Da Heidin
Étudiante
Inscrit le : 30 Juil 2008
Messages : 85
Localisation : Place 54
Séries favorites : BTVS, Little Britain, Queer As Folk, Code Quantum <333
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Soyons fous, parfois
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Citation :
Mona Lisa
Jour 1: Je l’ai encore vu. Cet espèce d’éclat vert, d’un vert si pur, à faire pâlir le plus grandiose des Avada Kedavra. Il était là avant que j’entre. Et quand je me montre, il se barre. Timide. L’éclat, le plus beau du monde. Je sais pas exactement qui est à l’origine de la lumière. Et pourquoi il s’en va. Surtout. Lorsque je sortirai d'ici, et j'en sortirai, ils ne pourront pas me garder captif pour longtemps, dans cette fichue boîte en fer, j'escaladerai sa geôle, et je serai une sorte d...
Jour 2: Encore un black out. J’ai l’impression qu’ils sont de plus en plus nombreux. Et de plus en plus violents. Le pire, c’est que j’ignore où je disparais, vraiment. Avec Buzz, on l’appelle ‘La plus petite pièce du monde’. Le chat d’une aiguille y retrouverait pas son épingle du jeu. C’est si étriqué, si étroit. Humide, sombre. Sombre. Aucune lumière. Aucune lumière. Invivable. Alors qu'ici, tout est trop dur et trop rapide. J'entends les six reines, doit y avoir un accident au bout de la cinquième. Des éclats de voix et de lumière. Ho, bien sûr, rien de comparable à mon éclat à moi. Les six reines ont bien raison d' hurler, je crois que c'est la fin du monde.
Jour 3: L’éclat vert. Il était là à nouveau. Nachts geh ich dahin, ich bin allein, und frag : Warum ?
Jour 4: Le black out précédent est arrivé beaucoup trop vite. Des têtes traversent la rue à toute allure. Bien trop pressés. Peur du temps qui passe. Ils ne sauront jamais ce que c’est, de mourir une dizaine de fois, toutes les heures. Parfois plus. Ils vont ils viennent, ils caracolent et ils s’oublient. Et ils m’oublient. Et ils font du bruit, beaucoup trop. Beaucoup trop de bruit pour rien. Ils rient ou ils sautent. Ou ils vont, tête baissée. Buzz dit que si nous pouvions marcher parmi eux, ils nous rejetteraient. Moi, parce que je suis ce que je suis. Buzz, parce qu'il n'e...
Jour 5: J'ai l'impression que le prochain black out sera le dernier. J'ai recroisé l’éclat. Il me pique les yeux. Il me mord les joues, elles sont en feu. Tant de pureté pour un si petit éclat. J'en ai encore plein les yeux, du vert, et du grandiose. Il a disparu encore, au moment où je suis arrivé. C’est la chose la plus frustrante du monde, c’est un peu comme dédier sa vie au léchage de coude. C’est voué à l’échec. Mona Lisa. J’ai appelé l’éclat Mona Lisa. Mystérieux et magnifique, juste ce…
Jour 6: Buzz n'existe que dans ma tête. Buzz n'existe que dans ma tête. Buzz n'existe que dans ma tête. Buzz n'existe que dans ma tête. Buzz n'existe que dans ma tête. Buzz n'existe que dans ma tête. Buzz n'existe que dans ma tête. Buzz n'existe que dans ma tête. Buzz n'exis...
Jour 7: Je n'ai pas revu Buzz. Je pense qu'il est vexé, du fait que je tente de guérir et de l'effacer de ma mémoire. Mais soyons sérieux deux minutes, même si Buzz était le meilleur ami imaginaire du monde, il faut se rendre à l'évidence. Il n'a pas d'éclat et ne me servait qu'à être accompagné dans le noir. Et son accent anglais ridicule commençait à m'agacer. Saloperie. J'espère qu'il reviendra avant la nuit.
Jour 8: Je fais le point sur ma situation. On m'a tout prit. J'ai plus rien. On m'a volé l'éclat, et puis Buzz. Oui, en fait, c'est tout ce que j'avais. Et maintenant, je les ai plus. Je m'en suis pas rendu compte tout de suite, parce qu'on m'avait volé la raison. A moins que je l'ai perdue. Non, on me l'a piquée. On m'a piqué mes clés, aussi. Et puis on m'a rendu mes clés, et puis j'ai pu rentrer à la maison. Ensuite, on m'a rendu la raison, on a oublié de me rendre le reste. On m'a repris mes clés, j'étais enfermé. Je sais, c'est capillotracté. Mais essayez de passer la moitié de vos journées dans le coma, et l'autre en enfer. On fait moins les malins, uh?
Jour 9: Black out. Ils pourraient prévenir. J’ai mal ai crâne aujourd'hui. Mon chapeau me serre un peu. Ho, bien sûr, je ne vais pas me plaindre. D’ici, j'entends tous leurs soucis. Et parfois, c’est terrible comme sensation, toute cette peine. Des kilos en trop, des ongles cassés, des épisodes de Dr Quinn ratés. Des ruptures, aussi. J'ai vu beaucoup de ruptures. C'est grâce à eux que j'ai compris que Mona Lisa, je l'aimerai toute ma vie. J'ai pleuré une fois, ça s'est très mal passé. Alors je pense relativiser mon mal de tête. Ce qui me dérange le plus, c’est que le black out précédent était le plus long du monde. Je crois que j'ai un souci. C'est ce que disent les hommes en bleu. Ils s’agitent. Ils sont là avec leurs bouts de métal, à trifouiller dans mon crâne. C’est pas la première fois que ça arrive, non… Mais cette fois ci, je suis réveillé. Et.
L’éclat vert. L'éclat vert.
Lui aussi est réveillé.
Si j'avais eu idée qu'il pouvait exister des choses aussi belles sur terre, j'aurais mangé mon chapeau. Enfin non.
Un vert irradiant. Des yeux plus profonds que toutes les mers, que tous les lacs que je n'ai jamais vu de ma vie, et je m'en fiche, parce que ses yeux valent bien tous les océans du monde. J'en suis sûr. Avec les truites, les poulpes, et les barques. Les barques, oui, et les algues, et les cailloux et les petits poissons multicolores qui se jettent joyeusement dans les tsunamis. Si la perfection avait un représentant, ce serait lui. Mais sans toutes ces histoires de porte à porte etc, hein, juste lui, tout seul, qui se tiendrait au milieu de nulle part, et qui serait juste parfait. Avec son visage et son allure fière. Quelle prestance, quelle présence!
« J’ai l’impression que je pourrais tomber amoureux sur-le-champ. » Je dis, parce qu’il ne faut pas perdre de temps, en me baissant un peu. L’éclat, il est juste en dessous de moi.
L’éclat lève les yeux. Vite, une bouée. Il sursaute. Il a l’air surpris. Rassuré. « L’éclat rouge… » il murmure, et ses océans scintillent.
J’aimerais lui sauter au cou et lui dire que le monde est merveilleux, et toutes ces choses qu’on dit lorsqu’on trouve son éclat, mais je suis bloqué. Il clignote. C’est la seconde la plus longue de ma vie. Les voitures se sont figées. Les pièces métalliques ne me dérangent plus. Je suis bloqué entre le moment de mon réveil et du sien, là où tout irradie. Il clignote un peu plus. Je pense qu’il clignote beaucoup trop.
« Non, ne disparais pas ! » je supplie. Et dans un sourire qui se fane, Mona Lisa s’en va vers d’autres horizons.
J’ai l’impression d’être dans un ascenseur qui descend et qui va se cracher dans quelques secondes si Mona ne réapparaît pas.
Il ne réapparaîtra jamais plus.
Jour 1: Tout est redevenu comme avant. J'arrive, il s'en va. Apparemment, c'était une 'panne'. Je ne vois pas pourquoi on qualifierait de 'panne' les quelques minutes les plus merveilleuses de ma putain de vie. C'est mon monde et je le porte, et je l'assume. Un monde bancal et des plus imparfait. Qui est uniquement beau durant une fraction de secondes ou deux par jour, entre mon réveil et sa fin, ma fin et son réveil.
Jour 2: Buzz est revenu. On est en train d'échafauder un plan pour revoir Mona. D'accord, il n'existe pas. Mais je pense que moi non plus. Et ça, c'est d'une affolante vérité. Buzz essaye de me faire rire. Là, il pourrait évoquer les chutes de grand-mère, ou bien les danseurs ridicules qui gesticulent là bas en face, je suis déterminé à ternir mon éclat. J'ai peur du prochain black out. Je ne sais pas si je reviendrai. Je ne sais pas si Mona reviendra.
Vous savez quoi?
Je suis bien le bonhomme de feu rouge le plus triste du monde.
FIN
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