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Chapitre 19 : Métamorphose...

Le voyage en Enfer se poursuivit sans autre incident majeur. Les nuits étaient toujours aussi pénibles à cause des cauchemars et les attaques de démons se succédaient, mais les compagnons étaient toujours entiers quand, le matin de leur quatrième jour dans cette contrée passablement inhospitalière, ils approchèrent enfin du portail.
- Nous sommes bientôt arrivés, annonça Arallu.
- Enfin ! S'exclama Splach. Je ne serai pas fâché de quitter cet endroit. La nuit dernière, j'ai rêvé que je mourais étouffé sous une montagne d'ours en peluche... Franchement, je me demande où ils peuvent bien aller chercher tout ça...
- En général, les rêves sont le reflet de notre inconscient. Tu dois avoir une phobie cachée des ours en peluche... Répondit Sariane en haussant les épaules.
- Comme c'est mignon, sourit Arkania, savourant la mine renfrognée du nain.
- Ou alors ça ne veut simplement rien dire du tout... Remarqua la magicienne. J'ai bien rêvé que j'étais la fille cachée d'Avalon, alors...
- C'est qui Avalon ? Demanda Arkania qui n'en avait jamais entendu parler.
- Une démone particulièrement moche qui a réussi à me capturer il y a quelques temps et à m'enfermer dans un champ de stase, expliqua Sariane. Elle avait une passion pour les fouets, passait ses journées à se goinfrer de navets et possédait une furoque domestique... Je parie que vous n'avez jamais vu une furoque de votre vie... Eh bien vous n'avez rien perdu, franchement, poursuivit-elle alors que ses compagnons faisaient non de la tête.
- Bon, dit Arkania qui ne tenait pas à raconter son rêve à base d'araignées de toutes tailles. Et une fois qu'on aura trouvé ce portail, on en fait quoi de lui ? Demanda-t-elle en désignant Arallu.
- Arallu vous accompagne ! Arallu est votre ami maintenant ! Arallu vous protège ! Répondit l'intéressé, enthousiaste.
- On pourrait aussi le découper en morceau et le laisser ici, suggéra Splach.
- Et pourquoi on ferait une chose pareille ? S'exclama la voleuse, indignée.
- C'est un démon, précisa Splach, sur le ton qu'on utilise pour énoncer une évidence à un simple d'esprit.
- Sans lui, Neptuna nous aurait peut-être tous tués ! Contra Arkania.
- Arallu protège ! S'exclama le petit démon en hochant vigoureusement la tête.
- Ce démon ne m'inspire pas confiance, grommela le nain.
- Rien de ce qui n'a pas de barbe ne t'inspire confiance de toutes façons... Répliqua la voleuse.
- J'ai une confiance absolue en la bière et l'or... Et aucun des deux n'a de barbe en général, contra Splach.
- Les enfants... Quand vous aurez fini de vous chamailler comme des gamins de cinq ans, on pourra peut-être réfléchir sérieusement à la question...
- Arallu protège, répéta le démon, comme si cela réglait le problème.
- En effet, jusque là tu nous as aidés de ton mieux. Mais que crois-tu que les habitants de Necromancil feraient s'ils nous voyaient arriver en compagnie d'un démon ?
- Ils le découperaient sûrement en rondelles et nous priveraient ainsi du plaisir de le faire nous-même, grogna le nain.
- Tu pourrais peut-être le faire changer de forme, suggéra Arkania.
- Heu ouais, mais non... Enfin, c'est pas vraiment ma spécialité les métamorphoses...
- Je suis sûr que la grande Sariane peut y arriver, grommela Splach qui n'avait toujours pas digéré de se faire traiter de gamin par une vulgaire humaine qui devait avoir dans les cent trente ans de moins que lui.
- Si tu lui donnais une apparence humaine, il passerait inaperçu...
- Arallu pourrait devenir humain ? Demanda le démon, manifestement très intéressé.
- Heu ouais, enfin, les sorts de métamorphose, c'est pas facile, hein... Je suis loin de pouvoir garantir le résultat... Vous savez l'invocation et la métamorphose, c'est pas si éloigné... Et les invocations, c'est vraiment pas mon fort... Soupira la magicienne en se souvenant de ses dernières tentatives.
- Si tu le rates, je te promets d'abréger ses souffrances, proposa Splach dans un élan de gentillesse.
- Je suis sûre que tu vas y arriver, la rassura Arkania en jetant un regard noir au nain.
- Bon, heu... On verra ça quand on sera au portail, d'accord ? Suggéra Sariane, dont le cerveau fonctionnait à plein régime, chaque neurone étant concentré sur un seul et unique but : trouver un prétexte valable pour ne surtout pas tenter de sort de métamorphose.
- Justement, on y est, annonça Arkania qui venait de contourner le rocher qui leur cachait leur destination.
- Bon d'accord, capitula Sariane en faisant signe à Arallu de s'approcher. Je vais essayer...
S'asseyant sur le sol face au petit démon, la magicienne se concentra, visualisant mentalement la forme qu'elle voulait donner au démon. Elle psalmodia une incantation et un nuage de fumée verte explosa autour d'Arallu. Quand la fumée se fut dissipée – et après qu'ils aient fini de recracher leurs poumons – les trois compagnons découvrirent la nouvelle forme du petit démon.
Il semblait, a priori, vivant... Mais la courte liste des ses points communs avec un humain s'arrêtait là... Il ressemblait à un croisement improbable entre un serpent, une forêt de frênes et un morceau de fourrure rongée par les mites... Il avait le corps allongé d'un serpent, dont les écailles auraient été remplacées par une fourrure noire et sale, dont sortaient d'innombrables petits arbres aux feuilles vert pomme...
- Hum, quand tu disais que les métamorphoses n'étaient pas ton fort, tu voulais effectivement dire que... Commença Splach.
- Que ce n'était pas mon fort, acheva Sariane.
- Remarque il est déjà mieux comme ça qu'avant, précisa le nain... Enfin, sans les arbres peut-être...
- Bon, je vais ré-essayer, soupira la magicienne.
Après quelques dizaines de tentatives aussi infructueuses les unes que les autres – où le pauvre Arallu prit successivement des formes aussi diverses que variées, allant de la borne kilométrique en pâte d'amande à la mouche géante à tête d'antilope en passant par la tasse à café carnivore et le cochon volant à corne – Sariane parvint enfin à lui donner une forme humaine acceptable. Le démon avait maintenant l'apparence d'un jeune homme aux cheveux blonds, presque blancs, qui lui descendaient aux épaules, à la peau pâle tirant sur le gris et aux traits durs rappelant ses origines démoniaques...
- Bon, heu, on va se contenter de ça je pense, soupira la magicienne, exténuée.
- Ouais, il a pas l'air très engageant, mais il a l'air assez humain, approuva Splach.
- Bien, alors on n'a plus qu'à traverser ce portail, conclut Sariane en se dirigeant vers l'arche de pierre...

Chapitre 20 : Aux portes de Necromancil.

Une fois le portail traversé, les quatre compagnons arrivèrent dans un monde très différent de l'Enfer qu'ils venaient de traverser. Le Monde des Morts était un monde gris où aucune couleur ne venait égayer un paysage lisse et uniforme. Aucun hurlement ne venait troubler le silence de... mort... qui régnait sur les lieux et aucune tempête ne faisait tourbillonner la fine poussière qui recouvrait le sol...
Sur leur gauche, serpentait une petite route pavée de dalles grises et poussiéreuses. Au loin, on apercevait les grands bâtiments de ce qui devrait être Necromancil.
- Apparemment, c'est par là, constata Sariane en s'engageant sur la route.
- C'est calme par ici, ajouta Arkania en lui emboîtant le pas.
- Et faut encore marcher, grogna Splach avant de les suivre à son tour.
- Arallu trouve ce monde bizarre, conclut le démon à forme humaine qui fermait la marche.
Après quelques longues heures de marche – passablement ennuyeuses après l'agitation qui animait l'Enfer – nos amis atteignirent les grandes portes de Necromancil. Elles étaient d'un gris terne et se constituaient de deux titanesques battants de pierre sculptée. Toute armée qui aurait tenté de les enfoncer se serait probablement heurtée à un cuisant échec... Et aurait assurément démontré de façon incontestable la stupidité de ses dirigeants, étant donné qu'aucune muraille n'entourait la ville...
- Hum... Heu elle sert à quoi cette porte d'après vous ? Demanda Arkania.
- Humpf... Répondit Sariane, guère inspirée.
- Arallu trouve ces portes impressionnantes, déclara le démon.
- Jolies portes en tous cas, remarqua Splach. Du travail de nains, assurément.
- Ouais, c'est plutôt joli, reconnut Arkania.
- On y va ? Demanda Sariane, que la porte intéressait autant qu'une chaussette trouée.
- Soyez les bienvenus à Necromancil, annonça une voix joyeuse provenant de la droite de la grande porte.
Les compagnons s'approchèrent et découvrirent un homme à la peau, aux cheveux et aux vêtements combinant habillement des gris ternes et sales avec des gris brillants et métalliques, des gris sombres et des gris clairs. Il était assis sur un siège de pierre grise, placé derrière un bureau non moins gris.
- Heu... Bonjour monsieur, le salua Sariane.
- Appelez-moi Alt', répondit-il joyeusement. Vous admirez nos portes à ce que je vois.
- Jolies portes, acquiesça Splach.
- Très... Heu... Grises, renchérit Arkania.
- Et elles servent à... ? Suggéra Sariane.
- Elles ne servent à rien. Enfin, disons qu'elles ne servent plus. Il y a quelques siècles, un royaume entier de nains est arrivé ici suite à l'effondrement soudain de leur montagne... Il a bien fallu les occuper un peu...
- Ah... Conclut Sariane, reflétant à merveille la pensée générale du groupe.
- Quel bon vent vous amène-t-il donc dans notre grise cité ? Vous ne semblez pas morts, donc vous n'êtes ici que de passage... Peut-être pour faire construire... Certaines personnes sont très prévoyantes...
- Heu, non, pas exactement, répondit la magicienne. Nous venons pour le Temple... Le Temple de la Magie Inverse...
- Des visiteurs pour le Temple ! S'exclama Alt'. Ce n'est pas fréquent. La plupart de gens qui tentent le voyage renoncent en chemin... Ou bien arrivent effectivement ici, mais pour emménager plutôt que pour aller au Temple, si vous voyez ce que je veux dire...
- Je vois assez bien, acquiesça Sariane. On n'est pas passé loin de... venir emménager nous aussi, précisa-t-elle en se remémorant leur rencontre avec le sorcier de Mok et la trahison récente de Neptuna.
- Bien, puisque vous êtes vivants, je dois remplir quelques formulaires avant de vous laisser entrer... Il va falloir répondre à quelques questions, mais ce ne sera pas long, ne vous inquiétez pas.
- D'accord, soupira Sariane, en repensant à l'assommant interrogatoire qu'elle avait dû supporter à son entrée à Nivu quelques semaines plus tôt.
- Donc vous venez pour le Temple... Récapitula Alt' en remplissant un formulaire. Vous comptez repartir tout de suite après ?
- A priori, oui... J'imagine qu'on aura tout le temps de visiter la ville quand on viendra... emménager...
- Tout à fait, approuva Alt'. Vous êtes quatre à ce que je vois...
- Heu, si tout se passe bien, on devrait être plus en revenant, précisa la magicienne.
Alt' leva un regard étonné de son formulaire.
- Vous savez que les morts n'ont plus le droit de repartir... Enfin, sauf invocation dans les règles pour une durée limitée, paiement de la taxe de passage et autres formalités...
- Pas d'problèmes, nous serons tous vivants... C'est juste que je serai plusieurs... Enfin, j'espère que ce sera le cas et que je n'aurai pas fait tout ce chemin pour rien... Précisa Sariane.
- Si vous le dites, répondit Alt' en haussant les épaules. Une dernière question : vous portez-vous garante du comportement de ce démon ? Demanda-t-il en désignant Arallu sans même lever les yeux.
- À quoi vous voyez que c'est un démon ? Demanda la magicienne, réalisant que tous les efforts qu'elle avait déployés pour le métamorphoser en humain n'avaient servi à rien.
- Vous savez, un démon reste un démon... Même si la métamorphose est plutôt réussie, ajouta-t-il en constatant la mine abattue de son interlocutrice.
- Oui, je me porte garante, soupira-t-elle. Il ne fera pas de bêtises.
- Arallu ne fera pas d'histoires, promit le démon.
- Bien, vous pouvez entrer dans ce cas... Oh, j'allais oublier une dernière chose... C'est pour une étude personnelle... Un passe-temps pour ainsi dire... Vous savez ce que c'est quand on fait la même chose tous les jours pendant des décennies, il faut bien quelques passe-temps...
- Je n'ai pas encore expérimenté personnellement, mais je crois que j'imagine assez bien, répondit Sariane.
- Bien, donc en fait, je voudrais savoir en quel millénaire vous êtes nés... Pour des statistiques...
- Je viens d'avoir vingt ans, répondit Sariane. Donc le huitième millénaire...
- Pareil, répondit Arkania.
- Moi aussi, huitième millénaire, renchérit Splach. Mais à dix ans près, j'étais du septième...
- Tu veux dire que tu as plus de cent-cinquante ans ? S'exclama Arkania. Eh ben... Tu les fais vraiment pas...
- Les nains ont une vie bien plus longue que celle des humains. Je paraîtrai toujours aussi jeune quand tu seras vieille et ridée... Répondit Splach avec un regard faussement compatissant.
- Arallu a... Quelques années, annonça le démon en renonçant à sa quatrième tentative de compter sur ses doigts.
- Ah... Soupira Alt', visiblement un peu déçu... Le septième millénaire, c'est le meilleur... Mais il y a aussi des gens biens dans les autres, précisa-t-il, conciliant. Je vous souhaite un séjour agréable dans notre cité, conclut-il en rangeant le formulaire sur une petite pile.
- Merci, répondit Sariane en contournant le bureau pour entrer dans la ville, suivie de ses compagnons...

Chapitre 21 : Problèmes de communication...

Les compagnons arpentaient les ruelles grises de Necromancil. De tous côtés, s'alignaient d'innombrables bâtiments de pierre grise, tantôt délabrés, tantôt flambant neuf. Certains avaient les murs couverts de sculptures, de statues représentant des personnages étranges ou des monstres inconnus, de bas-reliefs représentant des scènes de batailles ou des paysages enchanteurs... D'autres avaient les murs lisses ou gravés en imitant le bois, le torchis ou d'autres matériaux de construction.
Des bâtiments immenses avoisinaient de petites maisons guère plus grandes que de petites cabanes. Les plus imposants rivalisaient de complexité, arborant des tourelles innombrables, des arches ou des passerelles aériennes. D'autres étaient des plus bizarres, comme le palais qu'ils avaient aperçu peu après leur arrivée et qui faisait penser à une sorte de poulpe desséché ou bien des maisons elfiques perchées au sommet de grands arbres de pierre dont chaque feuille était sculptée minutieusement de milliers de petits détails.
Outre les bâtiments qui s'étendaient à perte de vue, les rues étaient parcourues par une foule de personnes de toutes races et de tous âges – quoique beaucoup semblaient plutôt âgés. Tous étaient gris de la tête aux pieds, mais l'absence de couleurs, propre au Monde des Morts, ne les empêchaient pas de se différencier par une infinité de nuances de gris allant du noir le plus profond au blanc le plus immaculé, certains métalliques et brillant comme une lame bien affûtée, d'autres ternes et d'aspect poussiéreux.
- On aurait peut-être dû lui demander le chemin, remarqua Sariane au bout de quelques heures passées à déambuler au hasard dans les ruelles.
- En effet, ça aurait pu servir, acquiesça Splach, levant les yeux au ciel. Je pensais que tu savais où tu allais...
- Arallu ne voit pas de temple par ici, énonça le démon.
- Regardez ce que j'ai trouvé, dit Arkania en leur montrant une pomme de pierre grise reproduisant tous les détails d'un véritable fruit.
- « Trouvé », dis-tu, ironisa Splach.
- Ben oui, trouvé, persista la voleuse blonde. Dans la poche d'un passant... Il avait une drôle de tête avec cinq yeux, deux trompes lui pendaient des joues et il marchait sur trois jambes... Je n'avais jamais rien vu de semblable, précisa-t-elle.
- Arallu trouve que c'est une jolie pomme, acquiesça le démon.
- En gros, tu l'as volée cette pomme, traduisit obligeamment le nain.
- Tout de suite les grands mots ! S'offusqua Arkania.
- Si tu voles encore quoi que ce soit, on te laisse ici, conclut Sariane. Je ne veux pas d'histoires si près du but !
- Bon, d'accord... Soupira Arkania, déçue.
- Tout ça ne nous dit pas où se trouve ce fichu temple, rappela Splach.
- On n'a qu'à demander à un passant de nous indiquer le chemin, suggéra la voleuse qui ne boudait jamais bien longtemps.
- Ça me semble la meilleure solution, reconnut la magicienne en se dirigeant vers le premier humain qu'elle aperçut. Excusez-moi monsieur... Commença-t-elle.
- Gnar'lick 'kori hariz lar ? Demanda l'intéressé.
- C'est pas gagné, souffla Splach à l'oreille... heu... à la hanche d'Arallu.
- Hum... Un instant, je lance un sort de compréhension linguistique, s'excusa Sariane tout en se maudissant intérieurement de ne pas y avoir pensé plus tôt.
- Gnarz 'loric hariz far ? S'impatienta son interlocuteur.
La magicienne incanta rapidement.
- Gniz tar 'hori ça à faire ! S'exclama l'homme en s'apprêtant à tourner les talons.
- Attendez, ça y est, je vous comprends, le retint Sariane.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Nous cherchons le Temple de la Magie inverse, expliqua la magicienne. Mais c'est grand ici, on a quelques difficultés à le trouver... Si vous aviez l'amabilité de...
- Jamais entendu parler, coupa l'homme en s'éloignant à grands pas.
- Bon heu, je vais essayer quelqu'un d'autre, soupira Sariane.
- Je l'avais dit que c'était pas gagné, fit remarquer Splach.
Après quelques heures passées à questionner les passants – heures où ses compagnons purent la voir parler des centaines de langues différentes, caqueter avec un humanoïde à tête de coq, miauler avec un chat de gouttières à deux têtes, émettre les petits cris hystériques qui semblaient constituer le langage d'une sorte de lutin à grandes oreilles qui la fixait en louchant, grogner quelques mots plus proches du bruit d'un tremblement de terre miniature que d'une langage, entre autres choses bizarres autant qu'étranges – la magicienne parvint enfin à trouver quelqu'un qui connaissait le chemin du Temple.
Elle ressemblait à une sorte de petite fée dont les cheveux avaient dû être blonds de son vivant. Sa robe légère et presque transparente ne cachait pas grand chose de son petit corps haut d'une dizaine de centimètres et de petites ailes battaient vivement dans son dos. Sans ses ailes et sa robe – et un peu colorisée – la fée aurait put passer pour la soeur de Mini-Lornette, remarqua Sariane avec un petit pincement au cœur au souvenir de la pauvre faeryl...
La fée les guida joyeusement à travers un dédale de ruelles et après l'avoir perdue puis retrouvée une bonne cinquantaine de fois, ils arrivèrent enfin devant le fameux Temple de la Magie Inverse...

Chapitre 22 : Au Temple de la Magie Inverse.

Les compagnons se tenaient face au Temple de la Magie Inverse. À peine étaient-ils arrivés que la petite fée était repartie vers d'autres aventures et ils contemplaient tous les quatre l'entrée du temple.
- « Temple de la Magie Inverse », lut Arkania sur un petit écriteau de pierre fissurée.
- Je l'imaginais... Je sais pas... Plus grand peut-être... Suggéra Splach.
- Plus impressionnant, ajouta la voleuse.
- Moins délabré, compléta le nain.
- Dans mon rêve, c'était un grand bâtiment avec des portes gigantesques... Raconta Sariane, un peu déçue par le petit bâtiment à façade carrée de deux mètres de côté, qui se tenait entre deux immeubles de six étages.
- Arallu pense que cela n'a pas vraiment d'importance, tant que l'on y trouve ce qu'on cherche, dit le démon dont la forme humaine commençait à altérer l'esprit, le rendant plus humain et plus réfléchi.
En effet, il est bien connu que corps et esprit sont étroitement liés et qu'altérer l'un peut profondément affecter l'autre. Si l'effet de l'esprit sur le corps est souvent discret – quoique bien présent, puisque par exemple, un malade convaincu qu'il va guérir guérit en général plus vite –, l'inverse est plus intéressant. On ne compte plus le nombre de sorciers ou de druides ayant pris des formes animales telles que des rats, des corbeaux, des moutons-taupes ou encore des lapinous carnivores et dont l'esprit est finalement devenu celui d'un rat, d'un corbeau, d'un mouton-taupe ou d'un lapinou carnivore... Il y a également la mésaventure du sultan Abin'Tzal, restée célèbre de par le monde. Ce riche sultan aurait demandé à ses mages de lui donner la beauté d'un elfe... Il se serait suicidé peu après, ne parvenant pas à comprendre ce qu'il voyait en rêve et qui lui manquait tant... Le pauvre rêvait en réalité de vertes forêts, que son désert natal n'avait pas à lui offrir...
- Quand même, achever une telle quête dans une petite maison tenant à peine debout, c'est pas terrible... Remarqua Splach. Je vois d'ici les bardes raconter nos exploits au coin du feu : « Ils bravèrent tous les dangers, affrontèrent sorciers, pluies battantes et démons innombrables, puis ils arrivèrent enfin au Temple le plus miteux qu'on puisse imaginer... ».
- C'est vrai que c'est un peu décevant, acquiesça Arkania, mais l'important, c'est que Sariane soit guérie, non ?
- Arallu est aussi de cet avis, renchérit le démon.
- Bon, ben le mieux, c'est d'entrer alors, suggéra Sariane en se dirigeant vers la petite porte de bois qui tenait lieu d'entrée au temple.
Saisissant la poignée, la magicienne ouvrit précautionneusement la porte – de peur que celle-ci ne lui reste dans les mains, tant elle était en mauvais état – et entra, suivie de ses trois compagnons, dans ce qui s'avéra être... une vulgaire maison remplie de vieux meubles délabrés et couverts d'un bon centimètre de poussière.
- C'est une blague ? S'exclama Splach qui ne trouvait pas ça drôle du tout.
- Heu, y a quelqu'un ? Appela Arkania.
- Arallu pense que s'il y avait quelqu'un ici, on le verrait, remarqua le démon.
- Il y a forcément quelque chose, s'exclama Sariane d'une voix où perçait la panique. Une porte cachée, un mot de passe à donner, quelque chose !
- Heu, je ne vois pas de porte, annonça le nain après une inspection minutieuse des murs poussiéreux.
- Ni de trappe, soupira Arkania qui venait de faire de même avec le sol.
- Arallu ne voit rien non plus au plafond...
- Mais c'est pas possible, se lamenta Sariane. Il DOIT y avoir quelque chose !
- La seule porte que je vois, c'est la porte d'entrée, soupira Splach.
Arkania sursauta et se précipita vers la porte.
- Arallu se demande ce qui lui prend... Peut-être devient-elle folle, suggéra le démon.
- C'est bien ce que je pensais ! S'exclama la voleuse après avoir inspecté la poignée. Regardez : une sorte de flèche qui indique dans quel sens la tourner et là, chaque étoile représente un tour de poignée. J'ai déjà eu affaire à une ruse similaire dans la maison d'un des notables de Nivu. Son coffre ne contenait que des objets sans valeur... Sauf si l'on utilisait la bonne combinaison. Il s'ouvrait alors sur une chambre dimensionnelle...
Avant même que la voleuse ait terminé son explication, Sariane s'était ruée sur la porte, l'avait fermée d'un coup sec manquant l'arracher de ses gonds et tournait la poignée dans le sens indiqué, comptant scrupuleusement les tours. Quand elle en eut fait autant qu'il y avait d'étoiles, elle prit une profonde inspiration.
- C'est le moment de vérité, souffla Splach.
La magicienne ouvrit alors la porte, lentement, son coeur battant si fort qu'il semblait sur le point d'exploser. Derrière la porte, le paysage avait changé. La rue envahie par la foule avait cédé la place à une vaste salle au plafond soutenu par des piliers de pierre sculptée. Au centre de la pièce, un symbole complexe était gravé sur les dalles de marbre gris.
Sariane s'avança, son coeur s'était un peu calmé, mais battait toujours douloureusement dans sa poitrine. Elle était à la fois impatiente et complètement terrifiée à l'idée que les choses pourraient mal tourner... Le souvenir de son rêve la hantait... Et si ça ne marchait pas ? Et si la puissance chaotique du 60sec prenait le dessus ? Se demanda-t-elle, sentant des gouttes de sueur glacée couler lentement le long de son dos.
- Y a quelqu'un ? Demanda-t-elle, sa voix tremblante n'étant plus qu'un murmure.
- Arallu ne voit personne...
- Oh ça va toi, boucle-la un peu, grogna Splach.
- Y a quelqu'un ? Répéta la magicienne d'une voix plus assurée, tout en continuant d'avancer vers le centre de la pièce.
- Je ne voudrais pas paraître défaitiste, soupira Arkania. Mais...
À cet instant précis, Sariane atteignit le centre du symbole qui s'illumina d'une lumière argentée, qui remonta le long du corps de la magicienne, l'enveloppant progressivement d'un halo lumineux.
- Ah, là il se passe quelque chose, s'exclama Splach.
- Arallu espère que c'est bon signe, dit le démon en se protégeant les yeux de son bras tant la lumière devenait aveuglante.
Puis la lumière reflua et les compagnons purent à nouveau ouvrir les yeux.
- Apparemment, la suite se passe sans nous, soupira le nain en constatant que Sariane avait disparu.
- Ou alors elle a été désintégrée, suggéra Arkania, optimiste.
- Ne dis pas de bêtises voyons, la réprimanda Splach. Elle va revenir et elle sera de nouveau plusieurs, ajouta-t-il en affichant une confiance qu'il était bien loin de ressentir...

***
Sariane reprenait lentement conscience... Elle était allongée sur un sol dur et tiède... Ouvrant les yeux, elle put contempler un paysage vide. Le sol était lisse et s'étendait à l'infini, où que se porte le regard. Partout il n'y avait que du blanc tirant légèrement sur le jaune. Il ne semblait y avoir aucune source de lumière, pourtant les lieux étaient éclairés d'une sorte de luminosité ambiante ne venant de nulle part et n'engendrant aucune ombre...
- Je me doutais que tu parviendrais jusqu'ici, déclara une voix calme derrière elle.
Se retournant, elle aperçut un homme en robe de mage noire et couverte de runes argentées et au visage à demi caché par une capuche.
- Il y a longtemps que je t'observe... Poursuivit l'inconnu. Tes pouvoirs sont grands...
- Qui... Qui êtes-vous ? Demanda la magicienne, que l'aura de puissance entourant le mage rendait nerveuse.
- Tu ne t'en doutes pas déjà ? Pourtant tu devrais reconnaître mon pouvoir... Répondit-il.
- Il me semble avoir déjà ressenti quelque chose de semblable... J'ai d'abord pensé au Sorcier de Mok que j'ai vaincu il y a quelques jours, mais c'est très différent...
- En effet, je n'ai rien à voir avec ce sorcier... Même si cela risque de ne pas durer...
- Que voulez-vous dire ? Demanda la magicienne qui n'y comprenait plus rien.
- Tu comprendras en temps voulu... Ce n'est pas pour cela que tu es ici... Fit remarquer le mage.
- En effet... Je suis là pour deux raisons en fait...
- Je ne peux malheureusement pas t'aider en ce qui concerne la puissance chaotique qui t'habite... Tu devras trouver toi-même la force de la maintenir à distance car elle est liée à toi... En revanche, des choses peuvent être faites concernant ton problème de ouistiti...
- Vous savez déjà pourquoi je suis là ? S'étonna Sariane.
- Comme je te l'ai dit, je t'observe depuis longtemps...
- Vous m'observez... Heu, tout le temps ? Demanda la magicienne en rougissant légèrement.
- Autant que possible... tu as bien plus d'importance que tu ne l'imagines...
- Comment ça ? Je suis juste une magicienne... Enfin avec quelques particularités...
- Ces « particularités » sont plus nombreuses et plus importantes que tu ne sembles le croire, rétorqua le mage.
- Si vous l'dites... Mais vous disiez que vous pouviez régler mon problème de fusion, rappela Sariane.
- En réalité vous n'avez aucunement besoin de moi pour cela, c'est plutôt pour vous convaincre de ne pas le faire que je suis là... Oh, vous pouvez vous débarrasser du singe si vous y tenez, mais vous ne devez en aucun cas, séparer les deux êtres qui font de vous Sariane, précisa-t-il, voyant la magicienne blêmir.
- Mais pourquoi donc ? S'étonna-t-elle.
- Que savez-vous de Sarah Misso ? Demanda le mage en guise de réponse.
- Heu... Elle a été abandonnée devant les portes de l'école de l'Ordre de Sarkange alors qu'elle n'était encore qu'un bébé... Elle a été recueillie par l'Ordre qui a décelé chez elle des dons magiques importants et y a suivi des études de magie jusqu'à l'âge de dix ans où un accident malheureux la fit fusionner avec sa meilleure amie et le singe qu'elle venaient d'invoquer... Mais je ne vois pas le rapport, rétorqua la magicienne.
- Et pourtant il y en a un... Ce que vous venez de raconter est proche de la réalité, reconnut le mage. Mais certains détails méritent d'être précisés. Tout d'abord, la fusion suite à l'invocation du singe n'avait rien d'un accident. Au contraire, c'est moi qui l'ai provoquée volontairement... J'ai malheureusement dû inclure le singe dans la fusion pour faire croire à un déraillement du sortilège, que vous – enfin vos moitiés – aviez par ailleurs accompli à la perfection... Ce qui n'est pas un mince exploit à cet âge...
- Vous êtes responsable de ma malédiction ? S'exclama la magicienne horrifiée. Mais qui êtes-vous donc pour avoir pu intervenir comme cela sans être remarqué ? Et de quel droit avez-vous gâché ma vie de la sorte ?
- Voyons, voyons, réfléchissez un peu, sourit le mage.
- Vous n'êtes pas le grand Mage-Administrateur tout de même ? Votre aura ressemble à celle de la Déesse Nine... Mais cela ne peut être vous !
- Eh bien si, répondit-il en haussant les épaules.
- Mais je croyais que les dieux n'avaient pas le droit d'intervenir dans les affaires des mortels...
- C'est le cas en règle générale, du moins c'est la règle que nous nous sommes fixés. Mais cette affaire concerne bien plus que les mortels... Sarah Misso n'était pas une humaine ordinaire... À vrai dire, elle n'était qu'à moitié humaine... Sa mère était en réalité une démone... Une démone que tu as rencontrée il y a quelques semaines...
- Avalon... Murmura Sariane, abasourdie.
- Elle-même. Comme tu l'as si justement fait remarquer au nain qui t'accompagne, les rêves sont souvent le reflet de l'inconscient... Ne t'es-tu pas demandé pourquoi elle t'avait emprisonnée et non tuée ? En réalité elle voulait récupérer sa fille qui lui a été enlevée à sa naissance...
- Alors je suis en partie démone ? C'est pour cela que la puissance chaotique ne s'est pas dissipée complètement et reste attachée à moi malgré tous mes efforts pour la maintenir à distance ?
- Pas tout à fait... En réalité la puissance du 60sec a été absorbée par le pouvoir latent que tu as hérité de Sarah... Comme je l'ai dit, elle a été enlevée à sa mère peu après sa naissance... Mais cet enlèvement n'avait rien d'un hasard... En effet, ce bébé était le réceptacle qu'avait choisi une ancienne puissance pour s'incarner. Un être chaotique qui existait bien avant la création du monde, mais que nous étions jusqu'alors parvenus à maintenir à distance... Son nom est Bugderam et son but n'est pas de dominer le monde, mais uniquement de détruire... Il ne vit que pour cela : détruire...
- Et c'est de lui que vient la puissance chaotique ?
- Exactement. Sarah a été enlevée à sa mère et placée chez les Mages de Cieux par des agents de Bugderam... En s'incarnant, il a dû abandonner pour un temps ses pouvoirs qui auraient consumé son corps trop faible... C'est pourquoi Sarah devait suivre l'enseignement de l'ordre : en devenant une puissante magicienne, elle aurait ouvert la voie à l'être chaotique qui l'habitait...
- Mais Sarah n'a rien d'un monstre ! Son cœur est pur... Enfin à peu près... Elle n'a jamais voulu détruire le monde ! Je le saurais, elle fait partie de moi ! S'exclama Sariane qui ne savait plus quoi penser.
- Bugderam n'est qu'une sorte de passager clandestin, en aucun cas il n'est Sarah Misso. C'est lui qui t'a poussée à refuser les conseils de Nine après que tu aies absorbé la puissance du 60sec. C'est lui également qui t'inspire ces rêves de puissance et de destruction, car si un jour tu cédais à ce penchant chaotique, il pourrait alors supplanter ton esprit, et son incarnation serait achevée... Il pourrait alors détruire le monde sans que personne n'y puisse rien...
- Donc vous avez fait fusionner les deux apprenties parce que leur esprit fusionné serait plus puissant et donc plus à même de maintenir ce... Bugderam... à distance que celui de Sarah seul. C'est bien ça ? Demanda Sariane, pour qui les explications du mage commençaient enfin à avoir un sens.
Le mage hocha la tête.
- Sarah n'aurait pas résisté bien longtemps à la tentation... Ses gènes démoniaques lui donnent un penchant naturel pour la violence et la cruauté, même si celui-ci reste discret grâce à sa moitié humaine, l'enseignement qu'elle a eu chez la mages de l'Ordre et son amitié pour Lauriane Little.
- Mais si elle était une telle menace, pourquoi n'avez-vous pas simplement tué Sarah ? S'étonna Sariane.
- Nous y avons pensé, soupira le mage... Mais nous avons préféré privilégier une solution moins radicale... Assassiner une enfant innocente n'est pas une chose que nous faisons sans y être forcés... Quand nous avons découvert les manigances de Bugderam, Sarah avait déjà près de dix ans... Nous avons réfléchi à une solution et nous avons fini par nous mettre d'accord pour la faire fusionner avec sa meilleure amie, Lauriane. Cela aurait dû confiner Bugderam dans les replis de ton esprit à jamais... Mais la puissance chaotique du 60sec lui a ouvert une porte de sortie inespérée. Nine devait t'empêcher d'utiliser le médaillon – de tous les habitants du monde, tu étais sans doute la moins indiquée pour l'utiliser –, mais elle est arrivée trop tard et n'a pu que tenter de limiter les dégâts en te poussant à dissiper cette puissance au plus vite. Elle s'est ensuite rendue à Bassefeuille où elle a discrètement ajouté des précisions sur la localisation du Temple dans les écrits elfiques...
- Pourquoi cela ? S'étonna Sariane. Quel intérêt aviez-vous à ce que j'arrive jusqu'ici, si vous ne pouvez rien contre Bugderam ?
- D'une part, nous espérions bien que tu contrecarrerais les plans du sorcier de Mok près de Trouperdu... D'autre part, sans un but précis et un espoir tangible de réussir, nous craignions que tu ne parviennes pas à résister à l'influence de Bugderam... Et tu n'étais pas, à l'époque, prête à entendre tout ce que je viens de dire... Tu n'avais pas suffisamment « vécu » la puissance de Bugderam pour accepter de ton plein gré de ne pas défusionner...
- Quelle importance sachant que personne n'était capable de le faire ?
- Tu en es capable... Comme je te l'ai dit, tu n'as aucun besoin de moi pour le faire...
- Mais je ne suis pas douée pour ce genre de sorts, vous savez... Je rate tous mes sorts d'invocation ou de métamorphose... Je serais bien incapable de défusionner...
- Bien sûr que tu en es capable. Seule la peur t'empêche d'exceller dans cette catégorie de sorts comme tu le fais dans les autres. La peur de réitérer l'échec qui t'a fusionné. Cette réaction est naturelle... Quoique je l'ai un peu aidée et accentuée, pour éviter que tu ne tentes quelque chose qui aurait pu avoir des retombées désastreuses...
- Mais je ne sais pas du tout quel sort utiliser pour défaire cette fusion... Rétorqua Sariane.
- Tu n'as pas besoin de sort pour cela, répondit le mage. Certaines choses n'ont pas besoin de sort pour qui maîtrise suffisamment la magie... Regarde ton esprit avec tes yeux intérieurs et sépare le singe de toi...
Se concentrant sur son propre esprit, la magicienne vit qu'il avait raison... Elle pouvait voir distinctement les deux entités : l'une imposante et mêlant en une seule pensée, des éléments venant de deux esprits distincts, l'autre plus petite, reliée à la première par quelques filaments seulement... Sariane trancha une à une ces attaches jusqu'à séparer complètement les deux entités... Et la plus petite disparut, quittant son esprit...
Elle regarda à nouveau les deux esprits entrelacés, si étroitement liés qu'ils ne formaient qu'une seule entité... Elle hésitait... Devait-elle vraiment croire ce mage et renoncer à les séparer eux aussi ? Regardant de plus près, elle vit les fibres de l'esprit de Sarah pulser d'un faible éclat écarlate. Celles de l'esprit de Lauriane n'étaient pas affectées par le phénomène... Elle sut alors que le mage disait vrai... Si elle séparait les deux esprits, Sarah succomberait et Lauriane devrait la tuer... En admettant qu'elle ne soit pas tuée avant...
Sariane ouvrit les yeux. Elle se trouvait à nouveau dans la chambre dimensionnelle où ses compagnons l'attendaient... Sur son épaule, un petit ouistiti jouait avec ses cheveux en poussant de petits cris joyeux.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Arkania, impatiente.
- Bien des choses, soupira Sariane... J'en ai appris bien plus sur moi que je ne m'y attendais...
- Raconte-nous tout ! S'exclama Splach.
Et Sariane raconta son histoire, tandis que les compagnons se dirigeaient vers la sortie de Necromancil, en direction du portail...

FIN