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[Fanfic] [Kelly & Rowan] Inion

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Rowan Sexe : Féminin
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MessagePosté le : 17 Sep 2003 23:03
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Allez, pour faire plaisir à tout le monde, Buffy/Angel dans une traduction que j'ai faite il y a un moment maintenant (un an je crois...). C'est EN FRANCAIS !! Je ne vise personne... :angel:

Histoire de faire durer le suspense jusqu'à demain, voici la première partie... :evil:

Titre : Iníon

Auteur : Kerry Blackwell --> kerry@forty-two.co.nz Rowan --> La fic est en anglais à l’origine, je ne suis que la traductrice.
Kerry reste l’auteur à part entière de son œuvre, elle lui appartient.

Disclaimer : les personnages appartiennent à Joss Whedon, WB, UPN, Mutant Enemy et 20th Century Fox Film Corporation

Spoiler : pas vraiment, mais il est bon de se remémorer l’épisode I Will Remember You d’Angel, saison 1…

Notes : 2018, une jeune femme débarque à Los Angeles pour y trouver les réponses à ses questions… Ce qu’elle va découvrir va dépasser de loin ses espérances. Et si Buffy avait un secret ?
Je voudrais adresser un grand merci à Kerry pour m’avoir laisser traduire sa magnifique fic et m’avoir donnée l’autorisation de diffuser cette traduction qui n’égalera jamais son œuvre originelle. Thanks a lot Kerry for all your kindness. You’re very talented, just keep on writing !




Citation :
-1ère partie-


Je ne pouvais détacher mon regard de la monstruosité d’acier que j’avais devant les yeux et je me demandai comment j’avais pu être aussi naïve.

Elle faisait partie d’un groupe d’habitations construites apparemment au début du siècle, jusqu’à ce que de nouveaux matériaux, meilleur marché, fassent leur apparition, apportant une réponse à la crise du logement toujours croissante. De retour chez nous, nous n’avions pu échapper à ce regain d’activité dans le domaine immobilier qui, architecturalement, avait effrayé de nombreuses grandes mégalopoles à travers le monde ; mais je me rappelle très bien avoir vu ces ensembles architecturaux pousser comme des champignons sur CNN alors que je n’étais encore qu’une enfant. Ce building ne devait guère avoir plus de six ou sept ans et il ne devait certainement pas exister à l’époque où je suis née, près de dix huit ans et demi plus tôt.

Le « bébé du nouveau millénaire », c’est comme ça que ma mère m’a toujours appelée. Personne n’a jamais su la date exacte de ma naissance mais elle remonte de toute évidence à l’an 2000 ; le foyer avait supposé le mois de septembre et c’est donc naturellement à cette date que l’on a pris l’habitude de fêter mes anniversaires, mais de la seule chose dont on était sûr, c’était de l’année. Maman m’a toujours dit qu’un jour, je serai bien contente et fière d’annoncer à mes petits-enfants que je suis née au siècle dernier, ces derniers refusant évidemment de me croire. Personnellement, je n’ai jamais été aussi persuadée qu’elle et si jamais j’ai des petits-enfants un jour, je doute que ce détail historique les passionne à ce point. De plus, tout dépend comment on se place pour fixer le point de départ du nouveau millénaire…

Je déposai mon sac à mes pieds et en sortis une carte de visite toute chiffonnée. Il n’y avait pas douze heures que je me trouvais à Los Angeles mais j’avais un sens de l’orientation assez développé. Et puis, une bonne carte électronique, aidée de quelques gadgets, m’avaient conduit au bon endroit. Malheureusement, l’adresse précise que je recherchais et que j’avais sous les yeux, n’existait vraisemblablement plus.

Je jetai encore un coup d’œil en direction de l’immense building, puis je me sentis tout à coup perdue, ne sachant plus trop quoi faire. Mon idée de départ qui se voulait excellente, semblait soudainement dérisoire et stupide et je me demandais si je n’allais pas être forcée de téléphoner en Nouvelle Zélande pour avouer à papa et maman ce que j’avais fait.

‘Bien joué Annie ! Te voilà coincée dans une grande ville, dangereuse de surcroît… Qu’est-ce que tu fais maintenant ?’ Bien sûr, je ne pouvais pas appeler chez moi mais je pouvais toujours essayer d’appeler Oncle Frank et tenter de lui expliquer pourquoi je me trouvais aux Etats-Unis une semaine avant la date originellement prévue. Et je savais pertinemment que quand maman et papa découvriraient ce que j’avais fait, ils allaient être contrariés –bien qu’ils comprendraient à coup sûr ma démarche- mais avant tout, je ne voulais pas leur faire de peine.

Je jetai un coup d’œil à ma montre, fraîchement réglée sur le fuseau horaire de LA, et je réalisais avec effroi que la nuit ne tarderait pas à tomber. C’était l’été à la maison et les jours se prolongeaient jusque tard dans la nuit. Ici, de l’autre côté du globe, c’était l’hiver et les températures plutôt douces m’avaient trompée en me faisant croire qu’il me restait encore du temps pour chercher un endroit où passer la nuit.

Tout à coup, le fait d’avoir dix huit ans ne fit pas pour autant de moi une adulte et je me mis à souhaiter être de retour dans notre ferme au milieu de la campagne, ou encore à l’aéroport attendant qu’Oncle Frank, Tante Grace et Gillian viennent me chercher, comme ils auraient dû le faire dans une semaine.

Je pris mon sac et commençais à rebrousser chemin, espérant qu’un autre bus passerait à nouveau par là, ou un taxi, ou un fiacre, ou autre chose… J’avais la chair de poule, ce picotement dans les épaules me donnait l’impression que quelque chose de mauvais se préparait, et je commençais à marcher plus vite. Je réalisais petit à petit que malgré cette image lisse et propre, LA ne devait probablement pas avoir autant changé ces vingt dernières années et certainement pas dans ce quartier.

La fille de la campagne que j’étais était consciente que LA s’apprêtait à ouvrir sa gueule pour l’engloutir complètement. Elle m’avait semblée pourtant bonne mon idée avant mon départ…Je fis une grimace amère. ‘Bien sûr’, songeai-je, ‘quel plan brillant Annalise…’ Le plan paraissait ingénieux pourtant : j’avais dit à maman et papa que je partais une semaine et j’avais dit à Oncle Frank que j’arrivais une semaine plus tard, ce qui me donnait une semaine pour essayer de trouver par moi-même la réponse à une question que je me posais. C’était un mystère et je n’y avais jamais songé avant, jusqu’à ce qu’une petite fille de cinq ans au regard bleu profond me demande : « tu ne veux pas les retrouver ? » Et finalement, j’ai réalisé que si, je le voulais même si avant, cela m’était égal.

Quand j’atteignis l’arrêt de bus, je me rendis compte que le crépuscule m’avait encerclé. Les horaires du bus, comme le reste de l’abri, étaient couverts de graffitis mais je m’efforçai de lire au travers pour voir si je devais m’attendre à voir un bus arriver dans les minutes qui venaient, mais le prochain bus n’était pas annoncé avant au moins une demi-heure. Peu disposée voire même franchement réticente à attendre assise au même endroit pendant tout ce temps, je décidai de continuer à marcher. J’étais décidée à m’arrêter au premier endroit qui m’offrirait une chambre où passer la nuit, même si l’endroit en question ne devait être qu’à moitié décent et salubre. A moins bien sûr qu’un miracle aurait appelé pour moi un taxi ou un fiacre –il y a des fiacres ici, non ?- enfin bref, peu importe comment ils les appellent, si l’un d’eux était en vue, je n’aurais qu’à le héler et lui demander de me conduire à l’hôtel le plus luxueux de la ville, même si pour ça, il me faudrait vider ma carte de crédit.

Je n’aimais pas l’endroit où je me trouvais. Tous mes sens étaient en éveil et ils me hurlaient que quelque chose était caché dans la pénombre me surveillant, m’épiant, m’espionnant, prêt à m’attaquer. Ou pire.

Mais qu’est-ce que je pouvais bien fiche aussi dans cette ruelle ? Rester en-dessous des néons de la ville devenait le mot d’ordre pour ce jour (ou cette nuit dans ce cas précis). S’aventurer dans ces coupes gorges sombres, surtout quand des bruits de coups provenaient à l’autre bout, n’était décidément pas un bon plan. Mais mon sixième sens, celui auquel maman et papa ne croyaient pas, me dicta de marcher prudemment plus profondément à travers les ténèbres, écoutant et me préparant à agir pour apporter mon aide. Le côté normal, sensé de mon cerveau, hurlait après moi me demandant ce que décidément j’étais en train de faire.

En plus, ce n’était pas comme si j’aurai pu être d’une quelconque aide. Bien sûr, j’avais à mon actif quelques années d’entraînement aux arts martiaux derrière moi ( et des leçons de ballet aussi -bizarrement, les deux me paraissaient aller très bien ensemble-). Après avoir été impliquée dans quelques bagarres au début de mes années d’école ( “ton papa et ta maman, ils parlent bizarrement“ Ha oui ? Pow !), mon père avait essayé de trouver un moyen de canaliser mon énergie et il s’était avéré que le combat et la danse avaient fait l’affaire. Mais je dois avouer que j’aurais été bien incapable de faire une quelconque pirouette pour stopper un attaquant, moi qui n’avait eu le dessus que dans une cour d’école, et j’étais bien décidée à ne pas inaugurer une telle situation.

Mais malgré toutes ces bonnes résolutions, je continuai à marcher d’un pas plutôt décidé. Les combattants ne m’ont même pas vu arriver, ils étaient bien trop occupés à se battre. Un homme dans un long manteau noir s’acharnait contre deux, deux…-trucs- ! Il faisait sombre et ils bougeaient tous si rapidement que je ne voyais pas bien ce qui se passait, mais je suis sûre d’une chose –bien que j’essayais de me convaincre du contraire- ; j’avais entrevu des crocs et des yeux rouges, et des bras plus grands que la moyenne avec d’affreuses griffes au bout des doigts.

L’homme était en mauvaise posture. Il avait l’air plutôt bon pourtant, très bon même mais il était en minorité, ce qui voulait dire que les deux méchants ennemis étaient proches de lui assener le coup de grâce. L’un des deux l’avait cloué contre un mûr pendant que l’autre s’apprêtait à rejoindre son partenaire dans le but d’étriper leur victime d’une manière particulièrement horrible.

Qu’est-ce que la petite maligne Annie a donc fait ?

Je crois qu’à cet instant, le reste de raison qui aurait encore pu m’habiter a soudainement pris la poudre d’escampette. Je lâchai mon sac, relevai la tête avec dignité et chargeai en direction du monstre le plus proche. Ils étaient tous les deux tellement absorbés par leur proie qu’ils ne m’ont pas vu venir. Je fonçai droit vers une des créatures et je la mis à terre avec un tel plaquage qu’il aurait sans aucun doute fait la fierté d’une grande star de football. Elle m’entraîna dans sa chute et je me retrouvai en dessous de plusieurs tonnes d’une créature qui ne pouvait provenir que de l’enfer – ou éventuellement de l’imagination tordue de Clive Barker*. J’entendis un craquement et un bruit sourd et étouffé, puis un exceptionnel gargouillis dégoûtant derrière moi mais j’étais tellement inquiète à l’idée de mourir d’une façon si horrible que je n’y prêtai guère davantage d’attention. Le monstre s’était saisi de ma gorge mais il s’arrêta soudainement, leva la tête et j’aperçus dans la lumière ses crocs luisants. Mais contre toute attente, il se releva et disparut dans la pénombre.

Je restai allongée là, ayant du mal à réaliser que j’étais encore en vie et que tout ce qui venait de se dérouler devant mes yeux était réel. Je sais, LA est célèbre pour ses coins glauques mais de là à voir des monstres surgir de nulle part pour essayer de vous tuer… Je me mis à penser à autre chose et je me demandai si c’était pire ou mieux, mais peut-être que j’avais foutu en l’air la soirée ciné de quelqu’un…

Peut-être que si je restai allongée ici assez longtemps, je finirai par me réveiller dans mon lit, avec une valise vide sur le sol attendant que je la remplisse avant de rendre visite à ma famille en Amérique.

« Est-ce que ça va ? »

La voix était agréable et elle avait l’air humaine ce qui me fit pousser un soupir de soulagement. De plus, elle avait un léger accent plutôt agréable également et le ton rauque dans l’intonation s’accordait parfaitement à cet accent.

*Note : Clive Barker est célèbre aux Etats-Unis pour ses livres et ses films d’horreur. Selon moi, il est pire que Stephen King dans le genre (ce n’est qu’un avis personnel). Exemples de titres de ses livres : Books of Blood, The Hellbound Heart ou The Damnation Game. Vous voyez le genre ? Côté film, si Candyman vous dit quelque chose, et bien c’est lui !

Je décidai de prendre le risque d’admettre et de me rendre à l’évidence que l’homme avait vaincu un…monstre. Je bougeai légèrement sentant déjà des bleus se former sur mon corps et j’aperçus un visage inquiet penché sur moi. Bien, un point pour le type gentil , au moins celui-là n’avait pas de crocs. Il me tendit sa main libre ( l’autre tenait une épée encore couverte de sang –enfin, j’ai supposé que c’était du sang) et après un court moment je la saisis et il m’aida à me relever.

Mon moral, déjà bien ébranlé, toucha le fond quand j’aperçus derrière lui le carnage qui régnait. Le monstre –ou peu importe ce que c’était- gisait à terre dans un bain de sang bleu et sa tête se trouvait à quelques mètres de son corps. Mon sauveur se rendit compte de l’horreur dans mes yeux et il se positionna de telle sorte que son corps boucha la vue.

« Ca va aller », me dit-il d’un ton apaisant, « il est mort, tu n’as plus rien à craindre ».

Je retrouvai finalement ma voix, elle restait encore un peu rauque et enrouée mais je ne pouvais pas m’en vouloir pour ça. « Qu’est-ce que c’était ? » Il avait une drôle d’expression et je devinai soudainement qu’il avait décidé de me mentir. « Qu’est-ce que c’était ? », demandai-je à nouveau m’efforçant de garder un regard d’acier et une voix déterminée et résolue afin de connaître la vérité.

Je ne sais pas si ma détermination y fut pour quelque chose mais il haussa les épaules et répondit à ma question. « Des démons », dit-il simplement alors que je le dévisageai avec stupéfaction. « Je ne sais pas encore de quelle espèce. Il faudra que je fasse des recherches ».

« Mais pourquoi l’autre s’est enfui ? Ce n’est pas que ça me contrarie… », ajoutai-je rapidement ne sachant toujours pas s’il me fallait le croire ou non, « Je suis d’ailleurs plutôt contente de ne pas avoir fait d’office de dîner à ce démon, mais il a quand même décampé ».

Il hocha la tête. « Je ne sais pas. Il faudra que je fasse aussi des recherches sur ce point ».

« Ok… », commençai-je lentement en le regardant avant de jeter encore un coup d’œil au démon mort, « c’est vraiment, vraiment réel, n’est-ce pas ? Pas une stupide plaisanterie faite à une touriste un peu naïve ? »

« C’est vraiment réel », me confirma-t-il avant d’ajouter soudainement, « joli accent. D’où viens-tu ? »

Je le regardai un instant, ébahie par le brusque changement de conversation avant de répondre : « Nouvelle Zélande. Mais j’ai de la famille ici. »

« Et comment est-ce que tu t’appelles ? »

Et c’est là que la morale de ma mère me revint en mémoire sur le fait de ne pas parler aux étrangers et de mettre un terme à la conversation avant qu’elle n’aille plus loin. Mais il faisait nuit et je me trouvais dans un des quartiers glauques d’une ville bizarre et cet homme venait juste de me sauver la vie en abattant un –démon-. Et puis, quelque chose en moi me disait que je pouvais avoir confiance en lui. Ca n’arrive pas très souvent mais parfois je ressens certaines choses, sans rime ni raison et quand ça m’arrive je ne me trompe jamais. Il m’avait dit la vérité, les démons existaient et je savais que j’étais en sécurité avec lui. Alors j’ai répondu à la question au lieu de m’enfuir en hurlant.

« Je m’appelle Annalise Gordon ». Il hocha la tête et je lui lançai un regard perplexe. « Et toi ? C’est quoi ton nom ? »

Il hésita un moment comme s’il avait besoin d’y réfléchir avant d’annoncer doucement : « Liam. Liam O’Connor. »

« Heureuse de faire ta connaissance Liam », lui lançai-je gaiement, « particulièrement dans de pareilles circonstances ».

Son expression s’assombrit alors et il ne parut plus complètement quelqu’un sur qui on peut se fier. « De pareilles circonstances ? », répéta-t-il, « tu veux dire surgir au milieu de cette bagarre en te faisant pratiquement tuée ? »

« J’essayais juste d’aider », dis-je faiblement, décidée à ne pas lui dire que ça n’avait pas complètement été ma décision, que j’avais juste fait ça sans réfléchir. Il était déjà vraisemblablement peu impressionné par moi et je n’aimais pas ça. Je suis dingue, je sais. Je venais juste de rencontrer ce type alors qu’est-ce que ça pouvait bien me faire ce qu’il pensait de moi. Oui mais voilà, je tenais, je ne sais pas pourquoi, à lui faire une bonne impression.

Il ouvrit la bouche avant de la refermer en faisant visiblement un immense effort. « Tu as aidé », concéda-t-il à contrecœur, « merci ». Il me regarda de la tête aux pieds comme si c’était la première fois qu’il se préoccupait de l’apparence que je pouvais bien avoir. « Tu ne fais pas partie de ces jeunes qui vagabondent dans les rues à la nuit tombée, Annalise Gordon ? Laisse-moi te ramener dans ta famille ».

« Hey », lançai-je l’air consterné. Qu’on me donne carrément une corde pour que je me pende ! « J’ai dix huit ans », ajoutai-je sur la défensive, « peut-être que tu peux juste m’indiquer un endroit décent où passer la nuit ? »

« Tu as dit que tu restais dans ta famille ».

« Non, ce n’est pas ce que j’ai dis », rectifiai-je, « J’ai dis que j’avais de la famille ici, et c’est le cas. C’est juste qu’ils ne s’attendent pas à me voir avant la semaine prochaine ».

Il me regarda à nouveau et hocha la tête. « Viens », dit-il en remontant la ruelle, prenant mon sac au passage. J’hésitai un moment mais je n’avais aucune envie de traîner ici plus longtemps avec le corps du démon mort dans les parages, et puis le type s’éloignait avec mes affaires. Je courai alors pour le suivre et je le rejoignis marchant à côté de lui.

« Où est-ce qu’on va ? »

« Chez moi », répondit-il brièvement, « tu peux y passer la nuit et on essaiera de trouver mieux demain matin. Je te promets que tu y seras en sécurité ».

« Je sais », dis-je et je le pensais réellement.

Il me jeta un regard surpris, baissa la tête et continua à marcher. Un sourire éclaira mon visage et je le suivis.

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MessagePosté le : 20 Sep 2003 23:22
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Citation :

-2ème partie-


L’immeuble où habitait Liam était plutôt sympathique comparé aux immenses buildings que j’avais vus jusqu’à maintenant. Ce n’était pas très loin de la petite ruelle mais Liam habitait tout de même dans un quartier mieux fréquenté. C’était au rez-de-chaussée, les alentours étaient surplombés de près par d’immenses arbres qui devaient donner aux étages supérieurs une vue de verdure agréable depuis leurs balcons. J’imaginai que l’appartement laissait une impression de se trouver soit dans un endroit complètement privé, si on laissait de côté le manque évident d’ensoleillement, soit il laissait une impression de claustrophobie ; évidemment, tout cela devait dépendre de votre humeur du jour. La nuit, bien sûr, il était impossible de se faire une idée sur la question.

Liam ouvrit la porte et me fit entrer à l’intérieur, je me retrouvai dans une immense entrée qui avait plus l’air d’un studio à elle seule que d’une simple pièce. L’appartement de Liam était un endroit plutôt agréable, soigné, ordonné et arrangé avec goût. Malgré la place qu’il y avait, l’appartement était peu meublé : un sofa, quelques chaises, une table. Les meubles étaient fonctionnels mais aussi quelque peu démodés malgré la dernière mode et l’engouement actuel pour le chrome et le cuir synthétique qui faisaient fureur. Des travaux d’artistes s’étalaient sur les mûrs, essentiellement des peintures anciennes mais on pouvait voir également des sculptures, ces travaux semblant à peine tolérer une éventuelle concession à la technologie moderne, comme cette grande télévision murale que je pus voir seulement parce que le lourd rideau en velours qui était censé la cacher était mal fermé. Les autres rideaux assortis dissimulaient ce que je devinai être des fenêtres et étrangement, le velours raffiné évitait de rendre la pièce sombre et lugubre.

Liam était déjà engagé dans le couloir quand il se rendit compte que je ne le suivais pas. A l’exception de mon année d’école passée à l’étranger, j’avais vécu toute ma vie dans une ferme datant de plus d’un siècle, paré d’un sol en bois poli et affaissé, au milieu d’un désordre confortable et rassurant et des couvertures matelassées sur les lits, dans une maison remplie d’amour, de chaleur et de rires. Cet endroit peu meublé, à l’élégance discrète, était froid, voire glacial et à l’opposé de ce que j’avais connu.

« Très joli », m’efforçai-je de dire en bégayant, essayant de garder une nonchalance naturelle qui m’échappa pourtant complètement.

Liam ne parut pas le remarquer et il haussa les épaules déclarant, « ça me suffit ». Mais malgré tout, j’eus le sentiment que le cœur n’y était pas vraiment.

« La chambre d’ami est par là », ajouta-t-il désignant une des portes au fond du couloir et cette fois-ci, quand il commença à avancer, je le suivis.

Il me conduisit dans une petite chambre et posa mon sac sur le lit. Il était évident que le lit était uniquement là parce que les chambres sont censées avoir des lits, mais la chambre d’ami faisait également office de bibliothèque. On pouvait voir sur les mûrs des étagères remplies de livres, de vieux livres avec la couverture en cuir et des lettres brodées d’or, aux titres indéchiffrables écrits dans des langues étrangères. Il me sembla reconnaître le latin, le grec et l’arabe –même si j’étais incapable de lire ces langues- mais je suis sûre que certains manuscrits étaient écrits dans des langues qu’on ne parle nulle part ailleurs sur cette planète. Il y avait même un livre bizarre écrit en anglais dont le titre –Les principaux démons d’Amérique du Nord- me laissa dubitative quant au contenu des autres. Après un court moment de réflexion, je décidai qu’il ne fallait probablement pas que je le sache.

« Tu peux rester ici si tu veux ». Liam parut tout à coup maladroit, comme si il ne savait pas quoi faire d’une adolescente dans sa chambre d’ami. « Et si je nous faisais du café ou autre chose ? »

La proposition fut tellement à propos qu’elle me laissa sans voix. Tout avait été tellement dingue que l’idée de s’asseoir pour boire une tasse de café me parut décalée mais en même temps elle me soulagea et j’accueillis ce retour au naturel avec un sourire béat, proche de l’émerveillement. Et même mieux…

« Plutôt un chocolat chaud ? », demandai-je d’une petite voix essayant de ne pas paraître trop infantile. Mais maman me faisait toujours un chocolat chaud quand la vie devenait trop accablante et tout à coup, je ressentis le besoin de boire un chocolat magique.

En fait, Liam me sourit et je commençai à deviner qu’il ne devait pas beaucoup sourire dans sa vie. « Ca marche pour le chocolat », accorda-t-il, « viens me rejoindre à la cuisine quand tu te seras installée ». Il s’apprêta à quitter la chambre mais s’arrêta à la porte et se retourna. « Et s’il te plaît, n’essaie pas de lire un de ces livres. Ils sont plutôt dangereux et comme je ne reçois pratiquement jamais personne ici, le problème ne se pose généralement pas ».

« D’accord », acquiesçai-je en même temps que je planifiai de jeter un coup d’œil une fois qu’il aurait le dos tourné. « Tu me le promets ? », insista-t-il me jetant un regard grave comme s’il pouvait lire dans mes pensées.

On aurait dit qu’il me connaissait depuis des années. Si je lui faisais cette promesse, je serais obligée de la tenir et ma curiosité allait me tuer. Je sus d’instinct que je ne pourrais pas gagner cette manche, alors je tentai un compromis. « Je promets uniquement si tu promets toi de me raconter au sujet des démons et tous ces trucs ».

Il me regarda un moment puis étouffa un rire qu’il sembla ne pas pouvoir retenir. « Tu me fais penser à… », commença-t-il avant de s’arrêter et d’acquiescer, « c’est d’accord, tu promets de ne pas toucher aux livres et je promets d’essayer de t’expliquer ».

« C’est promis », déclarai-je gaiement.

Il secoua la tête en guise de satisfaction et quitta la chambre tout en rappelant alors qu’il s’éloignait, « chocolat dans la cuisine ».

« Chocolat dans la cuisine », répétai-je tout en vidant mon sac.

Le chocolat que Liam avait fait était délicieux et très crémeux, peut-être un peu trop sucré mais comme maman avait l’habitude de le faire en fait. Nous étions assis l’un en face de l’autre autour de la table de la cuisine, moi buvant lentement mon chocolat chaud et lui, tenant dans une main sa tasse de café.

« Alors ? », dit-il finalement.

« Alors », répétai-je, « les démons ? »

« Les démons », acquiesça-t-il.

Je bus une gorgée de mon chocolat et lui, une gorgée de son café.

« Les démons », répéta-t-il, « ils existent ».

« J’ai cru comprendre », avouai-je.

Il haussa les épaules, « j’essaie de protéger les gens qui ont besoin d’être protégés ».

« Des démons ? »

« Et d’autres choses ».

La conversation se limitait à des phrases monosyllabiques. « Des créatures de la nuit ? », demandai-je à moitié sarcastique, « venues tout droit de l’enfer, ce genre de truc ? Des forces maléfiques des ténèbres venues pour… Venues pour quoi d’ailleurs ? Conquérir le monde ? Manger les gens ? »

Un léger frisson le traversa alors que je parlai, comme si mes paroles avaient trouvé un écho en lui et je redoutai d’avoir touché un point sensible mais je n’en sus pas la raison. Mais devant ma dernière question, il secoua la tête en signe de dénégation et il sourit même légèrement. « Les démons ne mangent généralement pas les gens », expliqua-t-il et je sentis une pointe d’ironie dans sa voix que je ne saisis pas, « la plupart du temps, ils se contentent de les tuer ».

« D’accord », répondis-je soudainement moins sarcastique, « alors pourquoi ce démon dans la ruelle ne m’a-t-il pas tuée ? Il était sur le point de le faire et soudain, il s’est enfui… » Finalement, je prenais tout ça plutôt pas mal, mais c’était dû au fait qu’une petite voix au fond de moi n’en croyait toujours pas un mot. Oh, je savais que tout était vrai, tout était dangereusement vrai mais je n’arrivais pas à m’y résoudre.

« Je ne sais pas », admit Liam et sa voix calme, posée et pleine d’assurance parut vaguement inquiète, « mais je pense que je trouverai ».

« Comment vas-tu trouver ? », demandai-je, « la réponse se trouve dans tous ces vieux livres ? Ou y a-t-il un bottin spécialisé pour les démons sur le Net ou autre chose ? »

« Tu serais surprise », me dit-il, « mais les réponses se trouvent principalement dans les livres et j’appellerai un ami pour qu’il vienne me donner un coup de main ».

« Je peux aider », suggérai-je tout en gâchant l’offre en m’étouffant avec mon chocolat. Je me mis à tousser alors que de l’autre côté de la table, Liam hésitait entre venir me taper dans le dos et prétendre qu’il n’avait pas remarqué que j’avais soudainement perdu la capacité de respirer.
Me rappelant la raclée qu’il venait de mettre à ces deux démons, je fus soulagée de reprendre mon souffle avant qu’il ne prenne une décision.

Je bus le reste de mon chocolat en faisant attention cette fois et je fis un effort pour ne pas laisser s’échapper un bâillement.

« Et si tu allais te coucher ? », suggéra Liam qui se leva et me prit la tasse des mains pour la mettre dans l’évier.

Je faillis sursauter à la sensation du frisson qui me parcourut quand sa main toucha la mienne. Je n’avais jamais ressenti une telle sensation avant, une sensation qui était plus émotionnelle que physique, que je ne pouvais décrire avec des mots. Il n’y avait rien de romantique, rien à l’eau de rose comme on peut lire dans ces stupides livres où l’on sait pertinemment que Jane et Edgar vont finir ensemble à la fin alors qu’ils se détestent cordialement dès la première page. Il n’y avait rien qui pouvait ressembler à une quelconque attirance ou à un désir, mais seulement une sensation de reconnaissance qui était si profondément enfouie en moi que j’ignorais que je la possédais et je me demandai comment j’avais pu faire pour vivre avec pendant si longtemps sans la ressentir. Et à la façon dont les doigts de Liam serrèrent les miens, je compris que lui aussi l’avait ressentie.

Puis, aussi vite qu’elle était venue, elle disparut et elle nous laissa Liam et moi, face à face devant la table de cuisine, les mains serrées sur ma tasse de chocolat, nous regardant totalement embarrassés. Il nous fallait un sujet de conversation neutre, quelque chose pour briser le silence et pour que tout revienne à la normale. Et il était clair que Liam n’était guère plus bavard que moi en cet instant. Alors, consciemment ou inconsciemment, j’ouvris la bouche et attendis ce qui pourrait bien en sortir.

« Jolie bague », m’entendis-je lui dire.

« Hein ? », il cligna des yeux et dirigea son regard vers la bague en argent qu’il portait à son doigt, le cœur du milieu pointé vers lui. Je savais ce que c’était et ce que ça signifiait car j’en portais une moi aussi à mon doigt, en dessous du sien. Mais je portais la mienne dans l’autre sens, c’était la couronne qui était pointée vers moi et j’espérai bien un jour pouvoir changer cet état de fait.

Bien sûr, je ne savais pas si il savait ce que ça signifiait ou pas. Tout ce qui était irlandais avait fait fureur il y a quelques années, peu après la Réunification. Et ces bagues avaient été vraiment à la mode, aussi bien pour leur design que pour leur symbolique que beaucoup de gens connaissait mais ne comprenait pas.

Je le savais parce que j’avais fait des recherches sur cette symbolique. Je possédais la bague depuis ma naissance et elle constituait l’un de mes plus précieux trésors, et non une babiole en toc que j’aurais pu acheter sur un marché pour faire branchée. J’ignorais si il en était de même pour Liam, mais j’eus le sentiment que cette bague était aussi importante pour lui qu’elle l’était pour moi, et ce peut-être parce que quelque part, il y avait quelqu’un qui portait la même, le cœur également tourné vers elle.

Mais puisque je n’avais aucune intention de lui parler de ma bague, il était par là même hors de question que je l’interroge sur la sienne et je préférais plutôt souhaiter que mon subconscient focalise sur autre chose.

Liam continuait de regarder la bague avec un regard perdu dans le vide et je me dis que j’aurais décidément mieux fait de la boucler, ou continuer de m’étrangler pour finalement tomber sur le sol, inconsciente.

Finalement, il me regarda à nouveau, le regard sombre et ténébreux plongeant dans mes yeux qui n’avaient pas une couleur définie et il me dit gravement mais gentiment, « merci ».

Je libérai mes mains et amenai moi-même ma tasse vide jusqu’à l’évier la rinçant plus vigoureusement qu’il était vraiment nécessaire. « Est-ce que je peux t’aider pour les recherches ? », demandai-je alors que l’eau coulait abondamment.

Je fis un bond quand sa main se posa légèrement sur mon épaule. Je ne l’avais pas entendu venir, et même avec le bruit que j’étais en train de faire, j’aurais dû entendre quelque chose, au moins quand il s’est levé pour venir près de l’évier. Il parut réaliser qu’il m’avait fait peur car il serra ses doigts un instant pour me rassurer avant de me lâcher.

« Vas dormir Annalise », me dit-il de cette même voix douce mais ferme dont je reconnus le ton qui était le même qu’utilisait mon père lorsqu’il me sommait de faire quelque chose et je sus qu’il était inutile de discuter davantage.

Et quand mon corps me trahit en baillant plusieurs fois d’affilé, je dus reconnaître qu’il avait probablement raison. Je dormais debout et bien qu’il était trop poli pour me le faire remarquer, nous savions tous les deux que je n’aurais été d’aucune aide pour rechercher quoi que ce soit sur un mystérieux démon, surtout quand on sait qu’il y a encore quelques heures, je ne savais même pas que ces créatures pouvaient exister, et puis j’aurais été incapable de lire ses livres écrits dans d’anciennes langues étrangères.

Oh, oups…

« Les livres », dis-je soudainement posant la tasse et me retournant vers lui, « auras-tu besoin des livres pour tes recherches ? »

« Oh », lança-t-il sur le même ton et j’eus la nette impression qu’il ne devait jamais avoir eu d’invités qui avaient soulevé ce genre de problème auparavant. Il y réfléchit un moment et déclara, « facile, tu peux dormir dans ma chambre ».

« Je ne peux pas faire ça », protestai-je, « et toi ? » Il avait beau être un type sympa et je ne voulais pas le virer de son propre lit, mais ça ne voulait pas dire non plus que j’étais disposée à partager. Ok, le ‘je veux retrouver mes racines’ n’était peut-être pas une si bonne idée finalement et elle se révélait même être une idée carrément débile ; n’empêche que je n’étais pas stupide à ce point.

Il haussa à nouveau les épaules, ce qui signifiait qu’il avait compris mes pensées et qu’il se souciait peu de son propre confort. Il se révélait décidément très bon au jeu ‘je fais passer mes idées sans dire un mot…’ Il pouvait communiquer d’un simple haussement d’épaules ou d’un simple sourire, alors que moi pour exprimer la même chose, il m’aurait certainement fallu une centaine de mots dans une conversation décousue. « Et puis, je doute que je dorme beaucoup et de toute façon, je n’ai pas vraiment besoin de dormir », ajouta-t-il.

Il me guida vers le couloir. « Allez Annalise, vas te coucher ». Il ouvrit la porte qui menait à sa chambre, me poussa à l’intérieur et disparut. Il entra à nouveau un petit moment plus tard avec mon sac et me le tendit me souhaitant une bonne nuit avant de refermer la porte.

Je me retrouvai toute seule dans sa chambre, mon sac cloué dans mes bras, écoutant le son de ses pas sur le parquet alors qu’il s’éloignait dans le couloir. Ce fut à ce moment précis que ma journée repassa en flash back dans mon esprit. Je me sentis soudainement tellement fatiguée que je fus incapable de penser ou de raisonner davantage, je pouvais à peine mettre un pied devant l’autre pour bouger de l’endroit où je me tenais. J’atteignis le lit, je sortis de mon sac un large tee-shirt en guise de chemise de nuit sans oublier Markie qui s’était caché sous mes chaussettes et je me glissai sous les couvertures. Je me roulai en boule, les oreillers tout autour de moi et je remontai le drap jusqu’à mes oreilles essayant de m’imaginer dans mon propre lit où le monde serait normal et ennuyant et dans lequel je n’aurais qu’à être une gamine et non une adulte responsable d’elle-même devant faire face à ses responsabilités ; même si je savais que c’était impossible, je m’endormis avec cette pensée.

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MessagePosté le : 24 Sep 2003 14:15
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MessagePosté le : 24 Sep 2003 22:26
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Oops !!! Désolée, la voici !!! :smile:

Citation :

-3ème partie-


Si la vie était un roman, -disons un de ces romans à l’eau de rose que je jure n’avoir jamais lu même si maman en planquait sous son lit en pensant que je ne le savais pas-, je me serais réveillée fraîche et reposée, les rayons du soleil entrant par une fenêtre ouverte et une légère brise sentant le jasmin flottant dans la chambre. Oh, et évidemment, je ne serais pas décoiffée du tout.

Mais, la vie n’est pas un roman et je n’étais pas d’humeur.

J’essayais désespérément de m’agripper à un état de conscience alors que mes yeux refusaient de s’ouvrir comme ensablés et que ma bouche était pâteuse et sèche. La tentation de rester bien confortablement bordée dans son lit, –bien qu’il s’agissait du lit de quelqu’un d’autre-, était irrésistible mais elle céda devant des besoins plus pressants. Je me forçai à ouvrir les yeux et je scrutai les yeux encore troubles la chambre. Elle était grande et également peu meublée, mais comparée à la pièce principale on aurait presque pu dire qu’il y régnait une pagaille organisée. Les mêmes lourds rideaux en velours dissimulaient des fenêtres, laissant la pièce dans l’obscurité et la fraîcheur alors que j’étais sûre qu’il devait y avoir un beau soleil dehors ce matin.

Je poussai les couvertures et je restai un instant, hésitante, un pied par terre, un autre toujours dans le grand lit. Les muscles endoloris de mes cuisses et de mon dos protestèrent immédiatement et je me levai avec une certaine raideur, tentant de m’étirer quelque peu pour essayer d’apaiser la tension. Les mouvements ne firent pas une grande différence, mais au moins ils eurent le mérite de me réveiller davantage.

‘Bien. Priorité première, la salle de bain…’ Je réalisai soudainement que je n’avais aucune idée de l’endroit où pouvait bien se trouver la salle de bain. Je n’avais pas eu exactement droit à une visite guidée de l’appartement la nuit dernière ; bien que j’avais trouvé sans difficulté la cuisine et les deux chambres et le salon qu’on ne pouvait pas rater, je ne savais absolument pas où trouver l’endroit le plus important de tout l’appartement –du moins en ce moment particulier-.

Je sortis un pantalon de mon sac et le mis espérant que combiné à mon large tee-shirt, je paraîtrais décente pour le moment ; puis je partis explorer les lieux.

Occupant une bonne moitié du salon, je trouvai Liam et un autre homme. Les vieux livres ainsi que de nombreux papiers étaient éparpillés sur les tables jusqu’au sol. L’écran de la télévision était allumé et on pouvait voir défiler automatiquement des informations provenant d’internet. Des images traversaient l’écran mais trop rapidement pour être reconnaissables et des textes défilaient au fur et à mesure que les images changeaient mais également trop rapidement pour être lisibles.

Liam était assis dans un fauteuil tournant les pages jaunies d’un livre avec une couverture en cuir, on pouvait voir une expression d’intense concentration sur son visage. A côté de lui, il y avait une pile de livres identiques avec des pages cornées ou marquées.

L’autre homme était accoudé à une petite table et il marmonnait tout en lisant un texte en suivant les lignes à l’aide de son majeur. Il devait avoir dans la quarantaine et peut-être même proche de la cinquantaine, il était mince pour ne pas dire maigre, les cheveux courts, indisciplinés et légèrement grisonnant et il paraissait vif et intelligent. Les manches de sa chemise étaient relevées et une veste en cuir traînait sur le dos de sa chaise.

Il était tellement pris par sa lecture qu’il ne m’entendit pas ouvrir et refermer la porte de la chambre, mais Liam leva immédiatement la tête et marqua d’un autre bout de papier la page de son livre.

« Bonjour Annalise », il paraissait bien réveillé –le bâtard- et comme il portait les mêmes vêtements que la nuit dernière, on pouvait supposer qu’il n’avait pas fermé l’œil de toute la nuit. De plus, en jetant un coup d’œil à la pendule sur le mûr d’en face, je me rendis compte qu’il était près de midi et je me sentis tout à coup comme une gamine, une paresseuse, bref une moins que rien.

Entendant Liam, l’homme plus âgé leva la tête et m’aperçut alors que je me tenais devant la porte de la chambre. Il m’observa un moment avant de se tourner vers Liam en levant les sourcils, « tu ne m’as pas dit qu’elle était si jeune ».

« J’ai dix-huit ans », protestai-je automatiquement, « je peux conduire, boire, voter et même me marier si ça me chante ». Enfin, je pouvais faire toutes ces choses chez moi et je ne savais pas si il en était de même aux Etats-Unis mais c’était un détail que je n’avais pas envie de soulever. « Je ne suis pas » -et je pris exactement le même ton que lui jusqu’à l’accent britannique- « si jeune ».

Brusquement, Liam se mit à rire. « C’est ce que je t’avais dit, Wes ». Il me regarda à nouveau et il me sourit en coin comme il avait l’habitude de le faire, « Je sais qu’il est un peu tard, mais que dirais-tu d’un petit déjeuner ? »

« La salle de bain ? », me plaignis-je d’abord. Manger paraissait être une excellente idée mais j’avais des préoccupations plus importantes à satisfaire en premier.

« Oh », il parut surpris et en même temps quelque peu embarrassé de ne pas y avoir pensé de lui-même. Et j’eus à nouveau l’impression qu’il ne devait pas avoir souvent d’invités. Liam O’Connor était quelqu’un de solitaire et d’indépendant, et les personnes qu’il laissait entrer dans sa vie –comme cet homme qu’il venait d’appeler Wes- devaient certainement gagner et mériter sa confiance et être assez obstinées et déterminées pour rester avec lui. Ce qui me fit réaliser combien il était incroyable qu’il m’ait fait rentrer dans sa vie avec autant de facilités. Et je dois avouer que j’aurais pensé qu’il m’aurait fallu insister davantage pour pouvoir rester ici. Peut-être devrais-je le faire… mais après avoir soulagé ma vessie alors.

Liam m’indiqua un petit couloir, « tout au bout », me dit-il, « il y a des serviettes et tout ce que tu as besoin dans le placard. Fais comme chez toi ».

Je les laissai à leurs recherches pour m’occuper de moi.

Le fait de me retrouver sous la douche en sentant l’eau qui dégoulinait sur mes cheveux et le long de ma peau m’aida à recouvrer, dans une certaine mesure, un semblant d’équilibre. Mon petit monde intérieur était toujours sans dessus dessous, mais je commençai à me sentir assez forte pour y faire face et avec un peu de temps, un soutien moral et un tas d’explications détaillées, je crois que je pourrais finalement en venir à bout.

Finissant d’essorer mes cheveux à l’aide d’une serviette, je me sentis presque prête à sortir de la salle de bain pour demander des explications. Ou au moins être présentée convenablement à « Wes », qui qu’il soit finalement… Je mis un pantalon décontracté et un tee-shirt -que j’avais acheté à l’aéroport de LA ne pouvant résister à l’adorable cochon qu’il y avait sur le devant car il me rappelait un peu Markie- Et comme je fus incapable de trouver un miroir, j’attachai mes cheveux par habitude dans une queue de cheval. Cette absence de miroir, qui m’aurait paru bizarre dans d’autres circonstances plus normales, aurait bien été incapable de me faire réagir, notamment au regard des dernières vingt quatre heures.

Cette fois, quand je fis à nouveau mon entrée dans le salon, les deux hommes levèrent la tête en même temps. « Petit déjeuner ? », me demanda Liam de cette façon succincte dont il avait le secret, ce qui fit que son ami secoua la tête en lui jetant un regard navré. Ce dernier se leva en se tortillant vraisemblablement sous l’effet d’une vieille manie et je remarquai qu’il était non seulement mince mais également très grand. Il s’avança vers moi et me tendit une main.

« Nous n’avons pas été convenablement présentés il me semble, je suis Wesley Wyndham-Pryce ».

Hésitante, je pris la main qu’il me tendait et je me dis que finalement, mon nom, bien que peu commun, n’était après tout pas un aussi lourd fardeau. Imaginez vous un peu vous rendant à l’école en portant comme nom Wesley Wyndham-Pryce ! En plus, je faisais partie de cette génération qui avait été affublée des prénoms les plus bizarres et les plus rares qui puissent exister. A l’école, il n’était pas rare de croiser des Edyge, Lianna, Djoram ou Adia à côté des traditionnelles Susan, Mary et Jackie. Des prénoms tels que Jane, Laura ou Elizabeth n’étaient revenus à la mode que depuis une dizaine d’années seulement.

« Enchantée de faire votre connaissance Mr Wyndham-Pryce », répondis-je me rappelant mes bonnes manières mais un peu tard, « Je suis Annalise ».

« C’est ce que j’ai cru comprendre », concéda-t-il, « et maintenant que nous avons fait connaissance, tu peux m’appeler Wesley ; ça fait gagner du temps et de l’énergie ».

Je ne pus m’empêcher de rire et il me sourit paraissant tout à coup beaucoup plus jeune et un peu moins mielleux et sûr de lui ; et je ne pus que l’apprécier davantage. Il était pourtant facile d’intimider les gens avec un nom comme ça, à condition évidemment d’avoir la personnalité pour et de le vouloir vraiment. Mais il n’était de toute évidence pas comme ça et il laissait planer l’ambiguïté comme une sorte de plaisanterie, une invitation pour devenir son ami si on en valait vraiment la peine.

« Alors », ajouta-t-il amicalement, comme s’il s’agissait de son appartement au lieu d’être celui de Liam, « et ce petit déjeuner ? »

On me montra le contenu des placards et du réfrigérateur –« Tout ce que tu veux sur les trois premiers rayons »-, me dit Liam, et je fus libre de me faire le repas dont j’avais envie. J’étais, selon Wesley, assez grande pour décider si je voulais un petit-déjeuner ou un déjeuner et je devais me débrouiller. Liam lui jeta un regard navré de s’être fait voler ses devoirs de maître de maison mais il ne dit rien se contentant d’hausser les épaules, résigné.

Ils retournèrent à leurs lectures et je me mis à explorer la cuisine mise à ma disposition. Finalement, je me servis un verre de jus d’orange et un bol de corn flakes avec du lait. J’avais toujours envie de faire un peu d’exercice dans la mesure du possible, si Liam me laissait lui emprunter un peu de son espace non utilisé, mais mettre dans mon estomac quelque chose d’aussi lourd ne me parut pas une très bonne idée.

Je me laissai tomber comme un sac sur une chaise libre et je les regardai tout en mâchouillant bruyamment mes céréales. Hormis le bruit qu’ils pouvaient faire en tournant les pages et celui de mon grignotage, le silence régnait dans la pièce. D’un côté, ce lourd silence portant l’odeur et l’intimité des bibliothèques chargées de protéger le précieux et ancien savoir, et de l’autre, moi, une enfant de l’ère de l’informatique, le contraste était à la fois confus et fascinant, mais surtout saisissant.

« Alors, comment ça se présente ? », demandai-je finalement n’y tenant plus et brisant le silence une fois mes céréales avalées et mon jus d’orange bu.

Wesley me regarda et passa la main dans ses cheveux tout en soupirant. « Plutôt mal », admit-il, « on n’a toujours pas trouvé la race de démon à laquelle ils appartiennent, pas plus ce qu’ils voulaient d’ailleurs… »

« En tous cas, on sait ce qu’ils ne sont pas », ajouta Liam ironiquement, « ce ne sont pas des démons Brikanal, Xelenic ou Led Zeppelin, ou… »

« Ca n’existe pas un démon Led Zeppelin », protesta Wesley avec indignation, « tu l’as inventé ! »

« Mais ils devraient exister », déclara Liam avec un bref sourire. « C’était une plaisanterie Wesley. J’ai fait des progrès côté plaisanteries, tu te souviens ? Je me suis entraîné. »

« Une plaisanterie est une plaisanterie uniquement si quelqu’un rit », déclara Wesley d’un ton pédant, « et personne n’a ri il me semble ». Il me regarda, « tu as ri, Annalise ? »

Je me contentai d’observer et je finis par secouer la tête. Toute la conversation m’avait échappée et m’était passée au-dessus de la tête. Il s’agissait peut-être bien d’une plaisanterie, mais c’était de toute évidence une plaisanterie entre eux et il était indispensable d’être amis depuis de nombreuses années pour pouvoir la comprendre.

« Tu vois », finit Wesley sur un air de triomphe, « elle est trop jeune pour tes soi-disant plaisanteries ». Il se montra tout à coup curieux, « en plus, je doute que tu aies écouté Led Zeppelin dans ta vie ».

Liam fit la grimace. « Il y a six semaines, Spike a décidé de rester avec moi, tu te souviens de ça ? ». Il frissonna. « Il y a des choses de sa vie que je préfère ne pas connaître, et ses goûts musicaux en font définitivement partie ».

« Ce n’est pas tellement la musique », suggéra Wesley, « c’est surtout le volume à laquelle il la diffuse, non ? ».

Liam haussa les épaules, encore un haussement d’épaules absolument éloquent dont il avait le secret. « Peut-être. Mais pour répondre à la question d’Annalise : les recherches continuent, on va trouver… »

« Je peux aider ? »

Wesley secoua la tête en signe de négation. « Je ne crois pas. On a déjà épuisé les volumes en anglais ». Soudain, il me jeta un regard plein d’espoir, « Je suppose que tu ne sais pas lire l’Ancien Estrucan ? »

Je fis non de la tête, hésitante sur le fait de savoir si il était sérieux ou pas.

Il soupira. « Bien. Ca valait le coup d’essayer. Le mien est un peu rouillé ».

Il était évident que je ne leur serai d’aucune aide, donc peut-être que je pourrais au lieu de ça faire un peu d’exercice et voir si je pourrais dérouiller mes muscles endoloris. J’attendis que Liam ait fini sa page et je me raclai nerveusement la gorge. Il avait déjà été tellement généreux que j’étais soudainement anxieuse à l’idée de lui demander une faveur aussi bizarre. Il leva les yeux et vit de toute évidence ma mine pâle, il m’encouragea à exprimer ma pensée en me souriant.

« Oui, Annalise ? »

« Je… j’aurais aimé m’entraîner, faire quelques exercices », commençai-je hésitante, « est-ce qu’il y aurait un endroit … ? »

« Dehors, il y a une petite cour derrière », proposa Liam, « Est-ce que ça ira ? »

Je secouai la tête en signe de négation, me demandant pourquoi j’avais demandé finalement, mais je continuai à être entêtée. « C’est quelque chose qui se pratique à l’intérieur », expliquai-je. « Je danse. Danse classique, ballet. » Et j’attendis l’habituel cri de surprise et d’amusement qui suivait en général.

« Ah. » Ce simple mot, qu’on ne trouvait peut-être même pas dans un dictionnaire, détenait un niveau de compréhension à laquelle je ne m’attendais pas. « Je pense que tu peux avoir assez de place de l’autre côté de la pièce », suggéra Liam. « Si évidemment le fait d’avoir un public ne te dérange pas ? » Il désigna un espace libre et approprié où on pouvait voir deux tapisseries antiques brodées accrochées sur le mûr. « Mets-les par terre et tu verras que la rampe inférieure est je pense à une parfaite hauteur pour faire office de barre ».

Je n’en croyais pas mes yeux. La plupart des gens me prenait pour une fille bizarre, - surtout depuis que j’avais décidé de continuer la danse mais sans pour autant avoir l’intention de me produire sur scène. La danse me permettait d’avoir un certain maintien et un bon sens de l’équilibre ; je faisais ça pour les mêmes raisons que d’autres pratiquaient des trucs comme le yoga, le taï chi ou la méditation. Tout ce dont j’avais besoin en ce moment, c’était un certain recentrage de moi-même. Non seulement Liam ne semblait pas penser que j’étais bizarre, mais en plus il avait l’air de savoir exactement ce dont je voulais parler.

« Merci », je lui souris puis je partis chercher mes chaussons de danse dans mon sac, j’entendis Wesley pouffer quand je quittai la pièce.

« Tu as dû passer du bon temps avec le corps de ballet dans ta jeunesse… dissipée, n’est-ce pas ? »

Je n’entendis pas la réponse de Liam mais elle fit rire son ami aux éclats. « Ne me regarde pas comme ça. Tu as sorti une blague, j’ai sorti une blague. On est quitte. »

Cette fois, j’entendis Liam grogner. C’était une de ses manières d’expression aussi éloquentes que ses haussements d’épaules.

Quand j’eus fini de décrocher les tapisseries, je trouvai deux rampes en bois comme Liam l’avait promis. Une des deux se trouvait au-dessus de ma tête mais l’autre était à une parfaite hauteur. Compte tenu des événements, il y avait deux jours que je ne m’étais pas entraînée et je restai un peu courbaturée et ankylosée depuis ma rencontre avec les deux démons. Aussi, je décidai de commencer par des mouvements basiques, ceux que j’avais appris lors de ma première leçon de ballet il y a quelques années alors que je n’étais qu’une gamine de onze ans surexcitée et avide de progresser.

Comme toujours, je me perdis assez rapidement dans mes mouvements, dans les étirements de mes muscles, les mouvements de mes mains, les lignes et contours de mon corps. Ma concentration s’intensifia jusqu’à ce que je ressente le sang couler dans mes veines, les mouvements à l’unisson de mes poumons et de mon diaphragme en même temps que ma respiration, mes muscles se dénouer et mes bleus se dissiper.

J’abandonnai ma barre improvisée pour me mettre au sol et continuer mes étirements en même temps que je testai mon équilibre et exécutai quelques arabesques et sauts que je contrôlai dans l’espace que j’avais à ma disposition. A présent, j’avais complètement oublié que j’avais un public et j’avais occulté l’endroit où je me trouvai alors que mes sens en éveil avaient renforcé ma concentration. J’étais enveloppée dans la danse, la discipline et la concentration qui l’accompagnaient ; les mouvements exécutés m’avaient forcés à entrer dans une telle concentration qu’ils avaient clarifié mon esprit et revitalisé mon corps.

Quand une exclamation étouffée à l’autre bout de la pièce empiéta sur ma conscience, je fus tellement effrayée que je fis une chose que je n’avais pas faite depuis des années. Je brisai l’enchantement de la danse, aussi bien dans un sens propre que figuré, tombant gracieusement sur le sol dans un bruit sourd.

Je levai les yeux en cherchant à garder un semblant de dignité et je vis Wesley qui me regardait, l’air préoccupé, et Liam prêt à bondir hésitant entre venir à mon aide et finir ce qu’il était en train de faire.

« Vous avez trouvé quelque chose ? », demandai-je mollement.

Wesley changea de mine et il arbora un sourire satisfait. « Ce sont des démons Antara. »

« Jamais entendu parler », dis-je d’un ton facétieux que je regrettai quand je vis le sérieux de l’expression de Liam.

« Et… », demanda-t-il à son ami m’ignorant complètement.

Le sourire de Wesley retomba un peu et il tapota sur la page, « regarde par toi-même. »

Pendant que Liam lisait le passage par dessus l’épaule de Wesley, je me relevai tout en listant mentalement les nouveaux bleus que je venais de me faire. Alors que je les rejoignais, l’expression de Wesley était redevenue sérieuse et le visage déjà bien pâle de Liam vira au blanc.

« C’est comme ça alors », dit-il doucement.

Wesley acquiesça.

Les expressions de surprise, choc et inquiétude inscrites sur le visage de Liam se muèrent en une implacable résolution, « Alors, on va à Sunnydale », dit-il, « maintenant. »

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MessagePosté le : 30 Sep 2003 16:40
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-4ème partie-


Finalement, il fut décidé que nous ne devions nous rendre à Sunnydale –ça, c’était bien un nom pour une ville californienne, quoique je n’en avais pas entendu d’autre à ma connaissance jusqu’à maintenant- qu’après la tombée de la nuit. Liam s’était rué vers la sortie dans l’intention de partir sur le champ, mais finalement l’opinion du plus sage des deux –dixit Wesley- avait prévalu. Après une série d’arguments en tout genre, avertissements et ce que je devinai être des menaces (bien que je n’en compris pas la substance), Wesley avait réussi par calmer Liam pour que ce dernier l’écoute et Liam avait fini par concéder à contrecœur qu’il avait raison.

Liam avait donc à la place consacré le reste de la journée à préparer les affaires.

Il sortit des placards, tiroirs et d’autres endroits inattendus suffisamment d’armes pour constituer une petite armée. L’armée en question se serait alors révélée être médiévale car la collection d’armes de Liam se composait de trucs comme des haches, épées, arbalètes et d’autres anciennes vieilleries que j’étais incapable de nommer. Il les examina toutes avec un œil averti, polissant certaines, nettoyant d’autres et rangeant finalement certaines à leur endroit initial.

Dans un premier temps, Wesley essaya de lui faire entendre raison, insistant sur le fait que ce genre d’équipement n’allait peut-être pas être nécessaire pour combattre un seul démon. Après avoir obtenu comme simple réponse un regard meurtrier et un grognement significatif, il laissa tomber la polémique et préféra l’aider, prouvant par la-même qu’il était aussi à l’aise avec ce genre d’armement que l’était de toute évidence Liam.

Quant à moi, je passai l’après-midi à essayer de convaincre Wesley de m’emmener avec eux. Il parut évident qu’il n’avait aucune expérience dans l’art d’argumenter avec une adolescente déterminée et quand la voiture s’éloigna de l’appartement de Liam, en même temps que le soleil se couchait, mon sac se trouvait dans le coffre et j’étais installée sur la banquette arrière.

La nuit était déjà bien avancée au moment où nous franchîmes à toute allure le panneau « Bienvenue à Sunnydale » entrant dans les faubourgs de la petite ville. Quinze minutes plus tard, nous nous arrêtions aux abords d’une petite maison de banlieue entourée d’une petite barrière sur le devant et arborant à ses fenêtres des lumières accueillantes.

« Je suis encore d’avis que nous aurions dû d’abord les appeler », marmonna Wesley.

« Mmm », répondit Liam d’un air absent avant de sortir de la voiture, sa réponse se voulant ni affirmative, ni négative.

Wesley se retourna et me regarda par-dessus son épaule en soupirant, « Viens Annalise. Ou il va nous laisser là… »

Et c’est ainsi que nous nous retrouvâmes, tous les trois, en petit comité devant le porche d’entrée, attendant que quelqu’un vienne ouvrir la porte. Juste au moment où Liam s’apprêtait à retenter d’enfoncer la porte –et il avait bien failli y arriver le premier coup-, nous entendîmes des bruits de pas venir vers nous. Liam laissa son bras retomber le long de son corps et je choisis d’ignorer le soupir de soulagement de Wesley.

La femme qui ouvrit la porte devait avoir l’âge de ma mère, peut-être un peu plus jeune. Elle avait les cheveux auburn, ce genre de couleur que je mourais d’envie d’avoir, ils lui arrivaient aux épaules et elle avait une coupe à la fois jeune et branchée qui lui allait particulièrement bien. Les traits de son visage auraient pu trahir son âge mais ses yeux la rendaient plus jeune et son sourire, qui éclaira son visage quand elle aperçut ses visiteurs, la rendit plus jeune encore.

« Angel ! Wesley ! Qu’est-ce que vous faites là? » Puis, elle me vit, guère plus grande qu’elle, perdue derrière les deux hommes immenses qui se trouvaient devant moi. « Et qui avez-vous amené avec vous ? » Tout à coup, son visage s’assombrit. « Vous avez des ennuis, c’est ça ? Vous ne seriez pas venus si tout allait bien ».

« Il y a effectivement des problèmes », concéda Liam brièvement, « Willow, est-ce que je peux entrer ? »

Willow –un nom qui lui allait bien d’ailleurs même si je n’arrivais pas à expliquer pourquoi- lui lança un regard surpris, « pourquoi ne le pourrais-tu pas ? »

Liam soupira et je remarquai à ses épaules qu’il était tendu, « tu as déménagé depuis la dernière fois que je suis venu ici. C’est une nouvelle maison et je n’y ai pas encore été invité ouvertement ».

« Oh », dit Willow doucement, comprenant clairement quelque chose qui m’échappa pourtant complètement.

Trop de mystères et questions en suspens planaient ici et bientôt, si personne ne commençait à m’expliquer les choses, je crois que je serais obligée de devenir violente. Dans mes fantasmes tout du moins… En réalité, je risquai probablement de passer plus pour une pleurnicheuse qu’autre chose. Et elle avait appelé Liam autrement aussi. Comment déjà… ?

« Tu peux entrer Angel », déclara Willow d’un ton archaïque et formel, « tu es toujours le bienvenu chez nous, où que ce soit. »

« Bien », marmonna Liam tout en pénétrant dans la maison. Wesley le suivit pendant que je restai sur le pas de la porte à les regarder tous les deux. Je n’avais aucune idée de ce qui passait exactement ici et le nom que je venais d’entendre résonnait encore et encore dans ma tête. Angel. Il m’est arrivé dans mes rêves les plus niais m’imaginant poursuivre un ange à travers le monde, mais il ne m’est jamais venu à l’esprit qu’il pouvait s’agir d’un prénom donné à une personne. Et évidemment, les chances de rencontrer une telle personne dans une ruelle sombre en train de se battre avec des démons étaient aussi minces que de se prendre au météorite sur le coin de la tête. Ce qui constituait une parfaite description de mes sentiments à ce moment précis.

« Les hommes… », commenta Willow d’un air naturel et exaspéré, et je levai la tête pour m’apercevoir qu’elle me regardait, une expression de quiétude et de gentillesse sur son visage, « ils n’ont même pas pris la peine de nous présenter, n’est-ce pas ? Je suis Willow Giles. Et tu es ? »

« Annalise Gordon ».

Elle se mit de nouveau à sourire. « Et tu es complètement paumée, pas vrai ? »

« Oh », dis-je m’apercevant d’un air soulagé que quelqu’un s’en était enfin rendu compte, « totalement. »

Elle glissa son bras autour de ma taille et me guida à l’intérieur de la maison. « Suis-moi alors. Comme ça, je serai sûre que tu auras été présentée convenablement à mon mari, et après on tâchera de mettre fin à cette confusion ».

« C’est promis ? », m’entendis-je lui dire d’une toute petite voix en même temps que je souhaitais mourir pour être passée pour une gamine de quatre ans devant une totale étrangère.

Mais elle acquiesça, « c’est promis. »

Willow me fit entrer dans un salon confortable où Wesley et Liam étaient engagés dans une discussion animée avec un homme plus âgé qui se montrait d’une patience à toute épreuve alors que les deux hommes essayaient de lui parler en même temps.

Willow reprit le contrôle de la situation en un instant avec une autorité qui s’opposait complètement à son apparente quiétude. « Hey ! » N’importe qui d’autre aurait dû avoir à crier ou taper du pied, mais elle éleva juste la voix un petit peu pour la faire résonner à travers la pièce. Un silence à la fois effrayant et empli de culpabilité s’abattit. Elle pointa son majeur en direction de Wesley et Liam chacun leur tour. « Toi et toi- Assis ! » Ils ne furent pas surpris pour autant et s’exécutèrent. « Rupert », finit-elle guère plus aimable.

L’autre homme se retourna et lui offrit son plus beau sourire. « Oui mon amour ? ». Il était plus vieux qu’elle –beaucoup plus vieux en fait- mais il portait ses années avec élégance et dignité. Si je devais n’avoir qu’un mot pour le décrire, je dirais qu’il était distingué. Et son sourire était aussi jeune que celui de sa femme.

« Rupert, voici Annalise Gordon, que ces deux crétins », elle lança un regard navré à Wesley et Liam, « ont abandonné sur le pas de la porte. Annalise, voici mon mari, Rupert Giles ».

Il me tendit sa main d’une manière courtoise et je la saisis, lui lançant un sourire timide, « Bonjour Mr Giles ».

« Bonjour Annalise. Sois la bienvenue chez nous. » Il avait un accent britannique, le même que Wesley. Il me désigna une chaise inoccupée et concentra à nouveau son attention vers ses deux autres visiteurs. Mais je ne fus pas mise à l’écart pour autant, au contraire. J’étais convaincue que j’allais être associée à ce qu’il allait se passer ensuite, quoiqu’il se passe… Ses amis m’avaient amenée jusqu’ici et sa femme m’avait accueillie comme si je les connaissais depuis toujours. Je m’assis sur la chaise ressentant une impression à la fois bizarre et agréable, et je glissai une jambe sous l’autre comme j’avais toujours l’habitude de le faire, consciente qu’un sourire béat et stupide éclairait mon visage.

Willow me jeta un regard entendu de satisfaction et s’assit aux côtés de son mari. Il lui prit la main machinalement et regarda Liam d’un air pensif, « Alors, que s’est-il passé pour que tu sois revenu à Sunnydale ? »

Pour moi, sa réponse ne parut être en aucun rapport avec la question posée, « Où est Buffy ? »

« Chez elle, pour autant que je le sache », répondit Willow confuse.

« Appelle-la ». Ce n’était pas une suggestion mais plutôt un ordre à exécuter.

« Attends un peu », protesta Giles d’une voix plus dure et menaçante, « tu ne peux pas débarquer après tout ce temps et exiger de telles choses ».

« S’il vous plaît Giles », intervint Wesley, « c’est important ».

Willow et son mari se regardèrent et elle acquiesça, « D’accord, je l’appelle ».

« Et pendant qu’elle téléphone, vous avez intérêt à m’expliquer ce qui se passe », finit Giles pendant que sa femme se leva et quitta la pièce.

Avant que quiconque eut la chance d’expliquer quoique ce soit, nous fûmes interrompus par l’arrivée d’une mini tornade. Elle se jeta sur Wesley d’un bond en poussant des cris de joie, et quand ce dernier l’immobilisa en la prenant par la taille, il s’avéra qu’il s’agissait d’une jeune fille avec les mêmes cheveux que sa maman et le même regard émeraude que son papa. « Salut oncle Wes ! » Elle l’enlaça peu consciente qu’elle était sur le point de perdre cette innocence et insouciance propres aux enfants. Je me rappelai bien qu’à l’âge de treize ans, j’avais décidé soudainement que j’étais trop âgée pour faire à présent des câlins, même à ma propre famille. Heureusement, après mes dix sept ans, je me rendis compte combien j’avais été stupide. Bien sûr, je pensais en ayant atteint mes dix huit ans que j’étais enfin une adulte -jusqu’à ce que je tombe sur deux démons dans une ruelle de Los Angeles.

Wesley lui rendit son câlin et la redressa pour la regarder dans les yeux, « Hey Aly », dit-il d’un ton chaleureux, « alors, comme ça va à l’école ? »

A ses côtés, Liam paraissait être sur le point d’exploser, et Mr Giles s’en rendit compte. J’eus l’impression qu’il était assez doué pour remarquer les choses Mr Giles… « Viens ici près de moi Aly », suggéra-t-il lui faisant de la place sur le canapé, « ton oncle Angel a quelque chose à nous dire ».

La gamine s’aperçut enfin de la présence de Liam. Et elle ne le salua pas avec le même enthousiasme qu’elle avait mis pour Wesley. « Oh », lança-t-elle tout en se blottissant contre son père. « Bonjour Angel », elle était assise sur le canapé, les jambes croisées, avec l’oreiller sur les genoux qu’elle avait prit pour s’asseoir, quand elle remarqua ma présence.

« C’est qui ça ? »

« Aly, vraiment ! », résonna la voix de Willow depuis l’entrée, « voici Annalise qui est une amie de Wesley et Angel. Annalise, cette petite coquine s’appelle Alianne ».

Elle me jeta un regard entendu et je lui souris en retour. Apparemment, il allait me falloir gagner la confiance de la jeune demoiselle.

« J’ai parlé à Buffy », dit Willow à Liam tout en s’asseyant à côté d’Alianne, « Elle arrive. Je ne lui ai pas dit que tu étais là, juste qu’il y avait un problème… »

« Bien, écoutons donc le problème en question », déclara Mr Giles fermement, « j’aimerais savoir ce qui vous amène ici avant que Buffy n’arrive, parce que », et à présent le ton de sa voix était si posé qu’un frisson me parcourut, « si je juge que ça va lui faire du mal, je préfèrerais que vous partiez avant qu’elle n’arrive ».

« Il y a un démon », commença Wesley.

« Un méchant démon ? », demanda Alianne curieuse et je fus surprise par le calme dans sa voix quand elle posa la question. Quel genre de gamine écoute une histoire de démon de la même manière qu’il vous raconte sa journée d’école ?

« Vraiment affreux », lui répondis-je, « avec des crocs, des griffes pointues et des yeux rouges ».

« Oooh », lança Aly satisfaite, « beurk ! »

« J’ai eu à faire à un couple de démons », déclara Liam qui put enfin aligné un mot dans la conversation, « Annalise a été prise à partie dans la bagarre. J’ai réussi à en tuer un mais l’autre s’est enfui. Wesley et moi avons passé la nuit entière et une partie de la matinée à chercher ce qu’ils étaient ».

« Et ? », souffla Mr Giles.

« Ce sont des démons Antara », répondit Wesley.

Mr Giles réfléchit un instant puis secoua la tête, « Jamais entendu parlé ».

« Nous non plus », avoua Liam, « Wes les a finalement trouvés dans le Caliastri Compendium ».

« Wow », commenta Willow, « obscur et plutôt mauvais signe ».

« Très mauvais signe », ajouta son mari, « Et tu en as tué un seulement. Je parie que tu es là à cause du deuxième ? »

Liam se contenta d’acquiescer et ce fut Wesley qui poursuivit, « Il se trouve que les démons Antara sont des assassins. Ils chassent toujours en couple et il se trouve qu’ils ont des sentiments affectifs. Si l’un des deux est tué, l’autre abandonne la victime initiale pour s’en prendre à une cible précise qui est la personne que son meurtrier, en l’occurrence Angel, aime profondément ».

« Oh », dit Willow tellement doucement que ce fut presque un murmure, « Oh. Et tu es ici. C’est Buffy, c’est ça ? C’est toujours Buffy… »

Liam haussa les épaules, « Ca a toujours été Buffy. Je ne l’ai pas vu et je ne lui ai pas parlé depuis dix ans, mais oui, c’est toujours Buffy ».

« Je suis désolée », déclara Willow de sa même voix douce.

Liam haussa encore à moitié les épaules et secoua la tête, « Ne le sois pas. Je ne le suis pas. Enfin, pas vraiment. Je… », il secoua encore la tête, « Elle a juste besoin de savoir ce qui l’attend ».

« Apparemment, tu as tué le premier démon sans trop de difficulté », commenta Mr Giles, son ton froid voire glacial était à présent remplacé par une compassion bienveillante que je ne compris pas. « Buffy ne devrait pas avoir trop de mal avec le second ».

« Le démon survivant s’octroie la force et l’intelligence de celui qui a été tué », déclara Wesley rapportant les faits. « Apparemment, c’est quelque chose qui a un rapport avec l’affection qui s’est liée entre le couple. Même Buffy pourrait avoir besoin d’aide avec le démon survivant. »

Au fur et à mesure que la conversation progressait, les yeux d’Alianne s’agrandissaient par là-même. « Tata Buffy est-elle en danger ? », demanda-t-elle. « Je ne veux pas qu’elle soit blessée comme la dernière fois… »

« La dernière fois ? », répéta Liam qui se leva à moitié de son siège ne tenant pas en place, « Quelle dernière fois ? »

« Je ne vais pas être blessée Aly », retentit une voix nouvelle derrière moi, « Je n’avais pas fait assez attention la dernière fois. Ca ne se reproduira plus. »

Liam était pétrifié, il s’était à moitié levé et ne pouvait détacher son regard de la femme qui venait d’entrer dans le salon. Je me retournai sur ma chaise et je l’aperçus qui regardait Liam en retour, la même expression que ce dernier sur son visage. Elle était plus petite que je ne l’aurais pensé après avoir entendu la description qu’on m’avait fait d’elle au travers des conversations, elle était un peu plus petite que moi mais je n’étais pas très grande moi-même. Elle avait les cheveux blonds, de grands bleus expressifs et un corps athlétique. Je ne sus absolument pas dire quel âge elle pouvait bien avoir. Elle paraissait plus jeune que son amie Willow et pas beaucoup plus vieille que moi, quelque part entre nous deux finalement… Et j’eus ce sentiment soudain et instinctif que j’allais l’apprécier si jamais elle m’en donnait l’occasion.

Mais pour le moment, elle ne semblait même pas s’être rendue compte que j’existais. Toute son attention était focalisée sur Liam qui était resté aussi immobile qu’elle.

Finalement, elle fut la première à bouger, brisant l’instant magique et soupirant longuement tout en murmurant un simple mot, « Angel. »

Ce simple mot fut comme une libération pour Liam qui se redressa et lui adressa un sourire qu’il ne put contenir. Ce sourire illumina la pièce et il nous toucha également bien que Liam avait complètement occulté notre présence, « Buffy. »

Juste pour un court instant, son sourire éclaira ses yeux, et la pièce semblait rayonner rien que par leurs présences combinées. Puis, elle prit une profonde inspiration et rompit le contact visuel. Ses mains tenaient la poignée de la porte en guise de soutien, et le lien magique entre eux fut rompu. A la place, elle lui jeta un regard désapprobateur en fronçant les sourcils.

« Qu’est-ce que tu fais là ? », demanda-t-elle d’un ton brusque.

« Tu as l’air d’aller bien », lui dit-il ne répondant pas à la question, « Très bien en fait. Très… euh… ». Il la regarda à nouveau mais il la regarda vraiment cette fois. « Très jeune. »

Quelque chose d’indescriptible passa sur son visage, mais elle ne le laissa pas transparaître et lui lança à la place un regard empli d’une totale indifférence. « Tu ne pouvais pas dire mieux », répondit-elle remarquant sa pertinence.

« Ah oui… », intervint Mr Giles empêchant cette non-conversation de se poursuivre. « Il se trouve que Buffy vieillit plus lentement que la normale. Nous ne savons pas vraiment l’expliquer, mais comme elle est la Tueuse qui a vécu le plus longtemps jusqu’à maintenant, il n’y a pas de précédent et on se trouve complètement sur un terrain inconnu ».

Buffy haussa les épaules. « C’est un truc de Tueuse. Depuis quand tous ces trucs sont censés avoir un sens ? Je pense qu’ils doivent vouloir me garder en forme ou quelque chose comme ça. »

Mr Giles fronça les sourcils presque involontairement comme s’il s’agissait d’une vieille habitude chez lui. « Buffy, je suis sûr qu’il y a une raison. C’est peut-être un moyen de conserver ton expérience intacte aussi longtemps que possible. Après tout, les Tueuses de la lignée de Kendra continuent à être appelées pour se battre et mourir. Tu as peut-être pour mission de garder cette lignée vivante encore un peu. »

Un nuage sembla voiler et assombrir son visage, comme si ses mots trouvaient un écho en elle et lui rappelaient de mauvais souvenirs, une série de mauvais souvenirs dont elle ne semblait pas pouvoir s’échapper.

« C’est quoi une Tueuse ? », lâchai-je dans le silence avant de souhaiter que le sol s’ouvre sous mes pieds et m’engloutisse alors que tout le monde s’était tourné pour me dévisager.

Finalement, Buffy s’aperçut enfin de ma présence et elle me lança un regard pénétrant qui me fit souhaiter encore plus fort que le gouffre en dessous de mes pieds fasse son apparition. « Qui es-tu ? »

« Voici Annalise », intervint Willow venant rapidement à ma rescousse. « Elle a été prise à partie alors qu’Angel combattait un démon la nuit dernière. »

Une expression qui ressemblait à de la pitié traversa son visage et elle fit un effort pour me sourire. Ce fut une tentative vaine mais elle mérita quand même des points pour cet effort, et elle me parut un peu plus humaine qu’auparavant. « Un peu effrayant la première fois, hein ? » Elle parut s’évader un instant, « Je me rappelle… »

« Bref », déclara Mr Giles d’une voix compréhensive témoignant de toute la richesse de son expérience.

Il semblait être son point d’ancrage dans sa vie, ce lien qu’elle semblait avoir perdu quand elle avait franchi le salon de sa meilleure amie pour y découvrir Liam. Elle sourit à nouveau mais cette fois, un sourire large jusqu’aux oreilles. « Je suis une Tueuse de vampires, Annalise. En fait, je suis la Tueuse de vampires. Il y a cette prophétie et tous ces trucs, mais pour faire simple, disons que je rôde et que j’enfonce des pieux dans le cœur des morts vivants pour les transformer en poussière. »

« Oh », dis-je faiblement. « Je vois. » Puis, lentement, j’enregistrai tout ce qu’elle venait de dire. Ca n’avait pas plus de sens que tout ce que je venais de vivre depuis hier mais je réalisai finalement que ça n’avait pas d’importance. Bien que ça n’avait aucun sens, l’évidence était là et tout ce que j’avais vécu était bien réel et rien n’était inventé. Si Buffy disait qu’elle était la Tueuse de vampires, ce n’est pas moi qui allais la contredire, qui étais-je pour discuter un tel fait ? « Il y a des vampires, aussi bien que des démons ? », demandai-je me donnant encore une dernière chance et espérant que l’on me dise que tout ça n’était qu’une sombre plaisanterie, même si je savais pertinemment qu’on avait dépassé ce stade.

Willow acquiesça. « Et des sorcières, des envoûteurs et… et des loups garous, et toutes sortes de bestioles maléfiques qui surgissent au cœur de la nuit ». Elle jeta à son ami un regard empli de fierté. « Buffy protège tout le monde contre les méchants. »

« Comme Liam », dis-je réalisant qu’on venait d’entamer un sujet qui m’était quelque peu familier. J’avais bien eu une première expérience dans le domaine, non ?

« Liam ? », répéta Buffy le regardant d’un air amusé. Liam se contenta de lui lancer le même regard et elle haussa les épaules. « Peu importe. Pourquoi es-tu ici de toute manière ? »

« Un démon », rapporta Mr Giles voyant que personne ne répondait à Buffy, « Angel en a tué un à LA et il y en a un autre qui est à ta poursuite. »

Elle regarda Liam. « Tu n’as pas entendu parler de cette petite invention que l’on a appelé le téléphone ? Tu parles dedans et tu peux dire aux gens comment tuer les démons sans même à avoir à te déplacer de chez toi. »

« Je suis venu t’aider », dit-il d’un ton ferme, « Je suis responsable de tout ça. »

Buffy resta bouche bée pendant un instant, puis son regard se durcit et la soudaine peine dans sa voix m’inquiéta. « Attends une minute ! », lui lâcha-t-elle, « Tu as décidé qu’il était finalement temps de venir me voir et tu n’as rien trouvé de mieux que de m’envoyer un démon ! Et tu as fait ça pour que je te sois reconnaissante de l’aide que tu vas m’apporter ?!, parce que je te le dis tout de suite, n’y compte pas ! Tu n’as jamais entendu dire que ça se faisait d’envoyer des fleurs à une fille ? » Elle reprit sa respiration. « Bien sûr que non. Les fleurs sont dépassées de nos jours, les démons c’est ce qui se fait de mieux, c’est plus ton style, n’est-ce pas ? »

« C’était un accident », souligna Wesley venant à la rescousse de son ami.

« Il ne savait pas qu’en tuant le premier démon, le deuxième s’en prendrait à toi », ajouta Mr Giles.

« Il est après toi uniquement parce qu’Angel t’aime », lâcha Willow en même temps qu’elle couvrit sa bouche de ses mains, le visage devenant de la même couleur que ses cheveux et souhaitant être sur le champ foudroyée ou crucifiée.

Buffy se calma et regarda Liam comme s’il venait de se changer en crapaud. Ou peut-être est-ce le crapaud qui venait de prendre la forme d’un prince…

Il regarda par terre et dit doucement, « Je n’ai jamais cessé ».

« Tu m’as mentie », déclara Buffy d’une voix aussi posée que la sienne et je me demandai si elle avait réalisé qu’on était toujours dans la pièce.

« J’ai pensé que ça valait mieux pour toi », expliqua-t-il d’une voix presque inaudible cette fois.

« Oooh ! », explosa Buffy, furieuse à nouveau, « Tu aurais… ». Avec un effort visible, elle ne finit pas sa phrase et se dirigea vers la porte. « Je m’en vais à la recherche du démon. Je crois que j’ai besoin de tuer quelque chose. »

Liam se leva, « Je viens aussi. »

Elle le regarda alors qu’il s’apprêtait à la suivre, « Oh non, tu ne viens pas. »

Il ne répondit pas et resta là où il était en silence. Finalement, elle soupira, « Je ne vais pas réussir à me débarrasser de toi, hein ? Si j’y vais sans toi, tu vas me suivre… »

« Je sais comment le tuer », proposa-t-il, « J’ai des armes dans la voiture. »

Elle soupira à nouveau, « D’accord alors. Viens. »

Les yeux de Liam s’illuminèrent alors qu’il savourait sa soudaine victoire, mais heureusement pour lui, Buffy était déjà dans l’entrée et elle ne le vit pas. Il la suivit et quelques instants plus tard, on entendit la porte se refermer derrière eux.

Wesley poussa un long soupir de soulagement, « Bien, ça s’est mieux passé que je ne l’aurais cru. »

« Oui hein, n’est-ce pas ? », acquiesça Mr Giles. Il jeta à sa femme un profond regard d’exaspération, « Willow, est-ce que tu avais vraiment besoin de dire ça ?! »

« Je n’ai pas voulu », répondit-elle d’une petite voix, « C’est juste sorti comme ça. Quand je suis nerveuse, je parle plus vite qu’il ne le faudrait… Tu le sais, Rupert. »

Il passa une main dans ses cheveux d’un geste familier et amoureux, probablement une vieille habitude. « Je sais », lui sourit-il, « Et la plupart du temps, je trouve ça vraiment adorable. Mais parfois… »

« Je sais », avoua-t-elle d’un air malheureux, « Parfois, c’est un désastre. »

« Est-ce que tata Buffy est en colère contre maman ? », demanda tout à coup Alianne, « Ou est-ce qu’elle est en colère contre Angel ? » Elle fronça les sourcils alors qu’elle y réfléchissait davantage, « Ou est-ce qu’elle est juste en colère contre tout le monde ? Est-ce qu’elle est en colère après moi ? »

Willow passa les bras autour de sa fille pour lui faire un câlin. « Elle a eu comme un choc, mon cœur. Et j’ai dit quelque chose de vraiment stupide qui n’a rien fait pour aider. Mais non, je ne pense pas qu’elle soit réellement en colère contre quelqu’un. Elle n’est certainement pas en colère contre toi. »

« Est-ce que l’amour est stupide ? », demanda Aly.

Son père soupira doucement, « Non, Aly, l’amour n’est pas stupide. Mais parfois, l’amour rend les choses très compliquées. »

« Et ça », déclara Wesley sur un ton ironique, « C’est le moins qu’on puisse dire ! » Il se leva paraissant soudain gauche et maladroit. « Apparemment, nous n’allons pas retournés à LA ce soir. Giles, est-ce que Annalise peut rester avec vous et Willow ? Angel et moi allons trouver quelque chose quelque part, mais je pense qu’elle serait mieux ici. »

Willow se leva à son tour. « Ne sois pas ridicule Wesley », dit-elle d’un ton vif, « Vous pouvez tous rester ici. Si ça ne vous embête pas de partager, toi et Angel pourrez prendre la chambre d’ami. Et Annalise peut partager avec Aly pour la nuit ». Elle me regarda, « Si ça ne te dérange pas. »

Je secouai ma tête, « Ca ne me dérange pas. » Me rappelant comment j’étais à son âge, j’eus la présence d’esprit de rajouter, « Si c’est d’accord pour toi Alianne ? »

Elle y pensa un instant prenant tout le temps et la considération nécessaires et confirma, « C’est d’accord. »

« Bien », déclara Willow d’un ton décisif, « Qu’est-ce que vous diriez de quelques gâteaux dans la cuisine ? Puis, je vais aller déplier le lit d’appoint pour Annalise et … » Elle fixa sa fille avec un regard maternel de supériorité, « Il est temps d’aller te coucher jeune demoiselle. »

« Oh, mais… », protesta automatiquement Aly. J’étais de tout cœur avec elle. Je n’aurais pas aimé qu’on m’envoie au lit à ce stade des événements non plus. J’aurais pu rater quelque chose.

« On avait un accord Aly », lui rappela Mr Giles, « Tu te couches de bonne heure ce soir pour pouvoir aller camper avec Dara et sa famille demain. »

Elle fit la plus mauvaise mine que je n’avais jamais vu –le genre que maman me faisait m’avertissant que les choses étaient sur le point de dégénérer- et elle réfléchit un instant. « Ok », soupira-t-elle finalement. « Mais je peux avoir des cookies et du chocolat d’abord, hein ? »

« Oui », sourit Willow l’entraînant vers la cuisine, « Et une tournée de cookies et chocolat, une ! »

« Je vais chercher nos sacs dans la voiture », proposa Wesley.

Vingt minutes plus tard, nous étions tous attablés autour de la table de cuisine des Giles nous régalant de cookies au chocolat fraîchement préparés et disposés sur une grande assiette. Alianne et moi buvions du chocolat, Willow du café, et Wesley et Mr Giles du thé dans de fragiles petites tasses provenant d’un service chinois. Apparemment, il était plus facile d’extraire un anglais d’Angleterre que l’Angleterre d’un anglais !

C’était le moment le plus normal et banal que je connaissais depuis que j’avais mis les pieds en Amérique. Pas de discussion sur les démons, monstres, ou vampires. Pas de commentaires bizarres et compliqués sur des choses que je ne comprenais pas. Pas d’émotions larmoyantes qui pouvaient contaminées tout le monde dans les alentours. J’étais soudainement redevenue Annie comme Annalise, et j’appelais Mr Giles simplement Giles ce qui semblait lui convenir davantage et l’embarrassait nettement moins. Willow s’était moquée de lui à ce sujet et lui avait dit que c’était parce que personne à part son dentiste ne l’appelait plus « monsieur » depuis vingt ans.

Je me mis à parler de chez moi, expliquant que j’étais née aux Etats-Unis et que mes parents avaient déménagé en Nouvelle Zélande alors que je n’étais encore qu’un bébé, et qu’ils avaient apprécié le pays et y étaient donc restés. Je me mis à parler de notre ferme, de mes parents et de notre famille d’Amérique que je n’avais pas revue depuis mes dix ans. Alianne nous parla de son projet de camping du lendemain et je la fis rire en lui racontant ma mésaventure (heureusement une petite mésaventure) alors que j’étais tombée dans une cascade lors d’une randonnée avec l’école. Elle trouvait le concept de sortie scolaire un peu bizarre et ses yeux devinrent ronds comme des billes quand son père expliqua, comme s’il s’agissait d’un secret honteux, qu’il avait lui-même fait des sorties scolaires en Angleterre.

« C’était dans le temps », ajouta Willow en pouffant alors qu’elle ramassait la tasse vide de sa fille. « Toi et moi Aly, nous allons bien ensemble. On est les seules à être à peu près normales ici. Je suis prête à parier que Wesley faisait aussi des sorties scolaires. C’est un truc d’Observateur. »

« C’est vrai Oncle Wes ? », Alianne lui jeta un regard incrédule.

« C’est vrai », concéda-t-il, mais sa mine était tendue et il ne voulait vraisemblablement pas en dire plus.

Willow lui lança un regard qui soulignait le fait qu’elle était désolée, et elle changea de sujet de conversation. « L’assiette est vide Aly », déclara-t-elle fermement, « C’est l’heure d’aller au lit. »

Aly se plaignit allègrement mais elle suivit sa mère à l’étage sans faire davantage d’histoire. Wesley s’éclipsa pour consulter un livre dans la bibliothèque de Giles –qui n’était pas une chambre d’ami mais qui était assez grande pour faire une pièce à elle seule – ce qui nous laissa seuls Giles et moi.

« Pourquoi est-ce que nous n’irions pas nous asseoir ? », suggéra-t-il, « Et j’essaierai de répondre aux quelques questions que tu meurs d’envie de poser. »

« Est-ce que vous faites ça souvent ? », demandai-je en même temps que je le suivais dans le salon.

« Quoi ? », il parut perplexe ce qui me fit rire.

« Lire dans les pensées des gens ? Leur raconter des histoires de vampires ? Aucun des deux ? Ou les deux ?… »

Il parut un peu surpris. « Après les vingt quatre dernières heures passées, tu pourrais passer pour une jeune femme peu ordinaire si tu n’avais pas toutes ces questions à poser. Et puis, j’ai été désigné comme le type qui répond aux questions depuis longtemps. » Il fronça les sourcils un instant. « A moins que je sois le type qui lit des livres… Connaissant Alex, j’imagine que ça aurait été les deux. Et non, d’habitude, on essaie de convaincre les gens que tout ce qu’ils ont vu n’était pas réel. Mais je ne pense pas que ça va marcher avec toi. »

« Moi non plus », répondis-je songeuse alors que je m’installai dans un des fauteuils. « Je veux dire, c’est sûr qu’il serait plus facile de prétendre que rien n’a changé. Mais je ne pense pas en être capable. »

Il s’appuya contre le sofa et me lança un sourire pleins d’encouragements, « Alors, demande… »

Je ne sus pas par quoi commencer, et je me sentais un peu confuse. Il y avait tellement de choses que je voulais qu’il m’explique que je ne savais pas par où commencer. Et c’est alors que je me rendis compte que tous ces trucs à propos des démons, sorcières, vampires, et Tueuse de vampires pouvaient attendre. Il y avait quelque chose que j’avais besoin de savoir avant tout.

« Est-ce qu’il s’appelle réellement Angel ? »

Giles parut surpris, comme si il s’attendait à ce que je lui demande tout sauf ça. Mais il acquiesça, « Oui. Mais maintenant, il semble plus enclin à ce qu’on l’appelle Liam, enfin c’est le nom qu’il donne quand on le lui demande… C’est comme ça qu’il s’appelait au début et je pense qu’il se sent en paix à présent avec son passé ce qui l’autorise à s’identifier à la personne qu’il était et non plus à celle qu’il est devenu. »

« Je ne comprend pas », avouai-je confuse.

Il me regarda attentivement et dit d’une voix douce, « Angel est un vampire. »

Je le regardai en retour. « Je croyais que les vampires étaient mauvais », dis-je d’un air déconcerté. « Et Buffy les tue, non ? Comment peut-il être un vampire ? » Après tout, c’était plutôt logique. Toutes ces choses bizarres que je n’avais qu’inconsciemment noté prenaient tout à coup un nouveau sens au lieu de rester simplement bizarres… Les grands rideaux, l’absence de miroirs, le soin qu’avait pris Wesley pour nous faire quitter LA qu’après la tombée de la nuit. La façon qu’il avait attendue avant que Willow ne l’invite à entrer. Et même les quelques blagues que je n’avais pas compris prenaient une autre dimension maintenant.

« Quand une personne est changée en vampire, elle meurt », expliqua Giles, « Le démon s’empare du corps et efface les souvenirs, toute trace de la personnalité originale. L’âme s’échappe et le démon reste une créature du mal sans conscience, ni remord. »

« Liam ? ». Peut-être qu’après tout, les choses n’avaient pas autant de sens que je ne voulais le croire. Liam n’était pas comme ça. Il n’était pas comme ça du tout.

« Angel », acquiesça Giles, « Angel est différent car il a une âme. Il y a environ un siècle de ça, il a été maudi par un clan de bohémiens. Après qu’il ait tué une des filles du clan, ils lui ont rendu son âme en guise de punition. »

« Mais ça veut dire que… », commençai-je alors que toutes les pièces s’emboîtaient à présent les unes dans les autres.

Giles confirma mes craintes. « Angel a commis de terribles choses. » Il s’arrêta un instant, faisant craquer inconsciemment ses doigts, avant de poursuivre d’une voix posée. « En récupérant son âme, il a aussi récupéré une conscience et depuis, il essaie d’expier ses fautes en se rachetant. » Il esquissa un sourire. « Je t’ai fait une version courte bien évidemment. Si tu veux la version longue, il faudra que tu la demandes à Angel lui-même. Ou alors, à Buffy. »

Je fus soudain prise de panique à l’idée de poser ma prochaine question. Celle qui m’avait fait faire pratiquement le tour de la planète. Je ramassai mon sac de sur le sol et fouillai dedans avant d’en sortir la carte en piteux état. Je la tenais dans ma main et hésitai sur le fait de la remettre ou non, plus tout à fait sûre d’être préparée aux réponses… Dans le calme et avec une patience infinie, Giles attendit que je me décide.

Finalement, je lui tendis, « Est-ce que c’est lui ? », demandai-je, « Parce que si je suis venue en Amérique, c’est parce que je suis à la recherche de ces gens. »

Il y eut un long, très long silence alors que Giles tenait la carte lisant et relisant les mots qui y étaient inscrits. « Où as-tu eu ça ? », demanda-t-il finalement me regardant à nouveau.

« Je… », commençai-je en bégayant. Je pris une profonde respiration avant de reprendre, « J’ai été adoptée », dis-je trouvant tout à coup cette phrase très difficile à prononcer alors que jusqu’à maintenant, je ne m’en étais jamais souciée. « Je l’ai toujours su. Papa et Maman ne me l’ont jamais caché. Et ça ne m’a jamais posée de problème, je n’ai jamais eu besoin de rechercher mes parents biologiques à tout prix. »

Le regard bleu profond d’une petite fille de cinq ans m’apparut un instant, et je pus entendre cette petite voix curieuse à nouveau. « A la fin de mes études, mon ancienne institutrice m’a demandée de venir parler de l’adoption en classe. Elle pensait que j’étais la personne idéale pour venir parler de ce sujet. Et il y avait cette petite fille dans la classe… Elle m’a demandée si je ne voulais pas retrouver mes parents. Et tout à coup, pour la première fois de ma vie, j’ai réalisé que si, je le voulais. »

Giles était resté silencieux. C’était quelqu’un qui savait écouter et il avait attendu patiemment que je finisse mes explications m’écoutant attentivement et d’une manière vraiment intéressée. Et cet intérêt qu’il me portait avait fait que je m’étais mise à parler pour finalement dire tout haut ce que personne n’avait jamais entendu jusqu’à maintenant. « Je ne suis pas juste adoptée. J’ai été trouvée aussi. Il n’y a aucune archive nulle part pour dire qui je suis et d’où je viens. Et cette carte est tout ce qui me reste, avec deux autres choses. Ce sont les seules choses que j’ai qui peuvent me dire qui je suis. »

Je me mis à rougir, un peu embarrassée. « Alors, j’ai fait quelque chose de vraiment stupide. Mes parents pensent que je suis déjà avec mon oncle et ma tante. Ils croient que je suis toujours en Nouvelle Zélande. Alors, j’ai une semaine pour trouver l’adresse qu’il y a sur la carte. » Je haussai les épaules, « Mais, ça ne m’aide pas beaucoup. »

« Ces bâtiments étaient affreux », commenta Giles, « Je les ai vus. Le building que tu recherches a été détruit en l’an 2000, ils l’ont fait sauter. »

« Détruit ? », répétai-je avant de m’arrêter de peur de m’éparpiller. Cette histoire pouvait attendre.

« Détruit », confirma Giles, mais il était évident qu’il n’avait pas envie de s’étendre lui aussi. « Tu demanderas à Wesley ou à Angel ce qui s’est passé un autre jour ». Son visage prit une expression amusée, « Ou à Cordélia quand tu la rencontreras. Elle a une vision particulière des choses qui se passent. »

Tout le monde ici semblait avoir une vision particulière des choses. Bien sûr, ils étaient tous uniques en leur genre, et à côté d’eux je me sentais extraordinairement normale et banale.

Je récupérai mon sac là où Wesley l’avait laissé, à côté d’une chaise, et je me mis à fouiller à nouveau dedans pour en sortir Markie de l’endroit où il avait l’habitude de se cacher –dans mes chaussettes-. Je le posai sur la table basse et je fus surprise quand je me rendis compte quel petit cochon tout abîmé il était devenu. Je l’avais aimé pendant toute ma vie, il avait été là pendant toute mon enfance m’aidant pendant les premiers mois difficiles d’école, m’accompagnant dans ma quête folle à Los Angeles et s’embarquant avec moi pour Sunnydale. Tant de choses de ma vie avait été investies dans ce cochon aussi usé que rapiécé.

« Objet numéro deux », dis-je essayant de paraître désinvolte.

Giles parut à peine surpris. « Quelle est la troisième chose ? », me demanda-t-il alors que sa voix se brisait.

Les battements de mon cœur s’accélérèrent et ma respiration devint irrégulière. Il savait. Il connaissait les réponses et tout à coup, je fus terrifiée à l’idée de les connaître. Le bonheur se trouve parfois dans l’ignorance, dit-on. Je n’avais pas compris cela auparavant, mais maintenant je me trouvais au bord d’un précipice et si jamais je faisais un pas de plus, je savais que ma vie ne serait jamais, plus jamais, la même. Elle serait peut-être meilleure ; elle serait peut-être pire et je ne pourrais le savoir qu’en franchissant le pas. Mais elle serait de toute évidence différente.

Je regardai mes mains pendant un long moment, puis doucement, je fis glisser la bague que je portais et je la lui donnais, « Ca », répondis-je simplement. « Ca… »

Giles avait pali alors qu’il tournait et retournait la bague entre ses doigts. J’entendis un petit cri étouffé et je me retournai pour voir Willow qui se tenait en bas des escaliers, Wesley derrière elle. Je me demandai depuis combien de temps ils pouvaient bien être là car je ne les avais pas entendus revenir. Bien sûr, un troupeau d’éléphants aurait très bien pu traverser le salon que je n’aurais rien remarqué. Je regardai à nouveau Giles, qui retournait encore et toujours la bague entre ses doigts, comme si tout à coup, tout et rien à la fois n’avait de sens, ou peut-être bien les deux.

« Vous connaissez les réponses à mes questions, n’est-ce pas ? », déclarai-je doucement.

Il y eut un long silence. « Oui », admit-il à contrecœur, « Mais Annalise, ce n’est pas à moi de te les donner. »

« Qui alors ? », demandai-je surprise de la tristesse et du désespoir qu’il y avait dans ma voix.

Il ferma les yeux un instant, à la recherche d’une force enfouie au plus profond de lui, et quand il les rouvrit, il me regarda dans les yeux. « Je te promets Annalise que tu auras les réponses que tu cherches. Demain, d’accord ? Après qu’Aly soit partie, je ferai venir tout le monde ici et on pourra en discuter. »

Je dus paraître suspicieuse car Willow s’approcha et me dit doucement, « Rupert tient toujours ses promesses Annie. Je ne sais pas ce qu’il sait que nous ne savons pas, mais si il dit que tu vas avoir tes réponses, il fera en sorte que tu les aies. »

Giles adressa à sa femme un sourire reconnaissant, « Ce n’était pas mon secret mon amour, je ne pouvais pas t’en parler. Si ça avait été mon secret, tu l’aurais su. Mais ce n’était pas le cas. »

Elle se pencha et l’embrassa. « Je sais ça gros bêta », dit-elle amoureusement. « Mais tu sais qu’à présent, je suis plus que curieuse. Je pourrais être présente lors de cette discussion, non ? »

Giles se mit à rire, « Oui, je le pense. Je dois juste en toucher un mot à quelqu’un tout d’abord. »

« Qui ? », demanda-t-elle alors qu’il secoua la tête et se mit à rire à nouveau.

« Oh non, tu ne vas pas me faire cracher le morceau si facilement. »

Willow soupira. « Ca valait le coup d’essayer. Annalise, est-ce que tu veux que je te montre ta chambre à présent ? »

J’acquiesçai à l’idée merveilleuse d’un lit et d’un bon petit somme avant d’être submergée par les informations. Demain allait bientôt m’en fournir suffisamment. J’avais attendu pendant dix huit ans. Je pouvais bien attendre encore un petit peu.

Je remis la carte Angel investigations dans mon sac, pris Markie sous un bras et ramassai mon sac. Giles me rendit solennellement ma bague et j’essayai maladroitement de la remettre à mon doigt, la tâche se trouvant difficile vu mes bras encombrés. Willow vint à ma rescousse et elle prit mon sac pendant que je remis ma bague souhaitant une bonne nuit à Wesley et à Giles avant de suivre Willow.

Alors que nous étions en bas des marches, j’entendis Wesley demander, « Alors Giles, que savez-vous de la prophétie des pierres ? »

« Celle de Belzara, n’est-ce pas ? », répondit Giles qui s’anima.

« C’est trop tôt aussi », acquiesça Wesley. « Elle fait partie du premier volume des prophéties encore existantes. »

« Les Observateurs ! », marmonna Willow à la fois sur un ton exaspéré et rempli d’affection.

« C’est quoi un Observateur ? », demandai-je tout en la suivant dans les escaliers.


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MessagePosté le : 11 Oct 2003 15:30
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-5ème partie-


Alianne se réveilla bien avant moi. Et bien qu’elle essayait d’être la plus silencieuse possible, c’était quelque chose qui s’avérait être impossible quand on était âgé de douze ans. Je le savais. Je m’en rappelais. Quand finalement, je trouvai la force d’ouvrir les yeux et de les garder ouverts, je la trouvai assise sur le lit, habillée, en train de me regarder.

« Bien, au moins tu ne ronfles pas », me dit-elle en guise d’un bonjour conventionnel.

Mes douze ans n’étaient pas si loin que ça et je savais bien que la crise allait passer, il suffisait de se montrer patient. « Merci », répondis-je solennellement, « Je me suis entraînée à ne pas respirer quand je dors. Il n’y a rien de mieux contre les ronflements. »

Elle me regarda interdite avant de me sourire timidement. « Est-ce que tu es réellement une ballerine ? », me demanda-t-elle curieuse et je me rendis compte que je venais de réussir le test. Elle était disposée à me donner une chance de devenir son amie, et je fus plus que ravie par cet honneur.

« Non », je me relevai pour prendre une position assise, « Mais je suis une danseuse classique. Je ne fais pas de concours, je danse juste parce que j’adore ça. »

« Maman et Papa vont m’emmener voir La Belle au Bois Dormant à Los Angeles pour mon anniversaire. Nous allons rester avec Oncle Wesley, faire les boutiques, boire du thé et tout ça », soupira-t-elle soudainement. « Je voulais faire de la danse classique, mais Maman dit que je suis trop étourdie. Et elle dit que j’ai le pouvoir d’être une sorcière comme elle et que si je n’apprend pas à contrôler mes pouvoirs, je risque de faire des choses que je ne voudrais pas et que ça peut être dangereux. »

« Tu sais, il faut être consciencieuse pour être une danseuse », dis-je d’un air solennel, décidée à ne pas mentionner le fait que j’étais étourdie aussi, ou le fait qu’en général, sorcière est mentionnée par les parents en bas de la liste des carrières possibles pour leur fille. Bizarrement, la révélation selon laquelle Willow était une sorcière ne me surprit pas du tout. Durant ces deux derniers jours, j’avais aidé à tuer un démon, rencontré un vampire (avec une âme), une Tueuse de vampires, deux Observateurs. Pourquoi ne pas ajouter une sorcière ou deux à ma collection spéciale de nouvelles découvertes ?

« Est-ce que tu t’entraînes tous les jours ? »

« J’essaie », lui répondis-je, « Parfois, je ne peux pas, mais j’essaie. »

« Comme Tata Buffy », déclara Alianne songeuse, « Sauf qu’elle, elle combat des trucs. Parfois, elle me laisse regarder. Est-ce que je pourrais te regarder ? »

Je l’observai plus précisément. Elle était assez fine, comme sa mère avec une force insoupçonnée qu’elle avait probablement hérité de son père. Elle était mince et à la façon dont elle était assise sur le lit, dans une position classique de yoga, je devinai qu’elle devait être très souple aussi. Willow et Giles devaient probablement avoir un jardin avec de la pelouse et je me dis qu’elle pourrait très bien apprendre quelques positions de base et faire quelques étirements. « Que dirais-tu d’une première leçon non officielle ? », lui demandai-je, « Et après La Belle au Bois Dormant, si tu as vraiment envie d’essayer, tu pourrais en parler à nouveau à ta Maman. »

« C’est dans deux longs mois », soupira-t-elle à nouveau, puis son visage s’illumina. « Mais tu pourrais en parler à Maman pour moi. »

« Commençons déjà par le leçon », dis-je rapidement sachant mieux que personne qu’il valait mieux ne pas prendre position dans de vieilles querelles familiales.

Elle parut un peu déçue mais elle me sourit quand même, « Ok, qu’est-ce que je dois mettre ? »

Après quelques faux départs, Alianne se révéla être une élève douée ce qui était plutôt une bonne chose vu que j’étais pas sûre du tout d’être un bon professeur. Evidemment, les bases étaient les bases, mais on me les avait enseignées il y a tellement longtemps que je ne me les rappelais plus bien. Comment placer mes pieds, mes bras… Je faisais tout tellement automatiquement que les enseigner était plutôt difficile. Et en essayant de les expliquer à Aly, je me rendis compte que j’avais tout oublié.

Mais avec de la persévérance et après quelques chutes et faux pas, Aly réussit à tenir la position de base, les talons collés et les doigts de pieds vers l’extérieur. Aidée de ses bras, elle parvint doucement à trouver son équilibre et je pus lui apprendre les positions classiques des bras également. Elle était, je pense, dotée d’un talent naturel suffisant pour envisager de prendre des leçons, mais c’était à elle et à ses parents d’en décider et pas à moi, et je me gardai bien de le lui avouer me contentant de la féliciter et de l’encourager à chaque nouvelle position réussie.

Je n’avais pas l’intention de lui apprendre davantage que les positions de base, mais je savais qu’elle finirait par s’ennuyer alors je décidai de lui apprendre pour finir à faire une révérence et comment marcher sur les pointes avant de reposer les talons sur le sol. Solennellement, nous nous fîmes réciproquement des révérences et elle me sourit alors qu’elle se mit à marcher dans le jardin en faisant attention de garder une posture droite et des pas glissés comme je le lui avais appris.

Derrière moi, j’entendis un petit rire et je me retournai pour y découvrir Willow en train de nous regarder. « Tu réalises bien qu’on n’a pas fini d’en parler à présent, n’est-ce pas ? »

« Oh », m’excusai-je, « Je suis désolée. Seulement, je… »

Elle secoua la tête, « Ca va. Rupert et moi avons décidé de la laisser prendre des cours. Ne lui dis pas, ça fait partie de ses cadeaux d’anniversaire. »

« Comme La Belle au Bois Dormant et le shopping à LA », dis-je.

« Tu as entendu parler de tout ça ? », demanda-t-elle dans un éclat de rire.

« En détail », acquiesçai-je.

Elle me sourit à nouveau avant d’appeler sa fille. « Aly ! Viens. Il est temps d’aller faire tes bagages ou tu ne seras pas prête quand Dara viendra te chercher. »

Aly releva la tête et avec une grande concentration, elle se dirigea avec précaution vers nous. Elle avait naturellement une bonne posture et devrait plutôt bien s’en sortir si elle décidait de faire du ballet. « Tu as vu Maman ? Annie m’a appris. »

« J’ai vu », concéda Willow, « Maintenant, vas faire tes bagages pendant qu’Annalise et moi préparons le déjeuner. Si tu n’es pas prête à temps, tu n’iras pas camper. »

C’était une sérieuse menace. Elle abandonna sa stature de danseuse pour redevenir la tornade que j’avais connue la nuit précédente montant quatre à quatre les escaliers avec enthousiasme.

« Elle me fatigue parfois », déclara Willow avec un sourire maternelle et je la suivis dans la cuisine. « Je n’ai jamais osé demander à Rupert si elle lui fait le même effet. Mais je crois que oui. »

« Où sont-ils tous ? », demandai-je pendant qu’elle me tendit du pain et un couteau me demandant de faire des tartines.

« Angel dort. Il est rentré tôt ce matin après avoir ramené Buffy chez elle. Il était couvert de sang mais ils ont tué le démon. » Elle se mit à rire en même temps qu’elle sortait des boîtes du réfrigérateur. « C’était comme le bon vieux temps d’une certaine manière. Là où nous habitions avant, Angel avait l’habitude de venir parfois et de rester une nuit ou deux, alors quand nous avons déménagé, nous avons fait en sorte que la chambre d’amis puisse être dans la pénombre au cas où il nous rendrait visite ici. Mais on ne s’attendait pas à le revoir dans de pareilles circonstances. Surtout depuis qu’ils avaient décidé avec Buffy de s’éviter le plus possible. »

« Pourquoi ? », demandai-je posant une question que je n’aurais jamais osé poser à quelqu’un d’autre. « Quand elle est venue, c’était comme si une flamme se ravivait dans la pièce, puis ils ont commencé à se disputer. »

Willow posa ses boîtes sur la table et me regarda. « Buffy et Angel, c’est une grande tragédie épique où il faudrait des années pour pouvoir tout expliquer, si au moins j’étais habilitée à expliquer et je ne crois pas que ce soit mon rôle. La version très très courte, c’est qu’ils ont été ensemble quand nous étions au lycée. Mais des choses effroyables se sont passées et ils ont découvert qu’ils ne pouvaient plus être ensemble et qu’ils devaient essayer de rester loin l’un de l’autre. » Ses yeux partirent dans le vide un instant. « Bien qu’Angel vient juste de nous prouver qu’il l’aime toujours et je pense qu’elle l’aime toujours aussi. Elle ne voudra pas l’admettre. »

« Oh », dis-je doucement, surprise d’être autant affectée pour deux personnes que je venais à peine de rencontrer.

« Et oui », déclara Willow. Elle se dirigea vers un placard et en sortit des assiettes. « Oh, et pour tout le monde, Rupert et Wesley sont censés être allés au musée voir un vieux livre devant lequel Rupert est en extase depuis des semaines. Je ne sais pas vraiment ce que Wes a fait mais Rupert est allé chez Buffy pour aller la chercher et la ramener ici. Il a dit qu’il ne voulait personne d’autre avec lui, et je pense qu’il voulait être seul avec elle afin de mettre au point une discussion stratégique avant que l’on soit tous réunis. »

« Vous savez quelque chose », dis-je d’un air suspicieux.

Willow posa les assiettes et me regarda d’un air sérieux. « Annalise, je sais des choses. Après la nuit dernière, j’ai commencé à me demander si ce que je savais était vrai ou non. Je ne sais pas ce qui est vrai et je ne vais pas commencer à t’embrouiller avec mes suspicions. Alors, je suis désolée Annie, mais nous allons toutes les deux nous contenter d’attendre qu’ils reviennent et qu’ils se décident à nous parler. »

Je soupirai et je pris une boîte pour l’ouvrir et voir ce que je pourrais encore découper. « Oui, on va attendre », acquiesçai-je. Et si je voulus être totalement honnête avec moi-même, j’avouai qu’une partie de moi était heureuse du sursis accordé. Je voulais mes réponses, mais j’avais peur de les avoir. Et si elles ne me plaisaient pas ?




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MessagePosté le : 11 Oct 2003 16:19
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AigueMarine a écrit :
Merci Rowan :bisou:


Mais de rien !! :smile:

Je me demandais justement si quelqu'un lisait cette histoire... :aw:
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MessagePosté le : 11 Oct 2003 16:47
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:smile: Moi !

même si je n'ai pas pu résister et si j'ai été la lire en anglais :p
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MessagePosté le : 16 Oct 2003 17:21
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-6ème partie-


Nous avions mangé et Aly était partie avec le père de Dara dans des câlins interminables et des au-revoir dont je fus incluse automatiquement.

Maintenant, nous étions tous assis dans le salon de Giles à attendre que l’orage éclate.

Angel – à part ses amis qui le connaissaient sous ce nom, je réalisai que je le voyais plus sous le nom d’Angel que Liam à présent- bref, Angel était assis dans un fauteuil à une distance raisonnable du soleil. Willow avait pris soin de fermer les rideaux en guise de précaution supplémentaire. Buffy était assise à côté de Giles sur le sofa, comme si sa présence près d’elle devait lui donner une force supplémentaire qu’elle allait avoir besoin. Wesley, Willow et moi étions assis sur des chaises, et Markie était assis sur la table basse, la carte Angel Investigations sur ses pattes usées.

Le silence régnait, un silence assez étouffant il faut l’avouer. Finalement, Giles se tourna vers Buffy, « Est-ce que tu veux que je commence ? ». Sa voix était d’une indescriptible douceur et ma gorge se serra alors que mon cœur s’accéléra.

« Non », dit-elle d’une voix serrée, « Non, je dois le faire. Alors, je vais juste commencer par le début ». Comme une réaction instinctive, une source de réconfort provenant de l’enfance, elle prit Markie et le fit tourner dans ses mains, « Il s’appelle Mr Gordo », dit-elle d’une manière presque absente. « C’est tout du moins le nom que je lui avais donné quand j’avais trois ans. » Elle me regarda et prit une profonde inspiration. « Tu vois Annalise, je suis ta mère. »

Je la regardai en silence, mon cœur prêt à exploser dans ma poitrine et mon estomac tout retourné. Je ne suis pas complètement stupide et oui, je m’étais à moitié attendue à ça mais l’entendre réellement était une toute autre histoire.

« Je sais », dit-elle amèrement, « Grosse déception, hein ? »

Toujours sous le choc, j’essayai de nier ce qu’elle venait de dire. J’étais venue en Amérique pour ça, et maintenant que je l’entendais de vive voix, je n’arrivais pas à croire que tout ce qui se passait était réel. « Je… Non… » Finalement, je me mis à la regarder dans les yeux, « Comment ? »

« Si tu ne le sais pas à ton âge, c’est qu’il y a un problème avec l’éducation sexuelle en Nouvelle Zélande. » C’était une réaction instinctive, une remarque percutante et drôle qui était pour elle un moyen d’éviter la véritable question. Mais elle ferma les yeux et soupira, « Je suis désolée pour cette remarque gratuite et injustifiée. » Pour quelqu’un qui passait ses nuits à tuer des démons, elle paraissait presque étonnamment vulnérable.

Mais je fis un effort pour lui sourire et réussis à sortir deux mots de ma gorge nouée, « C’est pas grave. C’est tout à fait un truc que mon père aurait dit, je crois que je suis immunisée. »

J’eus droit à un petit sourire ironique en retour que je fus étonnée de reconnaître comme l’un que je voyais parfois dans mon miroir. Mon estomac eut un autre soubresaut et je ne pouvais détacher mon regard d’elle, peu consciente que le même sourire se trouvait sur mon propre visage.

La voix d’Angel, confuse et blessée, rompit le silence, « Buffy ? Tu as eu un bébé ? » Il avait l’air sincèrement peiné, « Et tu ne me l’as jamais dit ? »

Buffy soupira. « A l’époque, j’aurais été bien plus heureuse si j’avais pu le cacher à tout le monde, si j’avais pu m’enfuir et ne rien dire à personne… »

Wesley, qui avait pour le moment parfaitement imité la carpe muette, lança un regard accusateur en direction de Giles et Willow, « Vous n’avez pas l’air particulièrement surpris vous deux. »

Giles se contenta d’hausser les épaules alors que Willow semblait trouver ses mains fascinantes. « Je savais qu’il y avait eu un bébé », admit-elle. Elle regarda son amie qui avait pris soin de détourner le regard afin d’éviter de croiser le sien, ou celui de quiconque dans la pièce. « Mais je commence à me demander si ce que je sais est la véritable histoire. »

Buffy finit par avouer, le regard toujours dirigé vers le sol, « Je suis désolée Will. Si on ne t’a pas tout dit, c’est qu’il y avait des raisons. »

« On ? Tu veux dire toi et Rupert ? »

« Oui », acquiesça Buffy calmement.

« Les choses étaient différentes à l’époque mon amour », déclara Giles tout en s’excusant auprès de sa femme.

Elle lui fit signe d’arrêter de la main tout à coup exaspérée, « Je le sais ça. C’était toi et Buffy à l’époque. L’Observateur et sa Tueuse. »

« Ex-Observateur et ex-Tueuse », rectifia Giles avec douceur.

« Presque totalement ex », dit Buffy d’une voix d’autodérision. « J’étais particulièrement douée dans l’art de vous ignorer jusqu’à ce qui m’arrivent tous ces problèmes et que j’ai besoin de votre aide. »

Giles haussa à nouveau les épaules sans répondre et Buffy lui adressa un sourire reconnaissant qui atteint un niveau dont je suis sûre que je ne serais jamais capable de comprendre.

« Pourquoi est-ce que tu ne me l’as jamais dit ? », demanda Angel rompant le silence. « Tu savais que c’était ce que je voulais pour toi. Que tu aies une relation normale, la chance d’un avenir et d’une famille. C’est pour ça que je suis parti. » Sa voix devint amère, « Tu aurais au moins pu me dire que mon sacrifice avait valu la peine. »

« Je ne t’ai jamais demandé de me quitter », remarqua-t-elle d’un ton ferme. « Et fais le calcul. C’était pendant ma première année à l’université quand j’avais encore mon cœur brisé en mille morceaux à cause de toi. C’était trop dur et j’étais trop gênée pour te le dire. »

Angel ne pouvait détacher son regard d’elle, « Et pourquoi étais-tu si embarrassée ? Tu savais que je voulais que tu sois heureuse avant tout. Même si c’était avec ce Finn. »

« Parker le gros crétin », marmonna Willow doucement avant de réaliser qu’elle venait de dire ça à voix haute et devenir rouge écarlate se taisant rapidement.

« Il s’appelait Riley », déclara Buffy au même moment avant de faire une grimace, « Et non, on n’a jamais… Bref, jamais », finit-elle fermement.

Wesley regarda Buffy puis Willow, vraisemblablement perdu, « Qui est Parker ? »

Le visage de Willow se durcit et Buffy soupira à nouveau.

« Quelqu’un que j’ai rencontré au moment où je sortais de ma grosse déception amoureuse », expliqua-t-elle d’une voix voulant dire -oh combien j’ai été stupide-, « Il était vraiment gentil et avec lui, j’avais l’impression de devenir à nouveau quelqu’un de spécial. » Elle fit un geste de découragement, « J’ai couché avec lui et je suis tombée enceinte. Une histoire banale même si elle en dit long sur mes goûts en matière d’homme et mes mauvais jugements. »

Tout à coup, un flot de paroles sortit de ma bouche alors que les mots avaient été bloqués dans ma gorge serrée. La libération était enfin intervenue. « Est-ce que c’est pour ça que tu m’as abandonnée ? Parce que tu ne l’aimais pas et que tu t’étais sentie stupide à cause de lui ? Pourquoi est-ce que tu n’as pas tout simplement avorté pour en finir avec tout ça ? », demandai-je amèrement.

Buffy avait l’air de quelqu’un qui vient de se prendre une gifle ou un gros camion en pleine figure, mais je n’en avais rien à faire.

« Alors ? », insistai-je d’une voix dure.

Elle ouvrit la bouche pour répondre mais rien ne vint dans un premier temps. « Non… », dit-elle finalement d’une voix à peine audible, « Non, ce n’est pas comme ça que ça s’est passé. »

« C’était le Conseil », intervint Willow essayant vraisemblablement d’apaiser la tension dans la pièce. Elle regarda son mari, « C’était le Conseil, n’est-ce pas ? C’est ce que tu nous as dis à l’époque. »

« C’était le Conseil », acquiesça Giles.

« Le quoi ? », demandai-je.

« Le Conseil des Observateurs », expliqua Giles d’une voix soudainement fatiguée et lasse, « L’organisation pour laquelle Wesley et moi travaillions. En théorie, c’est leur boulot de soutenir et d’assister la Tueuse. Ils ont décidé tout à coup qu’il en était autrement. »

« Vous pensez que le Conseil voulait étudier le bébé ? », demanda Wesley d’une voix horrifiée.

Buffy le regarda d’un regard perçant, « Non. On pensait qu’ils auraient essayé de me l’enlever. Le Conseil n’aurait pas eu le temps ne serait-ce une minute de voir le bébé. Je m’étais préparée à l’éloigner avant qu’ils ne posent leurs sales pattes sur elle. »

« Alors, tu t’es simplement débarrassée de moi », dis-je d’un ton amer.

« Non ! », déclara Buffy visiblement peinée, « Non, jamais. Ce n’était pas le plan du tout. C’est juste que… »

« Buffy », interrompit Giles gentiment, « Calme-toi. »

Elle se reprit et regarda Giles d’un air suppliant. « Ah oui ? », dit-elle d’une voix qui lui fit paraître plus de l’âge d’Alianne que du sien, « Vous ne pouvez pas continuer ? »

Il secoua la tête, « Non, c’est à toi de le faire. Continue. Il est temps de leur dire la vérité à présent. »

Pendant un court moment, elle parut très en colère. Puis, elle passa ses mains sur son visage, prit une profonde inspiration et continua. « Au milieu de ma grossesse, j’ai commencé à faire des rêves. Certains ressemblaient à des rêves annonçant des prophéties. » Je dus avoir l’air complètement confuse car elle fit un effort pour me sourire, « C’est un truc de Tueuse », expliqua-t-elle, « Parfois je rêve de choses qui sont vraies. Des choses qui sont sur le point d’arriver. » Elle fit une pause, « Ou des choses qui sont déjà arrivées. »

Tout à coup, Angel rompit son silence. « De quoi as-tu rêvé ? », demanda-t-il d’une voix anxieuse.

Buffy eut un sourire désabusé et se tourna vers Giles, « Il est rapide, hein ? Ca mérite sans aucun doute une médaille. »

Elle regarda Angel et son regard se durcit devenant menaçant et cassant, « Pourquoi est-ce que tu ne m’as rien dit toi, espèce de pourri ? J’avais dit que je n’oublierai jamais et tu m’as laissée tout oublier. Comment tu as pu me faire ça ? » Puis soudainement, son visage prit un air plus doux, « Comment tu as fait pour supporter ça tout seul pendant tout ce temps ? »

« Est-ce que quelqu’un d’autre est complètement paumé ou est-ce que c’est juste moi ? », demanda Willow dans le silence qui suivit. Wesley leva la main alors que ni Angel, ni Giles ne bougèrent.

Buffy s’adressa à son amie, « Tu te rappelles quand je suis allée à LA pour Thanksgiving lors de notre première année à l’université ? »

Willow fronça les sourcils remontant le temps près de vingt ans en arrière, puis elle acquiesça. « Tu es allée voir Angel, n’est-ce pas ? Mais… » Elle s’interrompit faisant la relation, « Mais tu as dit que tu l’avais seulement vu pendant cinq minutes. Et puis, c’est un vampire. »

« Je croyais que je l’avais vu pendant seulement cinq minutes », déclara Buffy, « Mais je m’étais trompée. Les choses se sont passées différemment la première fois. »

« La première fois ? », répéta Wesley complètement perdu ; et je réalisai qu’il avait des choses qu’il ne savait pas au sujet de son ami. Il était clair qu’il y avait quelque chose qu’il venait de découvrir lui-même.

« C’est compliqué », commença Angel, « Buffy et moi, nous nous sommes battus contre un démon Mohra. Quand je l’ai tué, son sang s’est mélangé avec le mien. » Il regarda ses mains comme si c’était la première fois qu’il les voyait, « Je suis devenu humain. »

« Oh », dit Willow doucement avant de réaliser, « Oh, whoua ! », ce qui résumait plutôt bien ce que je pouvais ressentir.

Une immense peine traversa ses yeux, « Mais être humain m’avait rendu vulnérable. Et parce que j’étais vulnérable, Buffy était vulnérable. Et le démon avait dit que la fin était proche et que Buffy mourait. »

« Alors, il a une nouvelle fois fait un sacrifice héroïque et a demandé aux Oracles de le retransformer en vampire », termina Buffy d’une voix mêlée de colère et de fierté.

« Ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas faire ça », ajouta Angel prenant soin d’éviter son regard, « Ils m’ont dit que le seul moyen de défaire les choses était de remonter le temps d’une journée comme si elle ne s’était jamais déroulée. Ils ont dit que je serais le seul à me souvenir pour faire en sorte que ça ne se reproduise pas. Je n’avais pas le droit de te le dire, alors je n’ai rien dit. »

« Oui, et bien tes Oracles ont vraisemblablement raté quelque chose », déclara Buffy sur un ton ironique, « Je suis tombée enceinte. Et parce que je ne me rappelais de rien, je me suis trompée sur le bébé. » Elle me regarda peu consciente qu’elle était en train de me sourire. « Je croyais que le bébé était de Parker. Les dates ne correspondaient pas bien mais ça pouvait coller, et puis il n’y avait pas d’autre option possible. »

« Jusqu’à ce que tu commences à avoir ces rêves », comprit Wesley.

« Ce n’était pas Parker », murmura Willow, « Ca n’a jamais été Parker. »

« Non », déclara Buffy le sourire aux lèvres, « Quand je me suis rappelée, j’ai réalisé que je ne portais pas le bébé de Parker, mais celui d’Angel. » Elle me regarda, puis regarda Angel comme si on était deux mirages qui étaient sur le point de s’évanouir et elle cligna des yeux. « J’étais pétrifiée, furieuse et terrifiée. J’avais envie de foncer à LA et bouffer Angel pour ne pas m’avoir dit pour ce jour. »

« Je suis étonné que tu ne l’aies pas fait », déclara Angel ironiquement.

Elle se mit à rire, « Moi aussi. Mais je me suis mise à penser et j’ai beaucoup réfléchi. Et j’ai réalisé que le Conseil voudrait certainement s’accaparer le bébé d’une Tueuse ; et que dire du bébé d’une Tueuse et d’un vampire devenu humain, bébé conçu un jour qui n’était censé jamais avoir existé ? »

« Quand tu dis ça », commenta Wesley, « Ca me fait penser dans quel monde bizarre on vit. »

« C’est moi », s’amusa Buffy, « La Reine de la Bizarrerie ». Maintenant qu’elle avait finalement commencé à raconter l’histoire, elle n’allait pas se laisser distraire ou dissuader de continuer. « Mis à part le Conseil, j’avais aussi mes ennemis quotidiens et ordinaires et je savais qu’Angel avait les siens aussi. Et ils allaient être tous plus que prêt à nous attaquer par le biais de notre enfant. Alors, j’étais vraiment terrifiée. »

« Et c’est à ce moment-là que tu t’es tournée vers Rupert », comprit Willow.

Buffy acquiesça. « C’est là que j’ai raconté à Giles toute l’histoire et nous avons décidé de ne jamais dire à personne la vérité en espérant que le mensonge au sujet de Parker garderait le bébé en sécurité. »

« Nous avons établi un plan », continua Giles, « Ca paraissait être un excellent plan à l’époque. Nous étions d’accord pour laisser croire à tout le monde que le bébé était de Parker et que Buffy, étant jeune, célibataire et ne voulant rien avoir à faire avec le père, avait décidé de donner l’enfant à l’adoption. » Il me regarda et s’excusa en haussant les épaules. « Mais tu n’étais pas censée être réellement adoptée. »

Je commençai à vraiment les croire au bout du compte. J’avais été désirée, mais peut-être qu’ils avaient raison et que j’avais besoin d’être protégée au-delà même du désir, au dépens du désir initial qui passait au second plan. « Que s’est-il passé alors ? », demandai-je.

Giles soupira et se mit à parler uniquement pour moi. « Nous t’avons donnée à un ami à moi, un autre ex-Observateur. Certains d’entre eux s’étaient rendus compte que le Conseil avait changé pour devenir corrompu. L’idée était que lui et sa femme devaient te garder pendant quelques années avant de te rendre à Buffy. Nous aurions eu le temps de voir le vent changer en notre faveur par rapport au Conseil et Buffy devait s’assurer qu’elle était en position pour te protéger correctement. »

« Quand William est venu, je n’ai pas voulu te donner », déclara Buffy d’une voix tremblante, « Tu étais si petite et si belle. Tu avais les yeux de ton père. Tu étais une petite partie de lui, la seule partie de lui qui me restait. Et tu étais à moi, je voulais te prendre et ne jamais te lâcher. Ou m’enfuir avec toi et ne jamais revenir. » Elle tremblait un peu. « Mais William a dit que le Conseil était déjà à ta recherche et j’ai dû te laisser partir. Je t’ai donnée Mr Gordo parce que je voulais que tu aies quelque chose de moi, et Giles a eu l’idée de donner la carte à William pour qu’il puisse aller voir Angel si il avait besoin d’aide. Et à la dernière minute, j’ai donné ma bague à William juste au cas où quelque chose arriverait et que je pourrais jamais te la donner moi-même. » A présent, elle pleurait en silence, les larmes coulaient sur son visage, et Giles la prit contre lui l’enlaçant tendrement pour la réconforter avant de finir l’histoire.

« Deux semaines plus tard, nous avons appris que William avait été retrouvé dans un fossé, la gorge tranchée. Tu étais introuvable. J’ai appelé tous mes contacts et connaissances pour savoir si le Conseil t’avait récupérée mais il est apparu qu’ils ne t’avaient pas. Ils étaient furieux comme nous l’étions alors qu’il semblait que tu avais disparu de la surface de la planète. »

J’étais sur le point de pleurer moi aussi. « Pas vraiment. J’étais juste de l’autre côté de la Terre. Maman et Papa ont déménagé deux mois après mon adoption et ils ne sont jamais revenus. »

« Je suis désolée », déclara Buffy tout à coup, sa voix étouffée par le fait qu’elle parlait dans le pull de Giles. Il la redressa la forçant à s’asseoir convenablement pour nous faire face. « Je suis désolée », répéta-t-elle les larmes coulant toujours sur ses joues. « J’ai fait ce que j’ai cru être le mieux à l’époque. J’avais dix neuf ans et j’avais peur qu’ils fassent du mal à mon bébé et que je ne puisse rien faire pour la protéger. Mais j’ai fait le mauvais choix et je suis désolée et je vous aime tous les deux tellement. » Les mots se bousculaient et se mélangeaient avec ses larmes et je sus, comme dans un moment de lucidité rare où tout devient clair, que tout ce qu’elle venait de dire était vrai. Elle était ma mère et elle m’aimait, m’avait toujours aimée. Je lui avait manqué et elle avait tellement souhaité que les choses soient différentes.

Angel paraissait déchiré et il hésitait entre venir la réconforter ou rester sous le choc total. Finalement, il ne fit ni l’un, ni l’autre. Il se leva, marcha et s’arrêta à mon niveau. Buffy comprit sans qu’il prononce un mot et elle se leva à son tour pour venir le rejoindre jusqu’à ce qu’ils soient tous les deux, debout, en face de moi. Angel s’accroupit à côté de ma chaise et leva une main pour caresser doucement ma joue avec ses doigts.

« Iníon », déclara-t-il doucement.

J’étais trop abasourdie par l’émotion qu’il y avait dans sa voix pour pouvoir dire quoi que ce soit, mais derrière lui Buffy intervint demandant doucement, « Quoi ? »

« C’est comme ça que ma mère appelait ma sœur Kathleen. Ca veut dire… » Il s’arrêta et une lueur d’émerveillement éblouit son visage. « Ca veut dire fille. Iníon. J’ai une fille. » Puis, il réussit à détourner son regard de moi pour se tourner vers Buffy. « Non », dit-il doucement, « Nous avons une fille. »

« Nous avons une fille », répéta-t-elle entre deux sanglots. Elle me regarda et je fus stupéfaite par le regard dans ses yeux, un regard empli d’amour, de regret et de peur. « La plus belle fille du monde entier, qui, si elle est un minimum censée, ne voudra probablement plus rien avoir à faire avec aucun de nous deux. »

Je les regardai tous les deux, mon père et ma mère. Il y avait tellement de choses qui passaient entre eux d’eux que c’en était presque effrayant ; le feu et la passion, les cœurs brisés et la douleur, et un amour si profond que personne n’oserait leur reprendre. De nos jours, les gens ne ressentaient pas un tel amour et pour être honnête, je n’étais pas très sûre de vouloir connaître une telle intensité de sentiments. Mais voir cet amour entre eux deux, mes parents, voir cet amour et l’émotion dont j’étais issue, c’était quelque chose d’impressionnant.

Je retirai l’anneau Claddagh de mon doigt pour le tendre à Buffy, surprise de m’apercevoir que mes mains tremblaient, « Je crois que tu devrais la reprendre », lui dis-je doucement.

Elle le regarda un long moment avant de le prendre, le petit cercle d’or blanc était posé dans ma paume. Finalement, elle le prit alors que ses doigts tremblaient également.

« Tu dois la porter avec le cœur pointé vers toi », lui dis-je pleinement consciente que je n’avais pas besoin de le lui préciser.

« Je sais », acquiesça-t-elle et elle glissa l’anneau à son doigt, au même doigt où l’on met généralement une alliance, et où je ne l’avais jamais porté moi-même. Elle ne pouvait détacher son regard de la bague qu’elle touchait encore et encore comme si elle n’arrivait pas à croire qu’elle l’avait récupérée. Et quand elle leva les yeux à nouveau, elle ne vit qu’Angel, seul Angel se reflétait dans ses yeux. « Je sais », répéta-t-elle dans un souffle, « Je sais… »




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MessagePosté le : 20 Oct 2003 18:23
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Voici la 7ème et dernière partie, j'espère que cette histoire vous aura plu ! :smile:

Citation :

-7ème partie-


J’étais perdue dans le regard de mes parents. C’était comme une intrusion dans quelque chose de tellement parfait mais j’y étais associée. D’une main, Angel caressa ma joue à nouveau tandis que de l’autre main, il passait ses doigts sur les lèvres de Buffy, son regard sombre empli d’émotions.

Derrière nous, j’entendis tout à coup Willow pousser un soupir d’horreur, « Le sort. Un moment de bonheur parfait. »

Angel l’entendit, il se leva et se retourna pour la regarder, une expression de terreur sur son visage. « Non », souffla-t-il dans un appel de désespoir, « Non. Oh par pitié, non. »

« Angel… », Buffy s’avança vers lui et s’arrêta pétrifiée alors qu’Angel tituba avant de tomber à genoux agrippant le tapis avec ses doigts comme si saisir quelque chose pouvait le protéger dont on ne sait quoi qui était sur le point de se produire.

D’un mouvement involontaire, sa tête bascula violemment en arrière et l’expression de douleur et de terreur sur son visage sembla atteindre mon âme. Tout son corps tremblait pris de convulsions irrésistibles et il essayait désespérément de reprendre un souffle dont il n’avait pas besoin comme un poisson sorti de son élément naturel.

Puis, tout s’arrêta aussi vite que c’était arrivé et il s’effondra sur le tapis lourdement, se recroquevillant en tremblant en position fœtale. Tout le monde était pétrifié avec des sentiments mêlés d’horreur et de peur. Et je vis que Buffy, la Tueuse de vampires, tenait soudainement dans sa main un long pieu prête à frapper.

« Qu’est-ce… », commençai-je alors que Willow me jeta un regard ferme en secouant la tête. Alors, je me tus, terrifiée par tout ce qui venait de se passer que je ne comprenais pas.

Finalement, Angel relava doucement la tête, il avait l’air confus et désorienté. Automatiquement et instinctivement, ses yeux recherchèrent Buffy et quand il la trouva, il se contenta de la regarder longtemps, très longtemps, comme si il était témoin d’un miracle.

Il leva un bras et tendit une main en sa direction. Après un moment, elle la prit et se laissa entraîner à ses côtés. Alors qu’il tenait toujours sa petite main dans la sienne si grande, il l’amena à lui et plaça sa paume sur son torse.

Pendant un moment qui me parut éternel, elle resta simplement agenouillée là, les larmes inondant son visage. « Je sens ton cœur qui bat », murmura-t-elle doucement. Elle laissa tomber le pieu pour toucher avec son autre main sa joue, ses lèvres. « Tu es chaud, et tu respires. »

« Je suis vivant », dit Angel, une expression d’incrédulité sur son visage mêlée de joie et d’émerveillement. « Shanshu », souffla-t-il doucement et Giles tourna la tête pour regarder de plus près l’homme qui semblait avoir rajeuni, « Shanshu. »

*
* *

Me voilà donc, assise sur les marches du porche de Willow et Giles regardant mes parents qui s’embrassent sous le soleil brûlant de Californie. Ils sont en dessous un arbre et les feuilles laissent entrevoir des ombres sur leurs visages. La lumière se reflète sur eux comme une bénédiction, une sorte de grâce, créant un halo lumineux autour de la tête d’Angel qu’on ne voyait plus depuis 250 ans ; il se reflète dans les cheveux blonds de Buffy et on croirait voir de l’or d’où je suis. Ils s’embrassent tendrement et passionnément, et ils vont si bien ensemble ; ils sont vraiment fait l’un pour l’autre alors qu’ils ont été séparés pendant si longtemps.

Je réalise qu’il faut que j’appelle mes parents. Il faut que je leur dise où je suis et que j’ai retrouvé mes parents qui sont probablement deux personnes uniques sur cette planète. Je m’arrête tout à coup de réfléchir pour m’apercevoir dans quel bourbier je me suis mise en utilisant une terminologie inadéquate.

Je me retrouve avec quatre parents.

Comment suis-je supposée les appeler tous ? Mes nouveaux parents et mes anciens parents ? On pourrait penser qu’il y a une échelle de valeur et que deux sont mieux que les autres, et ce n’est pas vrai. Mes parents biologiques et mes parents adoptifs ? Ce sont les termes officiels je crois mais ils font si… officiels ! Ils ne laissent pas la place à l’amour, la passion et l’émotion propres à toute relation humaine.

Mes véritables parents ?

Mais qui sont mes véritables parents ?

Maman et Papa m’ont élevés et m’ont aimée, pansant mes genoux écorchés, me veillant quand j’étais malade et m’encourageant alors que j’étais si inquiète à l’idée de prendre la voiture toute seule la première fois. Ils étaient là quand j’ai appris à marcher et c’est leurs noms que j’ai prononcé la première fois que j’ai parlé. Toute l’histoire de ma vie est avec eux, ils en sont les témoins privilégiés et je les aime, et ils m’aiment.

Buffy et Angel, ce sont eux qui m’ont créée, à travers un amour que l’on ne trouve probablement que dans les livres et les ballades plus que dans la vraie vie. Un amour qui maintenant a enfin une chance de s’épanouir. Nous en sommes au commencement tous les trois. Nous avons une chance de former une famille enfin, et c’est une chance que je veux saisir. Une chance qu’ils veulent aussi prendre le risque de tenter, je le sais.

Peut-être que si je veux de véritables parents, je dois juste accepter le fait que j’en ai quatre au lieu des deux habituellement présents ? Ca doit faire sûrement de moi une chanceuse je crois, mais je dois essayer de m’habituer à l’idée. Une petite brise me caresse le visage et je me rend compte tout à coup que j’ai une envie irrésistible d’appeler Maman. Elle a le chic pour m’aider à mettre les choses à plat et envisager les différentes perspectives. En le payant en retour, j’espère que Giles me laissera téléphoner en Nouvelle Zélande.

Je me retourne pour regarder le couple dans le jardin et je ne peux m’empêcher de sourire. La vie va être beaucoup plus compliquée, confuse et embrouillée je le sens, mais elle va être sans aucun doute belle, je le sais…



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MessagePosté le : 20 Oct 2003 18:23
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MessagePosté le : 26 Nov 2003 18:20
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Tiens ! Intéressante la page 2 du forum :cool:
Rowan, c'est toujours un plaisir de lire quelque chose d'aussi bien écrit :smile:
J'adore les fics qui se passent longtemps après la série. Pour Inion, j'ai beaucoup aimé le début et le milieu par contre j'ai un peu de mal à accrocher au dénouement...
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Entre Shanshu qui arrive comme un cheveu sur la soupe et Angel qui se révèle être père de la gamine de Buffy :-x
Ca fait peut être un peu beaucoup...
En tous cas, je n'ai pas laché la fic, du début à la fin :)
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Merci Linou
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MessagePosté le : 26 Nov 2003 21:31
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Tu as certainement raison San-drine, mais j'avais beaucoup aimé aussi la réflexion par rapport à l'adoption à la fin, très émouvant. :smile:
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MessagePosté le : 26 Nov 2003 21:53
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Très bô :+1: et émouvant :bluecry: et très bien écrit :top:

Bravo et merci :kiss:
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