Chapitre 9 : L'antre du sorcier.
Ils n'auraient pas pu rater l'antre du sorcier, même en chevauchant les yeux fermés, tant le fortin où il avait élu domicile suintait de magie, de puissance et de malveillance. Le bâtiment était fait de pierres noires comme le charbon et des filaments d'énergie couleur d'ébène semblaient couler du moindre interstice, imprégnant le sol alentour où plus rien ne poussait.
Les arbres les plus proches pourrissaient sur pied, tandis que leurs voisins plus éloignés de la source de magie étaient devenus difformes et distordus. L'herbe avait depuis longtemps pourri sous les trombes d'eau qui se déversaient du ciel, cumulées aux effets de la magie, et une odeur de putréfaction marécageuse empuantissait l'air.
- Cet endroit est vraiment lugubre, remarqua Arkania en frémissant.
- Et cette odeur est vraiment infecte ! Grogna Splach.
- Je vous l'avais bien dit que ces sorciers étaient méprisables, répondit Sariane, dégoûtée par ce qu'elle voyait. Mais celui-ci semble particulièrement mauvais et puissant... Je me demande quelle sombre magie il peut pratiquer pour corrompre à ce point ce lieu...
- Plus vite on l'aura tué, mieux ce sera, affirma Splach en descendant de son cheval, avant d'avancer d'un pas décidé en direction du fortin.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Demanda Neptuna.
- Ça se voit non ? Je vais tuer ce sorcier, répondit le nain, sans même daigner se retourner.
- Et que comptes-tu faire contre les pièges magiques qui entourent l'entrée ? Demanda négligemment Sariane.
- Des pièges ? Je ne vois aucun piège, moi ! Je vais défoncer la porte et entrer, voilà tout, grogna-t-il.
- Heu, tu sais, le propre d'un piège, en général, c'est d'être caché, rappela Arkania...
- Mais oui, mais oui, s'entêta le nain.
Sariane descendant à son tour de son cheval, ramassa sur le sol détrempé une branche morte à moitié pourrie et la lança en direction de la grande porte de bois noir renforcée de fer. À deux mètres de la porte, la branche fut frappée par un éclair noir et explosa dans une gerbe d'échardes puissantes.
- Hum... Reconnut Splach en s'arrêtant. Tu peux passer devant, si tu veux...
La magicienne s'approcha et étudia attentivement les énergies magiques qu'elle percevait.
- Tu sauras les désarmer ? Demanda Neptuna.
- Je pense... répondit distraitement Sariane, absorbée par sa tâche, tout en passant la main à la limite de la zone piégée pour tenter d'identifier les sortilèges utilisés par le mage. Cette magie est puissante.. Mais je devrais y arriver...
Durant de longues minutes, ils regardèrent la magicienne murmurer des paroles incompréhensibles et tracer du bout des doigts des symboles étranges dans l'air... Par moment, ils entrapercevaient des ondes énergétiques se dissiper, signe qu'un sortilège de plus venait d'être défait...
- Voilà, on peut entrer, déclara finalement Sariane.
- Est-ce que ça va ? Demanda Arkania, remarquant la fatigue qui transparaissait sur le visage de la magicienne. Tu as besoin de repos ?
- Ça ira, répondit-elle. De toutes façons, nous n'avons pas le temps... Si l'on veut l'avoir éliminé avant qu'il n'annule le sortilège et récupère la pierre, il faut faire vite !
Ils entendirent alors un grincement sinistre, tandis que la grande porte s'ouvrait lentement.
- Il sait qu'on est là, remarqua Arkania, énonçant l'évidence.
- Et il nous a prévu un petit comité d'accueil, ajouta Neptuna voyant apparaître une dizaine de soldats morts-vivants derrière les lourds battants de la porte qui achevait de s'ouvrir.
- Enfin un peu d'action ! S'exclama joyeusement Splach en sortant sa minuscule hache dorée.
- Tu comptes vraiment te battre avec ça ? Demanda Neptuna, incrédule.
Avec un sourire suffisant en direction de l'elfe, Splach actionna la minuscule rune gravée sur la lame. La hache s'illumina d'un éclat doré, commença à s'étirer et, en quelques secondes seulement, fut remplacée par une splendide hache de guerre à double-tranchant.
- Pour l'or et la richesse ! Rugit le nain en chargeant les morts-vivants – sans doute les gardes du propriétaire du fortin avant que le sorcier n'en prenne le contrôle.
- Bon, d'accord, c'est une vraie arme... Concéda Neptuna avant de le rejoindre dans la mêlée.
- Tu crois qu'on doit aller les aider ? Demanda Arkania, que la perspective de s'engager dans ce combat au corps-à-corps n'enchantait guère.
- Je pense qu'ils vont y arriver, répondit Sariane tandis que Splach démembrait, avec un enthousiasme non dissimulé, deux morts-vivants d'un unique coup de taille.
Le combat ne dura que quelques minutes avant que le dernier soldat ne s'effondre dans un amas de chair pourrie.
- C'est déjà fini ? Demanda Splach, déçu.
- Oh, je pense qu'on aura d'autres adversaires à combattre, le rassura Sariane en se dirigeant vers l'entrée...