérience qu'Angel est quelqu'un d'assez versé dans ce qui concerne le paranormal, et sans en avoir véritablement de preuve, je dirai que cette enquête en relève…

-Votre suspect est humain?, questionna Giles tout aussi hésitant manifestement que son interlocuteur, avec qui il avait contact pour la première fois.

-Oui, elle a forme humaine, répondit le policier rassuré de voir qu'il avait en face de lui quelqu'un au courant d'un certain nombre de choses inconnues du grand public. Il regarda Willow avec méfiance.

-Je répond d'elle autant que de moi, déclara Giles.

-Bien…

Il leur montra le chemin vers un escalier qui menait au sous-sol, sans aucun doute là où se situaient les cellules, puis continua d'expliquer l'affaire.

-La jeune femme que nous avons arrêtée près du corps de Philip Millard, était dans un état d'ivresse avancé, nous l'avons mise en cellule de dégrisement avant de l'interroger, car elle avait un comportement très agressif.
J'étais de garde hier au soir, et j'ai eu l'occasion de l'entendre proférer des propos, comment dirais-je, qui m'ont semblé "familiers"…
J'ai travaillé à L.A et notamment sur plusieurs enquêtes en doublure avec l'agence de détective "Angel", si vous voyez ce que je veux dire…

-A t-elle manifesté certains pouvoirs? dit soudain Willow qui peinait à suivre les deux hommes, car encore fatiguée de sa nuit blanche de la veille…

-Elle est très forte, nous avons fini par lui mettre une camisole, mais avec beaucoup de mal… Il montra négligemment l'œil au beurre noir qui ornait sa figure. Mon collègue a le nez cassé, un autre gardien ne viendra pas au travail ce matin… Il s'est pris un coup de pied mal placé.

Giles hocha la tête en l'invitant à poursuivre, Willow sourit.

-Elle dit que sa sœur est un vampire que c'est elle qui a tué Millard avec l'aide d'une de ces disciples… Que c'est sa faute car elle n'a pas su faire son devoir.

Si je n'avais pas été là cette histoire aurait été classée sans suite, et ces déclarations assimilées à du delirium tremens, de nombreux témoins corroborent la présence sur les lieux de deux autres personnes qui se sont enfuies. Elle aurait été considérée comme là par hasard. Elle devait dormir dans la ruelle et a été réveillé au moment du meurtre.

-Le mort présente t-il des traces de morsure?, s'inquiéta tout d'un coup Giles.

-Non, j'ai vérifié, on lui a brisé la nuque.

-J'ai bien peur de ne pouvoir rien pour vous… Je ne vois pas trop comment vous aider…, commença le nouveau gérant d'hôtel, qui ne se voyait pas malheureusement enquêter sur toutes les personnes ayant connaissance d'un cas de vampirisation.

Comprenant ce qui se passait, l'inspecteur Donato lui coupa la parole:

- Mr Giles, Angel m'a demandé de vous faire venir car la clocharde a déclaré être une Tueuse.

Willow et Giles en restèrent interloqués.

***

Willow ouvrit discrètement la porte de la cellule de dégrisement, où elle avait pu observer un moment auparavant, avec Giles, Angie Bekerson, jeune femme d'à peine 20 ans, connue des services sociaux de la police de Cleveland de par son parcours chaotique au sein des diverses institutions qui les constituaient.

Ces séjours en cure de désintoxication, ses diverses arrestations pour voie de faits sur la voie publique avaient donné l'occasion de rapports nombreux qui étaient venus épaissir le dossier d'une personne que le système s'était avoué impuissant à aider car elle ne la comprenait pas… La soupçonnait de vivre dans un monde de fantasmes, qui pourtant s'avérait la stricte réalité, comme les membres du Scooby-Gang pouvaient en témoigner.

Certes la sorcière avait eu l'occasion de voir bien des choses effrayantes, mais elle devait admettre que le spectacle qui s'offrait à ses yeux, à sa façon, l'impressionnait.

Il émanait du moment une détresse impressionnante, qui fit remémorer à Willow certains moments sombres qu'elle avait traversés elle-même il n'y avait pas si longtemps…

Dans un coin de la pièce au mur capitonné, afin que ses occupants ne se fracassent pas la tête contre les murs dans un accès de démence, celle qu'ils soupçonnaient après réflexion d'être la Tueuse activée au moment du sacrifice mortel de Buffy pour contrecarrer les plan de Glory deux ans auparavant, était assise les bras autour de ses genoux, sa camisole arrachée dans le coin opposé, et allait et venait comme en transe d'avant en arrière en chantonnant un air enfantin…

-Salut, dit Willow en esquissant un bref signe de la main, tout en s'écartant de la porte qu'elle avait refermée derrière elle, en jetant un regard fugitif en direction du miroir sans teint derrière lequel elle savait se trouver Giles et L'inspecteur Donato, qui avait par ailleurs dépêché deux policiers pour intervenir dans les plus brefs délais au cas où…

Le balancement cessa, et la prisonnière leva la tête pour regarder sa visiteuse.

-T'es une psy? Tu ne peux rien pour moi… Je suis maudite… Nous sommes maudites… J'en ai vu d'autres avant toi… Elles m'ont cru folle…

-Pas exactement, s'empressa de dire Willow avant qu'Angie ne replonge dans son mutisme. Je connais des personnes comme toi des Tueuses… Je suis venu avec un Observateur, nous pouvons t'aider…

-Vraiment? Tu en es une? On m'a dit qu'il ne pouvait avoir qu'une seule Elue.



Willow vit subitement une faible lueur d'espoir briller au travers des yeux verts magnifiques de son interlocutrice

Mais cette dernière se prit finalement la tête dans les mains:

-Cette fois je débloque totalement… Tu n'existes pas…, gémit-elle

-Non, dit Willow en s'asseyant près de sa cadette en détresse, en la prenant dans ses bras… Nous t'avons trouvé et tout va aller mieux désormais... Nous allons t'aider à comprendre ton rôle. Tu es maintenant en de bonnes mains.

Surmontant une certaine répulsion, la sorcière se mit à caresser le crâne tondu de la Tueuse anéantie, celle ci avait été rasé en brosse si court, que la sorcière pouvait voir de nombreux hématomes, tout comme sur son visage: le pouvoir d'auto guérison des Elues avait ses limites.

L'odorat de Willow était également mis à rude épreuve. La jeune fille n'avait sans doute pas eu l'occasion de se doucher depuis un moment. Ses vêtements étaient déchirés et tachés à de nombreux endroits.

Elle réprima un frisson en voyant des marques de piqûres sur ses bras.

Encore une fois, elle ne put s'empêcher de repenser à l'époque où elle était devenu dépendante de la magie, où elle avait perdu pied.

Les deux femmes avaient cette souffrance en commun….

- Tout va aller mieux, répéta t-elle machinalement, en serrant un peu plus Angie.

***

Tout en regardant le spectacle des deux jeunes femmes s'épanchant l'une sur l'autre, Jeff Donato commentait le parcours d'Angie Bekerson, en survolant les feuilles dactylographiées le retraçant:



-Elle a effectivement une sœur jumelle, toutes deux ont été adoptées par une riche famille de la région, elles sont d'origines asiatiques.

Cette dernière est décédée il y a un peu moins de deux ans, les parents sont morts eux aussi, peu après dans des circonstances étranges… C'étaient des notables de la ville…


La gamine a entamé alors une descente aux enfers… Alcool, drogue… Cures et soutien psychologique n'ont manifestement rien donné…

Encore une fois si je ne venais pas de L.A et ne connaissais pas Angel, j'aurais pensé comme les autres…, conclut-il manifestement en colère.

La réflexion laissa Rupert Giles songeur. Il ne pouvait qu'aller dans le sens du policier qui estimait manifestement que les forces du bien en demandaient de trop à certaines de leurs jeunes représentantes.

-Elle dit que sa sœur est une vampire?, questionna t-il se reprenant.

-Cela ressort de tous ses entretiens avec les psychologues… Dit Donato en faisant claquer la chemise en cuir qu'il feuilletait auparavant. Vous pensez qu'il faudrait aller voir du coté du cimetière où sa sœur est enterrée… Je pourrais demander une demande d'exhumation, quoique n'ayant pas vraiment de motifs.

-Cela ne nous prouverait pas grand chose… On soupçonnerait un voleur nécrophile, un gang de médecins avides de cadavres à trancher à titre d'expérimentations, plutôt que d'imaginer que l'occupant du cercueil est ressorti par ses propres moyens animé par un démon, et qu'il tue dans nos rues pour se nourrir du sang de ses victimes.

Pourriez vous me fournir une copie de ces documents?, demanda Giles voyant Willow se relever avec Angie et se diriger vers la sortie de la cellule de dégrisement.

-Elle part avec vous? Je ne sais pas si… Commença le représentant de l'autorité.

-Inspecteur, vous savez bien qu'il n'y a pas d'autres solutions… trancha l'observateur.

-Oui… soupira Donato. Nous n'avons pas véritablement de charges contre elle. Néanmoins…

-Elle sera à mon hôtel inspecteur et si elle venait a disparaître je vous en informerai…, affirma le gérant de l'établissement avec sincérité, ravi d'avoir trouvé une oreille attentive dans les services de polices de la ville où il officiait désormais et dont il comprenait les préoccupations.

-Bien. Ca ne va pas être une partie de plaisir, ces résultats sanguins sont assez éloquents, en ce qui concerne sa dépendance…

-Ca n'en a jamais été une croyez moi… Rares sont les moments de répits… Et d'autant plus appréciables, inspecteur…A bientôt.

Sur cette dernière déclaration il partit à la rencontre des deux jeunes femmes qui attendaient dans le couloir.

***

-Alors comme cela elle aurait été activée avant nous ?, questionna Vi.

-C'est tout du moins ce que Mr Giles et Willow ont déduit des enregistrements vidéo que l'inspecteur Donato a fait de la fille après que Angel lui ai soumis l'idée, lui répondit Kennedy.

Apparemment, je cite Mr Giles, (elle fit un clin d’œil à Vi) son observateur a été tué par sa sœur qui s'est volontairement faite vampiriser plus ou moins par jalousie malsaine à ce que j'ai compris une fois que ce dernier se soit présenté à leur parents adoptifs.
Ceux ci sembleraient s'être trop réjouit de cette activation, et la jumelle avait déjà quelque rancune envers sa moitié qui excellait dans tout ce qu'elle entreprenait. Fin de citation.

-Ca a l'air assez tordu comme histoire, fit entendre soudain Rona appuyée à la porte de la chambre qu'elle devait désormais partager avec Vi, ayant du laisser la sienne à la nouvelle arrivée.

- Mais comment se fait-il que les Bringers ne l'aient pas trouvé? ,demanda Vi qui manifestement continuait de cogiter dur, comme le suggérait le pincement prononcé de ses lèvres.

-Sans doute ont-ils jugé qu'elle ne représentait pas un gros risque, cette fille est une épave…, lâcha Rona, visiblement excédée de l'intérêt que suscitait Angie.

-Je ne t'avais pas demandé de la surveiller, à propos… Intervint sèchement Kennedy.

-Elle a fini de rendre tripes et boyaux, je l'ai aidée à ramper jusqu'à la baignoire pour prendre une dernière douche, heureusement qu'on est pas obligé d'utiliser les salles de bain communes ça ferait bien vis à vis des clients.

Elle dort… J'ai déjà épongé son vomi, tu ne veux pas non plus que je la veille. Elle n'ira nulle part, elle en est incapable…

A ce moment Giles apparut, conscient de la tension manifeste que dégageait les lieux, il demanda en plissant du nez pour remonter ses lunettes:

-J'interromps quelque chose?

-Non, dit froidement Kennedy en continuant de regarder fixement dans les yeux Rona.


-Je me demandais comment Angie avait échappé aux Bringers? Intervint innocemment Vi

Giles comme a chaque fois où il devait faire preuve d'autorité commença gêné.

-Je viens de finir de regarder les bandes que la police nous a donné de la nuit d’Angie en cellule de dégrisement, elle y a beaucoup déliré, c’est très instructif, tout en étant assez effrayant.. C'est la raison de ma venue ici… Deux d'entre vous sont dispensées de patrouille ce soir…

-Chic! S'enthousiasma Rona…

-Kennedy, cela te dérangerait-il de rester avec Rona ce soir, pour garder Angie?

La demande fit retomber l'enthousiasme de l'afro-américaine.

-Il y a un problème… Suggéra Kennedy à l'Observateur, se doutant qu'il allait ajouter quelque chose…

-Il semblerait qu'Angie ait un ange gardien assez particulier en la personne de sa sœur…

Le gérant de l'hôtel jouait inconsciemment avec les VHS qu'il venait de finir d'exploiter:

- J'ai cru comprendre au travers des bribes d'informations transmises plus ou moins involontairement en caméra cachée, que si les Bringers n'ont pas tués Angie, c'est uniquement car sa sœur les en a empêché en leur faisant subir le même sort qu'à son Observateur et ses parents…

-Super! On a un couple de jumelles barges sur le dos…, s'exclama Rona.

-Il est possible qu'elle ne soit pas seule… On lui connaît au moins un acolyte, si on s'en tient aux témoignages oculaires…

-D'autres bonnes nouvelles? fit hargneusement Rona.

-Non, ça sera tout Rona… Je vais organiser la patrouille avec Kennedy, si ça ne te dérange pas, c'est une des chefs de groupe, et même si elle reste là avec toi ce soir, sont avis est important…. Dans mon bureau? Dit-il, devinant par avance la réponse de l'amie de Willow.

-J'arrive Mr Giles…


Kennedy fit semblant de ne pas voir la mimique dans son dos de celle avec qui elle venait d'avoir une fois encore une altercation, et emboîta le pas à l'Observateur.

Elle regrettait que Willow ait décidé de rendre visite ce soir là à Buffy et Alex, pour fêter le retour de Dawn après sa première semaine d'internat.

Dans un sens, elle comprenait qu'il était important d'informer Buffy de la découverte de celle qui lui avait succédée au moment de sa mort et avant sa résurrection qui avait manifestement bouleversée l'équilibre entre le Bien et le Mal et permis à "La Force" de retrouver une certaine puissance.

Elle aurait souhaité parler de ça avec sa "sorcière bien aimée" qu'elle avait sentie bouleversée par l'état physique et psychologique de la jeune femme qu'ils avaient ramené du centre ville.

On avait discrètement fait pénétrer Angie par la porte de derrière de l'hôtel pour ne pas voir les clients se poser de questions et remettre en cause la bonne fréquentation de l'établissement, ce qui était déjà loin d'être facile avec les quelques farfelus que comptait l'endroit.

Les ex-potentielles occupaient entièrement le dernier étage, et l'accession déclarée plus discrète par les escaliers, avait provoqué chez Angie un malaise.

Sans doute celui ci trouvait il son origine plus dans les premiers signes du manque, que dans l'effort à fournir pour monter les marches; toujours était-il qu'elle avait été saisie de vives crampes.

Willow avait alors appelé Kennedy et Rona à la rescousse, cette dernière en guise de présentation ayant eu le droit de voir son t-shirt qu'elle venait d'acheter redécoré. Sa chambre étant la seule à avoir une salle de bain particulière avait ensuite été réquisitionné manu militari pour la malade dont l'état n'avait cessé de s'aggraver, jusqu'à ce qu'un ami médecin, proche de Giles, vienne en urgence prescrire de la méthadone.

Pour arriver à l'heure du dîner à Tranquility, Willow était partie vers 18H, au moment où Angie paraissait retrouver une certaine forme de calme. Les crampes intestinales avait cessé, même si elle restait nauséeuse et tremblante.

Giles alla directement s'asseoir dans un des fauteuils en cuir qui occupait son bureau et invita Kennedy à en faire autant.

-Si je t'ai convoqué ça n'est pas vraiment pour mettre au point les modalités de la patrouille de ce soir, cela est déjà réglé: Vi et les autres Tueuses de ton groupe feront celle des cimetières car en effectif réduit de par les évènements.

Kennedy haussa des sourcils, et s'assit, attendant la suite d'un air grave.

L'Observateur reprit:

-Je sais que tes rapports avec Rona sont loin d'être amicaux, il n'en reste pas moins qu'elle est sans doute l'une des mieux préparées à faire face à ce qui risque d'arriver….
Tu sais que Willow a jeté un sort d'identification et que celui ci a été positif. Angie est bien une Elue.
Je ne saurai me prononcer avec certitude, mais il semble bien qu'elle et sa sœur Lovely aient une relation infiniment complexe.
La seconde a fait le choix de devenir l'ennemi jurée de la première, qui manifestement doit vivre avec cela et sans aucun doute avec l'échec de n'avoir pu sauver d'une part ses parents, et d'autre part son Observateur, dont pour être franc je n'ai trouvé aucune trace nulle part dans le peu de documents qu'il me reste du conseil.
Cleveland étant situé comme Sunnydale sur une bouche de l'Enfer, il est logique qu'elle est pu être activée ici, plutôt qu'envoyée à Sunnydale comme avait pu l'être Faith à une époque.

Il fit une pause.

- La victime d'hier au soir a eut relativement de la chance, l'inspecteur Donato m'a fait une copie des rapports consécutifs aux enquêtes des homicides des époux Bekerson, et de mon confrère: les rapports d'autopsie laissent à penser que leur agonie fut très longue et encore plus douloureuse.
Lovely fait preuve d'un certain sadisme, d'une perverse ingéniosité
On peut soupçonner qu'elle a une certaine influence sur la jeune femme que nous avons recueillis.

-Il faut s'en méfier, c'est ça… demanda Kennedy en alerte.

-Rester vigilant assurément. Répondit Giles en joignant les mains tout en se redressant.
Lovely n'est devenue vampire que dans l'espoir d'obtenir un ascendant sur sa sœur qui lui apparaissait comme supérieure depuis toujours avant même de devenir Elu.
Aujourd'hui il semblerait qu'elle y soit arrivée, je doute qu'elle y renonce aussi facilement.

-Vous croyez qu'elle va chercher à récupérer Angie.

-C'est une éventualité.

-Il y en a une autre?

-Si nous n'y prenons garde cela pourrait être notre protégée qui cherchera à retrouver sa jumelle… Elle est à ce point fragiliser qu'elle se trouve elle aussi en situation de dépendance. Par ailleurs, en tant que Tueuse elle se sent responsable de toutes les exactions de sa sœur, qu'elle n'est pas arrivée parvenue à tuer, contrairement à ce que son devoir lui imposait.

-Rona a raison, c'est tordu comme histoire… Conclut Kennedy

Giles ne put que confirmer en souriant subrepticement.

De l'extérieur, le " Sans souci " était assez sobre : deux grandes vitres de chaque côté de la porte sur laquelle figurait le menu. Les vitres donnaient ce soir-là sur un petit nombre de personnes en train de dîner. Dawn s'était déjà faite en un seul regard un topo sur les occupants : deux couples de personnes âgées, cinq étudiants un peu émêchés au fond de la salle, et une vieille dame près de l'entrée dégustant une soupe tout en critiquant à coup sûr les passants qui défilaient sous son oeil.

Buffy, sa soeur, et Xander s'arrêtèrent devant la porte et observèrent le menu avec attention. Dans une petite ville comme Tranquility, on ne trouvait pas un nombre faramineux de restaurants, et tous avaient en commun de donner au poisson la part belle de la carte ; rien d'anormal pour une bourgade située sur la rive d'un lac gigantesque riche en brochets, perches et autres truites.

Bien sûr, en cherchant bien, on pouvait trouver un petit restaurant italiens près de l'autoroute et ici ou là un fast-food. Mais pour bien manger, c'était là, au " Sans souci ", qu'il fallait se rendre.

Dawn n'était pas très difficile : dès qu'elle aperçut en bas de la carte l'inscription " steak frites ", elle sut que l'établissement lui conviendrait et qu'elle apprécierait le repas. L'aînée n'était pas non plus une grande fan des fruits de mer, mais elle décida de se laisser tenter. Après tout les sorties de ce type avaient été si rares à Sunnydale qu'à présent le mot d'ordre était de profiter. Quant à Xander, bien que déçu par l'absence d'une entrecôte au menu, il se résolut à suivre l'exemple de son amie qui se lançait à l'aventure.

La nouvelle blonde entra la première, toute souriante, et ses deux tuteurs lui emboitèrent le pas. Les trois jeunes gens prirent place en plein milieu du restaurant, où une table les attendait, recouverte d'une magnifique nappe couleur bordeaux, et décorée en son centre d'un chandelier portant fièrement quatre bougies. Quatre couverts et serviettes étaient mis.

En effet, bien qu'Andrew n'ait pas été invité car occupé à livrer des pizzas toute la nuit, Xander avait obtenu de Willow qu'elle vienne passer la soirée avec eux, aussi avait-il réservé la meilleure table du restaurant pour quatre personnes.

La sorcière aurait d'ailleurs dû être avec eux depuis une bonne heure déjà, mais après l'avoir attendue près de trente minutes, le trio avait décidé d'aller manger et de laisser sur la porte d'entrée de leur maison un mot avec l'adresse du restaurant où ils se trouvaient.

Une charmante serveuse, très élégante dans son habit blanc en soie recouvert d'un veston rouge et dans sa jupe noire plutôt moulante, donna la carte aux trois amis et leur demanda de sa voix suave ce qu'ils désiraient boire. Ils commandèrent sans trop d'hésitations une bière, un coca et un milkshake à la fraise, et avant de rejoindre le comptoir, la jeune serveuse adressa à Xander un clin d'oeil et une moue particulièrement sensuelle, ce qui le fit légèrement rougir.

Il était heureux de constater que de n'avoir qu'un seul oeil ne nuisait aucunement à son pouvoir de séduction, et que s'il le désirait, il pouvait dès ce soir obtenir un rendez-vous.
Si je le désirais...
Ces quatre mots retentirent plusieurs fois dans sa tête.

- Alors Dawn, dit-il afin d'ouvrir la conversation, cette première semaine ? Epuisante ?
- Non, pas tant que ça, répondit la jeune fille. En fait, ça s'est même plutôt bien passé, et les règles ne sont pas si strictes...
- Moi, ce qui m'intéresse, l'interrompit sa soeur, c'est la Principale. Ils ont tous quelque chose à cacher quand ils n'ont pas une tête de nazi sans petite moustache...
- Eh bien, Mme Viviane est très cool, commença l'adolescente d'une voix enthousiaste. Elle est pas sévère et elle a toujours le sourire.
- On parle bien du proviseur d'un internat ?, la coupa Xander.
- A quoi elle ressemble ?, s'enquit Buffy.
- Elle doit avoir dans les trente ans, grande, mince, blonde, le teint pâle...
Dawn vit son aînée tilter sur cette dernière remarque, aussi s'empressa-t-elle d'ajouter :
- Mais ce n'est pas un vampire !

A ce moment, Willow débarqua en trombe dans le restaurant, toute essoufflée, et en apercevant ses amis qui lui manquaient depuis presque un mois qu'elle ne les avait plus vu, son visage s'illumina d'un sourire.

- Je suis désolée, confia-t-elle aux trois amis qui se levèrent pour la serrer dans leurs bras. Il y a des embouteillages impressionnant à cette heure-ci...
- Ce n'est rien, lui dit Buffy très émue de la revoir, ça fait plaisir de te retrouver !
- Moi aussi je... - en portant son regard sur Dawn elle se rendit compte que celle-ci avait changé la couleur de ses cheveux - ... oh ! Moi qui allait dire qu'il ne doit rien se passer d'horrible loin de la Bouche de l'Enfer !
- Eh !, s'écria la jeune fille qui n'apprécia pas du tout la remarque.
Heureusement, la sorcière se reprit tout de suite et lui répondit en rigolant, tout en lui passant une main dans sa chevelure platine :
- Je plaisante, Dawnie...

La bande prit de nouveau place à la table et la jeune serveuse reparut alors avec un plateau sur lequel étaient disposées les boissons. Elle les déposa lentement sur la table, l'une après l'autre, s'attardant un peu plus pour décapsuler la bière du jeune homme qui l'attirait, tout en le dévisageant. Willow demanda une grenadine puis la serveuse prit commande des repas.

Dawn n'hésita pas un instant et réclama un steak bien cuit avec des frites et du ketchup. Buffy, elle, se lança au hasard et prit une soupe de poissons. Enfin, Xander qui ce soir-là avait - come souvent - un fort appétit, demanda le grand plateau de fruits de mer, qu'il partagerait avec Willow. La serveuse partie, la discussion pu reprendre.

- Il faut que je la rencontre, s'exclama la Tueuse.
- Qui ça ?, interrogea Willow, confuse.
- Ma Proviseur, répondit Dawn avant de continuer avec ironie : car ma soeur bien aimée doute que l'humiliation à laquelle j'ai eu droit l'an passé ait été suffisante...
Les deux soeurs échangèrent un regard meurtrier.
- Dawn a raison, ajouta Xander, Sunnydale c'était un centre de convergence de forces mystiques et malfaisantes. Ici on est dans une petite ville tranquille : il y a peu de chances que la Principale soit issue d'un croisement génétique entre Mrs Tingle et un démon transdimensionnel !

Les trois filles ne purent réprimer un sourire à cette remarque. Buffy commença à boire son coca, aspirant à l'aide d'une paille multicolore plusieurs gorgées du soda, avant de rétorquer :
- Je sais... je suis juste un peu curieuse, c'est tout...

Un silence s'installa à leur table pour quelques secondes, ce qui permit à la bande de se rendre compte du brouhaha qui régnait dans le restaurant : en effet, à présent la salle était comble, ce qui mit Buffy et Dawn assez mal à l'aise. Ce genre de scène leur rappelait toujours les temps où elles avaient dû partager leur demeure avec une trentaine d'inconnues.

Willow finit par rompre le silence :
- Vous avez le bonjour de Giles !
- Et comment il va, ce cher vieux Giles ?, continua le seul garçon de la table.
- Son hôtel, ça fonctionne bien ?, questionna l'Elue.
- Ne m'en parle pas !, répondit la sorcière. C'est peuplé de fous furieux là-dedans ! L'obéissance aux règles de l'hôtel n'est pas leur priorité !

Obéissance...

- Et nos nouvelles Tueuses ?, demanda Buffy.
- Elles s'émancipent, poursuivit la rouquine. Vi fait des progrès considérables, Chaoh-Ann a appris un peu d'anglais avec Giles, et on attend pour les jours à venir l'arrivée de trois ou quatres Tueuses...
- Pourquoi continuer de les rassembler ?, interrogea Xander. Après tout, la dizaine de Tueuses que vous avez à Cleveland est largement suffisante, non ?
- Giles pense qu'il ne serait pas inutile de reformer une sorte de Conseil et de donner à ces Tueuses une formation et un Observateur, ce qu'elles n'ont pas eu.

Obéissance...

Buffy posa son attention sur Dawn et se rendit compte que celle-ci ne bougeait plus : inerte, assise sur sa chaise, le regard dans le vide.
- Dawn ?
Aucune réaction.
La grande soeur se leva, prit Dawn par les épaules et la secoua avec force. Aussitôt, la benjamine reprit ses esprits.
- Dawn, ça va ?, s'inquiéta Willow.
- ... oui, oui, répondit-elle d'une voix faible. Ca doit être la faim...
- Tu es sûre que ça va aller ? Insista Buffy.
- Oui, confirma-t-elle.

Au moment où Dawn avait entendu Willow prononcer le mot obéissance, elle avait sombré dans une sorte de catatonie. Bizarre... et inquiétant, se dit-elle. Elle avait dû faire une petite crise d'hypoglycémie, ça pouvait arriver à tout le monde, surtout qu'elle avait très peu mangé au déjeuner. Le repas serait bientôt servi et alors elle se sentirait mieux. Ces pensées la rassurèrent un peu.

D'ailleurs, c'est à cet instant même que les plats furent déposés sur la table ainsi que la grenadine de Willow. La serveuse souhaita un bon appétit à la bande et passa rapidement sa main sur l'épaule de Xander avant de les laisser manger.

Dawn " attaqua " son steak à coups de grosses bouchées. Elle se sentait effectivement mieux et Buffy fut rassurée. Tous mangeaient à présent. Et ils avaient si faim qu'ils ne prononçaient pas une parole,trop absorbés par ce qui se trouvait dans leurs plats. Soudain, Xander découvrit, dépassant de sous son assiette, un papier sur lequel la serveuse lui avait laissé son numéro de téléphone. Nerveux, il jeta un rapide coup d'oeil à ses accompagnatrices afin de vérifier qu'elles ne l'avaient pas vu prendre le bout de papier, et le fourra discrètement dans la poche de sa chemise.

- Buffy ?

Le son résonna avec une sorte d'étrange écho... c'était la voix de Willow sans aucun doute. La Tueuse leva les yeux vers son amie, et comprit que cette dernière lui parlait par télépathie.

- Qu'y a-t-il, Willow ?, pensa-t-elle, sachant que la sorcière l'entendait grâce à ses pouvoirs magiques.

Willow lui répondit tout en continuant à manger afin de ne pas éveiller les soupçons de Xander et de Dawn. Buffy le comprit et fit de même. Sans doute la sorcière ne tenait pas à plomber l'ambiance de la soirée de Dawn avec les histoires morbides de Cleveland.

- Nous venons de trouver la Tueuse qui a été activée à ta mort il y a deux ans.
- Quoi ?
- Elle n'est pas au mieux de sa forme... alcool, drogue, la pauvre n'est pas en état d'affronter les forces du mal. Giles essaie de la remettre sur pied mais il va avoir du travail...
- Je dois la voir, la coupa Buffy.

Ainsi donc, ils avaient trouvé celle dont l'existence avait été chamboulée par sa faute, par son sacrifice pour sauvre Dawn deux ans auparavant. Il fallait qu'elle la voit. Et elle ferait quoi ? Elle avait envie de s'excuser pour avoir donné à quelqu'un une telle vie. A présent c'était sa responsabilité de lui montrer le chemin...

- Buffy, je dois te dire autre chose...
- Oui ?
- Je le ressens depuis mon arrivée à Tranquility : quelqu'un ici utilise la magie à un très haut niveau.

***

Le coup de feu du début de soirée était maintenant terminé.Giles, après avoir laissé à l'accueil, Rowan, une tueuse québecquoise venue les rejoindre un peu après leur aménagement à Cleveland, pour gérer l'arrivée d'éventuelle derniers retardataires, s'apprêtait à monter pour prendre des nouvelles d'Angie.

Comme tous les soirs, l'hôtel, situé près de l'aéroport, accueillait les passagers des compagnies aériennes n'ayant pas pris la précaution de prendre de réservations pour la nuit, ou dont les vols avaient été retardés jusqu'au lendemain matin, et qui se retrouvaient le bec dans l'eau.

En ce qui concernait ce jour, cela représentait un certains nombre de personnes et pour une fois l'établissement n'était pas loin d'afficher complet.

Le gérant était assez content de lui, il avait fini par faire son trou, et commençait à être connu. Il fermait les yeux sur le fait que cette renommée reposait selon les mauvaises langues sur un nombre impressionnant de personnels féminins jeunes et sportives…

Il décida de s'offrir une tasse de thé, il rejoindrait Kennedy, Rona et leur nouvelle protégée, une fois qu'il aurait fait bouillir l'eau dans la bouilloire électrique de son bureau, et mis les feuilles à infuser.

A la réflexion, se dit-il, je vais en faire pour tout le monde.

Il était 23 heures passé, la nuit était tombée, les patrouilles en marche, et il pensa tout d'abord avoir oublié d'éteindre totalement l'halogène de son bureau, dont la lueur orangée, passait dessous la porte.

Il ne tarda pas à se rendre compte de son erreur en découvrant une jeune femme qui a bien y regarder ne pouvait être que Lovely, puisqu'elle ressemblait trait pour trait à Angie à la différence de ses longs cheveux noirs, assise dans son fauteuil derrière le bureau où reposait en vrac, paperasse consacrée à la gestion de son affaire, recueils de démonologie, et le rapport de police de l'officier Donato. C'est ce dernier que Lovely était en train de feuilleter, s'attardant avec une manifeste volupté sur les clichés des corps de ses victimes, issus des rapports d'autopsie. Elle se passait la langue sur les lèvres lorsqu'elle releva les yeux le regard brillant, entendant le propriétaire des lieux arriver.

En toute confiance, Giles s'était avancé dans la pièce dont la sortie lui était désormais interdite… Une autre femme, vampire elle aussi, avait refermer le bureau derrière lui et s'interposait entre lui et la liberté, montrant discrètement mais de façon non équivoque ses crocs.

Giles dégluti:

-Vous n'avez pas mis longtemps à nous retrouver….

-Un endroit aussi particulier que celui-ci se repère assez vite, l'Hôtel des Tueuses commence à être connu des créatures de la nuit de Cleveland, et puis vous n'êtes pas le seul à avoir des indics à la police, lui répondit posément la jumelle d'Angie.

L'Observateur entendit pouffer l'autre vampire:

- On a nos entrées à la morgue…

-Rita, s'il te plait tais toi, je discute avec Mr …., Elle lu le nom de son interlocuteur sur un présentoir en bronze que lui avait offert Buffy et la bande au moment de l'inauguration de l'endroit…

-Rupert Giles.

-On dirait que vous prenez un malin plaisir à vous mettre en scène, répondit Giles sardonique.

- Une réplique digne d'un Observateur… Ils commencent toujours par jouer les bravaches parce qu'ils considèrent en connaître un rayon sur nous autre vampires, qu'ils essayent d'exterminer en entraînant des armées de donzelles à peine post pubères…

Rita gloussa une fois encore.

-Rita! Ordonna sèchement Lovely.

L'intéressé se tût immédiatement.

-Où est ma sœur? Demanda t-elle de la même façon en posant son regard hautain sur Giles.

-Je ne vous le dirai pas, répondit celui à qui on posait la question en se redressant du mieux qu'il pouvait.

-Au début peut être mais cela viendra, l'autre a fini en geignant comme un bébé, j'aurai pu lui faire avouer n'importe quoi….

Elle se leva puis dit en s'avançant vers lui.

-Tant pis je vais la chercher comme une grande… Vous l'ignorez peut être mais le fait de devenir vampire m'a permis de développer certains dons comme celui par exemple de retrouver ma jumelle par sondage télépathique.

Bien sûr c'est très limité… Les journaux aiment à rapporter ce genre d'anecdotes quant aux jumelles, c'est quelque chose de latent que la mort m'a permis de contrôler consciemment.

Si elle n'est pas dans cet immeuble, je devrais revenir vous voir pour vous le redemander moins poliment… En attendant Rita va vous tenir compagnie.

En entendant son prénom, la jeune femme s'ébroua et demanda étonnée:

-C'est vrai… Je peux….

-Non! On aura peut être besoin de lui…Il est encore tôt… J'ai envie de m'amuser un peu… Ma sœur aura peut être de ces nouvelles copines les Tueuses avec elle…

C'est un observateur c'est à moi qu'il revient de le tuer. Conclut-elle.

-Ahh… Acquiesça bêtement le larbin.

Lovely se mit à réfléchir à voix haute tournant autour de Giles:

-Comment faire? Murmurait t-elle.

Son visage prit soudain un air enjoué, elle venait de trouver la solution.

Rita se mit à battre des mains, attendant la suite des événements, ça n'était pas la première fois qu'elle devait être témoin de ce genre de scènes…

L'Observateur regretta d'avoir placé son bureau aussi loin de l'accueil, on ne l'entendrait pas crier, pas plus au quatrième étage…

Il n'y avait aucun client au rez-de-chaussée, réservé comme le sous-sol principalement pour servir de salles d'entraînement et de musculation.

Il se souvint brièvement d'une discussion qu'il avait eu avec Wesley, à propos d'une séance de torture avec Faith.

Tout cela ne s'annonçait pas sous de bonnes augures…

Note erreur a sans doute été de vouloir trop en parler d'écrire

J'avoue que ma plus grande réticence est d'écrire quelquechose qui ira à l'encontre de la saison 5 d'Angel ( Buffy est censée être en Europe ).

Ah bon ? Ben pas moi, elle est pas terrible pour pas dire nulle la saison 5 d'Angel (comme la 4 d'ailleurs... )