Vamp lâcha lentement la poignée de la porte et s’assit sur la chaise libre. Elle ne tenait pas à provoquer de réactions meurtrières chez son « hôte » mais sa fausse politesse lui tapait sur les nerfs. Aucune des deux femmes n’étaient là par plaisir ou même par choix. Si l’objectif du Messire était de les mettre en confiance par ses discours doucereux, il se leurrait et ne faisait de renforcer leur frustration et leur colère. Vamp jeta un coup d’œil à Avalon, curieuse de voir sa réaction aux propos du Messire qui continuait ses fausses civilités, leur proposant des boissons chaudes, s’inquiétant de leur confort. La sorcière était impassible, détendue et semblait écouter avec une attention polie l’homme qui leur faisait face.
- Avalon, je suis ravi de vous rencontrer enfin ! Je vous remercie d’avoir bien voulu accepter mon invitation, transmise, je l’espère, avec toutes les formes nécessaires par cette charmante émissaire. J’ai hésité longuement avant d’en appeler à vous. Je sais que vos recherches actuelles sont de la plus haute importance et ne peuvent être interrompues pour des vétilles. Cependant, le sort dont j’ai besoin est extrêmement délicat et seule une magicienne de votre envergure et de votre classe m’a semblé capable de réussir ce sort de haute volée. Il va sans dire que je compenserai au mieux le temps que vous voudrez bien y consacrer. Aster m’a fait part de votre affection pour votre familier dont vous avez été séparée par ce qui me semble être une mesquine petite vengeance de la part de Vamp.
Le Messire semblait prendre grand plaisir à ces petites remarques acérées qui laissaient Vamp de glace. Il s’arrêta quelques instants pour ouvrir un tiroir et en tirer un miroir au cadre d’argent
- Je me suis permis d’envoyer mes hommes récupérer votre panthère. Je ne fais pas confiance aux auberges de Trillith pour fournir les soins appropriés à un tel fauve et je sais que vous tenez à cette compagne fidèle. Je l’ai confiée aux bons soins de mes servantes et vous pourrez la retrouver, nourrie et soignée dès que vous le désirerez. En attendant, ce miroir d’Erised vous permettra de vérifier son bien-être, susurra le Messire tout en tendant l’objet à Avalon.
Celle-ci le saisit et y jeta un coup d’œil rapide. Elle y vit MissO, attachée près d’un âtre, se régalant de cuissot de chevreuil bien saignant. Elle remarqua cependant la présence de plusieurs gardes armés de pieux et de couteaux qui surveillaient attentivement le fauve.
- Toutefois, cette récupération ne s’est pas opérée sans souci, poursuit le Messire en s’adressant à Vamp, j’ai malheureusement bien peur que votre troupe n’ait pas bien compris les instructions que vous leur aviez laissées, leur demandant de remettre la panthère à mes hommes. Ceux-ci ont du user de leurs armes et certains de vos compagnons ont reçu des blessures. Légères, rassurez vous ! Bien entendu, j’ai laissé quelques servants à l’auberge pour les soigner et aider à leur rétablissement. Que d’échauffourées inutiles pourrait-on éviter en communiquant davantage ! Tout est bien qui finit bien puisque vous être toutes les deux là, fraîches et disposes, conclut-il avec un grand sourire.
Je bavarde, je bavarde, mais je ne vous ai toujours pas dit de quelle magie j’avais besoin, s’excusa-t-il auprès d’Avalon. Si vous voulez bien me suivre toutes les deux, je vais vous vous montrer quelque-chose.
Le Messire se leva, découvrit une petite porte dissimulée derrière une tapisserie et leur fit signe de le précéder dans une petite pièce attenante. Sans fenêtre et sans autre issue que l’entrée qu’ils venaient d’emprunter, de forme carrée, elle ne comportait qu’une petite table, placée contre un mur, sur laquelle était disposé un petit coffre, et une statue placée en son centre. De taille réelle, cette statue figurait une jeune femme d’un réalisme saisissant. Le Messire se plaça près d’elle et posa tendrement sa main sur son épaule.
Intriguée par ce marbre qui semblait dégager des vibrations étranges, Avalon s’approcha et posa sa main sur la taille de la statue. Aussitôt, elle la retira, comme brûlée. Horrifiée, elle se retourna vers le Messire et referma son poing. Le Messire blêmit et porta ses mains à sa gorge, il suffoquait, pris dans un sort d’étranglement. Il tenta de bredouiller quelques mots indistincts … pas moi … prisonnière .. délivrez la !