elimor
Lorsque je devais avoir une dizaine d'année, je ne sais quelle chaîne a eu la bonne idée de rediffuser Les Rois Maudits de Claude Barma (qui date des années 70). Ce fut un choc. J'étais amoureuse de Robert d'Artois, je détestais Mahaut, et sans le savoir j'emmagasinais pour plus tard ce qui allait me servir pour mes premières réfléxions sur le pouvoir. Quelques temps après j'eus l'occasion de lire les livres de Druon. J'étais déjà conquise par le feuilleton, je le fut encore plus par les livres. Bref, pour moi, Les Rois Maudits, c'est cultissime. Alors forcément, quand j'ai appris que Dayan tournait une nouvelle version de l'oeuvre j'ai d'abord crier au sacrilège (on ne touche pas aux chefs d'oeuvre, c'est bien connu) avant de me laisser amadouer (un peu) par ce qui s'annonçait être une distribution prestigieuse. Et depuis la rentrée j'attendais avec impatience la diffusion de cette nouvelle version, prête à la tailler en pièce au moindre petit défaut (quitte à être de mauvaise foi) et à reconnaître du bout des lèvres les quelques qualités que ma partialité ne pourrait aller jusqu'à nier. C'est donc un peu près ce qui va suivre (soit un avis pas du tout objectif).
Première images, première deception : la musique de Coulais est pas mal mais n'arrive pas à la hauteur du générique de la version de Barma. Première scène avec Molay et Philippe le Bel, et là, ca passe pas du tout (j'ai eu très peur pour la suite). Tcheky Karyo n'a pas la majesté de son rôle, les répliques sonnent faux (y a quelque chose qui cloche soit au niveau du jeu des acteurs soit au niveau des dialogues) et surtout cette scène, avec toutes celles qui concerneront les templiers par la suite, alourdissent et ralentissent le récit. D'accord c'est Depardieu qui joue Molay (ce qui explique sans doute pourquoi son rôle a été étoffé, Dayan voulait sans doute lui donner plus que 3 minutes de présence à l'écran) mais ce n'est pas suffisant pour justifier la grandiloquence qui entoure les templiers (non franchement, les scènes de tortures et la longueur de la scène du buché ne rajoute aucun poids à la réplique où Molay lance sa malédiction. Barma en la gardant beaucoup plus épurée avait réussi à la rendre tout aussi forte, si ce n'est plus. Avec Dayan on tombe dans l'effet facile). Au bout du compte, Philippe le Bel est encore en vie à la fin de cet épisode, alors que Barma, qui avait été fidèle au découpage de la tomaison de Druon, cloturait son épisode avec la mort du Roi de Fer.
Et puis c'est au tour de Robert d'Artois / Philippe Torreton d'entrée en scène. J'aime beaucoup cet acteur et oui, il degage quelque chose d'interessant dans le rôle de Robert. Mais comparé à Jean Piat (qui pourtant dans ce rôle à un jeu encore plus forcé et théâtrale que Torreton, c'est dire), il ne fait pas le poid. Rien qu'au niveau de ce nouveau costume, on sent que c'est un Robert plus faible, moins imposant. Dans la version de Barma, Jean Piat était sculpté dans son costume à la fois brut (cuissarde et pantalon au plus près du corp, sans fioriture) et raffiné (le drappé de la cape et le haut en fourrure marron). En fait dans ce costume Piat était une certaine image de la puissance et de la virilité (de nos jours j'emploierais le mot sexy mais je ne trouve pas qu'il convienne exactement à l'image de l'époque). Honnêtement c'est bien la seule fois où je donne ma préférence au costume de la première version, parce qu'effectivement les costumes de la version de Dayan sont très réussits : plus ou moins bien sur le plan esthétique mais très bien vu sur le plan narratif. Le Robert d'Artois de Dayan et Torreton ressemble à un "jeune fou", un peu bourrin, un peu brouillon qui a une idée en tête (et qui n'en démordrara pas) et qui fonce tête baissée sans véritablement de vision d'envergure. Le Robert d'Artois de Barma (mais aussi de Druon) est plus habile, plus retord. C'est lui qui met en place tout les détails du complot pour faire chuter les épouses des trois princes (le coup des bourses c'est lui qui y pense, tout comme il demande tout de go un messager au banquier, banquier avec lequel les rapports ressemblent plus à un partenariat qu'à un rapport de débiteur / créancier, tout du moins au début de l'oeuvre, et il s'assure que les amants porteront bien les bourses à la cour en organisant une fausse attaque de brigands et non pas une simple rencontre qui pourrait vaguement passer pour du hasard).
Pour Druon (et pour Barma) l'axe central du récit c'est Robert d'Artois et donc la querelle Robert / Mahaut. Dayan semble beaucoup plus interessée par Mahaut et donc la querelle Mahaut / Robert. A la limite, pourquoi pas. Surtout que Jeanne Moreau en Mahaut, c'est la grande force de cette nouvelle version. Jeanne Moreau est impériale dans ce rôle. Dans ce premier épisode tout du moins, elle domine le reste du casting. Sauf que je ne supporte pas qu'on égratigne Robert. Robert d'Artois fait partie de mon panthéon de petite fille au côté d'Athos et d'Aragorn et il va falloir que la suite de la série soit vraiment bien foutue pour j'accepte qu'on abime un des personnages qui a peuplé l'imaginaire de mon enfance.
Pour le reste du casting, je trouve Guillaume Depardieu très prometteur dans le rôle du Hutin. Dans l'ensemble c'est pas mal même si on n'atteind pas toujours le niveau de la première version (le meilleure exemple est certainement Isabelle : l'Isabelle de Dayan est plus qu'honnête dans le contexte de cette nouvelle version, mais si on la compare à l'actrice qui joue Isabelle dans la version de Barma, elle est un ton en dessous).
En ce qui concerne les décors, je les trouve parfois too much mais ca passe parce que le tout est cohérent. C'est un parti pris qui n'est pas choquant et qui je trouve dépoussière agréablement le style Moyen-Age.
Au niveau de la mise en scène, je trouve que ca manque de fluidité. Les transitions sont assez abruptes, hachées. Ceci dit, là, je veux bien être indulgente parce qu'une mise en palce d'une oeuvre épique avec autant de personnages n'est jamais évidente et qu'il y a de grande chance pour que ca s'améliore par la suite. Par contre j'espère que Dayan aura su faire preuve de finesse à un moment donné, parce que pour l'instant il y a un apsect tape à l'oeil et mal dégrossi qui convient mal à l'analyse du pouvoir qui est normalement au centre de l'oeuvre de Druon.
A la fin de ce premier épisode je ne suis pas vraiment emballée, ce qui ne m'empêche pas d'attendre les épisodes suivants avec impatience (bon ce sera pas trop long vu que le second épisode est pour demain), épisodes, qui quoiqu'il advienne, j'enregisterai, tout comme j'ai enregsitré celui-ci.
Première images, première deception : la musique de Coulais est pas mal mais n'arrive pas à la hauteur du générique de la version de Barma. Première scène avec Molay et Philippe le Bel, et là, ca passe pas du tout (j'ai eu très peur pour la suite). Tcheky Karyo n'a pas la majesté de son rôle, les répliques sonnent faux (y a quelque chose qui cloche soit au niveau du jeu des acteurs soit au niveau des dialogues) et surtout cette scène, avec toutes celles qui concerneront les templiers par la suite, alourdissent et ralentissent le récit. D'accord c'est Depardieu qui joue Molay (ce qui explique sans doute pourquoi son rôle a été étoffé, Dayan voulait sans doute lui donner plus que 3 minutes de présence à l'écran) mais ce n'est pas suffisant pour justifier la grandiloquence qui entoure les templiers (non franchement, les scènes de tortures et la longueur de la scène du buché ne rajoute aucun poids à la réplique où Molay lance sa malédiction. Barma en la gardant beaucoup plus épurée avait réussi à la rendre tout aussi forte, si ce n'est plus. Avec Dayan on tombe dans l'effet facile). Au bout du compte, Philippe le Bel est encore en vie à la fin de cet épisode, alors que Barma, qui avait été fidèle au découpage de la tomaison de Druon, cloturait son épisode avec la mort du Roi de Fer.
Et puis c'est au tour de Robert d'Artois / Philippe Torreton d'entrée en scène. J'aime beaucoup cet acteur et oui, il degage quelque chose d'interessant dans le rôle de Robert. Mais comparé à Jean Piat (qui pourtant dans ce rôle à un jeu encore plus forcé et théâtrale que Torreton, c'est dire), il ne fait pas le poid. Rien qu'au niveau de ce nouveau costume, on sent que c'est un Robert plus faible, moins imposant. Dans la version de Barma, Jean Piat était sculpté dans son costume à la fois brut (cuissarde et pantalon au plus près du corp, sans fioriture) et raffiné (le drappé de la cape et le haut en fourrure marron). En fait dans ce costume Piat était une certaine image de la puissance et de la virilité (de nos jours j'emploierais le mot sexy mais je ne trouve pas qu'il convienne exactement à l'image de l'époque). Honnêtement c'est bien la seule fois où je donne ma préférence au costume de la première version, parce qu'effectivement les costumes de la version de Dayan sont très réussits : plus ou moins bien sur le plan esthétique mais très bien vu sur le plan narratif. Le Robert d'Artois de Dayan et Torreton ressemble à un "jeune fou", un peu bourrin, un peu brouillon qui a une idée en tête (et qui n'en démordrara pas) et qui fonce tête baissée sans véritablement de vision d'envergure. Le Robert d'Artois de Barma (mais aussi de Druon) est plus habile, plus retord. C'est lui qui met en place tout les détails du complot pour faire chuter les épouses des trois princes (le coup des bourses c'est lui qui y pense, tout comme il demande tout de go un messager au banquier, banquier avec lequel les rapports ressemblent plus à un partenariat qu'à un rapport de débiteur / créancier, tout du moins au début de l'oeuvre, et il s'assure que les amants porteront bien les bourses à la cour en organisant une fausse attaque de brigands et non pas une simple rencontre qui pourrait vaguement passer pour du hasard).
Pour Druon (et pour Barma) l'axe central du récit c'est Robert d'Artois et donc la querelle Robert / Mahaut. Dayan semble beaucoup plus interessée par Mahaut et donc la querelle Mahaut / Robert. A la limite, pourquoi pas. Surtout que Jeanne Moreau en Mahaut, c'est la grande force de cette nouvelle version. Jeanne Moreau est impériale dans ce rôle. Dans ce premier épisode tout du moins, elle domine le reste du casting. Sauf que je ne supporte pas qu'on égratigne Robert. Robert d'Artois fait partie de mon panthéon de petite fille au côté d'Athos et d'Aragorn et il va falloir que la suite de la série soit vraiment bien foutue pour j'accepte qu'on abime un des personnages qui a peuplé l'imaginaire de mon enfance.
Pour le reste du casting, je trouve Guillaume Depardieu très prometteur dans le rôle du Hutin. Dans l'ensemble c'est pas mal même si on n'atteind pas toujours le niveau de la première version (le meilleure exemple est certainement Isabelle : l'Isabelle de Dayan est plus qu'honnête dans le contexte de cette nouvelle version, mais si on la compare à l'actrice qui joue Isabelle dans la version de Barma, elle est un ton en dessous).
En ce qui concerne les décors, je les trouve parfois too much mais ca passe parce que le tout est cohérent. C'est un parti pris qui n'est pas choquant et qui je trouve dépoussière agréablement le style Moyen-Age.
Au niveau de la mise en scène, je trouve que ca manque de fluidité. Les transitions sont assez abruptes, hachées. Ceci dit, là, je veux bien être indulgente parce qu'une mise en palce d'une oeuvre épique avec autant de personnages n'est jamais évidente et qu'il y a de grande chance pour que ca s'améliore par la suite. Par contre j'espère que Dayan aura su faire preuve de finesse à un moment donné, parce que pour l'instant il y a un apsect tape à l'oeil et mal dégrossi qui convient mal à l'analyse du pouvoir qui est normalement au centre de l'oeuvre de Druon.
A la fin de ce premier épisode je ne suis pas vraiment emballée, ce qui ne m'empêche pas d'attendre les épisodes suivants avec impatience (bon ce sera pas trop long vu que le second épisode est pour demain), épisodes, qui quoiqu'il advienne, j'enregisterai, tout comme j'ai enregsitré celui-ci.