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Le capitaine Bullet dort comme une flèche. Le sommeil du juste emplit son âme et la porte aux confins des rêves les plus obscurs en interprétation. Mais c'est une réalité tangible, les rêves ne sont jamais que le second acte d'une pièce que l'on a vécu éveillé. Le sien n'y fait pas exception. Son inconscient est dévoré par une question turlupinante : comment j'ai pu tomber dans ce bourbier ? Au vu des soubresauts qui animent ses paupières fermées, le capitaine apprend à ses dépends qu'il y a des éléments qu'il vaut mieux ne pas vouloir se rappeler car si on les à oublié c'est pas pour rien. Néanmoins la volonté du capitaine est exaucée : elle revoit le film de sa vie.
Comme quoi le dicton qui dit que c'est toujours mieux la seconde fois ben c'est du Mozart joué au pipo. On s'y habitue pas.

Jouons les hôtes indiscrets. On ne va quand même pas se contenter de la regarder dormir pendant tout ce temps ! Hum, quoi qu'elle est encore plus belle comme cela… Non, allons faire un petit tour dans son rêve. Oui, c'est prévu dans le budget. Essuyez-vous quand même les pieds avant de rentrer.

L'image est assez floue tout d'abord mais finit par atteindre une netteté admirable. Elle représente une étendue de petits gravillons très très fins de couleur dorée.
Il s'agit sans se tromper d'une plage. Cette étendue de sable longe un quasi bois d'où émerge en courant une petite fille aux cheveux rebelles. La raison de sa précipitation ne tarde pas à se faire connaître puisque une bande de trois chenapans sortent à leur tout de l'orée à sa poursuite. Ils gagnent du terrain mais c'est sans doute parce que la jolie petite fille à ralentit sa cadence. A peu de choses près, elle pourrait sentir leur souffle rauque sur son dos. Ils jubilent de la situation. La petite de son coté ne semble pas trop inquiète. Pourtant, il ne manque pas grand chose pour que ses poursuivants soient sur elle.
Elle semble le comprendre et réaffirme son allure. Mais curieusement c'est pour mieux faire un saut en avant qui paraît déplacé en une telle circonstance. Cette incongruité ne manque pas d'étonner les garçonnets également mais sans plus car après tout… ce n'est qu'une fille qu'ils poursuivent. Et ils vont gagner donc qu'importe…
Ils auraient peut-être du réfléchir au pourquoi du comment mais c'est déjà trop tard pour eux, ils viennent de poser le pied sur une bâche camouflée sur le sol, qui en se dérobant, révèle un grand trou judicieusement caché en dessous. Du point de vue des garçons qui forment un mikado humain la surprise est totale. Le trou creusé dans le sable semble profond. Pas très réaliste, mais ce ne doit être qu'un détail.
La petite fille avance précautionneusement aux abords du fossé pour en scruter le contenu. Elle semble satisfaite au vu du sourire qui irradie sa jolie frimousse d'ou manque une dent.
- Alors c'est qui qui est le chef maintenant hein ????? s'étrangle de rire la petite fille.
- T'es rien qu'une tricheuse Bullet ! Lance de façon boudeuse le plus grand d'entre eux.
- Nah c'est pas vrai ! S’écrit elle totalement indigné.
- Si, truchose ! Hurle alors un des garçons qui à la tête dans le sol.
- Bah, z'êtes que des méchants ! Sur ces dernières paroles drapées de dignité infantile, elle s'en va, déçue.
- Heu tu nous sors de là maintenant ?????
Mais la petite fille était déjà loin. Et de toute façon, dans sa fureur, ils pouvaient attendre pour qu'elle les aide ceux là. Ils attendront d'ailleurs un moment dans ce trou. Ils ne perdirent cependant pas au change puisqu'avec le temps, on murmure qu'ils devinrent les dieux principaux d'une colonie d'escargots de mer en manque de spiritualité.

Cet évènement paraît peut être anodin mais ce fut l'un des épisodes les plus glorieux de l'existence du futur capitaine. C'est dire ce qui lui pose problème…
Le destin ne tardât cependant pas à reprendre le dessus. Dès son trajet de retour à vrai dire. En effet, toute à sa colère elle donnât un coup de pied furibond dans un morceau de pierre qui par le plus grand des hasards vint percuter un arbre, un gros morceau de rocher, un autre arbre puis un blaireau pour revenir directement vers son point d'origine dans un "ploc" mélodieux. Un ploc suivi de près d'un "aieeee", la petite se tenant le front avec douleur.
Ainsi naquit sa première cicatrice, qui au fil des ans prit une origine de plus en plus héroïque. Une des dernières versions tendrait à lui accorder une victoire sur un ours à mains nues…

Un peu plus tard dans le temps sans que l'on ne sache trop quand, se promène la même petite fille, mais qui a un peu grandie. Elle est de nouveau sur la plage mais marche cette fois-ci plus calmement. Elle adore la mer et ses paysages. Si elle le voulait elle pourrait marcher pendant des heures comme cela. C'est vrai que techniquement elle le peut, puisque la plage s'élance devant elle à l'infini. Oui car notre petite Bullet se trouve sur une étendue de terre brodée d'eau avec sur le coté de la plage. Pour les néophytes, on appelle cela effectivement une île…
Mais penchons nous un peu plus près sur cette charmante petite brune.

Bullet est donc une petite fille. Une petite intrépide aux genoux amochés à force de crapahuter un peu partout. Mais elle s'en fout car elle est contente. Actuellement elle vit chez sa mémé. Ça par contre, elle aime un peu moins… Sa maman est en effet souvent en train de travailler à travers mers tandis que heu son père est déclaré tout simplement comme étant définitivement "en voyage". Il doit certainement bien aimer cela les voyages car à vrai dire elle ne l'a jamais vu. Alors on a confié la petite à l’arrière grand mère qui n'est pourtant pas si vieille que cela. Sa mémé n'aime pas apparemment son papa mais mémé n'aime pas grand monde non plus. Curieux quand même qu'elle crache toujours sur le sol quand elle parle de lui. La petite ne comprend pas non plus quel rapport il peut avoir avec une saloperie de bouteille de rhum ni une cochonnerie de nuit de pleine lune de merde...
En tous cas, depuis qu'elle vit avec mémé, Bullet a considérablement élargi son vocabulaire de noms d'oiseaux. C'est déjà ça.

Bullet à un peu grandi, elle est dans sa chambre. Enfin si l'on est tenté d'appeler cela une chambre. C'est en fait une partie de la réserve à bière de mémé. Oui car sa grand mère tient un des 38 bars officiels que compte la petite île de "Coconut island".
Le bar en question s'appelle "l'albatros manchot". Il est le rendez-vous des vieux forbans et mémé y impose sa marque. A l'intérieur, la petite Bullet ne tarde pas à compléter son éducation. Elle comprend désormais la signification des mots beurré à mort, bagarre de bar, meurtre, vol et mensonge.
Elle n'a pas plus de douze ans mais elle est prête pour le monde. Le problème c'est qu'en même temps, elle passe sans nul doute dans sa période rebelle car elle n'arrête pas de parler de la beauté de l'art, du parfum des fleurs… Enfin ce genre de choses.
Son arrière grand mère s'en inquiète naturellement. Elle n'a pas élevé, enfin "éduqué" la petite dans ce sens. Elle lui pose donc la question fatidique : "Que veux tu faire de ta vie, saleté".
Sa première réaction est de dire qu'elle veut jouer de la clarinette pour ouvrir le cœur du monde à la joie. L'aller retour qu'elle reçoit alors lui fait subodorer que quelque part ce n'est peut-être pas la réponse que mémé attend. Alors timidement, elle dit qu'elle se verrait bien comme bergère pour pouvoir vivre en communion avec la nature. Même traitement de la part de mémé.
Ses joues lui brûlent, il est donc temps de raisonner vraiment un peu mieux, signe que l'éducation de mémé commence à porter ses fruits. Après un intense moment de réflexion, elle finit par demander dans un murmure si c'est pirate qu'elle doit devenir. Elle ferme un peu les yeux dans la crainte d'un retour de flamme. Mais la claque attendue n'arrive pas. Enfin pas de la manière qu'elle l'attend. C'est en effet presque qu'une tape affectueuse dans le dos qu'elle reçoit. Pour la première fois de sa vie elle voit son arrière grand-mère sourire. Cela fait bizarre et pas uniquement en raison d'un manque de dents. Un bon métier respectable qu'elle dit mémé. Pirate doit donc être une bonne chose... Mouais... A voir...

Cela aurait pu s'appeler Bully Botter à l'école des portiers. Le problème c'est que c'est pirate et non portier que notre jeune capitaine allait devenir et à vrai dire notre Bullet ne s'appelle pas Botter non plus… Cela dit elle rentra bien dans une école pour apprendre la dure et passionnante destinée de flibustier.
Elle fut bien forcée de constater que pirate pouvait être assez drôle. Parmi ses professeurs elle reconnut d'ailleurs certains des habitués du bar de mémé, sauf que de jour elle n'avait pas forcement tendance à les trouver plus clairs dans leurs explications. Cela dit, les cours étaient variés, ce qui empêchait de trop s'ennuyer. Entre le cours de jurons, celui d'abordage le sabre entre les dents, le cours de rumeur d'histoires de la piraterie et d'autres matières aussi diverses, il y avait de quoi faire. La petite Bullet se faisait à sa nouvelle vie.

L'ambiance était vraiment à son goût. Enfin pas tant que cela au début puisqu'il fallut un peu de temps pour comprendre qu'elle n'était pas obligé de se raser la tête et de s'habiller en rose. Cela lui pris quand même bien six mois pour s'en rendre compte cependant. Dans un sens, elle se doutait qu'il se passait quelque chose de louche car les anciens de l'école n'arrêtaient pas de pouffer sur son passage. Mais dans le doute… L'avantage, c'est que cela lui avait permis de rencontrer une amie dans la même situation. Cela les avait rapproché.
A la petite Nellice, on avait dit qu'il fallait qu'elle porte une robe avec de jolies fleurs dessus. Ce qui sur "Coconut island" ne manquait pas d'attirer l'attention. Ce ne fut pas leur seul point commun. On avait également quelque peu imposé à Nellice la voie de la piraterie. Elle aurait plus voulu vivre de la plume que de l'épée…
Mais son père avait voulu faire dans l'original. Ainsi donc, avait été décidé, qu'à partir de maintenant, dans la famille, l'on serait pirate de père en fille. Une idée qui ne manquerait certes pas de poser un problème de renouvellement de la tradition dès la première génération…
Cela étant, son père, riche propriétaire terrien de l'île n'en démordait pas, sa petite fille serait pirate !

Il faut bien dire qu'ensemble nos deux piratasses en herbe ne se révélaient pas être les meilleures recrues de la promotion. Elles arrivaient déjà à rester en vie ce qui était déjà pas mal. Par pure chance certainement, elles avaient échappé à quelques incidents regrettables du genre vol de couteaux et empoisonnements mystérieux.
Mais dans l'ensemble ces "problèmes" étaient rares. Sans doute parce qu'elles ne faisaient en aucune façon peur aux aspirants aux places d'honneur. Ils étaient pourtant nombreux.
Pour ne pas surpeupler une carrière déjà précaire, il avait en effet bien fallut trouver une solution. L'esprit de compétition avait était instauré comme une chose salutaire. Car seuls, au final, les meilleurs sortiraient pirates, signe de l'efficacité de l'enseignement. Force est de constater que les élèves avaient interprété différemment le concept. Des accidents "malheureux" arrivaient donc fréquemment pour limiter en fin d'année le nombre de diplômés. Cette semaine, l'un des chouchous du cours de tir au canon venait malencontreusement de se décapiter avec une vielle hache… Un suicide tragique qui fut hum déploré… avec tristesse.

Avec un nombre d'étudiants passablement réduit en fin d'année, l'école s'était bien vu obligé d'abaisser leur niveau d'exigences pour leurs diplômés. Ainsi Bullet et Nellice étaient devenus des pirates patentés par la force des choses. Enfin c'est vite dit… Elles étaient certes devenues pirates, mais en fin de leur cinquième première année. On leur avait donné leur bout de papier symbolique pour mieux s'en débarrasser puisque personne n'arrivait à le faire de façon plus "accidentelle"...
Bullet avec le temps avait acquis un bon baguage théorique, sa technique laissant par contre à désirer. Nellice de son coté avait développé des prédisposition à la non violence et un sens de la fête impressionnant.

Les choses étant bien faites, le papa de Nellice lui avait payé un bateau tout neuf pour pouvoir exercer dans les règles de l'art. Il était si fier qu'elle ait enfin réussi. Après des adieux rapides, elles quittèrent le port pour pirater comme on disait dans le jargon. Leur premier acte de piraterie se passa avec une efficacité étonnante. Elles avaient finement approché (percuté) un riche marchand espagnol en haute mer (une heure après leur départ). Elles avaient alors bondi sur le pont du bateau en voie d'être piraté avec célérité (un peu plus d'une demi heure) et avaient proprement dévalisé le marchand. (une bourse de pièces d'or, laissant au passage toute la cargaison dans la cale cachée)
En vérité le marchand tellement hilare de voir leur technique à l'œuvre n'avait pas pu s'empêcher de leur donner un petit quelque chose en compensation. C'était bien une juste récompense pour avoir autant ri.
Alors comme il se doit, elles avaient fait ce que tout pirate envisage en ces circonstances : trouver une île pour planquer leur magot… Une belle île se présentait à l'horizon. Elle leur tendait les bras. Mais n'ayant toujours pas assimilé le principe de ralentir leur navire AVANT que l'obstacle ne survienne… elles percutèrent un banc de récifs qui s'était vicieusement placé sur leur trajectoire. Un peu plus de quatre heures après avoir quitté le port, elles étaient naufragées sur une île déserte…

De leur îlot, elles s'en sortirent toutefois par une solution que même Bullet préféra oublier. Bullet rafraîchie par leur aventure, se jurant désormais qu'elle ferait tout pour devenir la meilleure dans sa catégorie. Nellice avait quand à elle trouvé mille et une façon d'accommoder le poisson.
Le temps passa pendant lequel elles devinrent marins d'un vrai capitaine, histoire de voir comment cela se passait. Elles furent presque surprises au début que l'on ne soit pas obligé de couler son bateau après chaque acte de piraterie. Cependant, près de dix ans avaient passé et Bullet trépignait d'accomplir sa légende personnelle. Elle était cependant devenue une vraie pirate. Enfin elle savait comment faire les choses, c'est déjà ça. Le destin guidant ses pas n'allait pas tarder à se réveiller de sa demie torpeur.
Le bateau du Capitaine Magloire puisqu'il se nommait comme cela (Un nom qu'il n'aimait pas de surcroît quand pour prénom on est affublé d'un "Mon honneur". Certains parents ont de drôles d'idées) avait accosté près d'une île pour effectuer un ravitaillement en eau douce. Nellice et Bullet avaient été dépêchés pour effectuer cette tache honorifique. A leur retour, elles avaient trouvé un équipage légèrement mort pour ne pas dire complètement trépassé. Aucun assassin fourbe n'était dissimulé dans l'ombre, aucun signe de lutte ni même une goûte de sang. Bref, aucune raison apparente(1) ne pouvait expliquer la situation alors elles ne cherchèrent pas plus loin. Autant partir de là et le plus vite possible. Elles avaient un superbe bateau et surtout elles étaient vivantes. De quoi ma foi donner de l'optimisme. Il leur en faudra d'ailleurs en revendre.

(1) Si ce n'est la fourberie et l'envie de massacre de l'auteur

Bullet et Nellice se mirent donc à la recherche du port le plus proche. Elles se trompèrent de direction et au final elles n'allèrent pas vers l'île qu'elles espéraient…. Mais miraculeusement, elles arrivèrent tout de même à trouver ce qu'elles cherchaient sans trop tâtonner. Il faut dire qu'une étendue de terre au milieu d'une quantité assourdissante d'eau, ça à de quoi attirer l'œil même le plus profane. Un port leur tendait les bras, ce qui avec leur expérience n'était pas forcément bon signe. Néanmoins, là, elles se payèrent le luxe de ne pas couler le bateau dans la marina. Une première. Il faut dire que c'était un grand port. Mais tout de même… C'était inhabituel.
Bullet qui prenait ses fonctions de capitaine autoproclamé à cœur, se mit en tête de constituer un équipage de fiers loups de mer pour ce qu'elle appelait déjà SON bateau. Et quoi de mieux qu'un bar dans une chaude ambiance de soirée pour trouver de joyeux compagnons de voyage ? Heu oui effectivement, quoi de mieux ? (1)
Malencontreusement elles allèrent là où elles n'auraient pas du aller. Il faut dire qu'elles s'étaient déjà trompé d'île, alors autant se tromper pour la peine de bar. L'humeur des habitués du lieu semblait déjà agitée avant leur arrivée et curieusement tous les occupants se mirent à les regarder avec une lueur malveillante dans l'iris. Et pour une minorité qui étaient équipé de deux yeux valides, c'était un franc flamboiement haineux qui en jaillissait.
A vrai dire, revenir dans son port d'attache avec le bateau du capitaine Magloire mais sans son capitaine Magloire, sans même un équipage à part deux jeunes femmes qui ne présentent aucune blessure, aurait tendance à éveiller la méfiance des gens du cru. Le fait aussi que Bullet agisse désormais comme un capitaine du susdit bateau ne jouerait pas non plus en sa faveur… Sans en rajouter une couche, l'explication de Nellice selon laquelle tout le monde serait mort d'un coup sans qu'elles y soient pour quelque chose aurait tendance à ne pas les convaincre plus avant. Et pour compléter le tableau, être entouré d'une partie de la famille Magloire n'attisait pas la sympathie et le témoignage de franche camaraderie.

Ce qui devait arriver, arriva : une bagarre de bar en "bon uniforme". Avec en rôle principal Bullet. En seconds rôles la famille Magloire. Le statut de non violente de Nellice l'empêchant de prendre part activement à cette rixe alcoolique, elle se contentât d'observer avec courtoisie mais avec conviction dans son encouragement totalement amical.
Comme d'habitude, ceux qui n'avaient rien à voir avec une des quelconques parties en bisbille se firent un devoir de participer tout de même. Une bataille de bar se doit d'être totale. Et cela permet de pouvoir frapper sur des inconnus sans présentation ni explication nécessaire. D'autres prirent d'ailleurs l'affaire en route. Ils ne savaient pas pourquoi ils se battaient mais cela n'avait pas tant d'importance, les distractions étaient rares dans le coin. (2)
Bullet n'avait certes jamais été personnellement au cœur d'une telle intrigue mais son expérience de vie dans un bar lui fut très précieuse. Au moins quelque chose que lui avait appris mémé.

Par chance, certains des membres présumés du clan Magloire étaient occupés avec d'autres clients qui leur prodiguaient leur "affection" virile. Bullet n'avait donc qu'à faire aux membres les plus motivés. En l'occurrence ce qui devait être papa, maman et petite sœur Magloire. Peut être pas dans cet ordre cependant…
Sans le faire exprès, quelqu'un vint bousculer Bullet, ce qui eu pour effet qu'elle vint percuter à son tour Mr Magloire. Le combat commençait plutôt mal pour elle. Enfin non pas qu'elle ait une folle envie de se battre mais ils mettaient tant de cœur à l'ouvrage qu'il serait dommage de les décevoir. Papa se saisit alors d'une chaise dans l'intention évidente non pas de refaire un réaménagement de l'espace mais de la façade de Bullet. Par chance pour elle, Magloire senior ajusta mal son coup puisqu'avec un simple petit bond en arrière (très bien effectué d'ailleurs mais par pure chance), la jeune capitaine arriva à esquiver l'objet. Dans toute la confusion, seul cet homme furieux voulait lui en faire découdre. Elle avait bien évité quelques mandales mal placées mais elles étaient toujours bien intentionnées. La femme et la fille Magloire s'étaient dirigées vers Nellice ne se souciant donc pas de sa préoccupation à la non violence. Par chance la mère reçut un coup perdu et s'affala par terre K.O. pour le compte de cent. Quoi qui ne fallait peut-être pas demander à un pirate de compter aussi longtemps…
Restait donc la jeune fille déterminée. Tellement déterminée qu'elle fonça, tel le taureau en rut sur une peau de vache suicidaire dans la direction de Nellice. Elle n'eut qu'à faire un pas de coté pour voir la jeune fille percuter le mur et s'y encastrer quasiment. Curieusement, elle ne tomba pas mais tituba devant l'amie de Bullet, lançant des regards hagards sur le monde. Voyant qu'on ne la regardait pas, Nellice envoya une pichenette du bout de l'index en direction de la jeune fille qui s'effondra cette fois-ci pour de bon. Oui…. Il ne fallait pas énerver Nellice sinon, elle ne se contrôlait plus…

Il faut bien dire que la bagarre perdait de l'intensité à mesure que la motivation des belligérants baissait pendant qu'ils recevaient des coups. Mr Magloire lui, l'avait toujours mauvaise, d'autant qu'aucun de ses coups n'avait par pur miracle encore atteint sa cible. D'un pas décidé il se dirigea vers Bullet alors qu'un couple de duettistes les avait un instant séparés. Bullet trébucha bêtement et se retrouva sur son séant, donc sur le sol. Mr Magloire en profita pour lui placer un méchant coup de pied dans le tibia. Pas très viril mais terriblement efficace au vu du "ouille" proféré par la jeune femme. C'est était assez, Bullet décida que papy avait assez fait de la résistance et qu'elle allait lui calmer ses humeurs de malotru. Sur l'instant elle se demanda même pourquoi avoir utilisé ce mot mais cela ne changeait rien à l'affaire… Elle se releva l'œil en feu de colère. Pas très impressionnant certes mais il faut savoir relativiser. Elle voulut frapper l'homme au visage d'un coup de poing mais elle ajusta mal son coup. Par pure chance elle le heurta quand même du plat de la main au niveau du thorax, preuve qu'elle avait bien merdé… Son second coup fut plus confiant et elle l'atteint cette fois d'un direct au menton. Pile ce qu'elle voulait. Contrairement à ce qu'elle pensât ce ne faut pas l'homme qui eut le plus mal. Il était certes un peu sonné mais il s'en remettrait vite. Non ce que venait de découvrir Bullet c'est que cela faisait mal de se battre à mains nues…
Elle secouait maintenant la main avec force, croyant peut-être que cela ferait partir la douleur plus vite. Un détail attira cependant son attention : le silence. C'était peut-être le fait qu'elle ait frappé le sieur Magloire mais la pièce semblait bien plus désertée. En vérité, il ne restait bien plus guère que des hommes aux regards haineux, des hommes qui avaient bien un peu tous la même bouille des Magloire. Et Bullet était au milieu d'eux, et à vrai dire, elle ne faisait plus trop la fière.
Elle reculât et percutât quelqu'un qui fut aussi surpris qu'elle. Il s'agissait d'une jeune femme qui n'avait pas du bien comprendre que le signal de retraite avait été donné par la plus part. C'était ça ou elle avait encore envie de frapper sur de l'homme. Bullet estima qu'elle n'était pas une menace. Si elle pouvait l'aider à s'en sortir, elle ne s'en plaindrait pas. Ainsi dos à dos, elles virent les Magloire s'avancer dangereusement. C'est en ce moment qu'on se met à réfléchir avec vitesse et à espérer la venue d'un miracle. S'interroger sur l'existence d'une vie après la mort est également possible et sans doute souhaitable.

Dans le silence, on entendrait presque les bruits de pas sur les débris des tables et chaises fracassées. Cela sentait vraiment le roussi et il était peut être temps de sortir de poulet du four… Le miracle tardait vraiment beaucoup… Bullet ne demandait pourtant pas un gros miracle, un tout petit serait tout aussi bien accueilli…
Quelque chose se passa. On entendit le bruit sourd d'un objet que l'on casse. Toujours près de son mur, Nellice venait de fracasser de colère une cruche de vin vide sur sa seule table rescapée de l'apocalypse. D'une voix sonnante et trébuchante elle déclara avec solennité :
« Oh ça suffit maintenant ! »
On sentait bien l'intensité de son énervement dans la pourtant courtesse de son intervention.
C'était tellement incongru que cela surprit tout le monde. Quand les Magloire reprirent leurs esprits en ricanant, ils constatèrent que les jeunes femmes n'étaient plus là. Bullet et sa coéquipière mystère avaient profité de la diversion pour aller vers des cieux plus apaisés. Pas techniquement une fuite mais un redéploiement des forces.

A l'extérieur, ayant récupéré Nellice au passage, les trois jeunes femmes couraient. Elles s'arrêtèrent après quelques mètres pour voir qu'on ne les avait pas suivis. Souffle court Bullet se présentât.
- Moi c'est Bullet, merci pour ton aide.
- Moi c'est Tysuisse mais tu peux m'appeler Tysuisse. Pas de quoi me remercier, un enfoiré avait renversé ma bière… Alors je lui ai fait bouffer son verre et ses dents au passage… Si j'ai pu te rendre service c'est tout aussi bien.
- Je suis Nellice dit Nellice en s'excusant de s'être emportée.
- Heu oui firent de concert les deux autres de ce ton qui transpirait un manque flagrant de conviction.
- Au fait, tu me dois une pièce d'or pour t'avoir aidé déclara Tysuisse.

Bullet fut un peu surprise mais en même temps amusée. C'était ce genre de personne qu'il lui fallait sur son bateau. Le genre qui certes vous trahirait à la moindre occasion, mais qui au moins le ferait avec le sourire.
Arrivée devant le bateau, Tyssuise ne perdant pas le nord, s'enquit de la propriété d'une telle embarcation. Bullet ne pu que dire que d'une certaine manière, ce navire était à elle. Enfin, jusqu'à preuve du contraire. Tysuisse fut impressionnée et rappela à Bullet qu'elle lui devait… cinq pièces d'or. Elle lui demanda ensuite s'il y avait de beaux matelots à l'intérieur. La discussion tournât court car la rumeur des cris de leurs poursuivants se faisaient entendre au loin. Un peu comme une rumeur quoi, on l'entend arriver avant de la voir.
D'un commun accord entre Nellice, Bullet et Tysuisse, il fut convenu de déguerpir au plus vite. Les deux premières dans une optique courageuse de repli vers une position plus protégée, Tysuisse, il faut bien le dire, parce qu'on ne lui a pas donné ses dix pièces d'or. Le fond de l'air était d'ailleurs frais et il serait agréable de faire une petite ballade en bateau. Il fut donc décidé ainsi, vogue la galère et hissez haut. Leur poursuivants eurent vraisemblablement la même envie qu'eux de goûter le doux parfum du grand large puisqu'ils embarquèrent à leur suite.

- Heu… Captain Brunette… Ils nous suivent clama Tyssuise avec assurance.
- Merde, les ù%à*$ lui répondit le capitaine. Nellice, vient à la barre. On passe la seconde !
- La quoi ?
- Accélère quoi ! Je sais pas moi… Comment il faisait le capitaine déjà dans les cas d'urgence ? Ah oui, un truc du genre : Fermez les espadrilles mousquetons, shootez ferme ! On baisse le froc et on monte bien haut le grand moine ! Bar à Babar !
- Tu crois que c'est à nous qu'elle parle ? demanda Nellice à Tysuisse.
- Pas sure… Mais j'applaudi la chorégraphie.
- Grrr, ça n'a pas l'air de marcher comme formule magique… Nom d'une pipette en zinc, ils gagnent du terrain !
- J'y crois pas, qui peut encore dire nom d'une pipette en zinc de nos jours ? Hum mais captain… heu… Burette, c'est quoi ces grand trucs qui volent là ?
- Ils nous tirent dessus Tysuisse !
- Heu non là présentement, ils tirent plutôt à coté rectifia Nellice. Heu… mais oui… on va pas se plaindre de leur manque de précision après tout.
- J'ai une idée s'écria Bullet, on a qu'à virer à mort de bord et leur foncer dessus ! Cà ils ne s'y attendront pas !
- Oui car c'est vraiment con comme idée… On pourrait pas essayer de discuter calmement avec ces beaux hommes tous dégoulinants de muscles ? Au lieu de virer de bord… comme ça.
- Mais bien sur et on leur offre une petite bière fraîche ?
- J'avais plus dans l'idée d'un petit vin mais bon c'est vous qui régalez captain… euh… Biquette.
- C'est Bullet elle. Nellice appelle Bullet, je rappelle qu'on fonce sur un bateau là !

Effectivement le bateau présentement se dirigeait prestement vers leurs poursuivants qui quelque part, la stratégie de Bullet aidant, ne poursuivaient plus grand chose à vrai dire. La technique n'était pas courante mais cela c'était déjà vu. Enfin jamais sur mer… C'est déjà ça de pris.
Sous le soleil couchant qui ne l'est pas… car je vous rappelle que l'on est en pleine nuit, mais qu'on y voit très bien quand même… les deux bateaux se faisaient face et sous l'ancestrale tradition du "on va voir qui fait dans son falzar le premier" aucun des deux navires ne semblait vouloir changer de ligne. Une question d'honneur ou un truc comme cela. Surtout un truc pour faire hurler des membres d'équipages à toute bringue.
Bullet y avait mis un point d'honneur, elle voulait prouver qu'elle était un vrai mec. Yep, qu'elle en avait et qu'elle en avait même à revendre. En visu de plus en plus gros, Magloire le pépé montrait sa détermination à tout le monde. Il était comme cela pépé, sur de lui et confiant. En vérité tout le monde pensait qu'il était un peu "déconnecté" aussi. Le duel devenait intense, aucun des deux ne voulait céder. Pourtant au dernier moment, papy braqua et voulu éviter la ligne de confrontation. Dans le jargon technique, on dit qu'il s'est déballonné.
Ses réflexes n'étaient cependant plus ce qu'ils étaient et il tourna trop lestement. Au lieu d'un choc frontal, ce fut un choc latéral qui raisonna comme un bruit sourd dans le cœur ce chacun. L'airbag n'étant pas inventé, la plus part des marins des deux camps perdirent l'équilibre dans l'opération. Les deux navires ne stoppèrent pas et continuèrent dans leur direction malgré l'impact. Ils dévièrent juste un peu de leur trajectoire. On assistât peut-être au premier délit de fuite de l'histoire de la marine et ce fut Bullet qui y participa. Pas le moment pour un constat non plus.

Il y avait certainement une mauvaise étoile sur le capitaine Magloire, il faut dire que voguer sur le "patbol" n'aide pas à s'éclaircir un karma. Sous l'effet de la colère et sans doute aussi un peu de la honte d'avoir du céder face à une frêle femme pour la deuxième fois, il donna un coup de pied dans un des canons qui se trouvait curieusement sur le pont. Ce qui eu pour effet regrettable que le susdit canon canonna vers le bas et accessoirement donc coula le bateau méchamment. Il ne faut pas sous estimer un canon. Ca à l'air de rien mais cela ne rigole pas.
Comme de bien entendu sur le navire adverse c'était l'euphorie jusqu'à ce que…

- Bullet hurla Nellice, je crois qu'on a un problème ! Y'a comme qui dirait un trou en plus dans la coque, le genre gênant qui n'était pas là avant…
- Et c'est grave ? demanda Tysuisse.
- Pas si tu veux rentrer à la nage….
- Hum fit le capitaine.

Une enfance passée à gambader dans la campagne avait appris une bonne dose de philosophie de la retenue à Bullet. Ainsi un "Hum" de sa part contenait beaucoup d'éléments sous-jacents. Cette explication en vaut une autre et on pourrait tout aussi bien dire que l'auteur tente d'éviter un longue dialogue fade.
En gros on peut l'interpréter comme-ci :
Qu’est ce qu'on va faire, on va couler, c'est sur on est mal. Qu'est-ce que j'ai mangé ce midi, mais en même temps on va couler, alors… J'ai pas la moindre idée de ce qu'il faut faire… Hum et ils vont nous tuer si on retourne au port, tous les Magloires qui m'approchent finissent par couler, vont finir par me détester… Ah oui c'est vrai du poisson… Pas terrible en plus.

Ce à quoi répondit intuitivement Tyssuise : Bah on a qu'à aller faire un tour de l'autre coté de l'île, j'connais un petit bar sympa où vont quelques matelots durant leurs débarquement pour leurs permission. Ainsi, l'idée fut adoptée, étant donné qu'elles n'avaient pas mieux. Bravant ainsi la loi de la logique, Bullet arriva, intacte, de l'autre coté de l'île dans un port qui ressemblait très fort au premier mais en différent. Comme les choses sont bien faites, elle eut juste le temps de garer près d'un quai proprement … heu couler son bateau avant d'en sortir. Décidément, avec Bullet, les bateaux étaient des marchandises avec une date de péremption immédiate. Le coté positif c'est que celui-là avait duré presque une demi journée. L'un dans l'autre, il y avait du progrès.

Fermez les espadrilles mousquetons, shootez ferme ! On baisse le froc et on monte bien haut le grand moine ! Bar à Babar !

Par contre, des fois, y a des expression où j'ai pas l'impression que ce sont le sobns mots utilisés... Genre ça colle à peu près phonétiquement mais ça cole pas avec l'orthographe que j'aurias mise..