Extrait de Alleluia de Vamp
éditions unpeudamour©
EdFou n'avait jamais été aussi belle aux yeux de Aède. Celui-ci sourit, sans trop savoir pourquoi, à une vieille dame qu'il croisait. Il leva la tête, rêveur, et observa les nuages... celui-ci ressemblait à une rose. Celui-là à un coeur... Sans comprendre, il fut face à la porte.
Sans attendre, il sonna. Quelques secondes s'écoulèrent. Les tempes de Aède battaient. Comme personne n'ouvrait, il sonna une nouvelle fois. Mais rien ne se passa. Il frappa, sonna, frappa, sonna encore et encore... puis il décida d'attendre.
Il attendit une heure. Puis deux. Au bout de trois heures, désespéré, il se leva, et après avoir sonné une dernière fois, tourna les talons et s'en alla. Mais à peine fut-il en route qu'un bruit de verrou attira son attention. Il fit volte-face, et aperçut Poussin sur le pas de la porte.
- Je... excuse-moi, dit-elle. Je suis désolée, je... je...
- Tu es si bullienne, la coupa Aède.
- Entre, ajouta Poussin.
Aède pénétra dans la salle à manger avant de se laisser choir dans un fauteuil. Un silence s'ensuivit. Puis Poussin, qui le regardait, lança doucement:
- Alors? Tu ne m'embrasses pas?
Aède sourit.
- Je fais durer le plaisir, dit-il.
Puis il ajouta:
- Approche...
Poussin s'exécuta, et Aède posa sur sa bouche un baiser silencieux. Puis un autre. Encore un.
- Je...
Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, ni même de la commencer, puisque Aède la gratifia cette fois d'un long et tendre baiser. Quand cela fut terminé, Poussin sourit.
- C'est toi qui embrasses le mieux de tous mes amants, dit-elle.
- Petite dévergondée, rit Aède.
Plusieurs minutes s'écoulèrent. Puis Poussin poussa un soupir qui résonna dans la pièce comme une brise sur l'océan. Aède en profita pour articuler, le coeur battant:
- Je t'aime.
Son amie le regarda.
- C'est vrai?
- Voici maintenant quatre mois que tu m'es apparue. Et j'ai toujours su que c'était toi l'amour de ma vie. Et ce, malgré mes aventures passées.
- Il en est de même pour moi, mon chéri, déclara Poussin. Personne ne pourra remplacer ton si viril sourire. Tu es unique, grâce à plein de petites choses. Personne n'a ta démarche, Personne n'a tes cheveux. Personne n'imite aussi bien que toi le cri du Califounet. Personne ne connait l'histoire de EdFou aussi bien que toi. Personne à part toi ne m'a jamais dit que j'étais voletante. Bref, personne à part toi ne mérite d'être dans mon coeur.
- Tu sais... j'ai aimé, tout à l'heure, lorsque nous nous sommes embrassés.
Il n'en fallut pas plus à Poussin pour saisir le bras de Aède et lui offrir de nouveau un baiser enflammé. Les deux êtres eurent cette fois l'impression d'être emportés dans une tempête. Sur un océan rouge sang. Leurs souffles s'échouaient invariablement dans les hurlements du vent, et les gifles des vagues leur faisaient fermer les yeux. C'était beau, c'était puissant, comme un tableau de Toulouse-Lautrec, ou comme ''Tu Seras Ma Meilleure Amie'' de Lorie. Tout rugissait autour d'eux, ils étaient enfermés dans une parenthèse qui les épargnait des griffes du cyclone, des griffes signant leur passage d'une trace de salive blanche et éphémère... tout tournait, des vertiges les prenaient, Aède ferma les yeux et eut l'impression de embrasser en haut d'un saule. Et soudain tout s'arrêta.
- Poussin...
- Oui?...
- Poussin... veux-tu m'épouser?...
- Oui... fit-elle doucement.
Ils discutèrent toute la nuit. Ils parlaient de tout, de rien.
- Tu sais, c'est drôle, dit Poussin, car hier matin, Darathor a tenté de me séduire.
- Non, c'est vrai?
- Oui, et comme je lui disais que c'était toi, l'amour de ma vie, il m'a répondu que je perdais mon temps et que je serais bien plus heureuse avec lui.
- Ça ne m'étonne pas de lui, il a toujours essayé de gâcher ma vie privée.
- Heureusement je lui ai dit ceci: ''Le jour où tu seras un tant soit peu civilisé, mon petit bonhomme, tu apprendras que mon Aède est plus attirant que n'importe qui. Et tu ne lui arrives pas à la cheville.''
Ils s'embrassèrent pendant des heures. Des jours. Des années. Si d'aventure vous ne croyez plus à l'amour, sachez qu'en ce moment même ils s'embrassent quelque part.