Posté le : 29 Sep 2005 01:24
Ba voilà, j'ai trouvé le topic sur la S6 qu'il me fallait (j'adore ce forum, j'ai toujours un topic à déterrer)
Lors de la diffusion sur m6 j'avais un avis assez mitigé sur cette saison (même si j'avais complètement halluciné sur Once more, with feeling). De toute manière je ne l'avais pas abordé dans les meilleures conditions en étant spoilée par le site Television without pity (qui à un opinion plutôt négative sur les 3 dernières saisons). Et puis 3 personnages m'avaient posé problème : Spike, Willow et Dawn. Lors de la saison 5, Spike avait fini par m'agacer (trop pathétique sur la fin) et je dois dire qu'il a fallu attendre que la saison soit bien engagée que je lui retrouve de l'intérêt. J'ai jamais été une fana de Willow : je l'aime bien et elle est nécessaire à la série, mais de la à me sentir vraiment concernée ou émue par sa descente aux enfers, y a un fossé que j'ai eu du mal à franchir. Le problème de Dawn c'est que c'est une adolescente qui est apparue dans la série au moment où j'en avais définitivement fini avec ma propre adolescence. Et si depuis ca va un peu mieux, à l'époque je n'avais aucune tendresse envers les ados en règle générale : en y repensant je trouvais déjà ma propre adolescence gonflante alors celle des autres n'en parlons pas (qu'est-ce qu'on peut être chiant à cet age-là). Au bout du compte si j'avais bien aimé un bonne majorité des épisodes, j'étais quand même un peu déçue par cette saison.
Le coffret DVD m'a fait changé d'avis. De toute manière le fait de re-visionner BTVS en DVD m'a fait changer mes goûts : la s3 que je croyais particulièrement apprécier a fait une chute spectaculaire, la s5 que j'aimais bien a fait un sacré bond en devenant ma saison préféré, la S4 m'est apparue très intéressante si on la replace dans l'intégralité de la série (à défaut d'être vraiment palpitante en elle-même) et la s6 et la s7 ont pris une toute autre envergure. Seul la S2 (toujours au top, la seconde partie de la saison faisant jeu égal avec la S5) et la S1 (pas mal mais juste une mise en bouche pour ce qui vient après) sont restées à leur place dans mon classement.
Je crois que ce changement est du au fait que j'ai investit dans les coffrets il y a seulement quelques mois, c'est à dire lorsque la série était déjà une oeuvre achevée. On peut maintenant avoir un point vu de globale sur la série. Par exemple il a fallut attendre Chosen pour comprendre que BTVS (toute la série mène à Chosen) était l'histoire d'une fin : la fin de la lignée des tueuses telle qu'elle a existé pendant des millénaires.
Du point de vue de la structure narrative on peut voir The Gift comme la fin de l'histoire (une fin classique qui correspond à la fin de l'histoire du personnage de Buffy), la s6 comme ce qui se passe une fois que l'histoire est finie (le retour à la vie normale) et la s7 comme ce qui se passe lorsque l'histoire recommence (mais si l'histoire recommence ce n'est pas pour se répéter mais pour aller au-delà de la première fin).
La s6 est donc le retour à la vie normale. A la fin de la S5, l'épopée est terminée, tout le monde a joué le rôle qu'il avait à jouer et il est temps de laisser nos héros tranquille. C'est le moment de laisser place à l'écran noir ou de refermer le livre. Et en lieu et place de cet écran noir ou de se livre fermé, BTVS nous offre la saison 6. Et pour une fois je n’ai pas à chercher la réponse à certaines de mes interrogations dans les fanfictions. J’ai toujours été intriguée par l’idée d’envisager des héros ayant évolué dans une épopée vivre une vie normale. Il m’a toujours semblé que réintégré le commun des mortels devait se révéler problématique après avoir été propulsé sur le devant de la scène. Y a-t-il vraiment une vie normal possible surtout si les personnages se sont retrouvés en situation de guerre ? N’ont-ils pas vécu trop d’épreuves, n’ont-ils pas trop changé pour pouvoir retrouver leur marque dans un quotidien banal ? La s6 répond à ces questions d’une façon qui me semble très plausible.
Lorsque débute la S6, soit deux ou trois mois après la fin de l’histoire, aucun des scoobies n’a réussi à reprendre une vie normale : tous se raccrochent d’une façon ou une autre à Buffy, refusant de la laisser dans sa tombe (Gilles et Dawn en se comportant comme ils auraient pu se comporter avec Buffy avec le Buffybot ; Anya, Willow, Xander et Tara en se focalisant sur un moyen de la faire revenir à la vie et Spike en s’investissant complètement dans la promesse qu’il a faite à Buffy). Buffy est le symbole de l’aventure qu’ils ont vécu pendant 5 ans et tant qu’ils se servent de subterfuges pour refuser de la considérer comme réellement morte, ils garde un lien avec le passé qui empêche leur vie de reprendre un cour normale. Ils se sont crée une bulle qui n’appartient à aucun des deux mondes (le monde des ténèbres et de l’épopée et le monde du quotidien). Gilles est certainement celui qui comprend le mieux la situation et le seul moyen qu’il voit de sortir cette bulle est de partir. Le retour de Buffy fait voler la bulle en éclat, mais au lieux de les ramener au cœur de l’épopée comme ils l’espéraient sans doute, ce retour les force à plonger dans une vie normale. Car Buffy n’a pas de grand combat à mener où ils pourraient l’aider et prendre leur part habituelle. Pour quoi ont-il forcé Buffy à revenir ? Pour qu’elle se débatte dans les petits soucis de la vie quotidienne. Du coup Buffy sombre et à sa suite les Scoobies perdent pied les uns après les autres. La s6 est une période relative d’accalmie, il n’y a pas d’ennemie effrayant, pas de fin de monde à l’horizon et donc pas de lutte épique qui mobiliserait toute leur attention. Ils se retrouvent avec une disponibilité pour vivre leur vie qu’ils n’ont pas eu depuis bien longtemps et c’est bien là tout le problème. Ils ne savent plus comment faire.
Willow se retrouve avec un pouvoir qu’elle ne peut plus exploiter lors des batailles, elle s’en sert donc a des fins pour lesquels il n’était pas prévu et ca dérape. Xander, pour combler le vide, se lance dans cette histoire de mariage. Après tout les préparatifs d’un mariage c’est une grande aventure. Mais il est tellement effrayé par les perspectives de la vie normale qui vient après le grand événement qu’est la cérémonie, qu’il n’arrive pas à franchir la dernière étape. Gilles repart une seconde fois car il évalue mal le rôle qu’il peut jouer auprès de la tueuse en temps de paix. Dawn qui avait une grande question d’identité à régler l’année précédente et qui avait été le centre d’attention de tout le groupe, tombe dans la cleptomanie, se recréant ainsi un problème digne de ce nom, capable d’attirer l’attention des autres. Spike, dont le groupe n’a plus besoin en tant qu’allié, n’a plus de balises claires pour lui indiquer où se situe le bien du mal. Face à Glory, il était facile de voir qu’elle était la bonne attitude à adopter. Face à une tueuse en dépression, c’est nettement plus compliqué et Spike accumule les mauvais choix. Anya, qui a déjà du s’adapter à la vie normale que représente le fait d’être humaine après avoir été un démon, s’en sort nettement mieux jusqu’au moment où Xander lui détruit son avenir de femme comme les autres. Finalement il n’y a que Tara qui s’en sort plutôt bien.
En clair, cinq ans de combats les ont préparé à faire face à n’importe quel démon mais les laissent complètement désemparé face à la vie. Que la vie soit un combat, ca ils l’ont bien comprit, que la vie soit une succession de petites luttes si insignifiantes, si terre à terre, ca les écrase.
Au niveau métaphorique de la série, c’est l’absence de métaphore qui devient une métaphore sur le désenchantement du passage de l’adolescence à l’age adulte pour Buffy, Xander et Willow. Au début de la S6 ils sont définitivement rentrer dans l’âge adulte. Ils ont des responsabilités d’adultes. Et il est temps d’affronter la vie directement, sans passer par le filtre métaphorique des démons : un problème de drogue est un problème de drogue (la magie n’est pas une métaphore de la drogue mais une drogue comme une autre), un manque de confiance en soi ne se traduit plus par un dédoublement mais par une fuite, faire face à ses responsabilités ce n’est plus envoyer son petit amis en enfer mais trouver un boulot pour payer ses dettes. C’est sur que c’est moins excitant, c’est moins intense aussi. La saison 6 c’est le deuil de l’absolue que l’on recherche pendant l’adolescence. Combattre une déesse c’est dur mais c’est la vie avec grand V tant les émotions sont intenses et les enjeux du combat sont importants. Ca a un sens qui dépasse le cadre immédiat de leur vie. Combattre trois rigolos c’est pathétique et presque absurde. Ca n’a aucune envergure, c’est décevant.
A la fin de The Gift, Buffy arrivait à la conclusion que la chose la plus dure en ce monde c’est d’y vivre. Pendant la sixième saison, elle et ses amis, doivent apprendre que la chose la plus dure en ce monde c’est d’y vivre sans avoir forcément le luxe d’y jouer un rôle important. D’apprécier la vie pour la vie elle-même et non pas pour le sens qu’on voudrait qu’elle ait. Pour moi, l’épiphanie de Buffy dans The Grave correspond à l’idée que la vie arrive en premier et le sens en second : c’est parce qu’on apprécie la vie qu’on peut lui donner un sens et non pas parce que la vie à un sens qu’on peut l’apprécier. Buffy vient de passer la pire année de sa vie et pourtant elle reprend définitivement pied non pas lorsqu’elle sauve le monde (cette fois-ci ce n’est pas elle de le faire alors qu’en tant que tueuse c’est le sens de sa vie) mais lorsqu’elle se rend compte qu’elle apprécie assez le monde pour vouloir le faire découvrir à sa sœur.