Zut alors, la seule qui s'en rappelle n'en avait rien à foutre
Bein moi j'ai adoré, j'avais 16 ans et j'étais en 1ère. Une après-midi, on a entendu des étudiants crier dans la cour, le lendemain, ils sont venus crier dans les couloirs, frapper à toutes les portes des salles de classe pour venir nous tenir au courant du projet Devaquet et nous demander de les suivre par solidarité. Pas têtus, plus de 3/4 de mon lycée les ont suivis
2 jours plus tard, une manif était prévue. Les cours étaient boycottés les 2 jours précédents, plus personne n'allait en cours (environ 3 élèves par classe, les exceptions). A Clermont, le jour de la manif, on a défilé en plein froid mais c'était chouette, j'étais avec mes copains, on était au milieu d'étudiants et de lycéens. En arrivant sur la descente qui arrive Place de Jaude, j'ai vu le monde qu'il y avait devant moi et j'étais impressionnée, je n'avais jamais vu une manif avec une telle ampleur, j'ai pensé qu'on était situés à la fin du cortège, j'ai tourné la tête, le double derrière moi
C'est là que j'ai entendu mes premières chansons de manifs "Devaquet, si tu savais, ta réforme, ta réforme, Devaquet, si tu savais, ta réforme où on s'la met" "il était un petit ministre, il était un petit ministre, qui n'avait ja-ja-jamais gouverné, ohé ohé, ohé ohé Devaquet, Devaquet navigue sur nos sous...."
ça a duré 3 semaines, plus personne n'allait en cours, on se donnait rdv au café, on discutait, on allait au lycée juste pour convaincre le peu qui restaient de venir avec nous.
Un matin, le proviseur nous a demandé de venir dans la cour pour nous faire un discours, il nous a enfermés
on était dans la cour, et il a fermé toutes les portes et les grilles
on s'est tous sauvés en escaladant les grilles (j'ai même déchiré mon jean préféré
).
Il y avait des manifs tous les jeudis et les mardis, et chaque fois, toujours autant de monde.
Le gouvernement ne voulait pas lâcher, le projet devait passer
(ça prouve le poids de la démocratie en France
)
Et puis la grande manif à Paris a été lancée, beaucoup de provinciaux sont montés, ils étaient un million quand même
A Clermont, ce jour là, on était 20 000.
Et puis à Paris, Malik, un ado, s'est fait tuer par les forces de l'ordre, et les manifs se sont transformées en cortèges funèbres, avec encore plus de monde, les derniers réticents ont suivi, à Clermont, c'était la plus grosse manif vue ces dernières années, 30 000 personnes défilaient.
Devaquet a démissionné, le gouvernement a été montré du doigt comme responsable de cette mort et a retiré le projet.
Dommage quand même de constater qu'il faille un mort pour se faire écouter par le gouvernement dans un pays soit-disant démocratique
J'ai même des photos des manifs