jeudi 7 avril 2005, 21h29
Une centaine de lycées perturbés, des incidents, fermeté de Fillon
PARIS (AFP) - Une centaine de lycées ont été perturbés jeudi lors d'une nouvelle journée d'action lycéenne, marquée par plusieurs interventions des forces de l'ordre et des incidents, face auxquels le ministre de l'Education nationale François Fillon à tenu des propos de fermeté.
Par ailleurs, des préfectures, des rectorats et un centre des impôts ont été occupés dans la journée, a confirmé la direction générale de la Police nationale (DGPN), qui a assuré en début de soirée que "plus aucun établissement public (sans compter les lycées, ndlr) n'était occupé".
Selon un décompte effectué par les bureaux de l'AFP, une centaine de lycées, dont une cinquantaine en région parisienne et une vingtaine en Midi-Pyrénées et neuf en Franche-Comté, ont été fermés, bloqués ou ont vu leur fonctionnement perturbé par des manifestations ou des barrages filtrants.
C'est autant que jeudi dernier, précédente journée nationale d'action. La fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl), qui avait appelé aux blocages, a estimé de son côté que 370 lycées s'étaient mobilisés en France.
A l'appel de la coordination nationale lycéenne, constituée au début du mouvement lycéen, fin janvier, en dehors de l'Union nationale lycéenne (UNL) et de la Fidl, cette journée a mobilisé plusieurs milliers de lycéens aux revendications larges: abrogation de la loi Fillon, révision des cartes scolaires, maintien d'un bac national, demande de moyens et de postes etc.
Des incidents ont éclaté entre lycéens et forces de l'ordre notamment au cours d'une manifestation à Lille où deux personnes ont été légèrement blessés et une dizaine interpellées. Sept jeunes gens ont été placés en garde à vue.
A Béziers (Hérault), une tentative d'occupation d'un lycée, qui a abouti à l'interpellation de sept lycéens.
A Paris, une lycéenne du lycée Balzac (XVIIe) a été blessée et hospitalisée après avoir été percutée par une voiture qui tentait de forcer le passage à travers un sit-in lycéen devant un cordon de CRS qui tentaient de les déloger.
Au lycée Voltaire, dans le XIe arrondissement, la proviseure-adjointe a été blessée par un jet de bouteille et un conseiller principal d'éducation violemment agressé par un automobiliste, furieux que la chaussée soit bloquée par les lycéens. Les enseignants de cet établissement ont condamné l'absence des forces de l'ordre pour assurer la sécurité des élèves et des personnels.
Quatre personnes ont été placées en garde à vue après les incidents parisiens, a annoncé la police.
Les organisations syndicales d'enseignants (FSU), de parents (PEEP) et de lycéens (Fidl) ont vivement protesté jeudi contre les "violences policières".
François Fillon est resté ferme, répétant devant les députés ce qu'il avait dit mercredi: "je ne laisserai pas une infime minorité bloquer le fonctionnement du système éducatif, à quelques semaines de l'organisation du bac".
"A chaque fois qu'une tentative de blocage aura lieu il y aura une intervention", a ajouté le ministre.
Des manifestations, rassemblant entre quelques dizaines et plusieurs milliers de participants, ont été organisées ponctuellement, à Toulouse (2.000 selon la police, 16.000 selon les organisateurs) Créteil (2.000 selon la police) devant le rectorat ou encore à Rennes (2 à 300) après l'échec d'une tentative d'occupation du rectorat.
Une centaine de lycéens ont également organisé un sit-in sur un des principaux carrefours de Brest.
Quelques dizaines d'élèves -quelques centaines parfois- ont organisé des blocages plus ou moins filtrants aux portes des lycées à Besançon, Toulouse, Tarbes, Auch, Cherbourg, Granville, Le Havre, Tours, Lyon, Toul, Nanterre, Bois-Colombe, Bordeaux, Pauillac ou encore Saint-Ouen.