AiMa
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Mageprincesse
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Mageprincesse
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Oyez, oyez !!!
VOici les textes participant au concours "histoire de vampires"
Ils sont visibles ICI en html
L'ensemble est regroupé dans un fichier .rtf LA
Et pour les amoureux des quotes :
1er texte :
2ème texte
3ème texte :
4ème texte :
5ème texte :
_________________
VOici les textes participant au concours "histoire de vampires"
Ils sont visibles ICI en html
L'ensemble est regroupé dans un fichier .rtf LA
Et pour les amoureux des quotes :
1er texte :
Citation :
L’art de sang
Depuis quand cela a-t-il commencé ? Je me souviens… Au début, il n’y avait que moi et la peinture, moi et la noirceur de mes œuvres, qui n’étaient que l’expression de ce qu’il y avait en moi… Puis il y a eu cette femme, si belle, son regard semblait lire en moi, elle me transperçait, comme si je n’avais ni vêtements ni organes. Ces yeux gris semblaient avoir vécu tant de choses. Elle était belle, froide, inaccessible, mais pour une raison que j’ignore, elle s’intéressait à mes toiles.
Je me souviens de ce soir, où elle est apparue à la porte de mon atelier, semblant venir de nulle part. Elle m’a dit avoir entendu parler de mon travail et que cela pourrait la toucher. Je venais de finir un tableau, pourquoi pas ? Et puis quelque chose d’étrange se dégageait d’elle. Etrange, mystérieux et dangereux. Pour la première fois de ma vie j’avais peur, mais une peur dont j’ignorais l’origine. Je l’ai invitée à entrer, curieux d’en savoir plus sur elle, quelque chose me disait pourtant de m’éloigner, de lui claquer la porte au nez, mais impossible, c’était plus fort que moi.
Elle s’attarda longtemps sur chacune de mes peintures. Plus je lui livrais mes œuvres, plus elle semblait s’insinuer en moi, comme si à chaque fois elle en apprenait un peu plus sur moi. Elle ne parlait pas, pourtant à certains moments, j’ai cru distinguer de petits bruits, comme des petits gémissements de plaisirs. Mais son visage restait froid et impassible…
Après une heure d’errance dans mon atelier, elle s’approcha de moi :
« Votre travail est très … captivant. »
Elle plongea alors son regard au fond de moi et je restais là, incapable de bouger. Elle se pencha vers moi et me dit à l’oreille.
« Je te laisse deux jours pour faire un tableau de moi, si je suis satisfaite, tu seras largement récompensé. »
Puis elle se redressa et avant même que j’aie eu le temps de dire un mot, elle était déjà dehors.
Je restais seul, étourdi par cette visite. Qui était elle ? Je me sentais irrémédiablement attiré par cette femme, comme on est attiré par le danger, cette sensation grisante qui nous pousse à nous livrer alors qu’en nous une voix nous crie de partir ! Cette impression de perte de contrôle. Trop forte pour moi, je brûlais déjà.
Je me suis alors jeté sur une toile vierge et j’ai commencé à peindre. Pendant de longues heures, sans éprouver ni la faim, ni la fatigue, tout en moi n’était plus qu’elle, cette œuvre serait sans doute la plus belle, j’étais mu par un désir profond, une impression que tout mon être n’avait été crée que pour l’accomplissement de cette tâche.
Une fois mon tableau achevé, j’étais vidé, je me suis allongé et j’ai dormi. Dans mon sommeil, je la voyais, elle était à côté de moi, son regard me transperçait, mais je n’avais pas peur.
Je me suis réveillé en sursaut ! On frappait à la porte.
Lentement je me suis levé. Pas besoin de me demander qui c’était, je savais que c’était elle.
Elle entra et se dirigea, vers ma dernière création. Elle la regarda longuement. Je m’approchai d’elle et me plaçai à ses côtés. Elle se tourna vers moi, puis très lentement fit le tour de moi. Une fois dans mon dos, elle fit doucement glisser sa main le long de mon bras, puis attrapa tendrement ma main. Elle s’approcha de mon oreille.
« C’est magnifique, que dirais tu de poursuivre ? »
Puis elle fit basculer ma tête sur le côté, et très délicatement mordilla mon oreille, puis déposa sur mon cou, un long baiser. Enfin c’est ce que je crus sur le moment. Mon sang était en ébullition, mon cœur battait à tout rompre. Elle releva la tête, léchant ses lèvres avec sa langue. Je n’avais pas mal, je n’avais plus peur. Elle lâcha ma main, puis alla s’asseoir sur mon lit. Doucement elle fit tomber légèrement sa robe, dévoilant ses épaules, puis posa son regard sur moi.
« Recommence, mais cette fois je serais ton modèle. »
Alors sans penser à rien d’autre, j’attrapai mon chevalet, disposai un nouveau tableau et la passion qui m’avait déjà envahie lors de ma dernière œuvre, fit son retour, encore plus dévorante.
Au bout d’un moment, elle se leva, la scène était presque achevée. Elle m’attrapa la main et m’emmena près du lit. Elle m’allongea, tout en prenant soit de garder ma tête entre ses mains. Tout se brouilla en moi, je ne sentais plus que le feu, mon cœur allait exploser. Je n’avais plus conscience de rien, ma seule sensation venait de ce que je pensais être un baiser à la base de mon cou, et qui provoquait en moi, cette impression d’abandon, puis elle porta quelques choses à mes lèvres, un liquide chaud et apaisant. Nos corps se mélangèrent alors, plus rien d’autres ne comptait. Je ne sais combien de temps nous sommes restés dans ce lit. Le temps me paraissait soudain si loin. De temps en temps elle me demandait de me relever, de refaire une toile. Et à chaque fois au moment où je finissais, elle m’invitait à la rejoindre sur le lit. Je n’avais jamais faim. Nos corps se mélangeaient alors et à nouveau je perdais le contrôle. Puis soudain il eut une grande douleur, plus terrible que toutes celles que j’avais pu connaître avant. Comme si on essayer de retirer mon cœur de mon corps. Je suis alors tombé dans une sorte de coma. Mon dernier souvenir est ce liquide dont elle m’abreuvait, qui pénétrait en moi pour m’insuffler la vie. Puis plus rien.
Lorsque je me suis réveillé, j’étais seul. Au pied du lit reposait sept toiles, à chaque fois différentes, toutes plus belle les une que les autres et à chaque fois il s’agissait de la femme. J’étais complètement perdu. Sans notion de temps, combien de temps s’était il écoulé depuis qu’elle avait commandé son 1er portrait … J’étais incapable de le dire.
Je me suis levé et j’ai allumé la télévision, la violence de la lumière m’arracha un petit cri de douleur. Une chance, il était vingt heure. Cela faisait presque un mois que cette femme était entrée dans ma vie. Un mois que je n’étais plus sorti de mon atelier. J’avais faim. Je me suis alors dirigé vers le frigo, mais rien n’avait résisté à l’œuvre du temps. Je me saisi d’un manteau et je pris la direction du restaurant le plus proche. Après avoir mangé comme jamais, je me rendis compte que cette nourriture ne viendrait pas à bout de ma faim ! Ma tête se mit à tourner, j’évoluai dans une sorte de brouillard. Rapidement je payai l’addition et essayai de rentrer à mon atelier. Chaque pas semblait plus dur. Que m’arrivait il ? je perdis l’équilibre, me rattrapant in extremis au mur. Puis soudain, une femme apparut devant moi. Elle me demanda si j’avais besoin d’aide. Je ne la reconnus pas tout de suite, il me fallut quelques secondes pour rassembler mes souvenirs, il s’agissait de ma voisine. Elle me souleva par le bras pour m’aider à marcher et me porta jusqu’à la porte de mon atelier. Elle prit mes clés et fit tourner la serrure. Elle réussi à m’installer sur un fauteuil. Puis chercha son portable dans son sac. Mu par ma faim, je pouvais détacher mes yeux de son cou, j’entendais les battements de son cœur comme un tambour raisonnant à côté de moi. Je la saisi alors par le bras la poussant violemment par terre. J’étais complètement incontrôlable, comme si une force s’était emparé de moi. Elle essaya de se débattre, mais ma force était bien supérieur à la sienne, bien supérieur à celle de n’importe quel homme. Je la clouai au sol et c’est à ce moment que je les sentis. Deux incisives, plus longues que mes autres dents. Guidé par une sorte d’instinct, je les plantais dans la gorge de la jeune fille, qui rapidement cessa de crier à mesure que son sang et sa vie quittait son corps. Le liquide chaud et épais coulait en moi, me redonnait force et conscience. J’avais trouvé de quoi faire taire cette faim qui me tenaillait, cette sensation était plus forte, meilleure que toutes celles que j’avais ressenties jusque là. Alors que j’en voulais encore plus, que je cherchais à étancher ma soif et combler mon plaisir, je fut projeté en arrière. Je me redressai, essuyant ma bouche d’un revers de ma main. Qui avait osé faire ça !? Je me sentais fort comme jamais, prêt à faire regretter son intervention à celui qui m’avait séparé de mon délicieux breuvage…
Mais devant moi se dressait la femme… Devrais je dire ma nouvelle mère ? Elle me dévisagea. Cette fois son regard était emplis à la fois d’une sorte de tendresse, mais aussi de colère.
« Pourquoi a-t-il fallu que tu sortes !? Tu ne sais rien de ce que tu es ! »
Alors me rapprochant d’elle, je lui dis :
« Apprends moi ! Qui suis-je ? Qu’as tu fait de moi ?»
Je n’étais pas horrifié par l’acte que je venais de commettre, cela me paraissait normal, aucun sentiment de culpabilité. J’étais un homme nouveau.
Alors ma « mère » me pris la main et m’incita à m’assoire. Puis elle raconta ce que j’étais devenu, qu’elle était son passé, combien de siècle elle avait traversé. Nous avons discuté pendant des heures et je ouvris alors ma conscience à mes nouvelles capacités, aux possibilités qui s’ouvraient à moi. Mais elle m’enseigna aussi qu’elles étaient maintenant les règles qui dicteraient ma vie, sous peine de tout perdre.
« Notre société est basée sur des règles simples qui nous garantissent le secret que nous portons en nous et qui nous permettent de vivre au milieux des humains sans être obligé de nous terrer. J’ai fait de toi un être immortel, dorénavant tu pourras explorer ton art, sans limite, mais tu ne dois jamais transgresser ses règles.»
Puis elle se leva et sans lâcher ma main, m’invita à la suivre.
Depuis, je vis au milieu des « miens » et je permets à ma peinture de s’ouvrir, de se développer. Mes tableaux sont dorénavant tous empreints de ma nouvelle nature. L’immortalité, la jeunesse, la force coulent en moi. Mais à quel prix ! Ne plus pouvoir sortir lorsque le soleil brille, ne plus pouvoir contempler mon visage, me nourrir que de sang et toujours avec cette peur d’être un jour découvert et traqué. Telle est la récompense offerte pour mon travail.
2ème texte
Citation :
Dernier conte
« Chaque jour qui passe me fait perdre un peu plus conscience de mon identité.
En attendant celui prochain où mon esprit ne luttera plus avec la volonté du Maître, mon dernier acte de rébellion consistera à coucher par écrit le récit de notre rencontre, à narrer assurément ce qui constitue la fin de notre monde.
Jusqu’à ce jour je n’avais jamais rédigé aucun de mes contes ni aucune de mes fables.
Je me prénomme Théobald Troubadour, ma vie d’avant je l’ai passé à sillonner les routes, derrière une vieille mule, à aller de tavernes de villages, en châteaux.
Seigneurs, gens du peuple et minots s’empressaient à la veillée pour entendre mes histoires peuplées de créatures fabuleuses ou maléfiques et de héros courageux.
Le Bien triomphait toujours du Mal et s’il y avait bien quelques instants d’effroi, les moments de joie et les rires étaient bien plus nombreux chez mon auditoire.
Ainsi en fût-il jusqu’à ce que le Maître et les siens tombent des étoiles.
C’était la fin de l’automne et je rejoignais la capitale de notre royaume espérant, comme à chaque année, échanger mes récits contre une place au coin du feu, lorsque j’appris l’incroyable nouvelle, lors d’une étape dans une auberge, de la bouche de commerçants rejoignant le littoral.
Venant du ciel, un oiseau de fer géant s’était posé dans la plaine au pied de la citadelle royale. Son ventre s’était ouvert, libérant des hommes au teint pâle, que notre suzerain, le bon roi Louis, s’empressa d’accueillir en sa demeure.
Fort intrigué et très enthousiaste à l’idée d’être parmi les premiers à mettre en scène cette épopée merveilleuse, je ménageais un peu moins mon fidèle destrier qu’à l’habitude, afin de rejoindre ma destination au plus tôt.
Il me fallut néanmoins pas moins de deux longues semaines pour arriver en vue des remparts de la grande ville.
Nombreux furent, sur le chemin, les colporteurs et routiers à me confirmer l’arrivée des « hommes de l’espace » et à me raconter également les évènements étranges qui suivirent.
Si récit il devait y avoir, assurément celui-ci aurait sa part de mystères, mais jamais je n’aurai pu imaginer qu’il traiterait d’une malédiction, d’un fléau qui venait de s’abattre sur nos contrées.
Ceci, je ne le devinais qu’une fois aux portes du monument ancestral où siégeait la cour, en entendant l’écho inhabituel des sabots de ma bête sur les pavés de la ville inhabitée.
A cet instant j’aurais sans doute encore pu fuir et laisser derrière moi ce qui ne tarderai pas à devenir un cauchemar, si par comble de malchance ma mule, jusqu’alors infatigable, ne s’était pas effondrée sous moi, m’emprisonnant la jambe, ajoutant à l’ambiance générale un nouveau signe néfaste.
Je tempêtais un moment, criant à ce que l’on vienne à mon secours sans obtenir de réponse, jusqu’à ce qu’un commis, à qui j’avais inculqué quelques rudiments d’écriture l’année précédente, passe là par hasard et réponde à mes cris.
Une fois dégagé, nous nous mirent en route vers la demeure royale.
En m’appuyant sur mon sauveur qui y retournait, je m’enquérais de la situation : que se passait-il ? Le castel était-il la proie d’un mal contagieux pour paraître aussi vide et abandonné ? Où était passé l’ « oiseau de fer » ?
Le jeune garçon paru effrayé, ne sachant trop quoi me raconter, me suppliant de me taire de peur que mes questions n’offusquent les valets du Maître qui assurément observaient nos faits et gestes, on ne pouvaient rien leur cacher selon ses dires.
J’essayais de le rassurer lui disant que manifestement nous étions seuls et isolés sur le chemin et que mes rapports avec le roi avaient été jusqu’ici fort amicaux, mais rien n’y fit.
Le soleil déclinait, et avec l’obscurité se faisant, sa peur ne cessait de grandir…
Je frémis moi-même en attendant des chiens sauvages hurler à la vision du disque lunaire montant dans le ciel.
Habituellement à cette époque, la capitale était en liesse, célébrant la fin de l’automne, qui coïncidait avec l’anniversaire de la princesse Aymeraude, mais en ce jour nul signe de festivités n’était visible.
Nous arrivâmes au cœur de la ville dans un palais aussi sinistre que l’étaient les rues parcourues depuis le mur d’enceinte.
A la poterne de l’entrée, aucun garde ne vint nous accueillir.
Le commis, me laissant prêt de l’âtre des cuisines où il venait d’embrocher un maigre lapin de garenne, après l’avoir dépecé grossièrement, me dit qu’il allait prévenir le maître de ma présence en ces murs.
J’espérais en moi même que le roi arriverait à m’expliquer ce qui se passait, m’étonnant quelque peu du manque de protocole.
En réalité, je ne le compris que plus tard, le propriétaire des lieux dont il était question n’était plus le même…
Un autre jeune garçon au teint maladif, que je supposais être un marmiton, à l’allure crasseuse, vint m’annoncer que l’on m’attendait dans la grande salle des banquets.
Je m’y rendis au plus vite en boitant ne voulant en aucun cas déplaire en faisant attendre mon hôte.
Ce que j’y vis ne fit que grandir en moi, le malaise qui s’était insinué depuis le coucher du soleil.
Il y régnait un calme solennel, seulement troublé par les éclats du bois brûlant dans la cheminée.
Je vis avec consternation qu’on avait commencé à brûler le riche mobilier, dont il ne restait que le strict nécessaire afin d’attabler la triste assemblée qui m’attendait.
Le trône était vide, et la vision du roi Louis en guenille, assit sur un simple banc comme la reine et la princesse, et quelques serviteurs de ma connaissance, me glaça le sang, quant bien même il régnait une chaleur étouffante dans la salle.
Le « triste sire », d’une pâleur cadavérique comme l’ensemble des convives, m’invita à m’asseoir d’une voix désincarnée entre son épouse et sa fille.
Les deux femmes, telles de véritables gourgandines, ne cessèrent de me toucher, devisant quant à la chaleur de ma peau, posant de force mes mains en des endroits où la bienséance ne le permettait pas, se pâmant du bien être que leur procurait mon contact, m’embrassant avec passion de leurs lèvres glacées.
On pouvait observer dans leurs cous et en d’autres endroits habituellement invisibles mais qui étaient offerts à ma vision bien malgré moi, la présence de morsures violacées.
Je ne tardais pas à constater que tous étaient marqués de la sorte.
Des gouttes de sang perlaient encore à certaines de ces blessures, et je vis avec horreur le roi se pencher sur son voisin pour se repaître du liquide vital, en se passant la langue sur les lèvres.
L’entrée d’un nouveau personnage mit fin aux piaillements et aux comportements scandaleux de mes compagnons de table, qui firent silence et se tournèrent extatiques vers celui qui était manifestement devenu leur raison de vivre.
Pour la première fois, le maître m’apparut.
Je ne vis tout d’abord qu’un énorme colosse au crâne rasé, à la musculature impressionnante, et à la peau couleur de craie. Puis mon regard tomba sur la créature qu’il portait avec déférence, un être chétif, d’une blancheur incroyable ; la peau de la couleur de la neige la plus pure.
Nu comme un ver, il ne paraissait ni male ni femelle de par l’absence d’organes génitaux entre ses jambes et arborait des cheveux d’un roux détonnant.
L’ensemble de ce qui restait de la cour de Louis le bon se jetèrent aux pieds de cette chose qui ne leur renvoyait pourtant que mépris à travers son regard. Tous lui présentaient leurs gorges le suppliant de lui offrir « son baiser ».
Les pupilles de ses yeux étaient d’un rouge carmin extraordinaire qui, lorsqu’elles se fixèrent sur moi, me laissèrent imaginer un âge incommensurable.
Cet être venait du fond des siècles, des abysses du temps, et ce que je devinais également, alors que mes yeux n’arrivaient plus à s’en détacher, c’est sa nature malfaisante : il était l’essence du mal.
Je me mis à hurler comprenant l’irrévocable destin qui m’attendait au moment où deux autres géants se saisirent de moi et me poussèrent vers le Maître, m’arrachant mon pourpoint de laine pour offrir mon cou veineux.
Le vieillard souriait dévoilant deux canines proéminentes. On me maintint la tête de coté jusqu’à ce que je sentisse ses dents mordre ma jugulaire.
Je ne sais, si jamais personne n’eut l’occasion de décrire ce qui se passe dés lors qu’un vampire, une créature comme mon Maître, vous offre son baiser.
A ce moment là vous ne faites plus qu’un avec lui, vous touchez du doigt l’éternité, cet ultime cadeau qu’il a le pouvoir de vous offrir, un état auquel tant d’hommes aspirent.
C’est un moment de pur extase.
Vous voyez aux travers de ces yeux son histoire, et à coté, votre courte vie ne paraît rien, il a vécu et vu tant de choses.
Sur une lointaine planète, il avait été un prince roumain qui s’étant vu ravir son amour, s’était détourné d’un Dieu en bafouant volontairement ses commandements, et qui l’avait maudit en retour.
De par son parjure, il s’était vu offrir un destin diabolique.
Exilé du monde lorsque l’astre diurne y brillait, il s’était forgé un empire une fois la nuit tombée, s’alimentant du sang d’hommes et de femmes qui lui offraient leurs services espérant une place un jour à ses cotés.
Il était mort, le temps n’avait plus prise sur lui.
Un jour, après plusieurs siècles de solitude, il avait rencontré Carmilla Harker.
Devenu asexué, il avait cependant crû éprouver un sentiment qu’il avait cru pourtant ensevelit à jamais : l’Amour.
Il lui offrit l’éternité, en lui faisant boire de son sang altéré, et connu pour la seconde fois l’ironie divine.
Carmilla devînt folle, et fit absorber son hémoglobine transcendée tant et si bien, que les morts furent bientôt plus nombreux sur Terre que les vivants.
Le secret de l’éternité n’était plus l’apanage du seul Maître, les vampires se reproduirent de façon exponentielle, jusqu’à la guerre fratricide pour contrôler la ressource du précieux liquide vermeil.
Pour survivre, il fallut partir vers les étoiles.
Libéré du temps, le vampire ne craignait pas les distances, il trouva d’autres planètes humanoïdes, sur lesquelles l’histoire originelle se répéta sans cesse…
Le maître a ainsi écumé, plusieurs planètes, avant d’arriver sur notre monde dont il repartira une fois semées les graines de sa malédiction, à moins que ce ne soit avant tout pour fuir une horde de ces « enfants » illégitimes » voulant s’approprier l’endroit. Carmilla ayant par ailleurs jurer sa perte.
Peut être aurais-je la chance, comme je le souhaite de tout mon cœur, d’être parmi ceux qui seront du voyage, car le Maître est désormais si âgé, qu’il lui faut être protégé durant son sommeil, dont il s’éveille de plus en plus affaiblit jusqu’à ce qu’il ingère le sang qui le vivifie et prolonge son existence.
Le Maître aime beaucoup que je lui raconte mes histoires et autres légendes, selon ces propres dires je le divertie. Peut être aurais-je l’infime honneur comme par exemple Stan Rice, un de ces gardes du corps, de devenir à mon tour un vampire éternel.
Quant bien même cela ne devait pas arriver, cela resterait un honneur que de vivre un moment à ses cotés à le servir.
En son hommage j’ai écris ces quelques feuillets.
Il a paru enchanté hier au soir lorsque je lui en ai parlé et m’a invité à continuer ce récit après m’avoir offert son baiser.
Les premières lignes déjà écrites lui sont parues indociles, mais il m’a dit en souriant de ne rien changer.
Ce que j’ai fait pour lui faire plaisir.
Il est mon Maître, il est tout pour moi.
Théobald Troubadour »
Document trouvé le 28 décembre 20256 sur un squelette de la planète Shambleau par le Sergent Whedon, du 5ème régiment des troupes aérospatiales lors d’une « mission de nettoyage ».
3ème texte :
Citation :
Parthénogénèse
chapitre 1 .
Elle essuya le sang sur son visage. Malgré les années et l'éducation, c'était toujours la même chose, elle ne pouvait s'empêcher d'en mettre partout quand elle mangeait. Elle jeta un regard dans la pièce et apprécia son travail d'un oeil expert. Tous ces gens réunis pour une quelconque fête familiale avaient été... savoureux. Elle salivait encore au souvenir des deux adolescents surpris en pleine action dans le vestiaire et de la petite fille aux boucles blondes qui l'avait certes fait courir, mais elle ne regrettait pas l'excès de dépense d'énergie.
Liam la regardait d'un air amusé de l'autre côté de la pièce. Il avait fini son festin depuis longtemps.
- Ma chère, c'est toujours un ravissement que de te voir dîner.
- C'est mon repas préféré, tu le sais bien.
- Angelina, tu es insatiable, et cette petite fête était... distrayante. Mais si on allait chasser maintenant ?
Les yeux d'Angelina se rétrécirent, et elle eut un grognement de plaisir.
- Je te suis, Liam. Je te suivrai toujours, tu le sais.
Elle s'était approchée de lui et elle l'embrassa fougueusement. Elle s'arracha brusquement de cette étreinte et sortit en courant. Liam la suivit.
- Non, Angelina, c'est moi qui te suivrai toujours, dit-il dans un souffle.
Dublin, 1995
In your head, in your head, zombie, zombie, zombie...
Le concert battait son plein et Liam ne regrettait pas son argent. Ce groupe, et surtout sa chanteuse, débordait d'énergie. Il n'aurait cependant pas dû boire toute cette Guinness. Un appel naturel urgent lui fit quitter la salle. Ce n'est qu'après qu'il se souvint de la douleur au cou. Sur le moment, il avait pensé avoir une attaque. Quand il se réveilla désorienté, il vit devant lui la plus belle femme du monde qui lui souriait. Il vit aussi ses canines et il replongea dans l'inconscience. Une violente claque le ramena instantanément.
- Debout, mon trésor, il faut manger.
Sa voix était suave, rauque et envoûtante. Pressante, aussi. Il se rendit compte qu'il avait faim. Sans poser de question, il se leva et la suivit. Cela durait depuis 8 ans.
Liam ne sut jamais pourquoi Angelina l'avait choisi ce soir-là. Elle-même ne le savait sûrement pas non plus. Impulsive et dangereuse Angelina. Elle chassait comme elle faisait l'amour, souvent, avec passion et entièrement. Et elle se nourrissait avec barbarie, laissant derrière elle des scènes de massacre qui faisaient la Une des journaux, mais elle s'en fichait, car personne n'osait s'avouer qui commettait ces crimes. La société d'aujourd'hui était bien trop rationnelle pour admettre leur existence, ce qui facilitait leur vie.
Angelina filait dans la nuit. Malgré son festin, elle avait encore faim. Insatiable. Insatisfaite. Implacable. Depuis des siècles et des siècles cette faim la tiraillait et rien ne l'assouvissait jamais. C'est pour cela qu'elle avait toujours été seule, la soif ne lui laissait pas le temps de s'occuper d'un enfant. Liam était son premier et probablement son dernier. Elle ne le regrettait pas cependant. Il assouvissait ces appétits sexuels qu'elle ne s'expliquait pas et il était un compagnon de festin précieux. Mais toujours la faim l'appelait et elle devait chasser. Heureusement que l'être humain croissait de façon exponentielle, sinon elle aurait probablement été à l'origine de son extinction.
Elle sentait le monstre gronder en elle. C'était lui qui avait vraiment faim, c'était pour lui qu'elle chassait. Ses yeux s'étrécirent, sa respiration s'accéléra, elle avait répéré sa proie. Un homme marchait seul dans une rue mal éclairée. Elle sentait une odeur d'alcool mais l'homme ne semblait pas ivre. Elle fit signe à Liam qui entra en scène.
- Monsieur ! Monsieur, aidez-moi, s'il vous plaît !
L'homme se retourna et se trouva nez à nez avec un jeune garçon d'une beauté éblouissante. Il lut dans ses beaux yeux gris une panique à laquelle il ne pu résister.
- Que se passe-t-il, mon garçon ?
- Il y a une femme qui me suit. J'ai refusé de la raccompagner et elle m'en veut. Elle ne comprend pas qu'elle ne m'intéresse pas.
Liam avait compris à qui il avait affaire et avait endossé le rôle du mignon du roi. Angelina l'observait de loin et souriait devant sa performance, mais il devait faire vite, la Bête voulait manger.
L'homme comprit tout de suite ce que ce beau garçon voulait dire. Il sourit.
- Ne t'inquiète pas, ma voiture n'est pas loin, viens...
- Ah vraiment, Monsieur, je ne sais comment vous remercier !
- On devrait trouver un arrangement...
Alors que l'homme sortait ses clés de sa poche, Angelina fondit sur lui en un instant et lui trancha la carotide. Le sang jaillit tel une fontaine et Angelina éclata de rire. Mais elle ne ressemblait plus à la femme que Liam connaissait. Ses yeux étaient devenus rouges, de la bave coulait de sa bouche et son rire hystérique prouvait que la Bête était de sortie. Liam avait oublié ce monstre. Il faut dire qu'il n'avait presque jamais assisté d'aussi près à la transformation car quand Angelina partait chasser, elle avait souvent fini avant qu'il ne la rattrape. Mais aujourd'hui c'était différent, Angelina l'avait attendu, et la Bête s'était montrée devant lui. C'est ce qui effrayait le plus Liam.
chapitre 2
La nuit avait gagné. Comme si la Terre elle-même s'était résignée. Le soleil avait comme disparu. Le ciel restait couvert de nuages épais retenant la lumière directe de l'astre solaire.
La nuit avait gagné et ses serviteurs jouissaient maintenant d'une totale liberté. Il faut dire qu'ils s'étaient grandement multipliés ces dernières années, comme une maladie.
Angelina était leur souveraine. Ou plutôt, la bête affamée qu'était devenue Angelina régnait sur ce monde dévasté. Il ne restait plus rien de l'élégante et séduisante jeune femme qu'elle avait été pendant tant de siècles. Outre les yeux rouges, Angelina voyait son corps tripler de volume, des écailles et des poils drus couraient sur toute sa surface mais le pire, c'était ces excroissances qui n'arrêtaient pas de pousser. En effet, lorsque la Bête eut enfin pris possession d'Angelina, elle s'était manifestée de la plus étrange des manières : les têtes de ses victimes lui poussaient comme des boutons. Et elles parlaient, criaient, pleuraient, gémissaient, implorant leur délivrance. C'était une vision cauchemardesque. Et le pire, c'est qu'Angelina ne les voyait même pas ! Elle se grattait et crevait un oeil par-ci par-là mais ne semblait pas se rendre compte de ce qui lui arrivait. Elle tenait les propos les plus futiles avec Liam, plaisantant comme autrefois. En tout cas, lorsque la Bête ne parlait pas par sa bouche. La Bête ne savait que crier, jurer et insulter. La Bête ne parlait pas, elle éructait. Et dans ces moments-là, même ses plus fidèles lieutenants préféraient s'éclipser, sauf Liam. Mais Liam n'avait pas le choix. Il était le compagnon d'Angelina et à ce titre avait reçu de la part de la Bête un cadeau d'une rare perversité : il avait la tâche d'engrosser la dame et ne pouvait s'y soustraire car il était prisonnier d'un cocon gluant d'où ne dépassaient que son membre, ses bras et sa tête. Quand la Bête voulait être mère, elle venait s'empaler sur lui sans plus de cérémonie laissant Angelina babiller comme si de rien n'était. Et lui, le vampire stérile, avait déjà engendré des centaines de rejetons pour servir la cause de la Bête .
La première fois que la Bête s'était réellement manifestée, Angelina avait été soulagée car tout à coup, tout était devenu simple. La Bête avait faim car elle devait prendre des forces pour donner naissance à une génération de vampires qui régneraient sur le monde. Angelina serait leur mère et Liam leur père. Ce n'était donc pas par hasard qu'elle avait transformé Liam. Ils étaient destinés à faire de leur espèce la race dominante de la planète. Les humains seraient leur bétail, leur gibier, leurs esclaves. Et c'est ce qui était arrivé. Les vampires s'étaient multipliés grâce à elle, Angelina. Elles les aimaient comme la mère qu'elle était pour eux. Ils venaient lui raconter leurs péripéties ou les dernières frasques de leurs camarades. Elle aimait ces moments d'intimité avec ses enfants. Ensuite elle racontait tout cela à Liam. Elle était contente de l'avoir à ses côtés mais elle trouvait qu'il avait changé, il était moins... vif qu'avant et c'était toujours elle qui devait faire le premier pas, il ne venait plus jamais la voir. Mais il était toujours là, disponible, son beau Liam.
Un détail cependant la chiffonnait. Il lui semblait avoir des absences. Et elle ne voyait plus la Bête. Pendant des siècles elle s'était manifestée par cette soif incessante, et maintenant, plus rien... Elle chassait vite cette pensée de son esprit, trop occupée à admirer l'évolution de sa progéniture. Elle était vraiment fière de tous ses vampires. Ils avaient beaucoup évolué, et s'ils devaient toujours se nourrir de sang, c'était plus par tradition ancestrale que par réel besoin. Ils avaient développé un sens de la conquête qui avait fait d'eux le dernier maillon dans la chaîne de l'Evolution, l'humain n'était plus qu'un animal, plus intelligent qu'un rat, mais pas plus utile. Les vampires avaient développé leur propre société, leurs propres règles, et une aube nouvelle s'était levée...
chapitre 3
Angelina et Liam. Depuis des générations les enfants avaient appris à respecter ces noms. Ils étaient les Géniteurs. Dès leur plus jeune âge, les écoliers apprenaient leur histoire et récitaient les poèmes que les Anciens avaient écrits sur eux. Et s'ils aimaient répéter en rougissant les frasques de leurs ancêtres, ils avaient toujours la chair de poule à l'évocation de la Bête, bien plus crainte que respectée. Même les plus petits savaient qu'il ne fallait jamais évoquer Son nom en termes irrévérencieux ou déplacés. On ne savait pas vraiment ce que les héros de leur race étaient devenus. La légende disait qu'ils vivaient toujours, bien sûr, et qu'ils veillaient sur leur progéniture. La légende disait aussi, mais à voix basse cette fois-ci, qu'Angelina était devenue folle le jour où elle a pris conscience de ce qu'elle était et que la Bête avait dû quitter son corps. Elle ne reviendrait que lorsqu'Elle aurait trouvé quelqu'un digne d'Elle et le sang coulerait à nouveau. Mais les vampires ne buvaient plus de sang depuis longtemps et ils craignaient plus le retour de la Bête qu'ils ne voulaient le faire croire. On disait qu'Angelina, enfin consciente, avait délivré Liam, un doux euphémisme pour dire qu'elle l'avait achevé, puis qu'elle s'était enfuie sans que personne ne la retrouve.
Pourtant, depuis des générations, on pouvait entendre du fond des entrailles de la ville une complainte déchirante qui glaçait les sangs, non pas par la terreur qu'elle éveillait, mais par le désespoir qui habitait la créature qui poussait ce cri. Nombre d'intrépides jeunes vampires étaient partis dans les profondeurs de la terre à la recherche d'Angelina à qui on attribuait cette triste mélopée. Aucun n'était jamais revenu.
Liam et Angelina resteraient les Géniteurs, les fondateurs bien-aimés de leur race, même si leur Histoire était sombre et terrifiante, ils leur avaient ouvert la voie d'un avenir prospère et heureux.
4ème texte :
Citation :
Mesure pour mesure
La cave voûtée était plongée dans l’obscurité. Vidée de ses barriques de vin, elle n’était plus meublée que d’un beau fauteuil et d’un secrétaire marqueté dont la présence semblait incongrue. Deux chaînes scellées dans le plafond bas retenaient par les poignets une femme, inconsciente. Sa tête reposait sur son bras droit que les chaînes, trop courtes maintenaient en l’air. Sa coiffure élaborée s’était effondrée, laissant échapper de longues mèches de cheveux bruns qui retombaient sur un visage poudré. Un filet de sang provenant d’une blessure à la tempe avait séché, laissant une traînée sombre sur la joue. Son corps reposait à moitié sur le sol couvert d’une fine couche de sable fin.
Les seuls bruits perceptibles provenaient des souris qui trottinaient rapidement le long des murs.
La porte de chêne qui se trouvait à une des extrémités de la pièce, toute en longueur, s’ouvrit en grinçant. Un homme d’âge mur, presque un vieillard, vêtu avec l’élégance d’un courtisan habitué aux fastes de la cour, entra, un chandelier à la main.
Il s’approcha lentement du secrétaire, se tenant le plus loin possible de la prisonnière. La flamme des bougies dispensait une lumière tremblante, faisant naître des reflets noisette dans la chevelure de la jeune femme. S’asseyant dans le fauteuil, il sortit d’un tiroir du secrétaire un grand registre, relié de cuir qu’il se mit à parcourir rapidement. Il jetait de temps en temps un coup d’œil vers la femme, vérifiant qu’elle était toujours évanouie. Au fur et à mesure de sa lecture, son visage fin se contracta et ses lèvres se serrèrent.
Soudain, un mouvement de la prisonnière le fit sursauter. Son corps se tendit et il fixa sans ciller ses mouvements hésitants.
Elle leva lentement la tête et essayant de porter sa main à sa tempe réalisa qu’elle était entravée. Son regard se précisa et elle parcourut du regard la cave et son occupant. Son visage blafard traduisit l’étonnement et l’incompréhension. Elle essaya de se relever, sans y parvenir, et resta agenouillée sur le sol.
L’homme resta silencieux, observant ses réactions avec l’attention et la retenue d’un entomologiste devant un insecte rare et dangereux.
Son regard croisa celui de sa prisonnière et il fût malgré lui captivé. Son visage était commun, sans traits caractéristiques mais elle possédait des yeux couleur d’ambre, qui, telle la résine pouvaient piéger ceux qui n’y prenaient pas garde. Secouant légèrement la tête, elle sembla prendre conscience de sa situation et implora son gardien.
-M. de Fontenelle ! Que se passe-t-il ?
L’homme ne lui répondit pas et se contenta de la fixer, toujours tendu, la main crispée sur le bord du fauteuil.
- Répondez moi ! Pourquoi me retenez vous ? Je ne comprends rien … supplia la jeune femme, les yeux implorants et les lèvres tremblantes, essayant de garder le regard de Fontenelle captif.
Pendant quelques secondes, les traits de son adversaire se détendirent, son corps se leva légèrement et elle cru qu’il allait la libérer. Ce ne fut qu’un faux espoir. Il se rassit et la fixa d’un regard sévère.
-Allons, Madame. Vous êtes une excellente comédienne mais n’insultez pas mon intelligence. Je sais qui vous êtes, conclut-il d’une voix basse et profonde.
Elle le fixa d’un air étonné.
-Bien entendu, nous avons été présentés par Mme Lambert dans son salon, il y a quelques semaines, dit-elle d’un ton rassurant comme si elle s’adressait à un enfant malade.
Fontenelle laissa échapper un sourire moqueur.
-Ce n’était pas notre première rencontre, madame. Il n’est pas surprenant que vous ne vous en souveniez pas, ce n’était pas dans des circonstances mondaines.
-Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, je vous assure monsieur, répondit la jeune femme. Ne pourriez vous pas me détacher ? Ces fers me blessent, ajouta-t-elle, implorante.
-Sûrement pas, je ne prendrai aucun risque.
Il s’enfonça dans son fauteuil, son regard se perdant dans la pénombre de la cave.
-C’était en 1684, il y a plus de quinze ans déjà… J’étais venu rendre une dernière visite à mon oncle Pierre Corneille avant sa mort. J’étais arrivé très tard dans la nuit et j’étais allé directement à sa chambre, sans m’être annoncé. J’allais ouvrir la porte lorsque j’entendis un faible cri. Je me contentai de l’entrebâiller et je fus témoin d’un étrange spectacle.
Il s’arrêta quelques secondes, revivant cet instant tragique qui avait changé le cours de sa vie.
-Mon oncle gisait étendu, un bras hors du lit, la tête penchée.
Il regarda intensément la jeune femme qui l’écoutait incrédule.
-Vous étiez là, madame. Penchée sur lui, vos lèvres sur sa gorge offerte. Du sang coulait de votre bouche. Son sang ! s’exclama-t-il en serrant les poings et en se levant à moitié.
Il se rassit, haletant doucement. Il ferma les yeux quelques secondes et reprit son souffle.
-Je n’ai pas bougé, tétanisé par cet affreux spectacle. Vous vous êtes relevée et je vous ai alors vu distinctement à la lueur des bougies disposées dans toute la chambre. Je n’oublierai jamais la vision de votre pâle visage, dont les seules couleurs étaient vos lèvres sanglantes et vos yeux de feu. J’allais me précipiter dans la chambre lorsque vous avez disparu par la fenêtre. Mon seul souci fut mon oncle. Las ! Il était bien mort et gisait livide, la marque fraîche de vos dents sur son cou.
Fontenelle posa un regard vengeur sur la jeune femme.
-Voilà, Madame, les circonstances de notre première rencontre.
La jeune femme semblait interdite. Elle attendit quelques secondes, essayant de rassembler ses esprits après cette histoire extraordinaire.
-Etes vous sûr de ne pas avoir rêvé ? Vous êtes un homme de science, inaccessible à la crédulité populaire.
Devant l’absence de réaction de son geôlier, elle tenta une nouvelle approche.
-Voyons, regardez moi attentivement. La femme que vous avez vue, il y a quinze ans, a vieilli et doit être à l’automne de sa vie. Je n’ai que vingt ans à peine. Je ne peux pas être cette femme mystérieuse, conclut-elle avec force, tirant sur ses chaînes.
Fontenelle ne répondit pas. Il tendit la main et saisit son registre qu’il ouvrit à la première page. Il se mit à lire d’une voix monocorde.
-En 1641, le duc de Sully décède. D’après les témoignages que j’ai pu recueillir, une femme était présente lors de ses derniers instants. Il s’agissait d’une lointaine cousine, Artemisia de Montpeyroux. Une des servantes m’a parlé d’une étrange marque que le défunt portait au cou. 1650, Descartes meurt à Stockholm. Une jeune veuve de ses amies l’aide durant son agonie. Elle se prénommait Artémisia Griffert et possédait de surprenants yeux d’ambre. 1662, Blaise Pascal s’éteint, assisté dans ces derniers instants par Artemisia de Montfaucon, veuve d’un janséniste.
Fontenelle leva les yeux de son registre et posa un regard moqueur sur sa captive.
-Dois-je poursuivre, Artémisia de Drascin ? C’est bien sous ce nom que Mme Lambert vous a présenté, n’est ce pas ? La liste est encore longue jusqu’à la mort de mon oncle. Dieu seul sait le nombre exact de vos crimes ! s’exclama Fontenelle, refermant le registre d’un coup sec. Qui êtes vous ? Comment avez-vous fait pour vivre si longtemps ? demanda-t-il d’un ton pressant.
Artemisia le jaugea du regard. Son expression, auparavant anxieuse, se modifia. Elle se redressa légèrement et Fontenelle vit la jeune veuve timide et apeurée se transformer en femme assurée et fière.
-Je dois avouer, cher Fontenelle que votre réputation de grand esprit n’est pas usurpée ! Vous avez là un document très intéressant même s’il comporte de nombreuses lacunes.
Elle eut un petit rire de gorge.
-Je dois vous avouer que vous êtes le premier à me découvrir depuis …, elle s’arrêta quelques secondes pour réfléchir, mais oui, depuis Abélard !
Fontenelle ne pu cacher son ébahissement.
-Abélard ! Pierre Abélard ? bredouilla-t-il.
-Bien sûr ! Vous ne croyiez pas que vous aviez couvert la liste de mes rencontres ?
-Qu’êtes vous ? demanda Fontenelle d’une voix faible.
La jeune femme se leva lentement en attrapant ses chaînes. Elle se tint, droite et orgueilleuse devant l’homme, éberlué.
-Dieu seul le sait, mon cher. Je n’ai jamais rencontré d’être qui me soit semblable. J’aime à penser que je suis unique. Pourquoi tremblez vous ? Vous êtes en sécurité. C’est moi qui suis enchaînée, incapable de me libérer et vous qui êtes assis confortablement, libre de vos mouvements, une arme près de vous, dit-elle en observant le pistolet qui était posé sur le secrétaire.
-Mon dieu ! s’exclama Fontenelle.
Elle eut un sourire moqueur.
-Profitez en, Fontenelle. Dieu ne vous enverra pas tous les ans un représentant de mon espèce. Pour récompenser vos efforts et votre sagacité, je vais répondre sincèrement à vos questions.
-Quels autres choix avez-vous ? demanda-t-il, reprenant confiance. Comme elle l’avait fait remarquer, il était maître du jeu.
Elle eut un sourire mystérieux.
-Mais aucun, mon ami, aucun.
Fontenelle respira profondément, essayant de retrouver ses esprits. Il ouvrit le registre à une page vierge et prenant une plume, traça d’une main un peu tremblante Artémisia de Drascin. Il regarda vers la jeune femme qui l’observait, insondable.
-Quel âge avez-vous ?
-Voyons, mon ami ! Ce n’est pas là une question qu’un gentilhomme pose à une dame de qualité ! s’exclama-t-elle, joueuse.
Devant l’absence de réaction du philosophe, Artémisia fit la moue.
-J’ai toujours eu du mal à calculer mon âge. Je suis née il y a longtemps, trop longtemps peut être, soupira-t-elle.
-Soyez plus précise, madame, répondit Fontenelle, cinglant.
-Voyons, je crois que c’était vers 650.
Fontenelle sursauta, stupéfait.
-Ce n’est pas possible ! Comment pourriez vous avoir plus de mille ans !
-Oui, je sais, je ne les fais pas, répondit Artémisia, goguenarde. Je ne sais pas pourquoi j’ai vécu si longtemps sans changer.
-Je ne vous crois pas, répondit-il.
Elle éclata de rire.
-Relâchez moi donc immédiatement ! Si je suis une impossibilité que votre esprit cartésien refuse d’accepter, vous ne pouvez pas me retenir.
Fontenelle la fixa longuement, ne sachant plus que croire. Il se décida à écrire sur le vélin : naissance en 650.
-Ne croyez pas que je vais croire tout ce que vous me direz. Il y a sûrement des moyens de vérifier vos dires.
-Comme il vous plaira, répondit-elle.
-Reconnaissez vous avoir tué ?
-Oui, mais votre liste n’est pas exhaustive, mon ami. La liste serait trop longue pour que je vous la donne et j’ai du d’ailleurs oublier la plupart de mes victimes.
-Mais pourquoi ? Pourquoi des hommes de science, de lettres ?
Artémisia souris gentiment.
-De la même façon que vous avez besoin de nourriture pour vivre, j’ai besoin de sang pour exister. J’ai besoin de leur esprit, j’ai besoin de leur force, de leurs émotions. Je ne suis rattachée au monde que par ceux que je tue. Durant le moment si court où leur cœur s’arrête, tout ce qu’ils sont, tout ce qu’ils ont ressenti, tout ce qu’ils savent me nourrit, me permet de continuer à exister. Leurs émotions me font sentir, leurs expériences m’enrichissent, leurs connaissances me font découvrir de nouveaux univers et leur sang, ô leur sang, me donne la vie. J’ai vite découvert que je suis une créature des ténèbres et il me faut la lumière de leurs âmes pour continuer à vivre.
-Vous êtes un démon ! s’écria, horrifié, Fontenelle.
-C’est ce que j’aimerais savoir… et je pense que vous êtes l’homme qui peut m’y aider, répondit doucement Artémisia.
Fontenelle, sonné par ce qu’il venait d’entendre avait fermé les yeux, sentant la fatigue s’abattre sur son corps usé. La jeune femme profita de ses instants de tranquillité pour attraper une des épingles qui retenait sa chevelure. Ses mains habiles ouvrirent rapidement les vieux fers qui la retenaient prisonnière.
Lorsque Fontenelle ouvrit les yeux, elle se tenait devant lui, le pistolet à la main.
-Tutut… Voyons mon cher, il ne faut pas me laisser sans surveillance, ironisa-t-elle.
Fontenelle blêmit et tenta de se lever. Artémisia le rassit d’une main de fer sur son fauteuil. Elle approcha ses lèvres de son visage et savoura la peur qui transparaissait dans ses yeux.
-Je ne vais pas vous tuer, mon ami. Vous m’intriguez et encore plus important, vous m’amusez. Votre tentative d’emprisonnement a réveillé en moi le goût du jeu. Je n’avais pas eu autant de plaisir depuis, voyons, … oui ! la Renaissance ! De plus, vous disposez d’assez d’intelligence pour réussir là où j’ai échoué : découvrir qui je suis vraiment. Je vais donc vous laisser en vie et je vais même vous faire un cadeau.
Elle se pencha et le mordit doucement à la gorge. Elle prit quelques gorgées de son sang et poussa un petit soupir de plaisir. Reculant, elle ajouta :
-J’ai découvert il y a longtemps que si je ne bois que quelques gouttes de sang d’un humain, celui-ci acquiert une longévité plus grande. Voici un autre mystère dont vous pourrez chercher la réponse.
Elle le lâcha et recula lentement, le pistolet pointé vers le vieil homme.
- Je reviendrai vous voir dans quelques années. Je vous raconterai mes aventures et vous me ferez part de vos recherches. Cela va vous plaire, vous verrez, conclut-elle en disparaissant derrière la porte. Celle-ci se ferma avec bruit, laissant Fontenelle effondré sur son fauteuil, la main sur sa gorge.
5ème texte :
Citation :
V473
Plus de deux milliards d’ordinateurs étaient connectés simultanément pour suivre en direct la conférence de Seattle. Des représentants du monde entier étaient invités pour choisir la solution la mieux adaptée au problème du V473. Le sort de millions de personnes allait être décidé aujourd’hui.
Il n’y avait pas eu de rassemblement international si important depuis le traité de Toronto en 2027 qui assurait la destruction de toutes les armes nucléaires. Ce traité était censé représenter la fin progressive de la prolifération des armes et l’espoir utopique, à terme, d’assurer la paix sur toute la surface du globe. Certes, ce traité fut un succès, l’arme atomique a disparu, mais l’instinct belliqueux de l’homme n’en a pas pour autant été freiné. Ni l’instinct belliqueux, ni les attraits économiques que le commerce des armes pouvait apporter, une vie humaine n’a que si peu d’importance … La recherche de nouvelles technologies militaires a débutée. C’est de là que tout semble être parti…
La génétique a fait des progrès spectaculaires en un demi-siècle. On ne sait pas de manière certaine si le V473 était une simple arme bactériologique ou, comme semble l’accréditer les théories actuelles, ce rétrovirus était bien censé modifier le patrimoine génétique de soldats d’élite pour en faire des "surhommes". Les dossiers estampillés TOP SECRET avaient certainement été tous détruits. Le gouvernement australien n’a jamais reconnu les faits, mais le projet "Héraclès" leur a échappé ! C’est en août 2049 que les premiers cas sont apparus aux alentours de Canberra.
Trente jours, voilà la durée de vie moyenne d’un homme dont l’organisme ne fabrique plus de globules rouges. L’asphyxie progressive et la nécrose de tous les tissus du corps; ainsi étaient les symptômes dus au V473. Ce rétrovirus empêchait les cellules de la moelle osseuse de se différencier en hématies. La prolifération se faisait par le sang et la salive principalement, bien plus résistant qu’avait pu l’être le virus du SIDA, un simple baiser présentait des risques de transmissions. Les recherches avaient très vite débutés sous l’ampleur de l’épidémie tandis qu’un vent de panique s’abattait à la surface du globe. En 3 mois, l’Australie comptait 43000 morts. Les vols vers l’Océanie étaient presque tous interrompus, plongeant le pays dans une autarcie forcée. Le virus se propageait plus lentement dans les autres pays, mais l’union européenne recensait déjà 1832 mort au 1er janvier 2050. Le tourisme s’effondrait, la psychose s’installait dans les esprits. Le virus était d’une forme inconnue, et aucun traitement ne semblait fonctionner pour freiner sa progression. Bien sur, en théorie prolonger la durée de vie des malades était d’une simplicité déconcertante. Il suffisait de renouveler leur sang par transfusion au rythme d’une fois tous les 15 jours. Mais malgré les campagnes improvisées de solidarité, la pénurie de donneurs atteignait tout de même des proportions incalculables.
Six mois s’écoulèrent donc, durant lesquels l’économie mondiale atteignait des gouffres et où le nombre de malades et de morts ne faisait qu’augmenter. Un marché rouge, comme la presse s’était délectée à l’appeler, apparaissait. Des personnes vendaient leur sang aux plus offrants, les transfusions sauvages apparaissaient sans aucune notion médicale ou mesure d’hygiène. L’épidémie ne s’en trouvait qu’accentuée.
Une société américaine, présidée par le maintenant très riche Jack Misters, fut la première, grâce aux recherches du Professeur Davis Boraz, à développer une solution efficace au problème du V473. Le sang est un tissu qui a la capacité d’être facilement transféré d’un individu à l’autre, sans risques de rejets, tant que le groupe correspond. De plus, le groupe O est appelé donneur universel, puisqu’il peut allégrement être transfusé à n’importe quel autre groupe sanguin. La société de Jack Misters, la Blood Company, a développée une technique de production massive de globules rouges, à partir de cellules souches de moelle osseuse de donneur O. Cette technique a permis de fabriquer des milliers de mètres cubes de sang à partir d’un nombre très restreint de donneurs , grâce à l’utilisation efficace de différents facteurs de différenciation cellulaire mimant de manière très proche les mécanismes complexes se déroulant dans l’organisme lors de la fabrication des hématies. La Blood Company déposa son brevet au mépris des conséquences humanitaires du non-partage de leur découverte, et obtint donc en toute légalité le quasi-monopole du marché du sang, fournissant à prix fort ce précieux liquide. La Blood Company s’étendit dans tous les pays du globe et sa production de sang fut très vite suffisante pour combler les besoins de tout ceux qui avaient les moyens de s’octroyer ses services… En quelques mois, le nombre de décès dans les pays industrialisés dus au V473 devint quasiment nul, et une lumière d’espoir régna un temps sur la planète. Un temps seulement… Certes, les malades ne mourraient plus, mais l’augmentation de leur durée de vie permit l’expression de nombreux effets secondaires, apparaissant au bout d’environ trois mois, qui n’avaient jamais été réellement détectés au préalable, rares étant ceux qui survivaient assez longtemps…
Ces effets secondaires se caractérisaient par un dérèglement des sécrétions de nombreuses molécules. Des hormones comme la testostérone, ou encore des neurotransmetteurs tels l’adrénaline ou la dopamine étaient surexprimés. Cela entraînait tout d’abord un développement musculaire très important, un renforcement des capacités de résistance physique et un "rajeunissement" des tissus. Ses conséquences, à première vue favorables, étaient entachées par des troubles grave de la personnalité, une agressivité accrue et des sautes d’humeur intempestives. Les symptômes étaient très variables : amnésies plus ou moins profondes, schizophrénie, paranoïa, troubles du sommeil… Les malades devenaient petit à petit invivable pour leur famille, souvent violents et incontrôlables… Les centres psychiatriques, non préparés à l’afflux massif de milliers de personnes, se trouvèrent vite engorgés. La criminalité augmenta dans les villes et une nouvelle vague de panique s’installa dans les cœur des Hommes.
Conférence de Seattle, 12 novembre 2052 :
"Le nombre de malades n'a jamais cessé d'augmenter durant ces périodes et les recherche visant à guérir définitivement les malades et de limiter la propagation du virus sont restées vaines."
Andy Stewhead, représentant anglais de la lutte contre le V473 débutait son discours devant les différentes délégations internationales.
"Vous avez sans aucun doute tous entendus parler d'une organisation du nom de "projet Dracula" qui prend de plus en plus d'ampleur depuis environ 8 mois maintenant, la date où un certain Seth Red a déclaré qu'il avait de manière totalement consciente, choisi d'être infecté par le V 473. Depuis il mène une campagne intensive pour inciter d'autres personnes à franchir le cap, à effectuer la "grande mutation" comme il se plait à l'appeler, faisant l'éloge des nombreux avantages physiques que l'infection peut engendrer, et voilant intentionnellement les conséquences désastreuses qu'elle peut entraîner sur le mental.
On ne sait pas d'où sort cet homme jusque là totalement inconnu. Nous savons qu'il fait passer son message via de nombreux sites Internet ce qui lui a permis de propager son message au monde entier en un temps très bref. Seth Red est sans aucun doute un pseudonyme, car il n'est jamais apparu publiquement, personne n'a vu son visage. Mais le Net lui permet, tel un gourou, de se constituer une véritable armée, d'endoctriner des milliers de personnes prêtes à se sacrifier pour lui et pour son idéologie nauséeuse. Car ce Seth Red présente le V473 comme un don fait à l'humanité, un don pour devenir fort, pour se nourrir du sang des "chétifs", de cette race humaine si faible, pour devenir un Vampire. Il prône en effet les nombreuses ressemblance entre les symptômes de la maladies et les caractéristique surnaturelles que possèdent, selon les légendes, ces êtres maléfiques. Des dizaines de milliers d'hommes et de femmes témoignent avoir eux aussi effectués la grande mutation. Ils se regroupent , mènent des actions de terreur. De nombreux meurtres ont été attribués à ces fanatiques, les corps retrouvés étant partiellement vidés de leur sang à la base du cou. Ce phénomène doit être pris extrêmement au sérieux. Leur nombre ne cesse de s'accroître et la menace d'une action plus grande se fait sentir. La Blood Company s'enrichit de jour en jour, prenant un peu plus le contrôle de la planète sans que personne n'ose l'arrêter. Son directeur, M. Jack Misters, contrôle la destinée de millions de malades. Qui d'autre que lui tirerait bénéfice de l'apparition de nouveaux malades? Nos services ont enquêté intensément sur Seth Red, ce psychopathe poussant au meurtre, ce fou tenant des propos eugénistes sur la faiblesse de la race humaine face à la puissance de ses vampires. Mesdames, Messieurs, nous avons finalement découvert qui se cachait sous l'identité de ce vampire, comme il se plaît a s'appeler lui-même, et que pour ma part, je ne considère plus comme un homme. Ce sinistre inconnu cachant sa perfidie sous le pseudonyme de Seth Red n'est autre que M. Jack Misters!"
Une photographie de J. Misters apparut sur l'écran géant, tandis que Andy Stewhead pointait du doigt un homme très blond, âgé d'une quarantaine d'années, assis au premier rang.
Jack Misters se leva, tandis que l'assemblée retenait son souffle. Le président de la Blood Company était bien entendu présent à la conférence comme un des acteurs principal de l'action à mener pour résoudre le problème du V473. Il empoigna un micro et pris la parole tout en se déplaçant entre l'estrade et l'assemblée.
"Mesdames Messieurs, permettez-moi de me présenter, Jack Misters, Président directeur général de la Blood Company. Je ne peux qu'applaudir la prestation de Monsieur Stewhead. Comment contredire de telles affirmations, surtout lorsqu'elles sont aussi empruntes de pertinence et de justesse. Et oui, Mesdames, Messieurs, je suis bien Seth Red. Depuis 8 mois maintenant, le V473 a pris possession de mon corps."
La foule commençait à s'agiter devant les paroles de J. Misters.
"Mais je tiendrais tout de même à préciser que M. Stewhead se trompe totalement sur un point. Mes intentions sont tout sauf l'appât du gain. Je crache sur l'argent qui vous fait tant rêver, pauvres êtres faibles que vous êtes. Vous nous voyez comme des malades, des êtres amoindris et dépendants, mais vous vous trompez! La grande mutation vous offre la force physique, et plus encore, elle vous montre la voie sur ce qu'est le sens de la vie: dominer ou être dominé. Et je suis dominateur, l'argent n'est qu'un outil de la réussite du projet Dracula, non une fin en soi. Je pourrais tous vous tuer, pauvre humains inférieurs, mais je vais vous offrir une chance de faire partie des nôtres!"
La représentante canadienne, Sandra Michelard, éleva la voix:
- "Mais vous n'êtes qu'un psychopathe, que quelqu'un l'arrête, sécurité!
- Silence pauvre imbécile! Vous ne pensez pas que je m'exprime librement devant vous sans avoir pris certaines précautions! Les dénonciations de Monsieur Stewhead m'étaient connues depuis quelques jours déjà, répliqua Misters d'une voie violente."
La cinquantaine de journalistes présents se levèrent et vinrent se placer aux quatre coins de la salle, tandis que les membres de la sécurité barricadaient les portes.
" Toutes ces personnes sont acquises au projet Dracula. Nous sommes beaucoup plus que vous ne l'imaginez! Vous êtes comment dire… prisonniers!"
Un rire froid retentit par les hauts-parleurs.
"Quelle ironie, les hommes et les femmes réunis pour lutter contre nous seront les premiers témoins de notre victoire."
La panique s'installait dans l'assemblée, mais les faux journalistes avaient sortis des armes et maintenaient l'ordre. Jack Misters sortit un boîtier noir de la poche intérieur de sa veste.
"Mesdames Messieurs, et vous tous qui suivez cette conférence de part et d'autre de la planète, le monde entier va bientôt entrer dans une nouvelle ère qui marquera la fin des Hommes.
Nos chercheurs ont réussit à mettre au point une nouvelle souche du virus, assez résistante pour se propager dans l'air. Lorsque j'appuierai sur ce bouton, dans les principales villes du monde, se répandra le nouveau virus, le V474, ce qui infectera, d'après nos estimations, 93% de la population mondiale en moins de deux semaines. Je vous offre la grande mutation, je vous offre une nouvelle vie et je vous fournirai le sang qui sera nécessaire à…
Jack Misters sorti du champ de la caméra. Andy Stewhead avait sauté sur lui depuis l'estrade, et l'avais plaqué au sol. Il essaya de lui arrache le boîtier qu'il tenait toujours dans sa main gauche. Le "vampire", avec une déconcertante facilité, entoura la gorge de Stewhead de sa main libre, et tout en se relevant, le souleva du sol d'une dizaine de centimètres. Andy Stewhead essaya de se débattre, mais en vain. Il vit la bouche de J. Misters se rapprocher de sa gorge, il vit les canines, taillées en pointe, se rapprocher de sa jugulaire. Avec une puissance bestiale, Misters mordit le cou de Stewhead, déchirant sa chair tandis qu'il avalait avec délectation le sang qui s'écoulait intensément. Il envoya voler le corps sans vie à quelques mètres d'un simple geste puis s'essuyant la bouche du revers de sa main, leva le boîtier en direction d'une des cameras. Son doigt se posa sur le bouton et tandis qu'il appuyait sur l'émetteur, sa voix grave s'éleva violemment, teintée de rage.
"Laissez place à une nouvelle époque, embrassez notre cause, saluez l'avènement des vampires".
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