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[Texte] Les aventures de Vamp la Rouge

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MessagePosté le : 25 Jan 2004 18:59
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Chapitre 61 : découvertes

Citation :
Samael et Ma’non n’avaient pas pu être plus précis sur les changements intervenus chez Com. Depuis leur révélation, il s’était renfermé, refusant d’en parler davantage. Il s’était levé, et sans attendre ses camarades, avait attrapé les rênes de son cheval et s’était mis en selle. Il attendit, le visage fermé que les autres le rejoignent pour repartir. Ils reprirent la route en silence, troublés par la réaction de Com. Tram eut rapidement d’autres soucis, Meryl s’était mise à pleurer et rien ne semblait pouvoir la calmer. Le jeune voleur, soucieux de ne pas s’attirer de réflexions désagréables de la part de Vamp, retint son cheval et se laissa légèrement distancer pour essayer de calmer le bébé. Il la berça doucement, lui chantant des chansons douces. Ses efforts s’avérèrent stériles et les cris de l’enfant augmentèrent d’intensité. Ses petits poings fermés, son visage avait pris une teinte violacée qui témoignait de sa fureur. Il ne savait plus quoi faire : il avait changé ses langes, une opération qui s’était révélée fort délicate à mener à cheval. Il avait également essayé de la nourrir avec un peu de gruau froid au doigt mais elle avait régurgité toute la nourriture qu’il essayait de lui faire avaler. Complètement désarmé par ses larmes persistances, il essayait de la coucher devant lui, dans les plis d’une couverture quand il sentit quelqu’un ralentir pour se mettre à son niveau. Surpris, il leva les yeux et croisa le regard insondable mais résolu de Com. Sans un mot, celui-ci prit l’enfant vagissante des bras de Tram et posant sa main droite sur son front. A ce contact, Meryl se calma immédiatement et les doigts de Com se mirent à crépiter. Des étincelles bleu indigo s’échappaient de ses ongles et se fermaient sur la peau du bébé. Elles ne semblaient pas blesser le bébé et celle-ci se mit à sourire et à babiller.
-Comment fais-tu ? demanda Tram éberlué.
Com soupira doucement. Son regard restait fixé sur meryl. Les arcs énergétiques commençaient à s’effilocher et il se mit à caresser doucement la tête du bébé. Celle-ci s’endormit quasi instantanément. L’archer tendit l’enfant à Tram qui la reprit avec précaution, attentif à ne pas la réveiller.
-Je ne sais pas, avoua Com tristement. J’ai senti qu’elle m’appelait, comme si nous étions connectés.
-Tu entends ses pensées ? demanda avec curiosité Tram.
-Pas exactement. Je perçois des sentiments, des émotions. Je l’ai bien sûr entendu crier mais c’est comme si je ressentais en plus la colère qui l’animait, répondit Com, essayant de formaliser cet état de conscience étrange qu’il n’avait jamais ressenti auparavant.
-Comment as-tu fait pour la calmer ? J’avais pourtant tout essayé, s’exclama, un peu dépité Tram.
-Je ne sais pas. Quand je la touche, notre « liaison » est encore plus forte. Je lui ai fait sentir qu’elle n’avait aucun besoin de crier, que tu allais prendre soin d’elle.
- Et ces étincelles ?
-Aucune idée, avoua Com. Je suppose que cela fait partie de ma nouvelle « odeur », ajouta-t-il doux amer.
-En tout cas, je trouve que ton nouveau toi présente certains avantages, répondit Tram essayant de remonter le moral de Com. En tout cas, je saurai qui appeler à l’aide lorsqu’il faudra calmer Meryl.
Feignant l’effroi, Com répondit :
-Par les larmes de Faith ! Ne compte pas sur moi pour changer ses langes ou pour la nourrir !
Tram sourit, rassuré de voir que son ami semblait prendre son parti de son nouvel état. Tout bien considéré, cela pourrait être une bonne chose que Com ait été « magifié ». Ce n’est pas à moi qu’arriverait une telle chance, songea Tram, un peu jaloux.

Le reste de la journée se passa calmement. Ils parvinrent à Bauxor une fois la nuit tombée et se mirent aussitôt à la recherche d’une auberge. Le grand lac des ombres, ainsi surnommé car il est très souvent couvert par un brouillard épais, était une des rares étendues d’eaux où on trouvait de l’estofi, long poisson de près d’un mètre, à la chair tendre et goûteuse dont raffolaient les palais délicats des habitants de Sluthor. La quasi-totalité des habitants de bauxor étaient des pêcheurs, rudes à la tâche, qui partaient pour des campagnes de quelques semaines pour chasser l’estofi à l’espadon. C’était une chasse périlleuse, pas toujours productive mais qui assurait la subsistance des familles locales.

Ayant du laisser leurs chevaux à l’entrée du village dans une écurie, nos compagnons se dirigèrent à pied vers le front de lac où on trouvait les tavernes où venaient se retrouver les pécheurs chanceux qui y dépensaient leur paie ou des les malheureux, accablés par le mauvais sort qui cherchaient l’oubli dans l’alcool. La nuit tombée, le quai était peu accueillant. Les eaux sombres et malodorantes du lac faisaient osciller les navires à la coque noircie et aux voiles reprisées. Les lances harpons, dominant la proue leur donnaient une allure de bêtes fantasmagoriques, dangereuses et malfaisantes. De minuscules fenêtres, tendues de papier huilé, dispensaient une faible lueur laiteuse qui ne permettait pas de discerner le sol.
-Eurkkkkk !!! s’exclama Callie.
-Quoi ?
-J’ai marché dans un truc mou et gluant, répondit-elle, dégoûtée en secouant son pied afin de détacher des lambeaux indéfinis qui y demeuraient accrochés.
Vamp leva les yeux au ciel et s’approcha d’une porte entrebâillée qui laissait échapper des conversations animées. La pancarte qui se balançait en grinçant dans le vent poisseux qui balayait le quai indiquait, en lettres noires délavées par la pluie, « La pêche miraculeuse ». Vamp poussa la porte et entra, suivie par ses compagnons, avides d’échapper à cette atmosphère sinistre et de se rafraîchir le gosier.

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MessagePosté le : 28 Jan 2004 10:25
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chapitre 62 : Bienvenue à Bauxor
:-D

Citation :
Dès leur entrée dans la taverne, basse de plafond et au sol de terre recouvert de coquilles de mollusques écrasées et de crachats mêlés de chique noirâtre, un silence profond se fit. Tous les regards des pêcheurs présents se tournèrent, hostiles, vers eux. Visiblement, les étrangers n’étaient pas les bienvenus en ce lieu. Indifférente à la réaction des autochtones, Vamp se dirigea vers le comptoir situé au fond de la pièce et jouant négligemment avec la dague qu’elle portait à sa ceinture, elle s’adressa à l’aubergiste, qui les yeux noirs et les joues couperosées par l’alcool, faisait semblant de ne pas la voir.
-Nous voudrions de quoi manger et de la bière.
L’aubergiste ne répondit pas, se dirigeant vers le bout du comptoir où un vieux pêcheur avalait à grandes gorgées bruyantes un pichet de cervoise.
Vamp blêmit. Elle n’était pas habituée à être ainsi ignorée. Elle sortit sa dague et la planta ostensiblement dans le comptoir et fixa le dos de l’aubergiste qui s’était raidi. Il se retourna et lui dit d’une voix rogue :
-Z’avez un problème ?
-Je vous ai demandé de nous servir.
-Je ne sers pas les femelles, répliqua l’homme, les poings sur les hanches en la toisant avec dédain.
-Vraiment ? Vamp parcourue la salle du regard, moqueuse.
Presque tous les pêcheurs avaient les yeux fixés sur eux, profitant avec plaisir du spectacle de leur affrontement. La mercenaire évalua rapidement le nombre de présents et leurs capacités à se battre si cela tournait à la bagarre. Il y avait là une dizaine de pêcheurs, des durs à cuire aux mains calleuses, rongées par le sel, et aux bras musclés. Elle jeta un regard rapide vers ses compagnons et vit qu’Hunter, Com, Ma’non et Aster avaient pris la mesure de la situation et s’étaient placés en des points stratégiques, protégeant Tram qui avait dissimulé Meryl sous son manteau et Callie. Celle-ci semblait indifférente aux regards avides de certains buveurs qui avaient visiblement remarqué les appâts généreux de la jeune femme. Les forces étaient équilibrées et Vamp se retourna vers l’aubergiste, se délectant à l’avance de la bonne bagarre qui pourrait éclater.
-Je ne vois pas de femelles ici. Par contre, ça regorge de porcs et de fouines en tout genre, répliqua-t-elle goguenarde, jouant négligemment avec la poignée de la dague fichée dans le bois.
Elle la dégagea lentement, la faisant tourner dans le bois comme ci elle fouillait la chair d’un homme. Elle la lança en l’air et après qu’elle eut tournoyé, Vamp la rattrapa par la pointe. En même temps, Ma’non avait enlevé son manteau, mettant en évidence les deux longs couteaux qu’elle portait au côté. Hunter jouait avec la poignée de son épée et Com avec celle de sa dague. Personne dans la taverne ne pouvait ignorer que les étrangers étaient bien armés et résolus. Le patron sembla s’incliner et désigna d’un geste méprisant une petite table située au fond de la salle. Vamp eut un sourire entendu : il s’agissait d’un recoin isolé, sans sortie possible qui offrait trop de ressemblances avec une nasse pour être sans danger. Ignorant l’aubergiste, elle se dirigea vers une grande table située près de la porte qui n’était occupée que par un pêcheur dans la force de l’âge qui semblait être le seul buveur indifférent aux nouveaux arrivants.
-Pouvons-nous nous asseoir ? lui demanda Vamp sur un ton neutre.
L’homme ne répondit pas. « Qui ne dit mot consent », pensa Vamp en haussant intérieurement les épaules. Ils s’installèrent autour de la table et attendirent que le patron les rejoigne. Celui-ci traînait des pieds et lança vers eux un long crachat plein de jus de chique montrant sa désapprobation, qui atterrit aux pieds de Vamp. La mercenaire se résigna à sortir ostensiblement sa bourse et la posa avec un bruit sourd sur la table. Cette vision sembla ragaillardir l’aubergiste qui s’approcha.
-Qu’avez-vous à manger ? demanda Vamp.
-Du pain et du poisson séché, répondit-il.
Vamp soupira. Qu’espérait-elle d’autre dans un tel bouge ?
-Auriez vous du lait ? ajouta-t-elle.
L’homme la regarda comme si il lui était poussé des cornes. Puis son regard horrifié découvrit Meryl, que Tram avait calé sur ses genoux et il ajouta, toujours peu aimable :
-Je n’ai que de la bière ou de l’eau de vie.
-Apportez nous ce que vous avez. Et de l’eau si vous en trouvez, ajouta Vamp.
L’aubergiste les quitta en maugréant contre ces sales étrangers venus on ne sait d’où et qui emmènent des bébés avec eux !!!
Vamp accomplit alors ce qui devenait un rituel dont elle se serait bien passée : demander leur prochaine destination à Aster.
-Quelle est la prochaine étape ?
Aster sortit de sa poche intérieure un parchemin et le tendit à Vamp. Pour une fois, nul nom de lieu géographique n’était indiqué sur le vélin mais une carte grossière du lac des ombres y avait été représentée. Bauxor se trouvait au sud du lac0 bordé à l’est par une vaste étendue quasi désertique, au nord et à l’ouest par la chaîne de montagnes des Appragha.
Une croix rouge avait été dessinée au nord-ouest du lac, sur une petite presque qu’île.
-La croix indique-t-elle l’emplacement de la tanière d’Avalon ? demanda Vamp, soulagée d’être presque parvenue à destination.
Aster opina. Vamp plaça la carte au centre de la table et tous ses compagnons se penchèrent pour l’étudier.
-Le plus simple est d’y aller en bateau. La traversée ne devrait pas prendre plus de quelques jours, suggéra Hunter.
Vamp grimaça.
-On pourrait tenter le voyage par les terres. Je n’ai pas confiance en ces bateaux. Je me demande toujours comment ils font pour flotter, maugréa-t-elle.
Hunter secoua la tête.
-Ce serait beaucoup trop long. La carte n’est pas très précise mais j’ai déjà parcouru cette partie de la montagne et d’après ce que je sais, les cols permettant d’atteindre la presqu’île sont difficiles, surtout à cheval.
Vamp fit contre mauvaise fortune bon cœur.
-Il va falloir trouver une embarcation pour nous mener jusque là. Vu l’hospitalité des gens du coin, ça ne va pas être facile.
-Personne n’acceptera de vous emmener.

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MessagePosté le : 01 Fév 2004 20:01
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chapitre 63 : une lueur d'espoir ?

Citation :
Tous se retournèrent vers le pêcheur qui se tenait à l’autre bout de la table. Ils avaient oublié sa présence et avaient exposé leurs projets devant lui sans prendre de précautions.
-Pourquoi ? demanda Vamp.
-C’est la pleine saison. Tous les bons bateaux sont partis en campagne. Les seuls qui restent sont tout justes bons à mettre en cale sèche. Pareil pour les marins qui sont à terre, ils sont, soit blessés, soit trop mauvais pour avoir trouvé un embarquement, répondit l’homme avec indifférence.
-Vous n’avez pas l’air blessé, répondit Vamp en jetant un coup d’œil rapide. Faites vous partie de la deuxième catégorie ? ajouta-t-elle, ironique.
Il répondit par un petit rire triste.
-Le navire dont j’étais capitaine a été récupéré par son propriétaire. Trop de déveines et d’accidents, soupira-t-il en courbant la tête.
-Si nous trouvons un bateau, vous pourriez peut être nous mener vers cette presqu’île.
-Non, répondit-il fermement. Je ne remettrai pas les pieds sur un navire. C’est fini pour moi.
Vamp plissa le front. Si, comme l’affirmait ce marin, tous les bateaux viables étaient partis, ils ne pouvaient attendre leur retour et ils devraient se résoudre à passer par la terre.
Hunter prit alors la parole.
-Nous n’avons pas besoin de prendre un bateau de pêche. Est-ce qu’il n’y a pas d’autres embarcations disponibles ? demanda-t-il à l’ex-marin.
Celui-ci commença par répondre par la négative quand il sembla se souvenir de quelqu’un.
Un peu hésitant, il répondit :
-Je connais peut-être un marin qui pourrait vous embarquer. Mais je ne peux rien vous garantir.
-Pourquoi n’est-il pas parti avec les autres ? demanda Vamp, soupçonneuse.
Visiblement gêné, l’homme répondit abruptement.
-Si cela ne vous intéresse pas, tant mieux ! Pour ce que cela m’importe…
-Cela nous intéresse, affirma Vamp. Je suis un peu méfiante, c’est tout, s’excusa-t-elle.
-Vous avez dû remarquer que les marins ont quelques préjugés envers les femmes, chuchota le marin.
-Non, vraiment ? Ils le dissimulent si bien, rétorqua Vamp qui malgré son expérience n’avait pas compris qu’il fallait parfois mieux se taire.
L’homme lui jeta un regard désapprobateur. Vamp leva les deux mains, paume vers le ciel pour s’excuser.
-Il y a quelques années, une femme est devenue capitaine de son propre bateau. Je dois reconnaître qu’elle avait la pêche dans la peau et que c’était un fichu bon marin, avoua-t-il. Mais elle n’a jamais été reconnue comme telle par les gars d’ici et aucun homme n’acceptait de monter sur son bateau. Elle a dû abandonner la pêche mais elle a gardé son navire. Elle est sentimentale, affirma le pêcheur. Ce n’est qu’une femme après tout. Devant le regard noir de Vamp, il ajouta hâtivement : Elle acceptera peut-être de vous emmener…
-Où peut-on la rencontrer ?
-Son nom est Bibi. Depuis quelques temps, elle est souvent au « phoque aigri », un peu plus loin sur les quais. C’est la pire taverne du port mais ils acceptent tout le monde. Bien obligé si ils veulent vendre leur tord-boyaux. Un petit conseil : elle n’est pas d’humeur très sociale, même sobre. Soyez aimables et payez lui un coup à boire, leur conseilla le pêcheur, tout en mettant ostensiblement en avant sa propre chope vide.
Vamp ne pouvait ignorer un tel appel. De plus, ce marin leur avait été bien utile. Elle sortit quelques pièces de sa bourse et les déposa sur la table. Devant son expression renfrognée, elle compta dix sous supplémentaires un peu à regrets.
-Merci de votre aide.
L’aubergiste faisant vraiment preuve de mauvaise volonté ne les avait pas encore servi. D’un commun accord, ils se levèrent et quittèrent la taverne, sous l’œil toujours attentif de ses occupants.

La saleté et l’état des bateaux allaient en empirant au fur et à mesure qu’ils avançaient le long du quai. Parvenant enfin à son extrémité, ils découvrirent une construction en bois, pourrie par l’humidité et dont le toit ne devait son équilibre qu’à l’absence de vent. De la porte grande ouverte s’exhalaient des effluves de poisson pourri. Une inscription a moitié effacée indiquait qu’il s’agissait bien du lieu de résidence de Bibi. Peu enthousiasmés par l’aspect sordide de la taverne, ils se résolurent enfin à y entrer. L’aspect intérieur était pire que ce que laissait présager l’extérieur. Des remugles de poissons rendaient l’atmosphère quasi irrespirable. Les murs de rondins mal équarris laissaient passer des filets d’air glacial et humide et le seul ameublement de la salle étroite était composé de deux tables branlantes et de bancs. La taverne est quasiment vide. Une silhouette solitaire était assise dans le coin le plus éloigné possible de la porte et leur tournait le dos. L’heureux propriétaire des lieux, qui ne devait jamais avoir vu autant de monde dans son estaminet, surgit soudain, tout excité, d’une petite porte située sur le côté. Vamp n’osait lui demander si il pouvait leur fournir de la nourriture, après tout, les Zeryth lui avaient appris que le jeûne permettait une ouverture spirituelle.
-Qu’est ce que je vous apporte ? demanda affable le patron.
-De la bière et de l’eau si vous en avez, demanda Vamp. Nous cherchons Bibi, ajouta-t-elle à voix basse.
Le patron lui désigna d’un hochement de menton la silhouette, engoncée dans un épais manteau, les mains crispées sur un verre, attablée non loin.

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MessagePosté le : 07 Fév 2004 21:10
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Chapitre 64 : négociations, partie 1

Citation :
Vamp demanda à voix basse à ses compagnons de s’installer à une table voisine et alla s’asseoir à côté de Bibi.
-Vous êtes bien Bibi ?
La femme ne leva pas les yeux et continua de fixer son verre. Vamp, remarquant que celui-ci était presque vide, fit signe au tavernier de lui apporter de quoi le remplir. Il revint rapidement avec une bouteille pleine d’un liquide un peu laiteux et la posa sur la table, l’accompagnant d’un verre pour Vamp. La mercenaire prit la bouteille et versa une rasade généreuse dans la chope de Bibi, qui l’ignorait souverainement. Elle n’avait pas bougé depuis l’entrée de Vamp et ses compagnons. Cependant, dès que son verre fut rempli, elle le vida d’un geste rapide, le visage fermé. Espérant que l’alcool la rendrait plus volubile, Vamp tenta à nouveau d’engager la conversation.
-J’aimerais vous engager comme capitaine. Je suis prête à négocier le prix de vos services, lui dit-elle en remplissant à nouveau son verre.
Bibi leva enfin la tête et fixa Vamp, un peu intriguée.
-Non, répondit-elle.
Vamp la fixa quelques instants, ouvrit la bouche puis la referma. Elle vérifia du regard que ses compagnons avaient été servis. Ils s’étaient installés et attendaient, dans le calme, que Vamp persuade Bibi de les conduire jusqu’à Avalon. Hunter fit un petit signe de tête en direction de Bibi et se leva légèrement, signifiant à Vamp qu’il pouvait venir la rejoindre pour l’aider si nécessaire. La mercenaire lui fit comprendre du regard qu’elle allait s’en charger seule. Ce n’est pas la première tête dure que je dois convaincre, se dit Vamp. Utilisons une technique classique mais efficace pour rompre la glace.
Vamp se saisit de la bouteille et se servit d’eau de vie. Elle porta le verre à ses lèvres mais son nez se plissa lorsqu’une odeur nauséabonde parvint à ses narines. Cet alcool dégageait une odeur d’algues pourrissantes, délicatement mêlée à un fort parfum de déjections animales. Elle allait reposer son verre sans y toucher lorsqu’elle croisa le regard moqueur de Bibi. Vamp devait relever ce défi implicite si elle souhaitait la persuader. Elle s’encouragea mentalement : voyons, c’est sûrement bien meilleur que ce que l’odeur laisse présager. Par Spike ! C’était pire ! Elle sentit la nausée monter alors qu’elle absorbait quelques gorgées de ce liquide suspect. La force de l’alcool qui lui brûlait la langue n’atténuait pas la sensation huileuse que laissait ce liquide dans la bouche. Vamp avait l’impression d’avoir avalé les liquides gastriques fermentés d’un espadon en pleine digestion. Elle respira à fond, essayant de retrouver le goût des potions de BonneMi ou d’une bonne Zubrow, parfumée et fraîche. Maîtrisant les frissons de dégoût qui se propageaient dans tout son corps, elle se força à sourire largement à Bibi qui l’observait attentivement.
-C’est très original, commenta Vamp. J’ai rarement bu une boisson aussi … particulière.
Bibi eut un sourire qui éclaircit son visage sombre.
-Le patron est renommé pour son amour des mélanges inédits. Il a essayé de faire fermenter tout et n’importe quoi. Celui-ci n’est pas trop mauvais, ajouta-t-elle en buvant le reste de son verre. Je crois qu’il s’agit d’un mélange de restes de poissons, fermentés avec des algues brunes.
-Intéressant, commenta Vamp, qui se demandait comment une boisson encore plus infâme avait pu être concoctée et surtout bue !!!
Bibi posa ses coudes sur la table et laissa reposer sa tête sur ses paumes.
-Que cherchez vous ?
-Mes compagnons et moi avons besoin de traverser le lac des brumes pour atteindre une presqu’île, située au nord-ouest, commença Vamp.
-Vous allez chez Avalon ? demanda Bibi froidement.
-Oui, répondit Vamp
La jeune femme qui s’était progressivement détendue, se renfrogna et fronça les sourcils. Elle recula instinctivement et demanda à Vamp d’une voix glaciale,
-Vous êtes de ses amis ?
-Pas du tout ! s’exclama Vamp, levant les paumes vers le ciel en signe de bonne foi.
-Pourquoi voulez vous la voir ? demanda Bibi, voulant s’assurer des intentions de Vamp.
-C’est personnel, répliqua Vamp qui ne tenait pas à exposer sa mission au tout venant. Par contre, je peux vous certifier qu’il ne s’agit pas d’une visite de courtoisie.
Vamp se demandait de quels maux Avalon était responsable dans la région pour faire naître de telles réactions au seul énoncé de son nom. Si elle parvenait à convaincre Bibi que leur venue pourrait débarrasser le lac des brumes de la sorcière, au moins durant un certain temps, elle accepterait peut-être de les aider.
- Avalon est une puissante magicienne. Je comprends que vous soyez effrayée de nous emmener vers son repaire, dit Vamp sur un ton un peu doucereux.
- Je suis le seul capitaine qui ait osé s’approcher de la presqu’île de la démone ! répliqua fièrement Bibi, crachant par terre pour manifester son mépris pour les sous-entendus de Vamp.
Vamp retint un sourire.
-Si ce n’est pas la peur qui vous retient, pourquoi refusez-vous de nous aider ? demanda-t-elle doucement.
Bibi jeta un regard noir à la mercenaire et haussa les épaules.
-Si vous avez besoin d’un équipage, ajouta Vamp, nous paierons bien sûr leurs salaires, assura Vamp avec un petit pincement au coeur à la pensée de tout cet argent qui allait disparaître dans la poche de marins.

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chapitre 65 : Négociations, 2ème partie

Citation :
Bibi se mit à rire. Il n’exprimait pas sa joie ou son enthousiasme mais plutôt une réaction de défense devant un retournement de la fortune contre lequel on ne peut lutter. Un rire nerveux qui peut exploser tout à coup à l’enterrement d’un proche où lorsque la tension est trop grande. Un rire de désespoir en réponse à une bonne plaisanterie du destin.
Vamp comprit ce qu’avait pu être la lutte de cette femme pour essayer de réaliser son rêve d’être indépendante, respectée par les autres marins et la tristesse profonde et misérable qu’avait entraîné son échec. Elle attendit que le rire de Bibi se soit calmé, tel un feu de brousse qui meurt rapidement une fois qu’il a tout dévoré sur son passage.
Vamp se pencha en avant, regardant Bibi droit dans les yeux, essayant de la sortir de son abattement par la force de son regard.
-Nous pourrions vous aider à prouver que vous êtes un des meilleurs marins de ce port. Peu de pêcheurs osent s’aventurer près du repaire d’Avalon, n’est ce pas ? Si vous parvenez à nous y amener, et ce avec un équipage restreint, vous pourrez vous vanter d’avoir réussi ce qu’aucun autre marin n’avait osé, murmura Vamp d’une voix douce et quasi hypnotique.
-Aucun matelot ne voudra travailler sous mes ordres, répondit Bibi, hésitante.
-Nous nous en occupons, lui assura Vamp. Nous sommes une troupe pleine de ressources, ajouta-t-elle, un sourire carnassier aux lèvres. Si le doux tintement des pièces d’or ne suffit pas à les convaincre, l’acier de mon épée y parviendra.
Bibi hésitait. Elle avait depuis longtemps perdu l’espoir de pouvoir un jour remonter sur son bateau, même si elle avait continuer à l’entretenir du mieux qu’elle pouvait, vérifiant régulièrement le calfatage et les voiles. Que risquait-elle à tenter l’aventure ? Lucide, elle se rendait bien compte que mener Vamp à bon port ne suffirait sûrement pas à lui assurer la reconnaissance de ses pairs, malgré l’habileté que ce voyage exigerait. Les dangers étaient nombreux et elle avait de grandes chances de finir noyée, le corps rejeté sur les rives du lac ou grignoté peu à peu par les poissons. Bah, entre mourir sur un bateau, en luttant contre les éléments ou bien mourir dans un caniveau, étouffé par ses propres vomissements dus à un excès d’alcool, elle choisissait la première. Sa décision prise, elle se senti soulagée. Quoi qu’il arriva, tout allait changer et ce n’était pas un grand mal.
-Je suis partante, répondit-elle finalement à Vamp avec assurance.
La mercenaire la récompensa d’un grand sourire et lui versa une bonne dose d’eau de vie. Bibi refusa d’un geste.
-Un bon marin est un marin sobre. Il va me falloir du temps pour me débarrasser de ce poison, ajouta-t-elle.
-Très bien ! Quand pourrons nous partir ? demanda Vamp, qui avait du mal à cacher son impatience.
-Nous devons d’abord discuter de mes honoraires, répliqua Bibi, un large sourire aux lèvres.

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MessagePosté le : 01 Mar 2004 23:37
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chapitre 66 : le grand départ (?)

Citation :
L’entretien de Vamp et Bibi à propos de ses gages s’était révélé long et mouvementé. Bibi avait augmenté ses exigences lorsqu’elle avait appris qu’elle devait embarquer un bébé et un démon familier. Elle avait argué d’un « mauvais œil » associé à ce type de passager, ponctuant son discours de véhéments gestes de mains. Elle avait refusé avec force d’embarquer leurs chevaux et Vamp avait dû s’incliner. Elle avait trouvé une écurie, pas trop chère, qui accepte de garder leurs montures pour une durée indéterminée. Vamp avait dû payer un mois d’avance et sa bourse était presque plate. Il leur restait à trouver des marins pour former l’équipage du « Bériane » mais la nuit était trop avancée et ils durent se résigner à chercher un gîte. Bauxor n’était pas une ville renommée pour son hôtellerie et ils furent contraints de loger dans une auberge peu confortable située sur le port.

La lumière laiteuse du matin ne rendit pas le port plus plaisant mais révélait les coques rongées par l’air marin et la couleur boueuse et saumâtre de l’eau qui clapotait contre les pontons. Vamp avait chargé Callie, Tram et Ma’non de faire provision de poisson séché, de pain et de tout ce que la ville pouvait proposer comme denrées consommables. Accompagnée de Hunter et de Com, parfaitement remis, Vamp partit hanter les tavernes du port à la recherche de marins libres d’engagements. Ce ne fut pas une tâche aisée : la plupart des marins libres étaient soit blessés et écartés d’office, soit très âgés, soit il s’agissait de trublions, laissés au quai par des capitaines lassés de leurs bagarres perpétuelles et de leur ivrognerie. Une fois restreint le nombre de candidats potentiels, à peine une poignée d’hommes, Vamp dut lutter contre leurs préjugés machistes. Tous refusaient de monter sur un navire commandé par une femme. Vamp fut obligée de recourir à l’arme ultime : l’argent. En leur proposant le triple de leurs gages habituels, elle réussit à convaincre une demi-douzaine de marins de se placer sous les ordres de Bibi. A leurs questions insistantes sur la cargaison du bateau et sa destination, Vamp répondit évasivement. La présence de femmes, d’un bébé et d’un démon en route vers le repaire d’Avalon auraient fait déguerpir les marins quelque soit la paye offerte.
Bibi leur avait donné rendez-vous en fin d’après midi sur le ponton situé à l’extrémité du port. Les hommes engagés par Vamp l’avaient aidé à remettre les voiles, à vérifier le calfatage.
Le soir allait tomber lorsque Vamp et ses compagnons arrivèrent, chargés de bagages. Tram avait fait provision de lait de chèvre et de gruau pour Meryl.
Ils tombèrent en pleine dispute entre Bibi et un des marins, Marlbo. Il avait remis en question l’autorité de Bibi en fumant de l’herbe à pipe à bord alors qu’elle l’avait formellement interdit. Les injures et les jurons fusaient de toute part, si colorés et parfois si anatomiques qu’ils parvinrent même à faire rougir Callie et Tram. Nos héros laissèrent les deux marins à leur querelle et firent le tour du bateau, avides de découvrir leur nouvel hébergement pour les quelques jours de la traversée. Ils déchantèrent vite en découvrant l’entrepont. Si bas de plafond que même Callie devait se courber pour y pénétrer, il y régnait une semi obscurité qui ne dissimulait pas le peu d’espace qui leur était offert. Une odeur ancienne de poisson exhalait des bois humides. Aucun de nos héros ne se risqua à respirer amplement l’air vicié. Ils installèrent les hamacs que leur avait prêtés, où plutôt loués Bibi, le mieux possible et y placèrent leurs affaires, soucieux de ne pas les déposer sur le sol humide et huileux. Meryl se mit à pleurer et Tram dut remonter sur le pont, suivi par Com dont le lien avec l’enfant s’était encore renforcé. Pris dans leurs préparatifs, ils n’avaient pas eu le temps de se pencher sur les transformations qu’avait subit l’archer, la traversée leur laisserait tout le temps nécessaire, pensa Vamp.
Vamp rejoint Bibi et lui demanda quand ils pourraient partir mais elle et se fit rabrouer vertement.
-Dès le moment où vous avez posé les pieds sur ce pont, vous vous êtes soumis à mon autorité. Je ne veux pas vous entendre, j’ai un équipage à diriger. Nous partirons avec la marée, dans une heure environ. Si vous ne savez pas quoi faire en attendant, ajouta-t-elle, vous pouvez donner un coup de main.
-Je vous gênerai, protesta Vamp en s’éloignant. Quelle idée avait eu Avalon de s’installer sur une presqu’île !

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MessagePosté le : 18 Mar 2004 18:05
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Chapitre 67 : en mer !

Citation :
Quand le navire sortit du port, sous le regard curieux et réprobateur de quelques marins qui s’apprêtaient à passer la soirée devant une chope de bière, Vamp maudit sa sœur de sang. Elle sentait son estomac osciller à la cadence du roulis, semblant remonter dans sa gorge. Elle se précipita vers le bastingage et fut prise de nausées incoercibles.
Elle demeura agrippée au cordage, la langue pâteuse, le regard vague. Ses vomissements ne l’avaient pas soulagée. Elle n’avait pas encore repris conscience du monde alentour. Elle percevait comme à travers un épais brouillard la voix de Bibi qui donnait des ordres d’une voix ferme aux matelots.
Vamp perdit la notion du temps, la main crispée sur son ventre comme si elle pouvait ainsi le guérir, rendue presque inconsciente par la nausée.
Soudain, une main posée sur son épaule la fit sortir de l’état semi comateux où la douleur l’avait plongée. Bibi la fixait, un peu étonnée de constater que même les fameuses mercenaires pouvaient souffrir du mal de mer.
-Si vous ne vous sentez pas bien, restez sur le pont. L’odeur de l’entrepont risque de vous rendre vraiment malade. Il ne faut pas compter sur le médiocre équipage que vous m’avez dégoté pour nettoyer derrière vous.
Vamp ne répondit pas, prise d’une nouvelle envie de vomir.
-Vous devez vous sentir très mal si vous ne pouvez même plus parler, poursuivit Bibi, un peu moqueuse.
-Pas sur le pont ! s’exclama-t-elle en voyant Vamp se pencher.
Elle se précipita et aida la mercenaire à passer la tête par dessus bord. Vivement la fin de ce calvaire ! se lamenta la capitaine, en essuyant d’un mouchoir les lèvres maculées de Vamp.

Bauxor avait disparu de l’horizon lorsque la nuit tomba. Bibi avait établi un tour de garde et avait demandé à Hunter et Com d’y participer. Elle n’avait aucune confiance en son équipage, qui rechignait à obéir à ses ordres. De plus, ces hommes n’étaient pas de bons marins. C’était un ramassis de têtes brûlées, d’ivrognes et de maladroits, bien incapables de trouver un engagement durable sur un honnête navire. Bibi n’avait pas d’autre choix que d’essayer d’en tirer le meilleur parti même si cela exigeait qu’elle soit perpétuellement à l’affût. Bibi lança à voix basse quelques jurons bien sentis qui la soulagèrent momentanément. « Fichue mercenaire ! Elle sait parader, la tête haute, la main sur l’épée et impressionner les faibles. Mais quand il faut mettre la main à la pâte, il n’y a plus personne ! Madame la grande mercenaire est malade ! Vu son état, on ne va pas l’entendre de toute la traversée. Finalement, ce n’est qu’une petite nature. Est-ce que je suis malade, moi ? »
Même si elle avait pu entendre ces moqueries, Vamp aurait été bien incapable d’y répondre avec sa morgue habituelle tant elle était atteinte par le mal de mer. Elle gisait, recroquevillée sous une couverture de laine, près du babord avant, protégée des embruns et du vent. Ses compagnons avaient essayé de lui faire un nid douillet dans l’entrepôt mais l’odeur et le roulis n’avaient fait qu’empirer sa nausée. Ils s’étaient résolus à l’installer sur le pont, le plus confortablement possible. Ma’non lui avait donné une potion calmante qui l’avait fait plonger dans le sommeil.
Bibi leur avait confirmé qu’il n’y avait rien qu’ils ne puissent faire pour améliorer son état. Le mieux était qu’elle dorme le plus possible.
Ils avaient accueilli avec joie la demande de Bibi de participer aux tours de garde, pouvant ainsi veiller sur Vamp. Hunter avait pris le premier quart.
Le reste de nos compagnons étaient installés dans l’entrepôt qu’ils avaient tenté d’aménager. Des couvertures épaisses rendaient les hamacs presque confortables et empêchait les rudes cordages de meurtrir les chairs. Même si aucun d’entre eux ne souffrait avec autant d’intensité que Vamp du mal de mer, ils se sentaient tous un peu nauséeux et espéraient pouvoir ranger cette traversée au rang des souvenirs poussiéreux le plus rapidement possible.
Les efforts conjugués de Tram et Com avaient permis de calmer Meryl. Elle se tenait assise, ses petites mains tentaient d’attraper un morceau de tissu rêche auquel Tram avait donné une grossière apparence de poupée. A chaque fois qu’elle allait parvenir à se saisir de l’objet de ses désirs, les bras tendus et le visage dressé, Com agitait la poupée et la mettait hors de portée de l’enfant. Pas du tout attristée par ces difficultés, Meryl se mettait à babiller et à faire de grands sourires charmeurs à Com, tentant d’obtenir par la ruse et le charme ce qu’elle ne pouvait espérer attraper.

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MessagePosté le : 01 Avr 2004 19:35
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Chapitre n° 68 : Un étrange voyage ...

Citation :
Au bout d’une heure de jeu, Com décida qu’il était temps de coucher les jeunes bébés rieurs mais dès qu’il commença à installer Meryl dans la couche qu’ils lui avaient préparé avec soin, elle se mit à crier et à serrer ses petits poings de rage, montrant avec force sa désapprobation. Com fit preuve d’autorité et la plaça fermement dans son nid. A peine l’avait-il calée dans une épaisse couverture que Meryl se mit à gigoter avec véhémence et se retrouva en quelques secondes complètement entortillée dans ses linges, frappant les cuisses de Com qui s’était placé à genoux, de vigoureux coups de pieds. A chaque tentative de l’archer pour se rendre maître de cette petite friponne, elle répondait par de nouveaux cris, des ruades et des tortillements erratiques. A bout de forces, Com essaya de rétablir leur lien mental mais ce fut pour découvrir que Meryl savait aussi bien rugir par la pensée que par la voix. Ses hurlements, aussi bien psychiques que sonores lui martelaient la tête, commençant à faire naître une prodigieuse migraine. Vaincu, il cessa de maintenir Meryl et la laissa gigoter de tout son saoul durant quelques minutes. Encore rougie par la colère, les yeux brillants de larmes, Meryl se calma progressivement, assise sur le sol, bien droite. Malgré son âge tendre, cette jeune dame savait parfaitement se faire comprendre et manifester ses désirs. « Je n’arriverai pas à la coucher » s’avoua Com, vaincu. « Autant essayer de l’occuper le plus possible pour qu’elle se fatigue ».
Il se leva et surveillant du coin de l’œil la preste demoiselle, il se dirigea vers son sac et en tira la bourse contenant la sphère de Saule. Il revint s’asseoir près de l’enfant et posa avec précaution la sphère sur le sol, calée sur la bourse afin qu’elle n’allât pas rouler sur le plancher inégal. Aussitôt, Meryl posa sa main sur la boule, attirée par les images changeantes et colorées qui chatoyaient à l’intérieur. Voulant maintenir la sphère, Com plaça sa main sur celle du bébé et se retrouva alors comme entraîné dans la sphère. Il n’était plus un observateur extérieur émerveillé, mais il voyait maintenant les galaxies se déployer en longues spirales gazeuses et vaporeuses de l’intérieur de la sphère. Il avait été capturé par cet étrange objet. Sa panique initiale augmenta lorsqu’il s’aperçut qu’il n’était pas le seul ainsi transporté mais que Meryl l’avait accompagné. Il percevait sa main sur la sienne et sa voix dans son esprit. Car ses cris mentaux, ses babillements habituels avaient fait place à des mots, des phrases clairement énoncées.
-Que se passe-t-il ? cria-t-il, l’esprit à la dérive.
-Calme toi, Com. Ce n’est rien. Nous sommes juste dans un espace parallèle, dans les interstices de l’espace-temps, répondit la voix qu’il associait à Meryl.
- Comment ça « juste dans un espace parallèle » ! Comment allons nous en sortir ? Comment sais-tu cela, tu n’es qu’un bébé !
Un doux rire argentin lui répondit.


-Voyons Com. Tu connais assez la magie pour savoir que nous ne sommes pas toujours ce que nous paraissons être. J’ai beau avoir l’apparence d’une enfant, je suis beaucoup plus âgée que toi.
-Mais comment ?
-Regarde autour de toi. Admire ces merveilles de l’univers, ces étoiles scintillantes, géantes rouges ou naines blanches, elles participent toutes à la glorieuse beauté de cet univers. Laisse toi emporter par le vent cosmique, laisse le t’emmener vers cette galaxie spirale. Les explications viendront en temps voulu. Pour le moment, laisse toi guider par moi. S’il te plait, demanda d’une voix douce et enjôleuse Meryl.
Complètement submergé par ses nouvelles sensations et découvertes, Com, à demi groggy, lui obéit et se laissa emporter. Il ne savait où poser les yeux, découvrant des étoiles de toutes les couleurs, des planètes gazeuses, rayées comme des écharpes multicolores, des champs d’astéroïdes qu’ils évitaient en tournoyant si vite qu’il avait l’impression d’en perdre le souffle. Ils pénétraient au cœur d’un des bras spiral de la galaxie que lui avait désignée Meryl.
Elle le guida vers une étoile jaune, semblable aux autres et entouré de quelques planètes rocheuses. Elle s’arrêta, parvenue devant la troisième planète, bleue et blanche.

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MessagePosté le : 10 Avr 2004 10:53
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chapitre 69 : Contrairement aux habitudes des magazines féminins, ce chapitre n'est en rien différent des autres :o

Citation :

-Où sommes nous ?
-Tu ne le devines pas ? Examine avec soin la forme des terres que l’on distingue en bas, à peine voilées par quelques nuages.
Com se concentra sur le grand continent qui se dévoilait devant ses yeux. Il était bordé par une grande mer à l’est sur laquelle échouait une large chaîne de montagne. Au centre, on devinait une large forêt, des collines. « Tiens, cela ressemble un peu à nos paysages » pensa un peu distraitement Com. Puis revenant sur cette analogie, il s’arrêta sur certains détails caractéristiques. « Ce grand lac au nord est ressemble au lac sur lequel nous nous trouvons. Et là, on dirait le désert de Fanslurg ! »
-Meryl ! Dis moi que ce n’est pas ça ! supplia-t-il, refusant d’accepter que la planète si petite devant lui était son monde natal.
-Tu ne trompes pas. Nous sommes bien en train de contempler les merveilles de notre monde, répondit-elle doucement.
-Mais, comment ? demanda-t-il, incrédule.
-La sphère que t’a offerte Saule n’est pas un objet ordinaire. Elle contient de la magie et ne renferme pas seulement une image rapetissée du monde et de notre univers, mais elle contient sa représentation exacte. Depuis que tu es entré en contact avec moi par le biais de la sphère, tu es capable d’intégrer cette représentation et de t’y déplacer. Enfin, tu vas apprendre à t’y mouvoir. Sais-tu que je peux t’emmener au dessus du navire, contempler Hunter en train de faire son quart, Vamp en train de dormir ?
Com était incapable de répondre, ne parvenant pas à saisir le sens exact de ses paroles. Trop d’évènements incompréhensibles s’étaient produits en peu de temps et il n’arrivait pas à les assimiler. Il sentit que Meryl avait perçu son incompréhension et l’entendit soupirer.
-Je suppose que j’ai voulu en faire trop. Je voulais te montrer toutes les merveilles que tu pouvais observer, toutes les capacités dont tu disposes. Enfin, je suppose que nous avons déjà bien avancé pour un premier voyage. Je te montrerai comment te déplacer la prochaine fois, lui dit Meryl.
Com sentit le monde sous ses yeux s’effacer lentement pour faire place au spectacle rassurant de l’entrepont. Rien n’avait bougé. Il avait toujours la main sur la sphère et Meryl, toujours bébé, se tenait en face de lui, perdue dans la contemplation des univers changeants de la boule.
« J’ai dû rêver tout ceci » pensa-t-il. « Cela doit être un contrecoup de ce qui m’est arrivé la dernière fois que j’ai utilisé la sphère. ». Il se leva lentement et repris la sphère qu’il plaça avec précaution dans son enveloppe et il la rangea au fond de son sac. « Il ne faut plus que j’y touche », se promit-il. « Je ne veux pas commencer à voir des éléphants roses et à imaginer que Meryl est plus qu’un charmant bébé ». A cette pensée, il ne put s’empêcher d’observer avec soin Meryl qui assagie, l’attendait tranquillement. Il s’approcha et la saisit délicatement pour la replacer dans son lit. Elle ne protesta pas et se nicha dans sa couverture, fermant les yeux et portant ces petits poings à sa bouche. Com, rassuré par cette scène familière, allait rejoindre son hamac, bien décidé à oublier le plus rapidement possible cette aventure imaginaire lorsqu’il entendit la voix de Meryl murmurer lentement dans son esprit « Tout ceci était vrai, Com ».

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MessagePosté le : 20 Avr 2004 19:26
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Chapitre 70 : Aster se découvre ...

Citation :
Aster se tenait sur le pont et observait les manœuvres de l’équipage, qui parvenait au bout de deux jours tant bien que mal à accomplir les taches que leur confiait Bibi. Ils ne lui obéissaient pas avec le sourire ou avec rapidité et elle devait souvent répéter ses instructions sur le ton d’un sergent instructeur de l’armée bexianne. Aucun membre de la troupe de Vamp n’était intervenu dans les relations entre Bibi et son équipage. Elle leur avait fait rapidement comprendre qu’ils n’étaient que des passagers à son bord, qui n’avaient même pas payé entièrement leur traversée et la seule chose qu’elle exigeait d’eux était qu’ils ne se trouvent pas sur son chemin et qu’ils participent aux tours de garde de nuit. Aster, Com et Hunter se partageaient les nuits, Tram ne possédait pas assez d’expérience et Vamp était toujours alitée. Ces deux jours d’inactivité forcée avaient permis à Aster de poursuivre son étude des compagnons de Vamp. Elle observait avec beaucoup d’attention Com, qui semblait être bien plus qu’un simple archer. Depuis la scène de la forêt où il avait interagit si spectaculairement avec la sphère, Aster le quittait rarement du regard et elle avait remarqué les relations étranges qu’il entretenait avec le bébé. Elle avait surpris des regards spéculatifs lancés par Com en direction de Meryl et sentait que la relation entre l’archer et l’enfant avait évolué. A certains moments, elle avait l’impression que Com était effrayé par Meryl et n’agissait pas naturellement avec elle. Un mystère de plus à résoudre pour le Messire. En plus de surveiller Vamp et ses compagnons, il l’avait également chargée lors de son dernier rapport de déterminer la nature exacte du bébé, d’évaluer les pouvoirs de la sphère si elle en avait et, pour finir, de rassembler le maximum de renseignements sur les compagnons de Vamp. Qui sait si il n’aurait pas besoin de nouveaux moyens de pression sur la mercenaire. Depuis lors, Aster n’avait pas réussi à réunir d’informations précises sur Com ou l’enfant. Meryl n’était jamais seule mais se trouvait toujours sous la garde de Com, Tram ou Hunter, ses nounous attitrées. De plus, Samael semblait également toujours se trouver à proximité, réduisant à néant toutes les occasions qu’Aster aurait eu de l’approcher.
Sa mission qui lui semblait si simple au départ prenait des tours inattendus. Elle n’avait pas été formée pour espionner ou se dissimuler. Son long apprentissage dans la confrérie de Wangzang lui avait appris à développer ses dons d’invisibilité, de rapidité afin de faire d’elle une combattante hors pair. Elle avait failli lors de sa deuxième mission de probation. Elle avait hésité quelques secondes, avait ressenti la peur infamante qui noue les entrailles, paralyse les muscles et gèle la pensée. Aussi bref que fut son moment d’abandon à l’effroi, son maître l’avait perçu. Il l’avait questionné et elle avait menti. Elle avait prétendu n’avoir jamais perdu le contrôle d’elle-même. Dès son mensonge proféré, elle sut qu’elle avait commis une grave erreur. Son maître avait lu en elle et avait perçu son mensonge. Elle avait du quitter l’école qui était devenu son foyer depuis tant d’années. Elle avait erré un an ou deux, remplissant des contrats de garde de corps, de petites missions de protection qui l’amenèrent jusqu’à Trillith. Là, elle fut remarqué par le Messire, toujours habile à tirer le maximum des capacités de ses sbires. Elle découvrit grâce à lui que ses dons pouvaient faire d’elle une voleuse particulièrement habile ainsi qu’un assassin quasi infaillible. Elle avait été fascinée par cet homme, par son intelligence, par son charisme, et qui était prêt à lui apprendre les arcanes de son monde. Il était devenu son nouveau maître. Ses punitions étaient dures et sévères mais les récompenses étaient ô combien plus gratifiantes que celles que lui avait offert son ancien maître.

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MessagePosté le : 26 Avr 2004 17:43
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chapitre 71 : enfin à terre !

Citation :
Bibi fixa les contours de la presqu’île qui apparaissait au loin. Nous y sommes, pensa-t-elle. Un sourire un peu amer éclairait son visage bronzé par cette longue semaine de mer. Elle était à la fois heureuse de se débarrasser de ses encombrants passagers et triste à l’idée de rentrer à Bauxor et de remiser à nouveau son navire. Cette traversée assez tranquille lui avait mis l’eau à la bouche sans pouvoir la rassasier. Elle aurait voulu pouvoir naviguer ainsi sans jamais s’arrêter, libre de ses déplacements, loin des moqueries de ses collègues masculins. Mais elle savait qu’une fois revenue à Bauxor, elle n’aurait pas de nouvelle occasion de montrer ses talents. Son équipage de bric et de broc ne chanterait sûrement pas ses louanges à terre. Leurs relations ne s’étaient pas améliorées et Bibi redoutait un peu le trajet du retour où elle serait seule pour gérer cette équipe de fortes têtes. Enfin, elle n’aurait plus à supporter les vomissements de Vamp et les vagissements du bébé.
Les contours de la terre ferme se précisant, elle descendit à l’entrepont prévenir ses passagers qu’ils approchaient de leur destination. Aussitôt, des sourires éclairèrent leurs visages. Même si ils n’avaient pas été touchés par le mal de mer comme Vamp, ce voyage ne leur laisserait pas des souvenirs réjouissants. Un régime alimentaire à base de viande séchée et d’eau croupie n’était pas celui de leurs rêves. Le pire avait été l’ennui de cette traversée. S’occuper de Vamp et de Meryl n’occupait pas cinq personnes à plein temps et Hunter s’était rapidement lassé de nettoyer son épée tous les soirs. Tram avait bien essayé de meubler leurs journées en leur contant toutes les histoires et légendes qu’il avait soigneusement collectées à Miniun mais l’air agacé de Ma’non, Callie et Hunter l’avait rapidement arrêté. Ils étaient tous soulagés d’être enfin arrivés en vue de la résidence d’Avalon même si personne n’avait encore conçu de plan permettant de convaincre la sorcière de les suivre à Trillith. Tous comptaient sur Vamp. Après tout, elle était une des rares personnes encore vivantes qui avait connu Avalon avant qu’elle ne devienne si puissante. Ils espéraient que le souvenir de leur amitié passée empêcherait la sorcière de les réduire en cendres dès leur approche et leur laisserait le temps de la persuader par la raison ou par la force. Là s’arrêtait leur stratégie. Toutes les possibilités avaient été passées en revue par Com, Ma’non et Hunter lors de ces soirées si moroses, sans qu’aucune réponse ne soit trouvée.
Le navire approcha de la côte. De nombreux récifs aux angles acérés empêchaient tout accostage du bateau. Bibi réclama le reste de son salaire et les fit embarquer dans un canot qui les mena sur la terre ferme. Dès qu’ils furent descendus avec leurs affaires, les marins reprirent les rames et les quittèrent sans un mot d’adieu. Ils partageaient l’opinion de leur capitaine au sujet de leur « cargaison ». « Trois femmes de moins de bord » grommela, réjoui un des marins. « Ouais, bien content d’en être débarrassé. Les femmes, c’est pas fait pour aller sur bateau », renchérit son coéquipier.

Ils avaient atterri sur une minuscule plage de galets que surmontait une falaise de basalte gris foncé. Ils décidèrent d’y monter un camp. L’après midi était bien avancé et le sol tanguait un peu sous leur pieds après une semaine passée sur l’eau. L’état de Vamp s’était largement amélioré depuis qu’ils avaient retrouvé la terre ferme et cette soirée de repos lui permettrait de retrouver l’essentiel de ses forces. Hunter partit avec Com en reconnaissance, n’oubliant pas de se munir de leurs armes : un peu de viande fraîche remplacerait avantageusement les biscuits secs et les lanières de bœuf que leur avait fourni Bibi avant leur débarquement. Ma’non trouva une petite source, non loin de là qui leur permis de se désaltérer et de se laver. Seuls les bains de mer étaient possible à bord du navire.
Quand les deux mercenaires revinrent de leur petite expédition avec trois beaux lapins bien gras et quelques fruits, ils furent accueillis par un bon feu crépitant et par les remontrances de Vamp. La mercenaire avait repris du poil de la bête et sermonnait Tram sur ses devoirs envers Meryl. Le bébé avait échappé à sa surveillance quelques instants et s’était approché près du feu. Elle se serait brûlée si Vamp ne l’avait pas aperçue. La mercenaire s’était précipitée et l’avait saisie brusquement, provoquant des pleurs répétés. Tram se tenait, penaud, les yeux fixés sur le sol, la tête basse, endurant stoïquement les reproches de Vamp. Il avait presque oublié durant cette semaine d’indisponibilité de la mercenaire combien elle pouvait être tranchante. Heureusement pour le jeune voleur, l’arrivée de Com et Hunter écourta sa diatribe. Les deux chasseurs dépouillèrent leurs proies et les mirent à rôtir au dessus du feu. Une fois le repas prêt, ils firent le bilan de leur mission de reconnaissance.
-Il y a un petit chemin à une demi lieue qui permet de rejoindre le plateau. Il n’y a pas beaucoup de végétation : un peu d’herbe et quelques buissons. Nous avons poursuivi jusqu’à une forêt, à trois ou quatre lieues de là. Elle s’étend sur toute la largeur de la presqu’île, conclut Hunter.
-Pas de traces d’une demeure, d’une grotte ? demanda Vamp.
-Rien. Espérons qu’Avalon se trouve de l’autre côté de la forêt.
Le silence se fit. Même si ils n’avaient jamais été aussi proches de la résidence d’Avalon, les obstacles à surmonter demeuraient nombreux.
-Nous y verrons plus clair demain matin, conclut Vamp.
Ils se préparèrent pour la nuit, Com prenant Meryl avec lui. L’archer n’avait pas résisté au mystère « Meryl » et avait renouvelé l’expérience de la sphère toutes les nuits. Il avait décidé de garder le secret sur cette expérience. Il n’était pas certain de comprendre ce qui se passait vraiment et où il se trouvait quand il pénétrait avec l’enfant dans la sphère. Il n’avait pas envie de partager cette expérience, de devoir l’analyser et peut-être même de la stopper. Il aimait l’idée que la relation qu’il établissait avec Meryl était unique, exclusive et très spéciale. Ainsi, tous les soirs, il prenait l’enfant avec lui et, à moitié caché sous une couverture, ils partaient tous les deux dans la sphère-univers. Com était maintenant capable de se déplacer tout seul dans ce monde si étrange. Il avait refusé de retourner vers la planète que Meryl avait prétendu être son monde. Cette idée l’effrayait et il n’était pas prêt d’admettre que cela pû être la vérité. Il avait visité de nombreux systèmes planétaires, découvrant des astres aussi différents et nombreux que les grains de sable d’une plage. Meryl se contentait de le guider mais elle n’avait jamais répondu à ses questions sur sa nature, son origine, ses buts. Elle demeurait un mystère total pour Com.

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Chapitre 72 : Avalon !!!! :tourni:

Citation :
Elle s’approcha lentement, jeune femme aux longs cheveux châtains, vêtue d’une longue robe claire. Parvenue à quelques mètres d’eux, elle leur sourit et s’adressa à Vamp.
-Vamp, n’est-ce pas ?
Vamp la fixa interloquée, elle était persuadée de ne l’avoir jamais avoir rencontrée auparavant.
-Qui êtes vous ?
-Tawi, répondit la jeune femme en souriant. Avalon a perçu votre présence sur son domaine et m’envoyé vous guider jusqu’à sa demeure.
Vamp et ses compagnons échangèrent des regards interloqués. Ils n’auraient jamais imaginé qu’Avalon souhaiterait les rencontrer.
-Comment m’avez-vous reconnue ? demanda Vamp, surprise.
-Ma maîtresse Avalon vous a décrite avec beaucoup de précision, Vamp. Elle a suivi vos aventures avec beaucoup d’intérêt. Par contre, je ne connais pas vos compagnons, répondit Tawi, interrogative.
Vamp, prise de court, présenta sa petite troupe. Tawi s’exclama devant Meryl.
-Quelle charmante enfant ! Est-ce votre fille ? demanda-t-elle innocemment.
Vamp se mit à rougir.
-Euh, non. Nous l’avons recueillie, elle avait été abandonnée dans une forêt, près de Haucour. Nous l’avons appelée Meryl.
-Elle est adorable, commenta Tawi en caressant la joue de l’enfant.
Vamp se concentra à nouveau sur sa mission. Elle ne comprenait pas le jeu d’Avalon mais puisqu’elle leur avait envoyé un guide, autant en profiter, tout en restant attentif, bien sûr.
-Cette forêt n’est pas aussi accueillante qu’elle ne le parait. Suivez-moi et faites attention où vous marchez, annonça Tawi tout en avançant lentement.
Vamp rassura du regard ses compagnons peu confiants et suivit la jeune femme. La traversée du bois se passa sans incidents et en fin de matinée, les arbres s’espacèrent et les taillis se firent moins denses.
Ils allaient sortir de la forêt lorsque Tawi les arrêta.
-Vous allez sentir une légère résistance. Ce n’est qu’une barrière de protection, érigée par ma maîtresse pour éviter que les bêtes sauvages qui rodent près d’ici ne pénètrent dans son domaine. Rassurez-vous, elle n’a aucun effet sur les humains. Par contre, il faudrait que vous teniez votre animal, invocatrice, ajouta Tawi en s’adressant à Ma’non.
Sam se blottit autour de son cou, ses yeux perçants fixant leur guide. Ils traversèrent la barrière sans encombre et aboutirent dans une vaste prairie où de longues herbes et des fleurs sauvages ondulaient sous le vent. Vamp respira longuement. L’air lui semblait le plus pur, le plus frais, le plus suave qu’il puisse exister. Il donnait envie de sourire, de lever la tête vers le ciel et de laisser les rayons du soleil vous caresser le visage. Vamp se sentit légère, si légère que si elle sautait, elle pourrait tourbillonner sans jamais retoucher terre, emportée par la brise. En chaque lieu où se posait son regard, elle découvrait une nouvelle merveille : là une plante si fine que ses feuilles délicatement dentelées ressemblaient à de fins coquillages nacrés, ici une fleur dont les corolles chatoyantes laissaient échapper un parfum enivrant. Vamp se tourna vers Callie qui se trouvait à quelques pas et s’extasia :
-N’est-ce pas magnifique ? Toutes ces fleurs éclatantes !
Callie lui jeta un regard surpris.
-Je ne vois qu’une prairie, répondit-elle.
Vamp haussa les épaules, dédaigneuse. Comment une fille de la ville pourrait être sensible aux beautés de la nature !

Une maison apparut au loin. Il s’agissait d’une grande maison de bois blanc, entourée d’une galerie soutenue par de fins piliers blancs. Deux magnifiques chênes l’encadraient. Sous le feuillage vert, se trouvait une balançoire animée d’un mouvement régulier. En approchant, Vamp découvrit une petite fille, toute vêtue de jaune d’or, aux cheveux noirs nattés qui se balançait en riant. Elle arrêta brusquement son mouvement pour se précipiter dans les bras d’une grande femme brune qui venait de sortir de la maison. Vamp se demandait qui elles étaient et se tourna vers Tawi. Celle-ci souriait tendrement au spectacle de l’enfant qui tournoyait dans le bras de la femme brune. Percevant la perplexité de Vamp, elle se mit à rire.
-Vous ne la reconnaissez pas ?
Vamp hocha la tête. Cela ne pouvait pas être … Elle s’approcha du couple et examina la jeune femme. Elle portait une longue robe rose d’une étoffe légère et vaporeuse et portait ses cheveux dénoués, ceints par une couronne de fleurs sauvages. Ses yeux noirs se posèrent sur Vamp et un grand sourire éclaira son visage de fée.
-Vamp ! Te voilà enfin !
-Euh, Avalon ? hésita la mercenaire.
-Tu ne me reconnais pas ? répondit la sorcière d’une voix tendrement moqueuse. Je ne pensais pas avoir tant changé.
-Mais … Vamp, complètement abasourdie, ne savait plus quoi répondre. Son regard se posa sur la petite fille, silencieuse, qui sentant son regard, se dissimula dans les jupes d’Avalon, en serrant sa main. La sorcière se pencha et embrassa l’enfant, tout en la rassurant.
-- N’aie pas peur, ma puce, c’est Vamp, une très vieille amie.
Devant l’air complètement dépassé de Vamp, Avalon se mit à rire doucement.
Elle fit avancer la petite fille et se baissant la présenta à la mercenaire.
-Voici ma fille, MissO.
Satisfaite de la surprise qui se lisait dans tous les regards, Avalon se redressa.
- Venez, nous vous avons préparé des chambres. Nous parlerons de ce qui vous amène chez moi demain , proposa-t-elle en se dirigeant vers le perron qui menait à la porte de sa maison.

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MessagePosté le : 15 Juin 2004 23:26
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chapitre 73 : Illusions ...
Citation :

Vamp était allongée sur le lit qui lui avait été attribué, dans une petite chambre à l’étage. Elle se sentait euphorique, la tête légère, comme si tous les soucis, toutes les craintes qu’elle ruminait depuis leur départ de Trillith s’étaient évaporés. Comment avait-elle pu douté d’Avalon ! Sa sœur de sang n’avait jamais été cruelle. Joueuse, un peu taquine, pleine d’idées qui finissaient parfois mal mais jamais mesquine. Tout ce qu’elle avait entendu à son sujet n’avait été que des ragots, des rumeurs infondées, lancées par des magiciens jaloux de ses pouvoirs. Cette journée magnifique l’avait amplement démontré. Avalon les avait accueilli avec une chaleur, une amitié et une gentillesse qui rendait Vamp honteuse d’avoir pu, ne serait-ce qu’un instant, accorder du crédit à ceux qui propageaient des horreurs sur son compte. Plus elle y réfléchissait, plus il lui semblait discerner dans toute cette affaire la patte du Messire. Qui lui avait brossé un tableau effrayant d’Avalon ? Qui lui avait fait part de tous ces mensonges ? Lui ! Son seul but était de la convaincre d’aller à la recherche de sa sœur de sang et de la lui ramener par la violence. Le comportement des soi-disant messagers que le Messire avait envoyé à la sorcière lui avait été rapporté par Tawi. Ils avaient essayé de s’emparer d’elle par la force, sans jamais envisager d’autres moyens. Sa décision était prise, elle aiderait Avalon à lutter contre le Messire. Bien sûr, la sorcière n’avait pas osé demander de l’aide à la mercenaire, ce qui selon Vamp, confirmait son absence de malice. Elle avait décidé, convertie par la sorcière, de l’aider à défaire le Messire. Exténuée par les évènements marquants de cette longue journée, Vamp s’endormit, un sourire béat aux lèvres.

Callie ne comprenait plus rien. Elle devait avouer qu’elle n’avait pas porté une grande attention à la mission de Vamp et aux actions qu’ils auraient à entreprendre. Son seul but restait de s’éloigner du Messire et de trouver une cité suffisamment policée où elle puisse exercer ses activités professionnelles. Malgré tout, elle en avait entendu assez lors de leur voyage pour comprendre que la sorcière Avalon n’était pas une enfant de chœur. Rien ne semblait en accord avec ce qu’elle avait appris à son sujet. Le plus étonnant était qu’aucun de ses compagnons n’avait émis la moindre réserve sur le comportement étrange d’Avalon. Ils n’avaient cessé de louer la beauté champêtre des lieux, y voyant un paysage magnifique, alors qu’ils se trouvaient face à une lande triste, parsemée de buissons épars, de chardons piquants et de ronces. La même chose s’était produite à la vue de la demeure de la sorcière. Ce qui n’était qu’une lugubre tour de roche noire balsamique, s’élevant tout droit dans un ciel gris et maussade avait fait naître des ah et de oh d’émerveillement. Quand Cassie avait osé faire une remarque sur le manque de chauffage de la pièce où la sorcière les avait reçu, elle avait été incendiée par Vamp qui avait critiquée vertement son manque de gratitude devant la merveilleuse hospitalité d’Avalon. Contrairement à ses compagnons, elle n’avait pas crié de bonheur devant une chambre ayant la taille d’un méchant réduit, une paillasse à moitié moisie dans les sous sols obscurs de ce donjon, parcourus par les rats !
Si Callie avait pu être témoin de la scène qui se passait dans la grande salle au même moment, ses craintes auraient été confirmées. Ce qui était apparu à tous --- ou presque --- comme une large salle accueillante, aux boiseries blondes soigneusement cirées, au sol de pierre recouvert d’herbes fraîches qui répandaient dans l’air leurs senteurs raffinées, se révélait désormais être une salle sombre, éclairée parcimonieusement par de lugubres torchères et une cheminée dont l’âtre gigantesque n’accueillait que quelques bûches se consumant lentement. Le sol était formé d’une pierre très dure, noire comme l’escartine, qui réfléchissait en les déformant les flammes des torches, créant sur le sol un ballet de feu et de mort. Placé près d’un long mur, sur un tapis écarlate, aux motifs délicats et entremêlés, se trouvait une petite table, sang et or, au plateau délicatement marqueté d’arabesques dansantes et aux pieds fins qui se finissaient en patte de dragon et dont le raffinement tranchait avec l’aspect lugubre et frustre de l’architecture de la salle. A moitié allongée sur une chauffeuse recouverte d’un damas de soie prune, délicatement brodée de félins rugissants, Avalon caressait tendrement une jeune panthère noire qui ronronnait sous les doux soins de sa maîtresse, sa tête fine et racée reposant sur les genoux de la sorcière. Si l’aspect physique d’Avalon n’avait pas changé, sa tenue n’évoquait plus les douceurs printanières d’une belle après midi de mai mais plutôt les charmes délétères d’une nuit de pleine lune où les loups se rassemblent pour entonner leurs chants funèbres. Plus de robe jaune et de fleurs dans les cheveux mais une longue robe noire, mélange improbable de cuir finement tanné et de mousseline si sombre qu’elle semblait emprisonner la lumière.

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MessagePosté le : 21 Juin 2004 21:15
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chapitre 74 : esclave d'Avalon ...

Citation :
Consciente de l’entrée de Tawi dans la pièce, Avalon se pencha et embrassa tendrement son animal de compagnie, lui susurrant de doux mots affectueux à voix basse. Tawi resta à plusieurs mètres, silencieuse et immobile, attendant que sa maîtresse lui permette d’approcher. Depuis qu’elle était, bien malgré elle, à son service, elle avait appris que la sorcière n’aimait pas être dérangée. Les cicatrices de coup de fouet qu’arborait son dos l’aidaient à ne pas l’oublier. Un des petits plaisirs d’Avalon était de faire patienter Tawi le plus longtemps possible, espérant un faux pas afin de pouvoir la châtier. Oh, elle ne le faisait pas régulièrement, laissant entre chaque punition le temps nécessaire à la magicienne-esclave de reprendre des forces. Malgré tout, Tawi ne parvenait pas toujours à se maîtriser et il lui arrivait de perdre contrôle et de répondre aux provocations d’Avalon.
Cependant, ce soir-là, la sorcière n’était pas d’humeur à jouer, la venue de Vamp répondant à toutes ses attentes. Après une dernière caresse à sa « fifille » comme elle aimait à appeler sa féline compagne, la sorcière se leva et s’approcha de Tawi. Elle la regarda, goûtant sa posture soumise qui contrastait avec le feu ardent de son regard noisette. Même si elle avait pu contrôler entièrement Tawi et en faire une zombie incapable de trahison mais également d’initiative, elle avait préféré laisser son intégrité à l’esprit de la magicienne l’a rendant ce pendant incapable de gouverner ses actions. Seuls ses yeux, parfois animé d’un feu ardent et haineux, manifestaient cette petite parcelle d’âme qui demeurait de l’ancienne magicienne libre.
Avalon leva lentement sa main et caressa gentiment du dos de sa paume la joue de la magicienne. En remontant, elle laissa un de ses ongles tranchants entailler la chair pâle. Une goutte de sang perla que la sorcière recueillit soigneusement sur le bout de son doigt. Le regard fixé sur son esclave, souriant de sa rage impuissante, elle porta lentement son doigt à ses lèvres et le lécha délicatement, savourant son goût métallique. Chaque gorgée de ce sang si pur renforçait le sort qui maintenait Tawi sous sa férule.
Satisfaite de constater que la magicienne n’avait pas frémi, elle repassa sa main sur la joue, effaçant d’un geste le sillon sanglant.
Se tournant à moitié vers la féline qui s’était mise à grogner, elle questionna Tawi.
-As-tu activé le sort de sommeil sur les chambres de nos invités ?
-Oui, maîtresse, répondit Tawi tout en courbant la tête.
-Parfait, je ne tiens pas à être dérangée cette nuit. Par qui que ce soit, ajouta-t-elle en regardant froidement la magicienne.
Celle-ci hocha la tête.
-Tu t’occuperas de MissO cette nuit. Je tiens à ce que tu lui brosses soigneusement le pelage. Il doit être doux comme du cachemire, ajouta-t-elle en lançant un regard affectueux vers la panthère qui ronronnait doucement. N’oublie pas de la nourrir, elle commence à avoir faim.
-Bien, répondit Tawi, dissimulant parfaitement sa répugnance.
La panthère ne se laissait caresser que par la sorcière et ne supportait aucune autre présence humaine. La magicienne redoutait l’animal qui présentait le même sadisme qu’Avalon. Elle était capable de rester calme pendant quelques instants, de se laisser nourrir ou peigner par Tawi, jusqu’au moment où sentant que sa gardienne avait baissé inconsciemment ses boucliers, elle bondissait sauvagement, essayant d’attraper un bras, une jambe avant que la magicienne ne se protège. Les sorts de guérison qu’employait Tawi faisaient rapidement disparaître les blessures mais n’éliminaient pas la douleur, violente et aiguë, qui subsistait plusieurs jours.

Avalon observa la magicienne se diriger vers la chauffeuse et saisir avec précaution le collier serti d’améthystes et de grenats qui enserrait le cou gracile de MissO. Les yeux d’émeraude de la panthère se posèrent une dernière fois sur sa maîtresse et ses babines se retroussèrent à la perspective de son jeu préféré : l’attrape-tawi. Elle suivit nonchalamment la magicienne, la forçant à adopter son pas lent.
Avalon les suivit du regard. Elle savait parfaitement comment se terminaient les petits jeux de sa « fifille » et partageait son plaisir de la chasse au travers du lien empathique qui les unissait. Elle lança son esprit vers celui de MissO : « Ne joue pas trop ce soir, j’ai besoin de la magicienne en bon état ». Un grognement de dépit lui répondit, faisant sourire sa maîtresse.



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MessagePosté le : 13 Juil 2004 19:04
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chapitre 75 : les projets d'Avalon ...

Citation :
Une fois seule, elle se dirigea vers une porte dissimulée sous une tenture si noire qu’elle ne reflétait aucune lumière. Soulevant le lourd tissu, elle posa la paume de sa main sur le centre de la porte et murmura quelques mots incompréhensibles. La porte disparut, révélant une petite pièce dans laquelle la sorcière pénétra rapidement, prenant soin de refermer soigneusement l’entrée derrière elle. D’un claquement de doigts, elle fit naître une boule de lumière qui flotta au dessus de sa tête, illuminant les nombreux meubles qui encombraient chaque mur de cette salle de magie. C’était là qu’Avalon rangeait soigneusement ses livres de sorts, ses artefacts magiques et ses sources de pouvoir. Personne ne pouvait y accéder sans elle.
Les étagères courbaient sous le poids des manuscrits, des parchemins et des ouvrages savants. Toutes les grandes références de toutes les magies étaient là : le pentacle de l’ordre des moines bruns, le livre sans nom des adorateurs de Krihna, les grimoires secrets du grand magicien Archold, soi-disant disparu … Elle les avait cherché patiemment, avide de connaissances nouvelles, de combinaisons inédites. Pour certains d’entre eux, elle avait mené de longues quêtes dont elle n’était pas revenue indemne. Il lui manquait toutefois certains ouvrages, qui n’étaient d’ailleurs connus que par des légendes que les confréries de sorciers aimaient à décrire lors des longues veillées.
Les ouvrages rares n’étaient pas la seule passion de la sorcière. Elle possédait une des plus grandes collections de pierres anciennes jamais rassemblées. Toutes les civilisations qui s’étaient succédées sur la terre d’Irval avaient laissé des vestiges archéologiques, parfois gigantesques et connus de tous, souvent quasiment détruits et oubliés.
Un des pouvoirs intrinsèques d’Avalon était l’affinité avec le minéral. Elle pouvait, en touchant une pierre, lire son histoire, s’imprégner de son passé et revivre les vies dont la pierre avait été le témoin. Son pouvoir se nourrissait de ces vieilles pierres, gorgées à satiété de siècles d’histoire sanglante et violente. Par simple contact, elle pouvait absorber toute l’énergie accumulée. Les pierres les plus fécondes étaient celles qui avaient fait l’objet d’un culte – souvent des statues- et avaient ainsi reçu l’influx des prières des fidèles ou bien celles qui avaient été arrosées périodiquement de sang. Avalon les appelait affectueusement ses pierres de carnages et elle les gardait précieusement pour le jour où elle aurait besoin de leur énergie dévastatrice.
Pour le moment, elle avait besoin d’aide pour maintenir l’illusion dans laquelle elle avait plongé, avec l’aide de Tawi, Vamp et ses compagnons. Ce sort n’était pas très complexe à lancer mais il exigeait beaucoup d’énergie pour se maintenir sans se déliter. Avalon avait eu besoin d’une de ses pierres pour parvenir à imaginer un monde qu’elle n’avait jamais connu, un monde de lumières, de gaîté, d’innocence, fait de joies simples. Elle avait utilisé une des pierres du château de Glamerock, siège d’une prospère principauté pacifique qui avait illuminé la plaine d’Arthuiji de ses fêtes durant plus d’un siècle. Ce n’était pas du tout le type de pierres et d’imprégnations positives que recherchait habituellement la sorcière mais elle l’avait acquise par curiosité et pour compléter sa collection. Elle s’était finalement révélée très utile en lui permettant de construire l’image printanière et anodine qu’avait perçu Vamp. Le pouvoir de la pierre permettrait de faire vivre l’illusion pendant trois ou quatre jours, ce qui devrait être suffisant à Avalon pour accomplir ses desseins.
Sa marge de manœuvre était étroite. Elle avait impérativement besoin de l’aide de Vamp pour acquérir une des pierres les plus puissantes qui ait jamais existé. D’après la légende, et les renseignements qu’Avalon avait dénichés au cœur d’obscurs grimoires poussiéreux, ce morceau de roche qu’elle désirait si ardemment, taillé en forme de pyramide et surnommé l’EcarlatE, avait recueilli le sang d’un dieu. Il s’agissait de la pierre focus utilisée par le dieu Saek pour entreposer certains de ses pouvoirs qu’il pouvait ainsi conférer à ses hauts prêtres lors de leur intronisation. Avalon avait découvert qu’en 1065, le haut prêtre Vernya avait réussi à piéger Saek lors de l’imprégnation de la pierre et l’avait tué. Le focus s’était gorgé de son sang et s’était chargé de tant de magie qu’il en libéra une grande partie, dévastant tout à deux lieux à la ronde. L’EcarlatE, qui avait selon la légende pris la couleur vermillon du sang de Saek, disparut et devint légendaire.
La seule pensée de la puissance indénombrable qui devait reposer, inexploitée dans cette pierre faisait frémir Avalon de la tête aux pieds. Si elle parvenait à obtenir l’EcarlatE, elle disposerait d’un pouvoir incommensurable qui ferait d’elle la plus puissante sorcière n’ayant jamais existé. Elle avait déjà passé de longues heures à compulser des livres de sorts et à imaginer toutes les magies qu’elle pourrait pratiquer avec un tel focus.

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MessagePosté le : 18 Aoû 2004 16:24
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chapitre 76 : une porte s'ouvre ...

Citation :
Alors qu’Avalon se réjouissait du succès de la première partie de son plan, Cassie était parvenue à s’endormir, recroquevillée sous la fine couverture rugueuse que leur avait fournie Tawi. Son souffle régulier faisait voleter les grains de poussière qui recouvraient la paillasse sur laquelle elle s’était étendue avec répugnance. Une maigre lumière dispensée par une étroite fenêtre rendait l’endroit lugubre. Callie n’avait pas pu fermer la porte qui ne disposait d’aucun loquet ou serrure. Le montant de bois entrouvert ne laissait échapper aucun bruit de l’extérieur, tout semblait calme.
La constellation d’Orion était levée depuis plusieurs heures lorsque la porte de la chambre s’entrouvrit légèrement, laissant passer une ombre qui se faufila rapidement jusqu’au lit. Elle resta quelques secondes, immobile penchée sur le lit, comme si elle essayait de percer les pensées de l’être endormi. Satisfaite de son étude, elle se posa sur Callie. Celle-ci senti dans son sommeil quelque chose d’humide parcourir son visage et essaya de le chasser d’un geste vague. L’ombre ne se laissa pas arrêter et refit obstinément le même geste. Callie protesta par des grognements inintelligibles et se retourna, cherchant à échapper à cet empêcheur de dormir en rond. La silhouette, toujours non identifiée, se rendit compte que sortir Callie de son sommeil n’allait pas s’avérer aussi simple qu’elle l’avait espéré. Mesurant l’ampleur de sa tâche, elle se jeta de tout son poids sur le lit. Sortie brutalement de son sommeil, Callie se dressa, le cœur battant. Durant les quelques secondes angoissantes nécessaires à l’établissement de sa vue, elle resta pétrifiée devant la forme inconnue qui bloquait ses jambes. A peine réveillée, elle n’arrivait pas à comprendre ce qui se passait et où elle se trouvait. Alors que ses yeux s’habituaient à l’obscurité, les souvenirs de cette étrange journée lui revinrent en mémoire : la rencontre avec Avalon, l’attitude incompréhensible de ses compagnons et pour finir, ce réveil brutal. Apeurée, elle chercha à reculer pour échapper à la « chose » qui s’était jetée sur elle lorsqu’elle perçut une voix mystérieuse qui ne semblait provenir d’aucune direction précise.
-Du calme, Callie.
-Qui êtes-vous ? s’exclama affolée la jeune femme.
La silhouette animale s’approcha et malgré les gestes véhéments de Callie, lui lécha affectueusement le visage d’une longue langue râpeuse. Interloquée, elle cessa de se débattre et fixa avec attention la gueule que la faible lueur provenant de la fenêtre permettait de distinguer.
-Sam’ael ! Par les cornes de Trisha ! Que fais-tu là ?
Le démon sourit largement, en d’autres mots, sa gueule s’ouvrit, révélant de longues canines perçantes. Callie recula instinctivement. Elle n’avait jamais approché le familier de Ma’non de près. Elle connaissait suffisamment de démons à forme humaine sans ajouter un authentique démon familier métamorphe.
-Tu n’as pas peur de moi, susurra Sam, parlant mentalement avec la jeune femme.
Callie redressa les épaules et se rapprocha de Sam, le regard fixé sur lui.
-Mais tu parles ! s’écria-t-elle, surprise.
Le « sourire » de Sam sembla encore s’élargir, accentuant son aspect dangereux et peu engageant. Il semblait prendre plaisir à susciter le trouble et l’inquiétude chez Callie. Même familier, un démon n’en reste pas moins … démoniaque et parfois, ces petites joies simples qu’éprouvait un démon ordinaire habitué à faire naître la peur chez les humains lui manquaient. Il ne regrettait pas son choix de s’être lié à Ma’non. Grâce à cette rencontre, il avait pu expérimenté d’autres plaisirs, bien plus subtils, qui l’enchaînaient bien plus solidement que tous les serments qu’il aurait pu porter.
Las, la situation était critique et il n’avait pas le temps de titiller la jeune femme plus longuement. Il se concentra et emprisonna le regard de Callie dans le sien, afin de faciliter leur lien mental.
-Je peux « parler » en cas de nécessité, répondit Sam. Et la situation est grave.
Impressionnée, Callie l’écoutait sans l’interrompre malgré la nuée de questions qui l’agitait.
-Comment vois-tu Avalon ?
Surprise par cette question, Callie se demanda en quoi sa réponse pouvait être importante. Malgré tout, elle essaya de résumer simplement ses impressions.
-Comme un sorcière, dangereuse, escortée par une panthère noire aussi aimable que sa maîtresse.
Sam émit un grognement approbateur. Il se déplaça lentement, libérant les jambes de Callie, qui soulagée, s’assit contre le mur. Elle observa quelques instants le démon qui tournait en rond dans la petite chambre, visiblement plongé dans ses pensées.
Il se tourna tout à coup et fixa intensément Callie d’un regard quasi hypnotique.
-J’ai décidé de te faire confiance, lui confia t-il. Tu as dû remarquer que la réaction de Vamp et de ses compagnons n’a pas été identique à la tienne. En réalité, ils sont sous l’influence d’un charme qui altère leur perception de la réalité. Ils voient Avalon comme une frêle jeune femme, vivant avec sa jeune fille dans une charmante demeure bucolique.
Callie émis un petit ricanement. Elle avait du mal à concevoir comment on pouvait prendre ce lugubre donjon pour une lumineuse demeure coloniale. Son rire s’étouffa devant le regard noir que lui lança Sam. Elle reprit contenance et se concentra sur les explications du démon. Comme elle, il n’était pas soumis à ce sortilège et voyait Avalon telle qu’elle était vraiment.
-Je ne sais pas pourquoi tu es immunisée. Ce charme est si puissant que je n’ai pas réussi à en sortir Ma’non malgré le lien qui nous unit. Tu es la seule à pouvoir m’aider, conclut-il.
Callie eut une réaction instinctive de recul. Elle ne connaissait absolument rien à la magie et ne voyait pas comment elle pouvait aider Sam. De plus, Avalon ne semblait pas être le type de sorcière qui apprécie qu’on se mêle de ses affaires. Callie ne donnait pas cher de sa peau, qu’elle tenait à garder douce et odorante, si elle découvrait qu’elle ne les tenait pas sous son charme.

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chapitre 77 : ... et se referme

Citation :
Le manque d’enthousiasme de Callie provoqua un grognement de mépris de Sam.
-Je savais que tu n’étais pas une guerrière mais je ne pensais pas que tu étais si lâche, lui dit-il.
Sa voix mentale parvenait parfaitement à retranscrire la haute opinion qu’il se faisait de l’ex fleur de Trillith. Callie frémit sous le regard moqueur du démon. Elle se redressa et lui adressa son sourire le plus félin.
-Ne sois pas si hâtif dans tes jugements, démon. Je ne suis peut-être pas une brute comme Vamp, toujours prête à bondir sans réfléchir sur tout ce qui bouge, et qui d’ailleurs, n’a pas su percer à jour les stratagèmes d’Avalon, ajouta-t-elle d’une voix doucereuse, mais je sais parfaitement faire preuve d’audace ou de courage lorsque la situation s’y prête.
Pour le moment, tu ne m’as rien révélé sur notre situation qui ne me donne envie de t’aider. Je n’aime pas les combats perdus d’avance, conclut-elle.
Maintenant, si tu as un plan valable à me proposer plutôt que des propos injurieux, je t’écoute.
Sam se mit à grogner doucement, les yeux brillants.
-Toutes mes excuses, gente dame, de ne pas avoir su discerner en vous l’amazone qui sommeille.
Callie se décida à accepter ces excuses enrobées. Elle se leva et s’habilla rapidement, se passant un peu d’eau sur le visage pour sortir définitivement du sommeil. En pleine possession de ses moyens, elle se rassit près de Sam qui l’avait observée d’un œil songeur, essayant de jauger les capacités cachées de la jeune femme.
-Quelle aide puis-je t’apporter ?
-As-tu des connaissances en magie ? demanda le démon, attentif à ne pas vexer inutilement Callie.
-Aucune, répondit-elle en souriant. Dans mon métier, elles ne sont pas indispensables bien que parfois, j’aurais aimé savoir créer des glamours. Mais tu disposes toi-même de pouvoirs, non ?
-Oui, mais je n’aurais pas été contre un peu d’aide. Je ne sais pas exactement quel est le type d’enchantement ou la source de pouvoir utilisés par Avalon. J’ai besoin d’en savoir d’avantage avant de pouvoir tenter de le rompre.
-Je peux essayer de fouiner un peu, Avalon se concentre essentiellement sur Vamp. Je ne crois pas qu’elle me surveille vraiment.
-Bonne idée. Sois prudente. Je vais essayer d’étudier plus en détail cet enchantement. J’aimerais bien comprendre pourquoi nous ne sommes pas touchés, conclut Sam, l’air pensif, enfin aussi pensif qu’un animal carnivore doté d’une double rangée de dents pointues puisse le paraître.
-Que penses-tu de Tawi ? demanda-t-il, prenant Callie par surprise.
-Jolie fille, grandes jambes, un beau regard noisette. Par contre, cette robe brune est d’un goût très douteux, il lui faudrait quelque chose de plus léger et surtout de plus court. Vert peut être. Elle a du potentiel, il suffirait de …
Callie s’interrompit devant le regard moqueur de Sam. Elle rougit légèrement.
-Désolée, euh … déformation professionnelle. Donc ce n’est pas son apparence physique qui t’intéresse ? Je suppose que non, ajouta-t-elle devant l’air narquois du démon.
Elle se concentra, se repassant les évènements de la journée dans sa tête, s’arrêtant sur la jeune femme qui les avait conduit vers Avalon.
-En y réfléchissant bien, elle ne m’a pas paru à l’aise devant sa maîtresse. Celle-ci la traite comme une domestique de cuisine et Tawi a l’air d’y être habituée mais j’ai l’impression qu’elle n’obéit pas de gaîté de cœur à Avalon. J’ai surpris quelques regards portés vers la sorcière qui manquaient d’affection lorsque celle-ci était plongée dans sa discussion avec Vamp.
Sam hocha la gueule.
-Tout à fait, j’ai eu le même sentiment. Tout ne semble pas rose entre Tawi et Avalon. Elle ne doit pas être là de sa propre volonté : un contrat, un charme peut-être … Si nous pouvions libérer partiellement Tawi, nous pourrions éventuellement obtenir son aide.
-Ca me parait être une bonne idée. Je peux essayer de lui parler demain et de la sonder. Discrètement, ajouta-t-elle devant l’air peu confiant de Sam.
Le démon acquiesca mentalement, se redressa et descendit du lit d’un bond gracieux. Il se retourna vers Callie et retroussa les babines dans un semblant de sourire et quitta la pièce.
Callie resta quelques instants immobile, fixant d’un air absent la porte qui oscillait lentement autour de ses gonds. Elle ne cessait d’être surprise par le cours des évènements depuis son départ forcé de Trillith. Vamp la mercenaire à la réputation flamboyante avait également l’art de se mettre dans des situations périlleuses mais qui ne manquaient pas d’intérêt. La jeune femme ne se serait jamais doutée que la mercenaire put connaître la mythique sorcière Avalon. Si elle l’avait su plus tôt … mais après tout, sans le rechercher, elle se retrouvait là où elle le désirait depuis de longues années, près d’Avalon. Qui sait si elle ne saurait pas retourner ce sortilège à son avantage, se dit-elle avant de se recoucher. Quelques heures de sommeil en plus seraient nécessaires pour pouvoir mener sa « mission ».

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MessagePosté le : 07 Sep 2004 18:58
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chapitre 78 : MissO joue au chat et à la souris ...

Citation :
Une pluie fine et persistance teintait de gris les quelques arbres que Vamp pouvait observer de sa chambre. Elle s’était réveillée à l’aube, fatiguée. Il lui semblait avoir dormi à la belle étoile plutôt que dans un lit douillet, couvert d’un édredon moelleux. Au lieu de rejoindre ses camarades ou son hôtesse, elle se tenait devant la fenêtre ouverte, protégée en partie de la pluie. Elle n’avait pas vraiment eu le temps de réfléchir à un plan d’action, handicapée par le mal de mer qui l’avait saisie sur le bateau. Jusqu’à cette dernière étape dont elle ne voulait garder aucun souvenir, son champ de réflexion s’était limité aux moyens de parvenir jusqu’à Avalon sans s’être étendu aux moyens de persuader la sorcière de les ramener à Trillith. Parvenue au repaire de sa sœur de lait et confrontée à une femme en tout point si différente de ses souvenirs d’adolescence, Vamp ne savait plus quelle attitude adopter. Elle n’était pas naïve au point de penser qu’Avalon avait aussi spectaculairement changé, mais se trouvait désarçonnée par cette nouvelle image. Comment la persuader de les suivre ? Et ce, très rapidement. Le délai fixé par le Messire touchait à sa fin et Vamp n’était pas certaine de pouvoir, même en partant dès le jour pouvoir atteindre Trillith à temps.
Vamp se frotta les yeux. Elle avait parfois du mal à comprendre comment, à partir d’une mission, complexe mais dans ses cordes, elle avait abouti à cette position impossible. Si le destin continuait à lui jouer de tels tours, elle ne voyait pas comment parvenir à remplir son contrat initial. Elle chassa ses idées noires. Pour le moment, elle devait réussir à évaluer les modifications réelles de la personnalité de la sorcière et réfléchir à une monnaie d’échange pour son aide. Vamp était persuadée que quelque soit l’évolution d’Avalon, elle ne ferait rien gratuitement.

Callie tenta de dissimuler les grognements de son estomac devant la nourriture frugale disposée sur la table. Les réactions de ces camarades avaient été, comme la veille, incompréhensibles. Ils s’étaient attablés en souriant, se servant de pain et d’eau comme s’il s’agissait de nectar et d’ambroisie. Callie se demandait, un peu jalouse, de quelle nourriture virtuelle ils se délectaient. Peut-être que si elle fermait les yeux et se concentrait suffisamment, elle parviendrait à transformer ce pain de farine grise en une brioche légère, moelleuse, garnie de raisins macérés dans un vieux rhum ambré. Hélas, en l’absence de l’enchantement, elle ne sentait sur sa langue qu’un goût de cendre. Rouvrant les yeux, elle se força à sourire en découvrant que Tawi l’observait avec attention. Il ne fallait pas, pour le moment, qu’elle ait le moindre soupçon sur l’effet de l’enchantement, même si pour cela, Callie devait feindre le bonheur le plus outrancier. Etudiant ses compagnons, elle porta son regard sur Tram. Il n’avait pas cessé de dévorer depuis qu’il s’était installé en face d’elle, semblable à un enfant laissé seul devant un étalage de friandises. Admirant les muscles de ses avants bras qui dansaient sous sa peau, elle rectifia mentalement, hum, pas un enfant …
Perdue dans sa découverte de la nouvelle maturité physique acquise par Tram, elle ne sentit pas MissO s’approcher d’elle. La panthère sauta souplement sur la chaise voisine, inoccupée et tourna la tête vers Callie, la gueule ouverte et la langue pendante. La jeune femme découvrit enfin sa présence et ne pût s’empêcher de sursauter, renversant son verre d’eau qui roula sur la table, s’arrêtant à quelques centimètres du bord en face du félin. Hypnotisée par le regard froid de la panthère, elle demeura figée, incapable du moindre geste. La voix de Com la sortit de sa transe
-Eh bien Callie ! Je ne pensais que tu avais peur des enfants, lui dit-il, gentiment moqueur tout en s’approchant de MissO.
Horrifiée, Callie le vit ramasser le verre, le poser à côté d’elle et caresser d’une main affectueuse ce qu’il voyait comme la chevelure d’une belle enfant. Il se baissa et lui susurra à l’oreille
-Ne t’inquiète pas, Callie n’est pas méchante, elle n’est pas très habituée aux petites filles, même aussi charmantes que toi. Je suis sûre que si tu lui fais un grand sourire, elle sera beaucoup plus gentille.
Qu’elle ait compris ou pas le petit discours de Com, la panthère se dressa et s’approchant de Callie, ouvrit largement la gueule, découvrant une rangée de dents tranchantes prête à lui déchirer la gorge. La jeune femme parvint en partie à dissimuler sa peur et resta immobile, s’attendant au pire. Après quelques secondes, MissO descendit gracieusement de la chaise et quitta la table pour rejoindre sa maîtresse. Avalon, occupée à discuter avec Vamp de l’autre côté de la pièce n’avait pas assisté à la scène.
Callie attendit quelques instants avant de pouvoir reprendre son verre sans trembler. Elle but lentement, cherchant à reprendre ses esprits. Heureusement, ses voisins avait mis sa réaction envers MissO sur le compte de son aversion des enfants. Rassérénée, elle reprit un morceau de pain, sa faim n’étant pas été rassasiée. Elle croisa alors le regard sombre de Tawi et baissa vivement la tête. Les réactions de la jeune femme n’avaient pas échappée à la sorcière. D’ailleurs, elle avait l’habitude de toujours suivre les déplacements de MissO, pour chercher à échapper à ses instincts ludiques. La réaction de Callie était suffisamment étrange pour faire naître des doutes sur sa soumission à l’illusion d'Avalon. Il faut que je la surveille de plus près, pensa la sorcière.

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MessagePosté le : 20 Sep 2004 15:09
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Chapitre 79 : enfin !

Citation :
Vamp avait rapidement mangé un petit pain moelleux, l’esprit ailleurs. Elle n’était pas d’humeur à tenir des conversations anodines avec ses compagnons sous l’œil attentif de Tawi. Elle avait finalement décidé d’attaquer Avalon de front et de lui demander tout simplement de revenir à Trillith avec eux. Elle n’avait jamais été très douée pour les circonvolutions verbales et les faux-semblants. En général, elle faisait preuve de franchise et allait droit au but, prenant parfois ses interlocuteurs par surprise. Les rares fois où elle avait essayé d’extorquer des informations par un questionnement subtil et transversal, les réponses qu’elle avait obtenues avaient été à triple sens et si codées qu’elle ne parvenait jamais à les décrypter. Elle en revenait alors à la méthode brute, mais efficace, de la « dague sous la gorge » qui avait fait ses preuves. Cependant, face à Avalon, toute violence était inutile. Elle disposait de nombreux boucliers de protection et Vamp la connaissait suffisamment pour savoir que toute tentative d’intimidation physique serait vouée à l’échec. La seule solution pour elle était donc d’aborder directement le sujet de sa venue dans ce repaire isolé au bout du monde.
Sa résolution prise, la mercenaire but rapidement sa tasse de thé et se dirigea vers le fauteuil où Avalon s’était installée, un peu à l’écart de la grande table.
La sorcière la regarda approcher en souriant. Elle pouvait deviner rien qu’en remarquant sa démarche résolue et les petites rides entre ses sourcils que Vamp avait décidé de lui parler de la raison de sa venue, de sa manière inimitable faite de franchise brutale et de rude assurance. Sa façon de s’asseoir, les fesses au ras de la chaise comme si elle s’apprêtait à livrer combat, la fit sourire. Elle avait hâte de voir comment Vamp allait essayer de la convaincre de la suivre à Trillith pour y rencontrer le Messire. Elle s’était décidée à ne pas lui faciliter la tâche et attendit calmement que la mercenaire engage la conversation. Au bout de quelques secondes de flottement, Vamp se lança d’une voix basse mais ferme.
-Tu possèdes une charmante demeure.
-Merci, répondit Avalon, se retenant de lever un sourcil. Elle n’avait pas imaginé que la technique vampesque puisse débuter tout simplement par les civilités d’usage. Vamp aurait-elle changé ?
-Et une charmante enfant, ajouta la mercenaire, beaucoup plus mal à l’aise et nerveuse qu’elle ne l’aurait imaginé.
-Elle est le régal de mes jours, répondit la sorcière en lançant un regard tendre à sa fifille, qui tournait autour de la table.

Malgré toutes ses répétitions mentales et ses résolutions, Vamp n’arrivait pas à aborder le sujet qui la préoccupait. Elle ne savait comment parler à cette nouvelle Avalon, qui s’habillait en rose !
Un silence un peu gêné s’installa, jusqu’au moment où Vamp réouvrit la bouche.
« C’est le moment », pensa Avalon. Elle m’a complimenté sur ma maison, ma fille, elle va me demander de les quitter pour la suivre.»
-J’aime beaucoup ton nouveau style vestimentaire. C’est…euh...très frais, très printanier.
Avalon frémit. Elle n’avait pas d’image précise de l’apparence qu’elle présentait à Vamp et à ses compagnons. Elle avait choisit les grandes lignes de l’illusion mais les détails comme ses vêtements ou ses meubles lui demeuraient inconnus. Les compliments de Vamp évoquèrent des images cauchemardesques de robes à volants, chargées de rubans et de couleurs claires, peut-être même roses ! Elle aurait du spécifié les couleurs interdites, se lamenta-t-elle alors que Vamp poursuivait ses commentaires superficiels sur l’air plein de santé d’Avalon, son teint doré, les petites frisettes rubanées qui paraient sa chevelure.
Ces petites phrases anodines qui n’étaient pour Vamp que des sentences bouche-trou destinées à cacher son angoisse, se révélaient être des petites flèches acérées pour Avalon. Chaque nouvelle remarque ne faisait qu’augmenter l’horreur du tableau qu’elle pensait présenter, si bien que la sorcière n’avait plus aucune envie de laisser Vamp continuer à s’embourber dans cette conversation superficielle.
Elle était prête à lancer le sujet que la mercenaire ne parvenait pas à aborder lorsque MissO s’approcha et posa sa tête fine sur ses genoux. Avalon la fixa d’un œil tendre et lui caressa doucement la tête, percevant alors les réactions de sa panthère suite à la scène étrange qui venait de se produire avec Callie. Elle se figea quelques secondes et reprit ses caresses, ne voulant pas alarmer Vamp. Elle ne prêta plus qu’une oreille distraite à la mercenaire, hochant périodiquement la tête à ses questions de politesse. La scène que lui avait transmise MissO l’inquiétait. Les réactions de Callie n’avaient pas du tout été celles que l’on aurait pu attendre d’une jeune femme confrontée à une charmante petite fille. Se pouvait-il que l’illusion n’ait pas fonctionné sur Callie ? Elle n’avait pourtant perçu aucune magie provenant de la jeune femme mais il est vrai que ses yeux et oreilles à Trillith n’avaient pas pu lui apporter d’informations précises sur cette nouvelle venue qui s’était joint si brusquement à la petite troupe menée par Vamp. Tout en maintenant une façade souriante destinée à Vamp, elle se concentra sur Callie et utilisa ses pouvoirs pour sonder la jeune femme. Rien. Aucun signe de magie, de métamorphisme, d’ascendance faérique ou autre. Ce n’était qu’une femme ordinaire. Avalon n’arrivait pas à s’expliquer l’échec de son enchantement. À moins que… Une idée toute simple lui vint alors à l’esprit.

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MessagePosté le : 25 Sep 2004 17:36
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chapitre 80 : une conversation édifiante

Citation :
Avalon devait vérifier une de ses hypothèses sur l’absence d’effet de son enchantement sur Callie. Elle poursuivit sa conversation polie avec Vamp, tout en amenant de façon détournée le thème des compagnons de Vamp. Elle fit mine de s’étonner innocemment de la taille de la petite troupe qui suivait la mercenaire et de sa diversité. Ravie d’avoir un nouveau sujet de discussion, apparemment sans danger, Vamp répondit avec empressement aux questions sous-entendues par Avalon. Elle se mit à décrire ses compagnons avec un grand luxe de détails, s’attardant sur le récit de leurs aventures sur le chemin qui les avaient menés jusqu’à la demeure de la sorcière. Avalon redoubla d’attention lorsque Vamp se mit à parler de Callie.
-C’est la fille d’un vieil ami et il m’a chargé de veiller sur elle. J’aurais préféré qu’elle n’ait pas à nous suivre ici, elle n’est pas habituée aux voyages et aux petits dangers qui les rendent si intéressants. Je n’ai pas pu refuser devant son insistance.
-Il est vrai que tu as toujours accordé un grand prix à l’amitié, murmura Avalon, le regard perdu dans le vague, peut être tourné vers un passé où elle avait bénéficié de ce don rare.
Vamp ne répondit pas et fixa la sorcière d’un air froid. Elle ne tenait pas pour le moment à se remémorer les souvenirs d’un temps lointain où Avalon lui avait été plus chère que la vie. Elle ne voulait pas retomber dans le piège mortel que pouvait constituer cette femme. Qu’Avalon ait changé ou pas, elle ne lui redonnerait pas sa confiance, si profondément détruite lors de leurs dernières rencontres.
La sorcière sentit que Vamp se retranchait derrière une façade froide et distante. Elle se hâta de relancer leur discussion sur Callie, avide d’en apprendre plus sur cette mystérieuse jeune femme.
-En tout cas, elle a l’air d’avoir de la personnalité. Son prénom n’est pas commun. Callie … Quelle pourrait bien être son origine ?
-Ce n’est pas son vrai nom. C’est un surnom qu’elle a choisi, son nom de mercenaire si tu veux, répondit Vamp un peu moqueuse.
-Vraiment ? Quelle idée si pleine de fraîcheur. Elle me rappelle une certaine jeune femme brune qui avait changé son nom pour des raisons un peu similaires, insinua Avalon qui ayant obtenue la réponse souhaitée, cherchait le moyen le plus rapide de faire cesser leur conversation.
-Ta mémoire n’est plus ce qu’elle était, Avalon. Se pourrait-il qu’en plus de ton changement de personnalité, tes souvenirs aient été également affectés ? demanda Vamp en se redressant sur sa chaise, prête à nier vigoureusement cette affirmation complètement erronée. Elle n’avait pas changé de nom pour le plaisir d’impressionner ses camarades, comme la jeune Callie. Elle n’avait rien de comparable avec une ancienne fleur, jetée sur les routes et dont le seul acte notable avait été de changer d’identité ! Absolument rien à voir !
-Pardonne moi, s’excusa Avalon. Comme tu le dis, mes souvenirs ne sont peut-être plus aussi fiables. Si tu veux bien m’excuser, je dois régler quelques détails. Nous reprendrons cette conversation plus tard, si tu le permets.
Un peu prise au dépourvue, Vamp ne pu qu’acquiescer. Elle se maudit intérieurement pour son absence de bravoure. Au lieu de l’entrée en matière abrupte qu’elle avait préparée, elle n’avait fait que des commentaires complètement idiots. De plus, au moment où elle se sentait enfin prête à aborder le sujet du Messire, la sorcière avait interrompu leur discussion !
Vamp la surveilla du regard, se promettant de l’aborder à nouveau dès que le moment serait propice. Celle-ci s’était dirigée vers une petite pièce adjacente, suivie immédiatement par Tawi qui ferma la porte derrière elle, empêchant Vamp de guetter leurs mouvements.

Avalon s’était installée dans un fauteuil et feuilletait un épais grimoire à la couverture de cuir tannée par les ans. Elle s’arrêta rapidement sur une page et la lu attentivement. Satisfaite de ce qu’elle y avait trouvé, elle referma le livre, le posa avec soin sur l’étagère et se tourna vers Tawi.
-Que penses-tu de Callie ?
-Rien de spécial, maîtresse, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de lui parler pour le moment, répondit Tawi en courbant respectueusement la tête.
-Regarde-moi quand je t’interroge ! s’exclama rageusement Avalon. « Rien de spécial », répéta-t-elle d’un ton moqueur. Tu n’a rien remarqué tout à l’heure lorsque MissO l’a approchée ?
-Rien, Maîtresse. MissO m’effraie, j’admet ne pas suivre ses déplacements, avoua Tawi à voix très basse, après un temps d’hésitation.
-Je me demande bien à quoi tu me sers si tu n’es même pas capable de remarquer qu’un de mes enchantements ne fonctionne pas ! lui lança Avalon. Elle n’avait pas haussé le ton pour ne pas attirer l’attention de ses « invités » mais elle s’approcha de Tawi et lui saisit brutalement la mâchoire, la forçant à croiser son regard.
-Mon sort s’est révélé inefficace contre Callie, espèce d’imbécile ! Sais-tu pourquoi ? ajouta-t-elle, s’approchant si près de Tawi que leurs lèvres se touchaient presque.
Apeurée, la jeune femme ne répondit pas, ne pouvant secouer la tête, prise dans l’étau des mains d’Avalon.
-Callie n’est pas son vrai nom ! Vamp vient de me l’avouer, annonça-t-elle furieuse, en relâchant brutalement sa servante. Cet enchantement n’est efficace que si on dispose des véritables identités de ceux que l’on souhaite toucher. Il semblerait donc que les noms que tu m’as livrés aient été erronés, conclut Avalon en sifflant. Il me reste à décider si tu t’es simplement révélée incompétente et incapable de lancer un simple sort de détermination d’identité ou bien si tu m’as délibérément trompée, susurra la sorcière à l’oreille de Tawi, pétrifiée.

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