Chapitre 4 : Splach, splach, splach...
Splach le nain marchait seul sous la pluie...
- Mais quand est-ce qu'il va enfin s'arrêter de pleuvoir ? Grogna-t-il.
- Splach, splach, splach... Répondirent ses lourdes bottes ferrées en s'enfonçant dans la boue.
- Je hais la flotte !
- Splach, splach, splach... Poursuivirent ses bottes comme pour se moquer de lui.
- D'où peut bien venir toute cette eau ? Ça fait une éternité qu'il pleut sans discontinuer !
- Splach, splach, splach, poursuivirent ses bottes, une légère teinte de dédain transparaissant clairement dans ce simple son.
- Oh, ça va vous !
- Splach, splach, splach, s'indignèrent-elles, manifestement outrées d'être traitées de la sorte.
- Raaah ! Hurla le nain. Si ma mère n'était pas déjà morte disséquée vive par son père biologiste, je m'en serais bien chargé moi-même pour lui faire regretter de m'avoir donné un nom aussi ridicule !
- Splach, splach, splach...
- Vos gueules ! Cria le nain. Je sais reconnaître un ton moqueur quand j'en entends un !
- Splach, splach, splach, répétèrent les bottes, comme pour dire : « De toutes façons, t'y peux rien ! Gniark ! ».
- Vous allez voir ! S'exclama leur propriétaire avec un regard mauvais avant d'entreprendre ce qu'un observateur non-averti aurait probablement considéré comme une obscure et complexe danse naine, mais qui n'était en réalité qu'une suite de mouvements violents et désordonnés destinés à écraser les impertinentes bottes.
Le pauvre nain s'activa tant et si bien qu'il s'étala de tout son long – enfin, pas si long que ça quand même, c'est un nain, ne l'oublions pas... – dans un... « SPLACH ! » tonitruant et une gerbe d'éclaboussures boueuses.
Se relevant péniblement, il leva les yeux et aperçut à quelques dizaines de mètres de là une petite maison sur le seuil de laquelle se tenait une jeune naine – qu'il trouva fort jolie avec son grain de beauté sur la joue gauche, près de l'oeil, rappelant une petite larme de sang. Il s'avança en direction de la maison, rêvant déjà d'un bon feu, de l'absence de pluie, d'une bonne bière... Et d'autres choses...
- Splach, splach, splach, reprirent calmement les bottes, comme si de rien n'était.
Poussant un grand soupir, le pauvre nain, trempé et couvert de boue se prit le pied dans une racine et s'étala à nouveau dans un « SPLACH ! » retentissant. Une fois debout – et couvert d'une nouvelle couche de boue – notre ami, qui n'avait décidément pas de chance, s'aperçut que la ravissante naine et sa petite maison avaient tout bonnement disparu...
- Hé ! J'ai pas bu plus de cinq pintes aujourd'hui, je ne peux pas avoir rêvé, y avait une maison là !
- Plic, ploc, répondit la pluie.
- Splach, enchaîna un arbre non loin de là en laissant tomber une branche morte.
- Ploc, plic ? S'étonna la pluie, intriguée par la conviction inébranlable qu'affichait l'arbre.
- Splach, répéta l'arbre en lâchant une autre branche morte.
- Plic, ploc, plic ? Insista la pluie, incrédule.
- Splach, plouf, splach ! Insista l'arbre en trois coups de racines.
Se désintéressant de cette discussion animée – qu'il soupçonnait particulièrement ennuyeuse – , le nain reprit son chemin sous la pluie battante.
- Splach, splach, splach ! Reprirent joyeusement les bottes, comme un chant d'encouragement.
- Oh, ça va ! Pesta le nain.
- Splach ! Hého ! Poursuivirent-elles, avec insistance...
- Hein ? S'exclama-t-il.
- Tu vas te réveiller oui ? On n'attend plus que toi !
Splach émergea péniblement de son sommeil. Il était toujours allongé sous la pluie au pied de son rocher...
- On y va, dit Arkania en lui tendant les rênes de son cheval... Neptuna était d'avis de t'abandonner ici...
- Rgnumbgnurggn d'elfes, grogna le nain en montant en selle...
Et nos quatre amis reprirent la route au son des « splach » incessants des sabots de leurs chevaux...