J’adore Restless. Au départ très hermétique, il devient plus compréhensible après avoir vu toute la série (et après l’avoir revisionné plusieurs fois). Analyser de façon structurée tout l’épisode me semble assez impossible. Donc je vais plutôt partir de quelques éléments dans chaque rêve pour développer certains thèmes.
Le rêve de Willow
- La pièce de théâtre.
Gilles dans son speech avant le début de la pièce insiste sur la part inhérente de mensonge et de dissimulation qu'induit le fait de jouer un rôle, d'interpréter : "Acting is not about behaving, it's about hiding. The audience wants to find you, strip you naked, and eat you alive, so hide.", "It's all about subterfuge", "Now go on out there, lie like dogs...".
Dire que le métier des acteurs est de mentir est assez basique. Mais ca pose une question intéressante sur le théâtre comme forme de thérapie pour les personnes timides. Le coup du timide qui se révèle et s'épanouit par l'apprentissage du théâtre et de la comédie est un classique, surtout dans la vie réelle d'ailleurs. La Willow des trois premières saisons aurait tout à fait le profil de ces timides qui cherchent par la médiation de la comédie à s'extérioriser et à prendre confiance en eux. Pourtant la Willow de la première saison est totalement inapte sur une scène (elle n'est pas la seule d'ailleurs), et c'est au moment où elle apparaît comme beaucoup plus sure d'elle que cette idée de cour de théâtre est introduite (dans Restless, donc, mais aussi au début de la S5 dans l'épisode Real Me où on apprend qu'il est prévue que Buffy et Willow prennent des cour de théâtre cette année-là. Cependant Buffy abandonne l'idée parce qu'elle préfère se concentrer sur son apprentissage de tueuse).
Janet K. Halfyard, dans son article intitulé Singing Their Hearts Out : The Problem of Performance in Buffy the Vampire Slayer and Angel (Slayage n°17), met en évidence le fait qu'a deux exceptions près, aucun des scoobies ou des membres de l'éuqipe d'Angel n'est un bon interprète que ce soit en tant que chanteur ou tant qu'acteur. Buffy, Xander et Willow sont atrocement mauvais dans leur interprétation d'une tragédie grecque dans la S1. Dans le même épisode, les talents de chanteuse de Cordélia sont horribles, tout comme 4 ans plus tard, ses talents d'actrice sur scène dans l'épisode Eternity (Angel, S1). Sans parler du désastre d'Angel qui s'essaie au karaoké (et l'interprétation collective de Cordy, Wes et Gunn de We are the Champion, n'est guère plus brillante). Bref, à chaque fois que ces personnages doivent monter sur scène pour interpréter un rôle ou une chanson c'est un vrai désastre. Les sccobies s'en sorte plus ou moins bien dans Once more with Feeling mais justement dans cet épisode, ils ne jouent pas de rôle, ils sont eux-mêmes, même s'ils sont forcés de s'exprimer en chantant.
Chez les scoobies, les deux seuls bons interprètes sont Gilles et Oz. Et ce n'est pas sans être problématique.
A quel moment les talents d'interprète de Gilles sont-ils révélés ? Dans la S4, soit la saison où Gilles à le plus de mal à trouver sa place au sein du groupe. Mis à part dans Once More with feeling, la S4 est la seule saison où on le voit chanter, où on le voit endosser le rôle d'interprète. Ce rôle ne peut émerger que parce qu'a ce moment là, sa position auprès des scoobies est fragilisée. Le rêve de Gilles souligne d'ailleurs un conflit entre sa mission d'observateur et ses aspirations de chanteur.
Oz est un musicien. Il a l'air de se débrouiller plutôt bien, et son groupe a assez de succès pour avoir des engagements non seulement au Bronze mais aussi à Los Angeles. Au contraire de ses petits camarades, sur scène, Oz n'est pas une catastrophe ambulante. Et dans le rêve de Willow, Oz a déjà pris des cours de théâtre. Oz qui, sauf les soirs de pleine lune, ne se préoccupe pas plus que ça de sa lycanthropie. Il est cool Oz, il affiche un air de décontraction perpétuelle, il gère. Sauf que non, en fait. Ca fini par lui exploser au visage. Il ne gère pas le monstre en lui, il l'ignore, il le masque. Et quand il devient évident qu'il na aucun contrôle sur le loup-garou, quand le masque se craquèle, il s'enfuit. Et quand il revient, on s'aperçoit qu'il n'a toujours pas réussi gérer le loup-garou, il a seulement appris à mieux le cacher. Le loup-garou est toujours prêt à ressurgir dès que l'interprétation est perturbée.
Si on en revient à Buffy qui abandonne ses cours de théâtre avant même de les avoir commencer au début de la s5, la raison qu'elle invoque n'est pas innocente. Sa décision d'approfondir ses connaissances et la maîtrise de la tueuse qui est en elle, vient après sa rencontre avec Dracula, et après deux épisodes consécutifs où la phrase "You think you know... what's you are... what's to come...You haven't even begun" revient comme un leitmotiv. Buffy veut découvrir qui elle est ou ce qu'elle est et non pas apprendre à mentir.
Et donc Willow, qui rêve que ses habits de tous les jours ne sont qu'un costume, un accessoire, un subterfuge pour cacher la personne qu'elle croit toujours être : la timide Willow dont tout le monde se moque. Willow qui veut prendre des cours de théâtre dans Real Me, Willow pour qui la magie deviendra une échappatoire, un autre subterfuge jusqu'a l'épisode Wrecked, où elle verbalise enfin l'insécurité exposée dans Restless. (Après Wrecked, un deuxième apprentissage de la magie commence pour Willow).
- "It's exactly like a Greek tragedy. There should only be Greeks."
Cette réplique d'Anya est la seconde référence à l'antiquité grecque du rêve de Willow, après le poème de Sapho qu'elle recopie sur le dos de Tara.
Le Buffyverse s'inspire périodiquement des mythes et des tragédies grecques. Dans ATS les scénaristes ont reproduit certains mythes : L'arc de Connor est une adaptation du mythe d'Oedipe (et par la même occasion une exploration du complexe), l'épisode Orpheus fait référence à celui d'Orphée (outre le titre, quand je l'avais regardé, je me souviens d'avoir vu des liens), le supplice de Lindsey, puis de Gunn dans la dimension parallèle en s5, est une reprise du supplice de Prométhée (qui tous les jours avait le foie dévoré par un aigle, le foie repoussant pendant la nuit). Dans BTVS, il y a une référence au mythe de Perséphone et Déméter dans Once more with Feeling.
Mais outre ces reprises ponctuelles, les scénaristes se sont surtout inspirés de l'esprit des mythes et tragédies grecs. Dans un post précédent j'ai déjà fait mention de la cruauté : les évenments sont rendus le plus douleureux possible pour les héros. Tout comme les contes avant que Disney ne les ait revisités, les mythes sont cruels : Héraclès est condamné par Héra à effectuer les 12 travaux pour un crime qu'il a commis à cause d'Héra, Orphée se retourne pour regarder Eurydice alors qu'il n'est qu'a quelques pas de la sortie des Enfer, Egée se tue parce qu'il croit que son fils est mort (sauf que Thésée n'est pas mort, ce crétin a juste oublié le code de couleur qu'il avait mis en place avec son père avant son départ) ect... De la même façon, Buffy doit envoyer Angel et non Angelus en enfer, Joyce meurt alors qu'elle déclarée est hors de danger (ca aurait moins cruel de la faire mourir lorsqu'elle était en pleine maladie), Buffy arrive juste pour voir l'hélico de Riley s'envoler, Buffy est arrachée au paradis et non pas à l'enfer, Xander abandonne Anya à l'autel alors qu'on vient d'entendre une déclaration magnifique de la part d'Anya dans son ultime répétition de ses vœux, Tara est tuée juste après qu'elle soit retournée avec Willow etc...
Toujours dans l'esprit des tragédies grecques, il faut se souvenir que lorsque les Grecs allaient voir une tragédie, ils en connaissaient déjà l'histoire, puisque ces tragédies racontaient leurs mythes. Ce qui était important ce n'était pas les évènements qui allaient survenir mais la façon dont les personnages réagissaient à ces événements, la façon dont l'auteur de la pièce décidait d'adapter le mythe. Les paroles de Whistler à la fin de Becoming pt 1 font en partie échos à cette tradition :
"So what are we, helpless ? Puppets ? No. The big moments are gonna come. You can't help that. It's what you do afterwards that counts. That's when you find out who you are."
Whistler rejette la notion de destin, écrasante chez les grecs, (nous ne sommes pas des marionnettes) mais certains événements arriveront quoiqu'on fasse pour les éviter, et c'est ce qu'on fera face à ces événements qui aura de l'importance.
C'est dans cette optique qu'est envisagée la mort de Buffy dans The Gift. Cette mort est inévitable, elle est annoncée depuis déjà deux ans. Mais dans le cadre de cette mort programmée, Buffy arrive à créer une nouvelle possibilité. Elle se sert de sa mort pour se sortir d'une impasse et rejeter les options qui étaient à sa disposition mais qui ne lui convenaient pas.
Willow, de son côté, réagit à la mort de Buffy de la pire façon qu'il soit dans le contexte des mythes grecs : elle fait preuve d'ubris en voulant annuler cet évenement inévitable. En ramenant Buffy à la vie, Willow fait preuve d'une arrogance qui ne peut que la mener à sa propre perte. En l'occurrence elle y perdra deux fois Tara (la deuxième étant d'autant plus cruelle qu'a ce moment-là, Willow avait déjà commencé à abandonner cette arrogance).
Si Willow ne s'était pas servie de la magie pour cacher ses insécurités, serait-elle devenue aussi arrogante dans sa façon de s'en servir ?
Le rêve de Xander
- La scène du bac à sable et de la balançoire.
Alors ce qui m’a toujours étonné dans cette scène c’est le lien établi entre Spike et Gilles. Pourquoi cette filiation ? Je me demande si l’explication ne passe pas par Buffy, qui est justement présente dans cette scène.
Spike est un vampire, Gilles est un observateur. Tous les deux possèdent naturellement quelque chose que ne pourra jamais avoir Xander : ils font partie de l’univers de la tueuse. Xander à sa place auprès de Buffy en tant qu’ami. Mais Xander n’appartiendra jamais au monde de la tueuse. Gilles, Spike, Willow, Tara, Anya, Dawn, (et Jenny, Oz, Angel, Faith et même Cordélia à partir du milieu de la S1 d’ATS)…Tous appartiennent d’une façon ou d’une autre au monde de l’occulte. Xander est le seul personnage présent de bout en bout de la série qui restera un humain « normal ».
Du point de vue de Xander, Gilles représente la partie du monde occulte qui aide et soutient Buffy, Spike la partie que Buffy doit combattre. Ils sont les deux facettes du monde dans lequel la tueuse évolue. Xander lui se sent extérieur à ce monde. A tel point d’ailleurs, que dans le même temps où il participe à cette scène du bac à sable, il y est aussi étranger, simple spectateur dans sa camionnette de marchand de glace. Ce point de vue extérieur est repris dans le dialogue en langue étrangère entre Gilles et Anya (la encore deux personnages appartenant au monde occulte).
Ca c’est pour le point de vue de Xander, mais pourquoi reprendre la thématique père / fils entre Spike et Gilles pour la seconde fois dans Tabula Rasa ? Alors on pourrait penser que c’est juste pour s’amuser avec la continuité, d’où la reprise de cette histoire de requin avec des jambes (c’est du moins ce que semble indiquer Whedon dans son commentaire de Restless).
Cette volonté de relier Gilles et Spike pourrait aussi avoir une autre raison, assez basique : ils sont tous les deux anglais. C’est à la fois tellement large et tellement tenu comme point commun que je n’y aurais jamais pensé si je n’avais pas lu un essai sur le net qui mettait en évidence que Gilles et Spike étaient deux représentations de l’image de l’anglais correspondant à deux générations différentes (Gilles plutôt du côté de la bienséance anglaise, les lords, l’heure du thé, les représentants de l’empire britannique et Spike plutôt du côté de la jeunesse troublionne et rebelle qu’on a souvent vu s’exprimer au travers de groupes de rock célèbres). Dans les deux cas ce n’est pas aussi simple que ça, puisque Gilles jeune correspond plutôt à l’image de Spike et William correspond plutôt à l’image de Gilles. En fait du point de vue de la représentation Gilles et Spike peuvent tous les deux prétendre à ce qui semblent être deux images d’épinales.
Enfin on peut voir une troisième raison, cette fois-ci liée à Buffy. Gilles, en tant qu’observateur, a la fonction de mentor, de guide auprès de Buffy. Mais il arrive qu’il doive passer le flambeau comme il le fait dans l’épisode Intervention. C’est arrivé en d’autres occasions et notamment dans l’épisode Fool for love. Gilles ne peut répondre aux questions de Buffy sur le dernier combat d’une tueuse. Le seul en mesure de le faire c’est Spike. Dans cet épisode c’est donc lui qui reprend le flambeau du guide / mentor. Et lorsque Gilles décide de partir, justement dans Tabula Rasa, c’est à nouveau Spike qui se glisse dans le rôle de guide (rôle qu’il partage avec Tara à l’occasion, il est vrai. Ce qui est logique puisque Spike est plus un guide à la façon de Tara, qu’à la façon de Gilles. Chez Gilles il y a une volonté, je ne dirais pas de protection mais plutôt de préparation, qu’on ne retrouve pas chez Tara quand elle initie Willow à la magie, ni chez Spike en S6 quand il entraîne Buffy vers son côté sombre).
- Anya : I've been thinking about getting back into vengeance
Xander: Is that right ?
Anya: Well, you know how I miss it. I'm so at loose ends since I quit. I think this is going to be a very big year for vengeance.
Xander: But ... isn't vengeance kind of ... vengeful ?
Outre qu’on peut voir ce dialogue comme une annonce du retour d’Anya à ses activités de démon vengeur en fin de S6, ca montre aussi que Xander n’a pas complètement séparé Anya du démon qu’elle était. En a-t-il vraiment envie ? Xander est dans une position assez ambiguë. Lui qui a reproché à Buffy de s’attacher à des monstres, il est régulièrement attiré par des démones.
Anya est un ex-démon, qui plus est un démon qui punissait les hommes qui faisaient souffrir les femmes. Anya aurait pu s’attaquer au père de Xander, ce père auquel il a tellement peur de ressembler. Est-ce pour cela qu’il est attiré par des femmes qui lui semble assez forte pour l’empêcher de se conduire comme son père ? Xander a un sens morale un peu trop rigide pour lui permettre de s’engager dans une relation avec un réel démon. Mais Anya est un compromis idéal : c’est un ex-démon. La part de démoniaque d’Anya ne le met pas à l’aise mais cette portion du rêve semble indiquer que c’est en grande partie comme ça qu’il définit Anya. D’ailleurs quel terme emploie-t-il deux phrases plus loin lorsqu’il parle d’Anya à Willow et Tara qui sont dans le fond du camion : "I'm talking to my demon".
Le rêve de Gilles
- Buffy: Don't you think it's a little old-fashioned?
Gilles: This is the way women and men have behaved since the beginning.…..before time. Now look into the light.
Je trouve que la réplique de Gilles fait échos à ca qu’il dira 3 ans plus tard dans Chosen en parlant du plan de Buffy :
« It's a lot more than that. Buffy, what you said, it—it flies in the face of everything we've ever—every generation has ever done in the fight against evil. I think it's bloody brilliant »
Pour le meilleur ou pour le pire Gilles est un observateur, d’ailleurs son rêve s’ouvre sur une montre et se fini sur le mot « observateur » (« You never had a Watcher »).
Gilles a beau être un observateur plus « moderne » que ses collègues du conseil, il n’en reste pas moins un des représentants d’une tradition plus que millénaire. Cette notion de tradition se retrouve dans les plans en noir et blanc de Spike. Spike fait normalement plus penser à un vampire à la Lestat (soit une évolution récente du mythe des vampires) qu’a un vampire à la Dracula. Pourtant, Gilles rêve de Spike comme s’il était tout droit sorti des films hollywoodiens en noir et blanc.
Et Gilles se permet d’être un observateur plus moderne que lorsque le conseil se porte bien. Il s’oppose au conseil tant que ce dernier existe. Mais à partir du moment où le conseil est détruit, où il est l’un des derniers membres de l’ordre des observateurs, son attitude change. Sa position se radicalise certainement parce que s’il ne le fait pas il a peur de condamner les observateurs à bel et bien disparaître. Lors de la S7, il se conduit donc avec Buffy comme l’un des membres du conseil aurait pu le faire, essayant d’imposer son autorité en zappant complètement l’opinion de Buffy. Et la réaction de Buffy est prévisible : tout comme elle a renvoyé le conseil des observateurs, elle renvoie Gilles.
Mais être un observateur c’est plus qu’être enlisé dans des règles et des traditions dépassées. Etre un observateur implique de posséder une certaine dureté. Comme on le voit dans le rêve lorsque Gilles dit à Olivia, parce que cette dernière le trouve trop dur avec Buffy : « This is my business. Blood of the lamb and all that ».
Il y a un parallèle intéressant à faire entre l’attitude de Gilles dans The Gift (BTVS, s5, epi 22) et l’attitude de Wesley dans There’s no place like Plrtz Glrb (ATS, s2, epi 22). Ces deux épisodes ont été diffusés l’un à la suite de l’autre. Dans The Gift, Gilles est prêt à sacrifier Dawn et il fini par sacrifier Ben (qui n’est pas si innocent que ca en fin de compte mais Gilles, au moment où il le tue, ne le sait pas) car « I've sworn to protect this sorry world, and sometimes that means saying and doing ... what other people can't. What they shouldn't have to. »
De son côté Wesley met en place un plan où il sait qu’une partie de ses troupes vont mourir, car c’est le prix à payer pour qu’ils aient une chance de réussir. Tout comme il convainc Angel qu’il peut s’en sortir face au Champion (même si Wesley a de gros doutes) car la encore c’est ce que demande le plan. Wesley applique le même mode de pensée que Gilles.
Les observateurs font ce qu’ils pensent devoir être fait, quelque en soit le prix. Pour Gilles ca veut dire tuer Ben, quitter Buffy pour son bien en s6, outrepasser les opinions de Buffy en s7. Pour Wesley ca veut dire, concevoir un plan où il sait que certains vont mourir, enlever Connor à Angel, traité Justine comme une esclave, orchestrer le retour d’Angelus.
Sous leurs airs doux, presque inoffensif, voir inapte (dans le cas de Wesley au début), plus doués pour les recherches que pour le combat, nos deux observateurs sont loin d’être des enfants de chœur. Ils sont capables de prendre des décisions terribles et de s’y tenir. C’est leur boulot, c’est leur nature.
Le rêve de Buffy
Bizarrement c’est sur ce rêve que j’ai le moins de chose à dire. Peut-être parce qu’il me paraît plus explicite que les trois autres, peut-être aussi parce que je m’en suis déjà servie dans d’autres analyses.
Donc globalement on y retrouve l’opposition entre la tueuse seule et la jeune fille entourée de ses amis. A la fin de la s4, Buffy est dans la position inverse de celle de la fin de la S2. Dans Becoming II elle avait été dépouillée de tout de ce qui faisait d’elle une jeune fille, ne laissant qu’une tueuse solitaire et perdue. A la fin de Restless, en repoussant la première tueuse, elle rejette la tueuse en elle, ne gardant que ce qu’il fait d’elle une jeune fille comme les autres. Si on s’aperçoit sans problème de la difficulté de sa position en S2, il est moins facile de se rendre compte que sa position en fin de s4 est tout aussi intenable. Elle refuse la carte de la main que lui tend Tara, mais elle oublie que même lorsqu’elle est au plus près de ses amis, c’est quand même le rôle qui lui est assignée. Après tout c’est le rôle qu’elle jouait dans l’entité formée des 4 scoobies. Elle ne pourra pas bien longtemps repousser la tueuse en elle. D’ailleurs dès le premier épisode de la S5 elle est obligée de s’interroger sur sa nature de tueuse.
La s3, introduisait The first, la s4 introduit la première tueuse. Les éléments qui mèneront à l’arc de la 7ème saison sont en train de se mettre en place. La question des origines a commencé à être posée aussi bien du côté du mal que du côté de la tueuse. D’ailleurs si le First n’est pas dans le rêve de Buffy, on a quand même Adam, nommé en référence au premier homme. Adam est le premier démon d’un nouveau genre, un point d’origine. Et lorsque la première tueuse apparaît derrière Buffy quand Adam dit «Aggression is a natural human tendency. Though you and me come by it another way», on a face à face un premier démon (nouveau) et une première tueuse (ancienne). Tout comme dans Chosen, en inversion, on aura face à face une première tueuse (nouvelle, après avoir partagé son pouvoir, Buffy devient la première tueuse d’un nouveau genre) et un premier démon (ancien).
Riley qui appelle Buffy « killer » (terme qu’elle n’aime pas, comme on l’apprend dans l’épi Buffy vs Dracula) et qui est associé visuellement à un revolver (l’arme qui est la plus étrangère à l’arsenal de Buffy. Le revolver c’est une arme du monde normal, une arme de flic, notoirement incompétent en ce qui concerne le monde des démons, une arme de militaire, qui viennent de prouver qu’ils sont tout aussi incompétent que les flics), ca ne laissaient rien de présager de bon pour la suite de leur relation. Tout comme Xander, Riley est étranger au monde de la tueuse. Mais à la différence de Xander qui se sent étranger, c’est Buffy qui perçoit Riley comme étranger.
Enfin je terminerais par un mot sur la première tueuse. Suis-je la seule à être triste pour elle, à la fin ? Alors que Buffy lui parle de ses cheveux, elle recule, n’ayant pas l’air de comprendre ce qui se passe, mais blessé par le rejet de Buffy. Je la trouve émouvante à ce moment-là. Pov’ tueuse. Elle avait rien demandé et elle se retrouve première tueuse, expérience déjà assez traumatisante, tout ça pour quelques millénaires plus tard se faire rembarrer sans ménagement par une de ses descendantes. Y a des destins pas faciles quand même.
Posté le : 18 Jan 2005 00:59
..... euh ..... 
nan !
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Pas de photo, pas d'autographe svp 
